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Suite au succès du Nostalgium et afin de renflouer une trésorerie permettant à ses collaborateurs, jusque-là bénévoles, de se remplir les poches à l’instar de certains politiciens qui font beaucoup moins rire et nous coûtent bien plus cher, Nostalgia a décidé de commercialiser une gamme de produits dérivés dont voici le premier exemplaire :
Le Pendentif « Le rouleau »
Ce premier article annonce l’arrivée d’une gamme d’objets utilitaires, décoratifs ou simplement originaux que nous commercialiserons à des prix défiant toute concurrence à travers notre réseau domicilié au Panama.
Chacun de ces articles est une pièce unique numérotée entièrement fabriquée dans nos ateliers français de Shanghai par de jeunes professionnels mondialement reconnus.
Ces produits de haute technologie sont toujours livrés avec un certificat d’authenticité entièrement rédigé en Mandarin standard (Putongha / Guoyu).
Vous pourrez consulter la notice descriptive de chacun de ces merveilleux objets en cliquant sur la photo correspondante.
En cas de commandes groupées d’un minimum de 18780 €, un très beau cadeau entièrement gratuit sera joint au colis.
Une partie des bénéfices ainsi réalisés sera par ailleurs reversée à la fondation « Thyristor » ainsi qu’à l’association d’aide et de partage « Un peu de blé pour Clémau ».
Merci à toutes et à tous et n’oubliez surtout pas de prendre votre dose quotidienne de Nostalgium !
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MANIFESTEZ ENFIN INCOGNITO !
Après avoir lu le billet d’humeur du mois de novembre, vous aimeriez également participer aux manifestations style Gilets Jaunes et pouvoir vous approcher du Palais de l’Elysée sans être repéré par la police, votre patron, votre voisin(e) ou votre époux/se ?
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B I - A M B U L A T E U R (*)
Cet engin révolutionnaire de toute beauté, entièrement réalisé à partir d'éléments recyclés et recyclable est pourvu des derniers perfectionnements techniques :
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Micro-processeur développé par la NASA – GPS spécial sourds et malentendants Clim et filtre anti-Pollen- Panier multifonctions en Gloutex chromé
Freins Blue-Ray (Plus performants que les anciens freins à disque)
Equipé avec 5 roues (mode dynamique) et 5 bouchons (mode statique)
"Michelin Crossclimate 4 saisons" sans supplément de prix.
Poignées ergonomiques - 8 coloris tendance au choix
Cette merveille de la technologie est proposée en précommande au prix incroyablement compétitif de seulement :
26847 Euros
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- Le Bi-ambulateur complet en Kit
(temps de montage à 2 : environ 13 jours ouvrables)
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Cadeau aux 63 premiers acheteurs :
Le livre et l’autocollant « Bi-ambulateur un jour, Bi-ambulateur toujours ! »
(*) Marque, modèle et concept déposés par Nostalgia Corp. Ltd.
Lire les billets d'humour :
Billet Février 2018 (Changements de Présidents)
Billet Mars 2018 (Le catalogue russe)
et Avril 2018 (La grève à la SNCF)
Billet Mai 2018 (N. D. des Landes - Le prix Eurovision)
Billet Juin 2018 (La coupe du monde)
Billet Juillet-Août 2018 (La canicule)
Billet Septembre 2018 (Macronix le gaulois)
Billet Octobre 2018 (Nouveau Gouvernement)
Bllet Novembre 2018 (Gilets jaunes etc...)
Billet Décembre 2018 (Cadeaux de Noël)
Billet Janvier 2019 (La cagnotte)
Billet Février 2019 (La tempête de neige)
Billet Mars 2019 (La vie en jaune)
Billet Mai 2019 (Européennes & Glyphosate)
Billet Juin 2019 (La Canicule 2)
Billet Juillet-Août 2019 (Le système de santé)
Billet Septembre 2019 (Le système de santé 2)
Billet Octobre 2019 (L'affaire B.)
Billet Novembre 2019 (Le marché de Noël)
Billet Décembre 2019 (Le procès W.)
Billet Janvier 2020 (Le Coronavirus)
Billet Février 2020 (Le Buzz)
Billet Mars 2020 (Le confinement)
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Vincent Lambert : Histoire de facteur
Histoire du facteur…que j’ai été pendant les étés 63 et 64…
Les retraités du privé touchaient leurs retraites de la CRAV par mandat-lettre, qui comme son nom le dit était dans une enveloppe et distribuée par le facteur. Normalement le ou la retraitée allait à la poste pour encaisser sa retraite Comme à Schoeneck il n'y avait pas de bureau de poste, le facteur ouvrait l'enveloppe "devant" le retraité et emmenait le mandat lettre à Stiring pour l'inscrire sur un bordereau.
Le lendemain il revenait avec les mandats et l’argent, faisait signer les retraités, payait leurs dus, et souvent, encaissait un pourboire.
Avec une cinquantaine de mandats par jour, il n'était pas question de "siroter" tout ce qu'on nous proposait : il fallait garder les idées claires, surtout qu'on avait déjà un coup à boire dans chacun des 7 bistrots de Schoeneck.
Ce jour-là, je sors donc d’un de ces bistrots chez « Mockche » après avoir bu mon dernier demi.
Quand on avait fini de payer retraites, pensions et autres mandats, arrivait l’heure du bilan : à l’époque, chaque facteur avait une trousse (comme celle des écoliers mais plus haute) où il mettait toutes les pièces de monnaie : un fond de roulement et le pourboire.
Donc on commençait par faire des tas de 10, puis des rouleaux qu’on allait échanger au guichet contre des billets.
Et je peux vous le dire qu’à l’époque cela valait le coup, notre facteur Joseph, titulaire de la tournée de Schoeneck s’était payé à l’époque une voiture « Dyna Panhard », grâce à ses pourboires qui n’étaient pas imposables.
J’avais fait mon calcul sur les 2 mois d’été : j’étais payé environ 400 Francs par mois et je m’étais fait dans les 650 Francs tous les mois de pourboires.
Papa gagnait à la mine à l’époque environ 1100 Francs, c’est vous dire que les pourboires comptaient énormément pour les facteurs, et ça l’administration le savait, pour ne pas augmenter trop les salaires des facteurs.
Les mineurs touchaient leurs payes et les acomptes en espèces dans des enveloppes et cela provoquait souvent des drames dans les familles frappées par l’alcool et bien souvent, une partie de l’argent du ménage partait dans le bistrot de Berrard Pierlé, à Stiring.
Heureusement, le progrès passa par là. Fin des années 60, la CRAV opéra un 1er changement dans le support de paiement des retraites : le « mandat lettre » payable à La Poste était remplacé par une « lettre CRAV » payables à La Poste, à la Caisse d’Epargne écureuil et au Crédit mutuel. C’était le prélude à un changement beaucoup plus important pour tout règlement de retraites, pensions, salaires : le « virement sur un compte ». Beaucoup de personnes âgées ouvraient des comptes d’épargne pour y faire virer leurs retraites.
Le plus rigolo, c’était que les personnes se pressaient le 1er jour du mois pour venir retirer leur virement et ce jusqu’au dernier centime, sauf que sur le compte d’épargne il fallait laisser 5 Francs, minimum pour qu'il reste ouvert. Certains laissaient tout de même encore une piécette de temps à autre au guichetier. Ensuite, la CANSSM passa aussi au virement sur les comptes, ce qui occasionna un certain manque à gagner pour les facteurs.
Puis les gens se sont habitués au système et retiraient des sommes rondes au fil du temps et alimentaient ainsi leur « nouveau bas de laine ».
Petites anecdotes pour illustrer comment les gens pouvaient réagir à ce nouveau mode de paiement :
Un retraité fortuné venait chaque mois retirer la totalité de sa retraite et, le 15 du mois, il en ramenait presque la moitié pour la remettre sur le compte, car il ne pouvait pas tout dépenser en un seul mois.
Un autre vieux monsieur, qui avait un livret bien rempli, vint un jour voir le guichetier et demanda à voir le chef :
- Ich will mein ganzes geld ! (Je veux tout mon argent !).
Le chef lui remis la somme demandée (moins les fameux 5 Francs pour garder le livret ouvert). Il se mit dans un coin et compta consciencieusement ses billets puis revint au guichet et dit :
- Jetz mach das geld wieder auf’s compto , isch han noua wille wisse obs geld noch doo ist ! (Maintenant, remet l’argent sur le compte, je voulais seulement savoir si l’argent était encore là !). Véridique.
Je disais donc que les facteurs ont vu leurs pourboires diminuer drastiquement au fil de la perte du paiement des retraites.
En cette période de l’année, ils arrivaient pourtant à se refaire une santé grâce aux calendriers ou plutôt « L’Almanach des PTT ». Cette pratique autorisée par les P.T.T., l’est encore de nos jours.
Un des premiers Almanachs des Postes
Donc, en compensation de leur perte mensuelle, les facteurs se rattrapaient sur la distribution des calendriers. Ceux qui faisaient bien leur boulot arrivaient à se faire l’équivalent de 2 ou 3 mois de salaires en plus pendant le mois de décembre.
Certains prenaient même une journée de congé pour ne distribuer ce jour là que des calendriers. Je dirai que pratiquement la totalité des foyers avaient ce fameux almanach, sauf les radins !
Contrairement à ce que croient les gens encore aujourd’hui, que c’est la Poste qui fournit les calendriers ! Que nenni ! La Poste autorise 3 ou 4 maisons d’édition à imprimer ces calendriers selon un cahier des charges bien établi et les facteurs « achètent », sur leurs propres deniers, ces fameux calendriers.
Et il me revient en mémoire cette histoire : j’étais au guichet de La Poste à Freyming, en janvier 68, lorsqu’une femme d’un certain âge m’apostropha :
- Je viens réclamer : le facteur a oublié de me donner mon calendrier !
- Mais Madame, le facteur, qui achète les calendriers, l’offre à qui il veut, contre des étrennes ! Lui ai-je répondu.
Honteuse devant les autres clients, elle fit demi-tour sans un mot.
Roger le facteur qui desservait le domicile de cette dame, me disait :
- Je laisse déjà un calendrier à son fils médecin, qui me donne un petit pourboire et elle ne donne jamais rien, même quand je lui rends des services !
Malheureusement la distribution des calendriers tombe peu à peu dans les oubliettes : de notre temps un facteur distribuait environ 300 à 400 calendriers, quand aujourd’hui pour un nombre équivalent de foyers, il en distribue une cinquantaine.
Et je peux confirmer que ce sont souvent les gens de conditions modestes qui sont les plus généreuses. Pour preuve, en faisant la tournée de Schoeneck : (elle commençait par les baraques de la rue du chemin de fer puis je montais au puits Simon où dans la forêt se situait la cité des cadres et ingénieurs. Ensuite la halte de Schoeneck, la Ferme et le village) :
- Quand je payais un mandat de congés payés, chez les ouvriers, ils laissaient facilement 1 voire 2 Francs.
- Chez les cadres, c’était tout juste s’ils te laissaient quelques centimes…
L'évolution n'épargne pas La Poste !
Voilà, une boucle bouclée... Souhaitons à tous les Nostalgiaques, de bonnes fêtes de fin d’année malgré les temps difficiles que nous traversons, portez-vous bien et protégez-vous, cette année le facteur ne sonnera qu’une fois !
Autres récits de Vincent Lambert :
Mes jolies colonies de vacances
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Billes, Roudoudous et Carambars...
Comme la plupart des gamins de ma génération, j’étais un enfant plutôt obéissant.
A vrai dire on ne me demandait pas vraiment mon avis. Durant ces années-là, les enfants se contentaient d’écouter et d’obéir et je suivais sagement le mouvement sans trop chercher à comprendre…
C’est pendant ma deuxième année d’école primaire que quelques-uns des « grands » m’avaient appris à jouer aux billes. Le jeu le plus répandu parmi les gamins était sans conteste le jeu de billes « au carré ».
Pour commencer la partie, on traçait tout d’abord une longue ligne droite qui matérialisait le point de départ, puis, à quelques mètres de cette ligne on traçait un carré sur le sol dans lequel chacun des joueurs plaçait une ou plusieurs billes.
Ensuite, pour déterminer l’ordre dans lequel les joueurs allaient commencer la partie, on se plaçait derrière le carré et chacun jetait sa grosse bille nommée « Boulot » (ou Bouleau ?) en direction de la ligne de départ. Celui qui réussissait à se placer le plus près de la ligne était désigné premier et les autres suivaient en fonction de la distance à laquelle ils avaient placé leur « Boulot » par rapport à la ligne.
Les joueurs se plaçaient ensuite derrière cette ligne avec leur « Boulot » et tentaient, tour à tour, de faire sortir les billes situées dans le carré. Si le joueur ne fait sortir aucune bille, c’est au tour du joueur suivant. Si son « Boulot » s’arrêtait dans le carré, il passait son tour et devait mettre l’équivalent de sa mise de départ dans le carré puis regagner la ligne de départ. Chaque bille éjectée était gagnée par le joueur qui pouvait alors rejouer de là où s’est arrêtée sa bille et la partie se terminait lorsqu'il ne restait plus rien dans le carré…
Ces parties de billes permettaient aux enfants de s’épanouir à travers un jeu simple, accessible à tous et je ne peux m’empêcher de citer ici un extrait du merveilleux livre de Joseph Joffo intitulé « Un sac de billes » :
"C'est une bille de terre et le vernis est parti par morceaux, cela fait des aspérités sur la surface, des dessins, on dirait le planisphère de la classe en rédaction.
Je l'aime bien, il est bon d'avoir la Terre dans sa poche, les montagnes, les mers, tout ça bien enfoui. Je suis un géant et j'ai sur moi toutes les planètes"…
A côté de notre baraque (aujourd’hui on dirait un chalet !), il y avait un immense pré dans lequel papa avait planté de nombreux arbres fruitiers, des pommiers, des poiriers, des pruniers et des cerisiers...
Encore aujourd’hui (lorsque les conditions climatiques sont favorables), nous récoltons les pommes de ces arbres devenus septuagénaires.
A côté de la maison de grand-père, de l’autre côté de la rue, il y avait un vieux poulailler branlant servant de réserve à charbon dans lequel nous n’avions pas le droit d’entrer et deux cabanons servant de W.C. Le premier était réservé à notre usage, le second à celui de grand-grand-père et de marraine.
Mais le terme ‘W.C.’ est peut-être exagéré… Il s’agissait en fait d’une rudimentaire construction en briques dans laquelle était installée une planche horizontale percée d’un trou d’une trentaine de centimètres de diamètre fermé par un couvercle en bois amovible.
A cette époque, il n’y avait ni fosse septique et encore moins de tout à l’égout.
Sous le trou des toilettes il y avait un tonneau qui devait être régulièrement vidé dans le jardin, car le contenu à l'odeur nauséabonde (garanti 100% bio !) servait d’engrais naturel et faisait pousser de superbes légumes.
Par contre, dans les baraques de la Ferme, il y avait une fosse de plus grande contenance qui avait, par rapport au tonneau, besoin d'être vidée bien moins souvent.
Ces fosses disposaient d’une trappe accessible par l’extérieur qui permettait de puiser les restes organique destinés à la fertilisation des jardins à l'aide d'une "louche à purin" à long manche.
Le papier « triple épaisseur parfumé à la lavande » n’existait pas encore et il fallait donc pallier à ce manque en utilisant le papier journal qui terminait ainsi sa brève carrière.
A partir d’une feuille de journal on découpait une dizaine de morceaux de papier qui étaient ensuite accrochés à portée de main à un clou servant de « distributeur » de papier…
Il faut dire que durant ces années après-guerre, tout était recyclé, il n’y avait pas de déchèteries et chaque chose avait plusieurs vies…
En plus de sa vocation de papier toilette, le journal servait également de papier d’emballage ou d’allume-feu pour la cuisinière à charbon. Quant aux (rares !) restes alimentaires, ils étaient destinés à nourrir les animaux de compagnie ainsi que les poules, les canards et les lapins.
Bref, les privations et le sens de l’économie acquis pendant les années de guerre faisaient de nos parents des « écologistes » bien avant l’actuelle génération de « Bobos » censés sauver la planète en implantant des centaines de moulins à vents en matériaux composites impossibles à recycler posés sur des tonnes de béton préfabriqué qui défigurent la nature…
Opa, Maman, Anne-Marie et moi. Au fond, à côté de la maison, le fameux poulailler
Les jours, les semaines et les mois défilaient ainsi, au rythme des saisons et des occupations des uns et des autres.
Certains dimanches, nous avions droit à la visite de l’oncle Philippe, le frère aîné de papa. Ce dernier habitait avec sa famille à quelques kilomètres du village, en Allemagne, plus précisément à Ottenhausen, et, lorsque la météo le permettait, il traversait la forêt et venait nous rendre visite.
A ce propos, j’aimerais ici vous faire part d’une petite anecdote qui rejoint le récit de notre amie Danielle « Le tango d’amour des frontaliers »…
Lorsque, vers 1930, l’oncle Philippe décida de convoler en justes noces avec sa future épouse Sophie originaire de la Sarre, il prit la décision de s’établir dans la localité de sa bien-aimée et décida d’opter pour la nationalité allemande car il était persuadé que le reste de sa vie se déroulerait ensuite en Allemagne.
Il ignorait bien sûr à ce moment-là, qu’un jour, un fou furieux prendrait le pouvoir et entraînerait le monde dans une guerre meurtrière qui allait faire des millions de victimes…
En 1939 il fût donc enrôlé dans l’armée allemande (la Wehrmacht) et, comble de l’absurdité, se retrouva de ce fait en guerre contre son propre frère (mon père) qui avait été enrôlé dans l’armée française… Pour peu, ils auraient pu se retrouver face à face, munis chacun d’un fusil avec ordre de protéger quoi qu'il arrive leurs « patries » respectives…
Ce ne fût fort heureusement pas le cas, mais la bêtise et la folie de certains des dirigeants du monde n’ayant pas de limites, mon père fût enrôlé de force quelques années plus tard également dans l’armée allemande et se retrouva cette fois du côté de son frère dans la même « Wehrmacht ». Toutefois, un nouveau retournement de situation en mai 1944 fit que Papa réussit, avec l’aide de deux autres « Malgré-nous », à se faire capturer, cette fois par l’armée américaine, puis à rejoindre de nouveau l’armée française, cette fois-ci en Algérie, et plus exactement à Tlemcen…
Mais refermons ici cette parenthèse et passons aux souvenirs « sucrés » qui ont marqué notre enfance.
Tous ces bonbons et autres confiseries étaient bien souvent des récompenses à l’origine d’inoubliables moments de plaisir et de partage.
La confiserie la plus connue était certainement le Carambar, une marque commerciale de la société Delespaul créé en 1954 à Marcq-en-Barœul dans le Nord à la suite, dit-on, d'une erreur durant le processus de fabrication…
Cette confiserie est encore aujourd'hui déclinée en nombreuses variantes aux arômes artificiels de fruits, de nougat ou de cola, puis en variétés aux goûts artificiels très marqués comme l’Atomic cactus. Il en existe même une variété à deux goûts appelé Bigou.
La confiserie originale est réputée très dure et collante, et, chaque année environ un milliard d'unités de ces confiseries sont encore consommées.
Et puis il y avait les Roudoudous… Peut-être les appeliez-vous autrement, mais ces petits bonbons au sirop coulés dans de véritables petites coquilles ont ravi de nombreux enfants. Au village on les achetait à l’épicerie du père Rennolet.
Ces délicieux petits bonbons se dégustaient en léchant directement l'intérieur de la coquille. Aujourd'hui, on les trouve toujours, mais les coquilles sont maintenant en plastiques.
Je me souviens également du fameux Mistral gagnant (chanté plus tard par Renaud) qui était un bonbon en poudre se présentant dans un étui en pain azyme contenant une poudre sucrée, parfumée et pétillante sur la langue.
On y insérait une «paille» en réglisse destinée à l'aspirer. Certains de ces sachets portant à l'intérieur le mot « gagnant »permettaient d'en avoir un autre gratuitement en échange de l'emballage vide.
Et c'est en 1958 que la marque Kréma lança le Chewing-gum Malabar, un énorme bloc de pâte à mâcher rose qui fit rapidement concurrence au traditionnel Chewing-gum gagnant...
On pourrait longuement parler également des bâtons de réglisse à mâcher, des tendres caramels Lutti et Becco, des tubes de poudre de coco, des savoureuses souris en chocolat et des rouleaux de réglisse sertis au centre d’un bonbon brillant en forme de perle colorée…
Savourer un bonbon, sentir une odeur puis retomber en enfance…
Incroyable mémoire olfactive, qui donne à nos sens une facette toute particulière liée à notre histoire profonde et que l’on n’arrive pas toujours à décrire...
Et soudain, tout devient passerelle vers nos souvenirs les plus enfouis...
Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices,
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
(Alphonse de Lamartine)
La rue Victor Hugo en 1970. On reconnait l'escalier qui permettait d'accéder à la rue des marronniers (en surplomb) ainsi que l'enseigne de la Boulangerie Bastian (Photo A. Massfelder)
Tous les récits de la série "Schoeneck, le beau coin" :
(3) Alléluia ! Il marche et il parle...
(4) Je vais ’recevoir’ une petite sœur
(6) Opa Adolphe - Mon premier vélo
(10) Independence day
(11) La pâte à modeler
(12) Vive les vacances !
(13) Billes, Roudoudous et Carambars
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Clément Keller : sous le signe du poisson
A l’époque des baraques de la Ferme de Schoeneck, la relation entre les autochtones et les habitants de la cité n’était pas toujours facile. Autres langues, autres cultures, autres origines, les points communs n’étaient pas évidents.
La plupart des jeunes du village étaient à des années-lumières de comprendre ce qui se passait dans les baraques installées en haut de la petite colline entourée de forêt, et, sans vouloir parler de discrimination, les villageois vivaient leur vie à leur façon, et laissaient les habitants de la cité vivre la leur.
Comme j’étais un des rares adolescents du village à fréquenter régulièrement des amis habitant ces baraques, j’étais totalement accepté par ceux que certains des villageois traitaient parfois dédaigneusement et par méconnaissance de 'Fermiers'.
Presque tous les habitants du village habitaient dans de grandes et belles maisons en pierre et ma famille était une des rares à être logée dans un de ces baraquements provisoires installés après-guerre à la sortie du hameau.
Cette baraque en planches noires goudronnées, située à quelques centaines de mètres de la colline était devenue au fil du temps, le point de rencontre avec certains des adolescents habitants la Ferme, dont mon ami Richard.
Notre différence physique était grande. Richard était blond et svelte alors que moi j’étais brun et plutôt grassouillet, mais nous avions également des points communs.
Nous avions le même âge, et, depuis son départ de la mine, Richard travaillait dans la même usine que moi à Sarrebruck.
Nous nous retrouvions ainsi tous les matins en compagnie d'autres ami(e)s travaillant également en Sarre, sur la route menant vers Klarenthal en Allemagne, pour prendre le Bus direction Sarrebruck où se trouvait l'usine de confection 'SAKO' dans laquelle nous travaillions depuis plus d'un an.
Mais ce qui nous réunissait par dessus tout, c’étaient la musique et l'électronique, deux passions que nous partagions avec de nombreux autres ados durant ces trépidantes années soixante où tout restait encore à découvrir.
Ce soir-là, Richard avait pris, une fois de plus, la route qui menait vers le village pour venir écouter quelques disques de Johnny et d’Elvis en ma compagnie et pour me faire part de ses dernières idées de génie censées, une fois de plus, à faire de nous des milliardaires en un temps record…
Arrivé à hauteur du petit renfoncement où les autobus Federspiel (1) se garaient pour laisser sortir les voyageurs, Richard vit, arrêté sur le bas-côté, le cabriolet d’une jeune femme de Stiring dont le véhicule était souvent garé à cet endroit à la nuit tombée.
Il y jeta un bref coup d’œil, aperçut deux silhouettes enlacées et en conclût que la propriétaire devait fréquenter régulièrement quelqu'un de la Ferme, avec, à la clé, probablement une nouvelle histoire de mari ou de femme cocus…
Richard esquissa un bref sourire complice en passant devant le véhicule aux vitres embuées puis accéléra le pas car la nuit n'allait pas tarder à tomber.
Les rares lampadaires du village venaient de s'allumer dans la grisaille et il repensa à l'installation provisoire qu'il était en train de bricoler pour que ses parents puissent de nouveau profiter de la lumière électrique.
Il fallait qu’il se branche à la sauvette sur les câbles qui arrivaient dans le cagibi du voisin, car la compagnie d'électricité avait pris soin de démonter leur compteur suite aux nombreuses factures de courant impayées. Avec un peu de chance, il pourrait bientôt rebrancher la lampe dans sa chambre et écouter de nouveau Johnny Hallyday sur son propre tourne disque, mais il faudra le faire dans la plus grande discrétion afin de ne pas mettre la puce à l'oreille de tout le voisinage. En attendant, il continuera à s'éclairer avec une bougie et ira au village chez son copain pour écouter ses disques...
Il longeait maintenant le grand pré à la lisière de la forêt allemande entièrement recouvert d'une épaisse couche de neige. Pendant la belle saison, de nombreux gamins de son âge y jouaient au foot, mais lui-même n'aimait pas jouer au ballon.
Richard partait du principe que courir à une vingtaine derrière une balle n'avait aucun sens. Il préférait de loin s'occuper de choses plus agréables, comme par exemple aller en été avec les copains et les copines aux trois étangs pour s'y baigner et profiter de la fraîcheur de l'eau poissonneuse en présence d'une noria de jeunes filles charmantes légèrement vêtues...
Poissonneuse... Le mot lui rappelait une de ces après-midi d'été où, en compagnie d'Albert, le frère de Simon, ils avaient réussi le tour de force de vider de son contenu le plus grand des étangs.
Ils avaient ouvert les vannes qui servaient à transférer l'eau de l'étang le plus haut vers ceux situés en contrebas et, après une petite heure de vidange, un paysage de désolation s'était offert à leurs regards... L'eau avait quasiment disparu et il ne restait qu'une boue grisâtre et saumâtre dans laquelle des centaines de poissons agonisaient lentement en tressautant dans la vase.
L'esprit pratique des deux acolytes avait pris le dessus et afin de ne pas gâcher une telle pêche miraculeuse ils coururent rapidement à la maison afin de récupérer des seaux et des lessiveuses, récipients avec lesquels ils allaient ramener une bonne centaine de kilos de poisson frais dans la cité.
La quantité était telle qu'ils furent obligés de faire plusieurs voyages et, lors du dernier transfert, ils tombèrent malheureusement sur ce maudit garde-chasse allemand qui les connaissait déjà et qui avait eu entre-temps vent de l'affaire.
Leur grande expérience en 'sauve-qui-peut' à travers les sous-bois leur permit d'échapper au lent et corpulent représentant de la loi qui eût tout juste le temps de voir les gamins disparaître à l'orée du bois, s'engouffrer sur le territoire français (ouf !) puis fuir en ordre dispersé dans les ruelles étroites de la cité de baraques.
Arrivés à la Ferme, leur première démarche consista à distribuer les poissons à tous les adultes qu'ils connaissaient. Ces derniers acceptèrent avec plaisir cette nourriture providentielle et ne posèrent aucune question. Ils saisissaient simplement l'aubaine, ne cherchaient pas à comprendre l'origine de ce qu'on leur offrait, se contentant d'appliquer cette règle simple qui avait si souvent fait ses preuves :
- Si on t'offre quelque chose, prends-le, et si on veut te le reprendre, tiens-le à deux mains et enfuis-toi en courant !
Quelques heures plus tard, la cité toute entière sentait le poisson frit et les chats valides de la Ferme et des environs tournaient nerveusement autour des baraquements, se léchant par avance les babines en prévision d'une orgie de restes inattendue...
Le lendemain matin, une délégation de la brigade de gendarmerie de Stiring-Wendel, alertée par leurs collègues allemands, se présenta dans la cité et commença par vider toutes les poubelles des habitants afin de repérer ceux qui avaient récemment consommé du poisson.
La fouille effectuée avec une rigueur toute militaire, permit de découvrir chez la plupart des familles des preuves formelles sous la forme d'arêtes, de têtes et de queues de poissons sauf bien entendu chez Richard et Albert car ces derniers avaient pris la précaution de ne pas ramener le moindre butin d'origine piscicole chez eux !
Mais les preuves accumulées par la maréchaussée étaient finalement insuffisantes pour inquiéter les habitants soupçonnés de recel et de consommation de poisson volé.
Ces derniers opposèrent l'argument aux gendarmes ébahis, que les arêtes trouvées dans les poubelles ne pouvaient en aucun cas déterminer l'origine du poisson car un voisin malveillant aurait très bien pu se débarrasser de ses restes en les jetant dans leur poubelle... Et ils eurent gain de cause, l'affaire s'arrêta là, personne ne fut inquiété et, une fois de plus la bande de copains l’avait échappé belle !
En tout cas c'était comique, pensât-il en arrivant devant l’entrée de la baraque de son ami et vit à travers la fenêtre éclairée de la cuisine la grand-mère en train de préparer le repas du soir.
Chaque fois qu'il arrivait ici au village, il avait l'impression d'arriver dans un monde différent. D'abord il y avait du feu quand il faisait froid, ensuite, il y avait toujours de quoi manger, même si la famille de son ami était de condition très modeste.
Il n'avait par ailleurs aucun souvenir d'avoir été mal accueilli, ni d'avoir été jugé d'une manière quelconque en raison de ses origines.
Il y a quelques années, la famille de son ami avait même fait appel à l'entreprise de bâtiment du Fritz (2) afin de rénover la petite maison du grand-père maternel qui habitait en face de la baraque. Il avait appris par des voisins dans quelles conditions travaillait son père et ses ouvriers, et il avait compris petit à petit pourquoi l'entreprise en question avait rapidement périclité.
D'abord, les ouvriers arrivaient systématiquement en retard sur le chantier, et partaient toujours en avance l'après-midi. Ensuite, leur chef, le Fritz, était rarement présent pour les recadrer car il avait son quartier général dans un des bistrots du village et avait mieux à faire là-bas que de s’occuper d’une bande de rigolos qui s’étaient auto-proclamés maçons…
Lors du crépissage de la façade, les ouvriers qui n'avaient plus de ciment pour préparer le mortier, allèrent chercher leur chef qui se dépêcha de venir avec le taxi du père Bug, (3) pour aller à Forbach chez Weyland, acheter un sac de ciment. L'occasion lui fut une fois de plus donnée de s'arrêter, cette fois en compagnie de son chauffeur, dans un des nombreux troquets de la ville pour fêter l'événement.
C'est ainsi, en faisant connerie sur connerie que le père de Richard réussit à étouffer dans l'œuf ce qui aurait pu être l'amorce d'un nouveau départ dans la vie pour lui et sa famille.
- Je lui en voudrais toujours d'avoir gâché cette chance, pensait Richard au moment où il voulut frapper à la porte d'entrée...
Mais Grand-mère avait déjà ouvert la porte.
* * * * * * * * * *
Richard s’engouffra à l’intérieur et Grand-mère referma aussitôt la porte d'entrée pour éviter que le froid ne se répande dans la maisonnée uniquement chauffée par la cuisinière à charbon qui ronronnait dans un des coins de la pièce.
Je m'approchais en souriant de mon pote, lui serrai la main et lui fit part de mon étonnement quant à sa visite tardive...
- Tiens... Salut, je ne savais pas que tu descendrais encore ce soir... Mais, tes vêtements sont tout mouillés, enlève ta veste et accroche la à coté du fourneau ensuite tu viendras avec moi dans ma chambre j'ai un truc à te montrer...
Richard salua ma grand-mère et ma marraine puis me suivit dans la petite pièce au fond de la baraque qui me servait de dortoir, de laboratoire occasionnel et de salle de répétition musicale aux Titanic’s (4), les supposés futurs successeurs des Beatles.
- Regardes, je viens de fabriquer une batterie pour Mohamed !
J’avais récupéré plusieurs barils de poudre de lessive vides que j’avais munis de pieds en bois puis recouverts d'un reste de peinture verdâtre.
- Qu'est-ce que t'en penses ?
- C'est marrant, c'est un peu petit, mais c'est toujours mieux que la vieille lessiveuse et les couvercles de casseroles sur lesquels il tapait jusqu'à présent !
- T'as entendu que Sigi s'est acheté une vraie guitare électrique ?
- Une vraie guitare avec des micros et tout ?
- Oui, de marque Troubadour, elle est de couleur bleu-vert avec des paillettes !
- Il en a de la chance, moi j'ai toujours ma vieille guitare sèche, et j'ai pas les moyens de m'en acheter une avec le peu d'argent de poche que mes parents me laissent...
- Ça ne s'arrange pas avec ton Fritz de père ?
- C'est toujours pareil, il est bourré la plupart du temps, de l'argent il n'en gagne presque jamais parce qu’il ne travaille pas et, quand il y a une connerie à faire, il est toujours candidat...
- T'as un problème particulier ?
- Si j'en avais qu'un je serais un mec heureux... Ce qui est sûr, c’est que depuis que je travaille avec toi dans cette usine à Sarrebruck, j’en ai beaucoup moins qu’avant !
J’avais longuement discuté il y a quelques mois avec mon pote et lui avait expliqué en quoi consistait le travail dans une usine de vêtements...
Je lui avais également parlé de toutes les filles qui venaient en bus tous les matins pour travailler avec nous dans cette boite. L’offre semblait alléchante et Richard fut vite convaincu qu'il était sur la bonne voie et qu’une porte lui permettant de fuir le milieu toxique dans lequel il se trouvait allait enfin s’ouvrir.
La mine et ses dangers n’étaient déjà plus qu’un lointain souvenir…
Nous discutâmes longtemps ce soir là. Nous évoquâmes le passé et l'avenir, les filles, la musique, le cinéma, le travail à l'usine, les copains, bref, tous ces sujets susceptibles de passionner des adolescents de notre âge...
Grand-mère et Marraine étaient déjà couchées lorsque Richard récupéra son blouson accroché au dos d'une chaise que Grand-Mère avait poussée près du fourneau.,
J'accompagnais mon copain jusque devant la porte et le suivis du regard pendant qu'il disparaissait dans la nuit. L’éclairage public était déjà éteint, il devait être plus d'une heure du matin et un froid glacial me fouetta le visage.
Dans la rue déserte, plus une seule fenêtre n’était éclairée, et là-haut dans la cité de baraques, seul un lointain aboiement de chien laissait augurer que derrière la sombre et profonde forêt une forme de vie existait.
Richard s’était engagé d'un pas rapide sur le chemin du retour.
Au fond de lui il se sentait ragaillardi par l'idée de pouvoir enfin échapper à ce système qui l'oppressait et ne put s'empêcher de penser à ses copains qui n'avaient pas su saisir cette chance.
Il repensa à son ami Mohamed arrivé depuis peu en France et à leur premier contact là-bas près de la fontaine où ce dernier lavait en chantonnant les langes sales d'une de ses petites sœurs dans une vieille cuvette bosselée.
Il revit sa longue silhouette de Kabyle, ses gestes lents et le large sourire qui avait éclairé son visage lorsqu'il vit la petite bande d'amis qui se promenaient dans les ruelles de la cité...
Ils avaient rapidement sympathisé et Richard avait senti de suite que ce grand escogriffe à l'air un peu égaré faisait partie de leur monde au même titre que ses autres copains.
Il avait vite compris que la vie de Mohamed n'avait rien d'enviable car ce dernier était exploité par un père qui ne voyait en lui qu'un esclave taillable et corvéable à merci.
Il n'avait jamais su pourquoi ses parents le traitaient en paria mais il avait remarqué que des éclairs de révolte commençaient à se lire dans son regard de chien battu...
Richard n'avait pas insisté et ne lui avait jamais posé de questions à ce sujet…
Il était arrivé devant chez lui, s'engouffra dans le jardin puis gravit les quelques marches qui donnaient sur la porte de la cuisine. Tout semblait calme, seul les ronflements sonores du Fritz s’échappant de la chambre à coucher des parents meublaient le silence de la nuit.
Il chercha en tâtonnant la bougie presque consumée posée sur la table de cuisine, l'alluma et se dirigea sans bruit vers sa chambre. Il posa le bougeoir sur la table de nuit, enleva ses vêtements glacés et les posa sur une chaise qu'il poussa vers le fourneau encore tiède.
A côté de son réveille-matin, était posé un étrange montage formé d’un écouteur de téléphone de la mine, de quelques composants électroniques et de morceaux de câble électrique.
Il s’agissait d’un de ces récepteurs radio à diode, version moderne du poste à galène, que nous fabriquions nous-même et qui nous permettaient d'écouter notre émission favorite Salut les copains sur Europe N°1 sans être obligé d’investir dans l’achat d’un vrai ‘Transistor’(5).
Il brancha à l’aide d’une prise ‘crocodile’ l'extrémité du câble d'antenne sortant du mur à côté de la fenêtre sur un des plots de l'écouteur et un son nasillard se fit entendre aussitôt.
Il reposa le tout sur le petit meuble puis se pelotonna sous les couvertures ferma les yeux et s’endormit rapidement, bercé par les grésillements qui s’échappaient de l’écouteur...
Les bruits dans la cuisine occasionnés par son père qui se préparait pour la chasse le réveillèrent quelques heures plus tard. Il ouvrit péniblement les yeux et regarda les aiguilles du réveil.
Quatre heures du matin… Il n'avait dormi que deux heures, et dans la cuisine le Fritz faisait un raffut de tous les diables.
Qu'était-il en train de fabriquer ?
Richard était maintenant complètement réveillé. Il se leva en silence et entrouvrit la porte de sa chambre. Il vit le Fritz dans la lumière vacillante de la bougie se préparant pour une nouvelle sortie champêtre.
Vêtu de son éternel bleu de travail, il remplissait une musette en y entassant une Lyoner (6), 1 miche de pain et plusieurs bouteilles de Schnaps et de bière.
Sa massive silhouette projetait une immense ombre mouvante sur les murs.
La scène avait quelque chose d'irréel tant le personnage était excessif.
Un large sourire éclairait le visage rond et jovial et un pétillement malicieux se devinait dans le regard qui s'attardait longuement sur la dernière bouteille d'alcool. Richard ne put s'empêcher de faire un pari silencieux...
Boira, boira pas...? Bingo ! Gagné, il boit !
Le contraire l'eût d’ailleurs étonné... Fritz avait regardé la bouteille pendant quelques secondes, puis, ne pouvant résister à la tentation, la déboucha prestement et porta le goulot à la bouche.
Derrière la porte, Richard hocha la tête avec une grimace de dégoût.
Comment pouvait-on boire de si bon matin un alcool aussi fort ?
Il vit le liquide diminuer à vue d'œil dans la bouteille et le regard du Fritz s'allumer avec une intensité grandissante au fur et à mesure qu'il s'imbibait du breuvage.
Cela semblait durer une éternité, et lorsqu'il baissa enfin le bras, le niveau de la bouteille avait diminué d'un bon tiers.
Le Fritz ponctua son exercice de mise en jambes par un rôt sonore puis se mit à baragouiner d'une voix hésitante un long monologue sur l'attrait de la chasse et sur les bienfaits de l'alcool, remède souverain selon lui, pour se protéger du froid.
Richard avait repoussé la porte et s'était recouché. Il resta encore éveillé quelques longues minutes durant lesquelles il tenta de faire le point sur la situation.
Son père était un alcoolique notoire qui se complaisait dans son triste état et ne ferait aucun effort pour se sortir de cette vase dans laquelle il s'enfonçait en entraînant avec lui tous ceux qui l'entouraient.
Dans sa tête il fit un rapide retour en arrière et revit la cité de baraques dans laquelle la famille venait d'arriver. C'était il y quelques années et il se souvenait très bien du camion de transport de patates dans lequel ils avaient déménagé.
Ils venaient de Petite-Rosselle d'où étaient originaires les grands-parents maternels, et on leur avait attribué cette demi-baraque au cœur de cette cité à l’écart du village.
A l'époque, les maisonnettes en bois faisaient la fierté des habitants et chacune des familles s'occupait activement à rendre les lieux gais et agréables.
Des jardins fleuris entouraient chacune des baraques et dans l'ensemble, l'endroit entouré de forêts était plutôt bucolique.
On lui avait dit que les habitants de cette tour de Babel provisoire parlaient une vingtaine de langues, et il se souvint qu'à l'époque, malgré leurs grandes différences, ces gens venus des 4 coins de la terre s'entraidaient et se respectaient.
Il se rappelait de ses camarades de l'époque, du petit Wladimir, fils d'une famille d'immigrés Russes qui devait toujours étudier pendant que les autres enfants allaient jouer ou de Giuseppe le timide italien qui parlait un Français tellement parfait que même les autochtones ne comprenaient pas tout ce qu'il disait.
Il se souvenait également de toutes ces nombreuses familles Siciliennes, Sardes et Calabraises qui vivaient dans ces baraquements, toujours entourés d'une kyrielle d'enfants qui piaillaient et gesticulaient à longueur de journées...
En ce temps-là tout semblait encore possible et chacun faisait ce qui était en son pouvoir pour essayer de s'en sortir au mieux. Les enfants incarnaient l'avenir et les familles modestes y projetaient tous leurs espoirs.
- Travaille bien à l'école, disaient les pères trop souvent d’une voix fatiguée par le dur travail de mineur, plus tard tu seras quelqu'un de respectable. Tu n'auras pas besoin d'aller comme moi trimer au fond de la mine, ou alors ce sera au jour, dans les bureaux et tu pourras peut-être devenir un chef...
Les premières années de l'enfance s'étaient écoulées rapidement, et Richard se rappelait des journées de classe durant lesquelles il n'avait pas pu travailler comme la plupart de ses camarades. Il n'avait pratiquement jamais de livres scolaires, car à l'époque déjà, ses parents attachaient plus d'importance à la bière, aux cigarettes et aux fêtes avec les amis de beuverie qu'à l'épanouissement intellectuel de leur rejeton.
Par la force des choses, son école devint celle de Robinson et il maîtrisait la fabrication des arcs et des flèches bien avant de savoir lire et écrire.
La forêt et la nature étaient devenues ses universités et la liberté son professeur.
Il vivait dans ce monde qu'il s'était approprié et apprenait ce qui le passionnait au rythme qui lui convenait. Bien que cette école de la vie lui fut profitable, il lui manquait toujours les bases nécessaires à un épanouissement personnel, et aujourd'hui il regrettait de ne pas avoir su tirer un meilleur profit de ses jeunes années.
Mais la vie était ainsi faite. Il se retourna dans le lit, tira la couverture à lui, ferma les yeux et se rendormit sans demander son reste. à suivre...
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(1) Lire le récit "Les autobus Federspiel"
(2) Pour vous faire une idée du personnage lire par exemple le récit ICI
(3) Bug Charles exploitait un dépôt de bière et de spiritueux à l'entrée du village ainsi qu'une licence de Taxi. De par ces activités, il était très proche de tous les poivrots de la région.
(4) C'était le nom de notre premier groupe, vous ne serez pas étonnés si je vous confirme qu'avec un nom pareil il a rapidement coulé !
(5) On appelait 'Transistor' les premiers postes de radio portatifs alimentés par piles et équipés de composants électroniques révolutionnaires pour l'époque, les fameux transistors au germanium... Plus de détails en cliquant ICI
(6) Saucisse mythique largement consommée en Alsace, en Moselle et en Sarre.
Plus d'infos ICI
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Louis Arti : couleur amitié
J'ai connu Louis Arti quand il s'appelait encore Louis Gaudioso à l’école primaire de Schoeneck. C'était l'époque où l'on chauffait encore la salle de classe à l'aide d'un poêle à charbon et où les enfants obéissants mettaient des patins pour ne pas salir pendant la saison pluvieuse la salle de classe.
Derrière le pupitre du maître Félix Thil, un crucifix, devant le pupitre une assemblée hétéroclite de gamins originaires de tous les coins du monde. 30 nationalités se partageaient le savoir que l'instituteur essayait tant bien que mal de leur transmettre.
Dans la cour de récréation, un "grand" m'avait attaqué pour me piquer mes billes. Louis m'a défendu et, depuis ce jour, l'amitié vraie sommeillait en nous.
Puis nous nous sommes perdus pendant de longues années, mais un jour Louis est revenu. Adulte, barbu, pauvre, mais toujours enthousiaste et vrai. Il se souvenait de moi et m'a fièrement présenté son premier disque (entièrement fait à la main !) et nous l'avons invité à se produire dans un tour de chant, à Schoeneck, devant ses anciens camarades et ses anciens instituteurs. Alors, la magie a fonctionné…
Le petit pied-noir Louis Gaudioso était devenu Louis Arti, l'artiste écorché qui jonglait avec des mots qu'on ne comprenait pas toujours, mais qui fascinaient comme ils vous fascineront lorsque vous écouterez ses chansons.
Je me souviens… C'était en 1993, j'avais sillonné la région avec Louis pour retrouver quelques-uns des 'anciens des baraques' avec lesquels nous avons évoqué de lointains mais vivants souvenirs. Grâce au talent des techniciens de l'atelier de création de l'Est de Radio France et à Michèle Oster, ces documents sonores se transformèrent en une évocation radiophonique de 10 épisodes de dix minutes…
Une fois de plus, la magie des mots avait fonctionné !
C'était un pays de baraques en bois et de charbon riche. C'était la ruée vers la belle vie. Belle vie en noir ! Et brillante d'un flambant 'diamantesque'…
Entre les bois des planches des baraques, entre cette folie provisoire de l'habitat et la montée économique qui gonflait les joues de Marianne et des banques et les affaires des Seigneurs H, B et L. Il y avait tant de monde qui avait faim et il y avait tout ce charbon qu'on y marchait dessus… Au loin tombait une forêt en bois de Nuremberg… Où loger le monde quand il traîne une guerre aux pieds ? Ces mains cueillies pour les pioches, les haches, les pelles, les marteaux piqueurs et les perforatrices des Houillères. Ces mains entourées parfois de 7,9,11,14 enfants…
De cette Lorraine de baraques, disparue aujourd'hui, que je connais, que j'aime, moi qui ne suis pas natif d'ici. Comme mes semblables, je revendique ce pays où notre voyage de la racine de l'angoisse s'est enfoncé dans les bois de Schoeneck...
(Mai 1993, un village dans la tête, Radio France).
Préparation de l'émission 'Un village dans la tête' avec Radio France (1993)
Littérature :
Belle vie en noir (extrait)
Plus loin le train s'arrête encore; ce coup-ci Mica et Toche s'écrient spontanément :
- Maman, regarde : Amora la moutarde de Dijon !…
Marie-Quinze-Août assommée de fatigue, se lève quand même. Elle les rejoint dans le couloir, elle rit avec eux.
- C'est beau la France, mes enfants !… C'est beau, hein mes chéris ?…
On repart; les pays de la Côte d'or se mettent à glisser sous leurs yeux. Dès qu'il est frappé par un bel endroit, Mica pense que ça serait bien que le train s'y arrête; j'y habiterais volontiers, s'avoue-t-il.
Mais la locomotive prend la direction du nord-est, elle ne les déposera pas dans les vignobles de Nuit Saint Georges, elle roule vers les mines de charbon, vers les industries.
Depuis Marseille, Mica a repéré d'autres bruits qu'il ne connaissait pas. Il a enregistré le tac tac que faisait continuellement le train quand il passe sur un bout de rail ajouré légèrement d'une éclisse. Il a localisé plusieurs sons différents : celui des roues sur les aiguilles, celui des roues sur les appareils de dilatation, les grincements du convoi dans les entrées de gares lorsque les wagons se tortillent sur les cœurs d'aiguillage; et puis les sifflets de différentes locomotives… Pour Mica aucun de tous ces sons n'a la même note, ni le même rythme; c'est selon si le train roule doucement ou vite, une question de tempo que la musique lui fera comprendre encore mieux plus tard.
Les deux barres ferroviaires d'acier poursuivent parallèlement des lignes de lumière sur des centaines de kilomètres. Dans les gares de triage Mica admire les reflets du soleil qui s'éparpillent sur les voies : ça à l'air d'un million d'ampoules jetées comme du sel sur les pâtes, se dit-il...
Souvenirs :
Parfois, au terme d'un nouveau voyage droit, surgissait sa massive silhouette, la main tendue mendiant quelques mots ou quelques phrases oubliées. Son ombre se découpait dans la brume triste du quotidien, là-bas, au coin d'une ruelle qui s'appelle ma vie, dans la grisaille habituelle de cette lointaine Lorraine.
Les jours ordinaires revivaient alors en rires sonores et voraces et les souvenirs fous d'un passé simple jaillissent à nouveau à la surface de nos mémoire telles ces billes brillantes et colorées qui jaillissaient des sacs en tissus dans lesquels nous rangions avec précaution nos futurs souvenirs d'enfance… Clément Keller
Tour de chant 'improvisé' à Volonne (Provence)
Les ateliers d'écriture :
Louis Arti a sillonné la France pendant quelques années en proposant aux enfants des écoles des projets de travail sur la mémoire passée ou présente d'une ville, d'un village, d'un quartier, ou d'une cité dans le cadre d'ateliers d'écriture...
Une rencontre entre l'artiste et l'enfant :
L'objectif principal de ce type de projet est bien entendu de faire rencontrer des individus autour d'une création artistique commune en construisant une véritable 'identité collective'.
Améliorer la maîtrise du langage par l'écriture et la lecture :
Sur un plan strictement technique ces opérations ont également pour but d'améliorer dans des situations concrètes la maîtrise du langage, premier moyen d'expression nécessaire pour créer des textes. D'autre part, le travail de lecture nécessaire pour connaître les caractéristiques des écrits dont la production est prévue permet d'améliorer dans des situations concrètes la lecture. Le travail d'équipe ainsi que l'entraide dans le respect de tous les partenaires permettent la finalisation du projet en ce qui concerne la dimension éducative. En effet, les élèves ont besoin de lire et d'écrire dans des situations réelles et motivantes pour comprendre l'importance de la lecture et de l'écriture, ils ont également besoin de s'ouvrir au monde extérieur à travers un projet mené à terme dans un travail reconnu, dans un esprit de coopération et de tolérance. La création artistique n'étant pas uniquement un produit de 'consommation' mais le fruit d'un travail qui peut être à leur portée, il devient important d'apprendre à l'enfant le plaisir à écrire à travers de petits récits, des poèmes ou des chansons. Dans ce type d'activité à dominante artistique, les enfants apprennent naturellement à exprimer leur vécu par l'écrit, la gestuelle, et la musique.
Un exemple réussi :
Quartier d'Oran, quartier d'orange est l'exemple d'un texte collectif écrit par les élèves de la classe de J.P.Garbe (école Oran-Constantine) réalisé dans le cadre d'un atelier d'écriture du Channel, scène nationale de Calais. Mis en musique par l'artiste et les enfants, ce texte a ensuite été interprété par les élèves. La direction du choeur était assurée par Jean-Robert Lay avec David Laisné au piano. Quartier d'Oran, quartier d'orange a été enregistré à l'auditorium Érik Satie de l'École de musique de Calais par Pierre Vasseur et Olivier Hugot. Ce travail ainsi que l'enregistrement ont été rendus possibles grâce au concours du Contrat local d'éducation artistique mis en place sur Calais, subventionnée par la ville de Calais, les ministères de la culture et de l'éducation nationale.
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