NOSTALGIA, le Blog qui fait oublier les tracas

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Billes, Roudoudous et Carambars...

Comme la plupart des gamins de ma génération, j’étais un enfant plutôt obéissant.

A vrai dire on ne me demandait pas vraiment mon avis. Durant ces années-là, les enfants se contentaient d’écouter et d’obéir et je suivais sagement le mouvement sans trop chercher à comprendre…

C’est pendant ma deuxième année d’école primaire que quelques-uns des « grands » m’avaient appris à jouer aux billes. Le jeu le plus répandu parmi les gamins était sans conteste le jeu de billes « au carré ».

Pour commencer la partie, on traçait tout d’abord une longue ligne droite qui matérialisait le point de départ, puis, à quelques mètres de cette ligne on traçait un carré sur le sol dans lequel chacun des joueurs plaçait une ou plusieurs billes.

Ensuite, pour déterminer l’ordre dans lequel les joueurs allaient commencer la partie, on se plaçait derrière le carré et chacun jetait sa grosse bille nommée « Boulot » (ou Bouleau ?) en direction de la ligne de départ. Celui qui réussissait à se placer le plus près de la ligne était désigné premier et les autres suivaient en fonction de la distance à laquelle ils avaient placé leur « Boulot » par rapport à la ligne.

Les joueurs se plaçaient ensuite derrière cette ligne avec leur « Boulot » et tentaient, tour à tour, de faire sortir les billes situées dans le carré. Si le joueur ne fait sortir aucune bille, c’est au tour du joueur suivant. Si son « Boulot » s’arrêtait dans le carré, il passait son tour et devait mettre l’équivalent de sa mise de départ dans le carré puis regagner la ligne de départ. Chaque bille éjectée était gagnée par le joueur qui pouvait alors rejouer de là où s’est arrêtée sa bille et la partie se terminait lorsqu'il ne restait plus rien dans le carré…

Ces parties de billes permettaient aux enfants de s’épanouir à travers un jeu simple, accessible à tous et je ne peux m’empêcher de citer ici un extrait du merveilleux livre de Joseph Joffo intitulé « Un sac de billes » :

 

"C'est une bille de terre et le vernis est parti par morceaux, cela fait des aspérités sur la surface, des dessins, on dirait le planisphère de la classe en rédaction.

Je l'aime bien, il est bon d'avoir la Terre dans sa poche, les montagnes, les mers, tout ça bien enfoui. Je suis un géant et j'ai sur moi toutes les planètes"…

 

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A côté de notre baraque (aujourd’hui on dirait un chalet !), il y avait un immense pré dans lequel papa avait planté de nombreux arbres fruitiers, des pommiers, des poiriers, des pruniers et des cerisiers...

Encore aujourd’hui (lorsque les conditions climatiques sont favorables), nous récoltons les pommes de ces arbres devenus septuagénaires.

A côté de la maison de grand-père, de l’autre côté de la rue, il y avait un vieux poulailler branlant servant de réserve à charbon dans lequel nous n’avions pas le droit d’entrer et deux cabanons servant de W.C. Le premier était réservé à notre usage, le second à celui de grand-grand-père et de marraine.

Mais le terme ‘W.C.’ est peut-être exagéré… Il s’agissait en fait d’une rudimentaire construction en briques dans laquelle était installée une planche horizontale percée d’un trou d’une trentaine de centimètres de diamètre fermé par un couvercle en bois amovible.

A cette époque, il n’y avait ni fosse septique et encore moins de tout à l’égout.

Sous le trou des toilettes il y avait un tonneau qui devait être régulièrement vidé dans le jardin, car le contenu à l'odeur nauséabonde (garanti 100% bio !) servait d’engrais naturel et faisait pousser de superbes légumes.

Par contre, dans les baraques de la Ferme, il y avait une fosse de plus grande contenance qui avait, par rapport au tonneau, besoin d'être vidée bien moins souvent.

Ces fosses disposaient d’une trappe accessible par l’extérieur qui permettait de puiser les restes organique destinés à la fertilisation des jardins à l'aide d'une "louche à purin" à long manche.

Le papier « triple épaisseur parfumé à la lavande » n’existait pas encore et il fallait donc pallier à ce manque en utilisant le papier journal qui terminait ainsi sa brève carrière. 

A partir d’une feuille de journal on découpait une dizaine de morceaux de papier qui étaient ensuite accrochés à portée de main à un clou servant de « distributeur » de papier…

Il faut dire que durant ces années après-guerre, tout était recyclé, il n’y avait pas de déchèteries et chaque chose avait plusieurs vies…

En plus de sa vocation de papier toilette, le journal servait également de papier d’emballage ou d’allume-feu pour la cuisinière à charbon. Quant aux (rares !) restes alimentaires, ils étaient destinés à nourrir les animaux de compagnie ainsi que les poules, les canards et les lapins.

Bref, les privations et le sens de l’économie acquis pendant les années de guerre faisaient de nos parents des « écologistes » bien avant l’actuelle génération de « Bobos » censés sauver la planète en implantant des centaines de moulins à vents en matériaux composites impossibles à recycler posés sur des tonnes de béton préfabriqué qui défigurent la nature…

 

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Opa, Maman, Anne-Marie et moi. Au fond, à côté de la maison, le fameux poulailler

 

Les jours, les semaines et les mois défilaient ainsi, au rythme des saisons et des occupations des uns et des autres.

Certains dimanches, nous avions droit à la visite de l’oncle Philippe, le frère aîné de papa. Ce dernier habitait avec sa famille à quelques kilomètres du village, en Allemagne, plus précisément à Ottenhausen, et, lorsque la météo le permettait, il traversait la forêt et venait nous rendre visite.

A ce propos, j’aimerais ici vous faire part d’une petite anecdote qui rejoint le récit de notre amie Danielle « Le tango d’amour des frontaliers »

Lorsque, vers 1930, l’oncle Philippe décida de convoler en justes noces avec sa future épouse Sophie originaire de la Sarre, il prit la décision de s’établir dans la localité de sa bien-aimée et décida d’opter pour la nationalité allemande car il était persuadé que le reste de sa vie se déroulerait ensuite en Allemagne.

Il ignorait bien sûr à ce moment-là, qu’un jour, un fou furieux prendrait le pouvoir et entraînerait le monde dans une guerre meurtrière qui allait faire des millions de victimes…

En 1939 il fût donc enrôlé dans l’armée allemande (la Wehrmacht) et, comble de l’absurdité, se retrouva de ce fait en guerre contre son propre frère (mon père) qui avait été enrôlé dans l’armée française… Pour peu, ils auraient pu se retrouver face à face, munis chacun d’un fusil avec ordre de protéger quoi qu'il arrive leurs « patries » respectives…

Ce ne fût fort heureusement pas le cas, mais la bêtise et la folie de certains des dirigeants du monde n’ayant pas de limites, mon père fût enrôlé de force quelques années plus tard également dans l’armée allemande et se retrouva cette fois du côté de son frère dans la même « Wehrmacht ». Toutefois, un nouveau retournement de situation en mai 1944 fit que Papa réussit, avec l’aide de deux autres « Malgré-nous », à se faire capturer, cette fois par l’armée américaine, puis à rejoindre de nouveau l’armée française, cette fois-ci en Algérie, et plus exactement à Tlemcen

Mais refermons ici cette parenthèse et passons aux souvenirs « sucrés » qui ont marqué notre enfance.

Tous ces bonbons et autres confiseries étaient bien souvent des récompenses à l’origine d’inoubliables moments de plaisir et de partage.

 

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La confiserie la plus connue était certainement le Carambar, une marque commerciale de la société Delespaul créé en 1954 à Marcq-en-Barœul dans le Nord à la suite, dit-on, d'une erreur durant le processus de fabrication…

Cette confiserie est encore aujourd'hui déclinée en nombreuses variantes aux arômes artificiels de fruits, de nougat ou de cola, puis en variétés aux goûts artificiels très marqués comme l’Atomic cactus. Il en existe même une variété à deux goûts appelé Bigou.

La confiserie originale est réputée très dure et collante, et, chaque année environ un milliard d'unités de ces confiseries sont encore consommées.

 

  

Et puis il y avait les Roudoudous… Peut-être les appeliez-vous autrement, mais ces petits bonbons au sirop coulés dans de véritables petites coquilles ont ravi de nombreux enfants. Au village on les achetait à l’épicerie du père Rennolet.

Ces délicieux petits bonbons se dégustaient en léchant directement l'intérieur de la coquille. Aujourd'hui, on les trouve toujours, mais les coquilles sont maintenant en plastiques.

Je me souviens également du fameux Mistral gagnant (chanté plus tard par Renaud) qui était un bonbon en poudre se présentant dans un étui en pain azyme contenant une poudre sucrée, parfumée et pétillante sur la langue.

On y insérait une «paille» en réglisse destinée à l'aspirer. Certains de ces sachets portant à l'intérieur le mot « gagnant »permettaient d'en avoir un autre gratuitement en échange de l'emballage vide.

Et c'est en 1958 que la marque Kréma lança le Chewing-gum Malabar, un énorme bloc de pâte à mâcher rose qui fit rapidement concurrence au traditionnel Chewing-gum gagnant...

On pourrait longuement parler également des bâtons de réglisse à mâcher, des tendres caramels Lutti et Becco, des tubes de poudre de coco, des savoureuses souris en chocolat et des rouleaux de réglisse sertis au centre d’un bonbon brillant en forme de perle colorée…

Savourer un bonbon, sentir une odeur puis retomber en enfance…

Incroyable mémoire olfactive, qui donne à nos sens une facette toute particulière liée à notre histoire profonde et que l’on n’arrive pas toujours à décrire...

Et soudain, tout devient passerelle vers nos souvenirs les plus enfouis... 

 

Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices,
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

(Alphonse de Lamartine)

 

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La rue Victor Hugo en 1970. On reconnait l'escalier qui permettait d'accéder à la rue des marronniers (en surplomb) ainsi que l'enseigne de la Boulangerie Bastian (Photo A. Massfelder)

 

Tous les récits de la série "Schoeneck, le beau coin" : 

(1) Présentation 

(2) 5 Fruits & légumes 

(3) Alléluia ! Il marche et il parle... 

(4) Je vais ’recevoir’ une petite sœur 

(5) A la découverte du monde 

(6) Opa Adolphe - Mon premier vélo 

(7) Être ou ne pas être... 

(8) Bientôt la rentrée ! 

(9) Premier jour de classe 

(10) Independence day 

(11) La pâte à modeler 

(12) Vive les vacances ! 

(13) Billes, Roudoudous et Carambars

 

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17/07/2024
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