NOSTALGIA, le Blog qui fait oublier les tracas

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Vincent Lambert : Mes jolies colonies de vacances

L’année 2020, « anno horribilis » restera marquée dans tous les esprits, mais surtout pour moi, comme l’année de mes 75 ans.

Quand je regarde l’homme que je suis, celui que je suis devenu au fil des ans, je vois un gars forgé par un parcours de vie en somme assez commun mais riche en expériences de toutes sortes.     .

On dit, à raison, que les voyages forment la jeunesse : je commencerai donc mon périple par les vacances, en cette fin d’été bien compliqué pour beaucoup d’entre nous.

Nous étions 2 frangins (par la suite une fratrie de 4), qui avons eu la chance de pouvoir profiter, comme tous les enfants de mineurs, des centres de vacances des HBL. Pendant 3 semaines les colos nous sortaient de nos corons !

A 4 ans j’ai eu ma 1ère expérience au centre aéré de Bousbach : on partait le matin, et on rentrait le soir.  Jeux, repas, petite sieste rythmaient nos journées : j’en ai gardé de bons souvenirs, car j’y suis retourné l’année suivante, avec en plus un séjour en colo, grâce à ma «tatie»  qui était assistante sociale aux HBL, dans le dispensaire à Forbach, à coté du puits Simon 3.

Me voilà donc fier comme Artaban, du haut de mes 5 ans, prêt à partir en colo avec mon frère Jean Claude (7 ans), direction BAINS les BAINS dans les Vosges. Comme j’étais le plus jeune de la bande, mais pas le plus petit (les vieux avaient 7 ans), je suis devenu le chouchou de la monitrice et pendant les sorties j’avais le droit de lui tenir la main : des vacances de rêves qui se sont terminées en cauchemar : tous les soirs nous avions droit à un bonbon et comme Jean Claude préférait la saucisse, il me refilait le sien.

Au courant de la 3ème semaine, les bonbons avaient fait leur ravage et je me suis réveillé avec une grosse chique et une molaire cariée. Direction le dentiste avec ma monitrice, extraction, bobo et dorlotage jusqu’au lendemain.

Et tout ça sans papa ni maman. Ces expériences vous forment un caractère.

 

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En 1951, nouvelle colo, mais sans mon frangin, normal j’étais devenu un grand de 6 ans. Toujours direction les Vosges à Thiétry. Là pas de souvenirs particuliers, mais toujours content d’être en colonie de vacances. Le grand air nous changeait de la petite cour qui séparait les «corons» de la rue St Charles à Stiring Wendel où nous habitions après le départ de Schoeneck en 47, car le logement occupé au dessus de l’ancienne Mairie Ecole de filles était devenu trop petit. C’est d’ailleurs là que j’ai vu le jour en 1945.

Mais voilà que le rythme de nos colos s’est trouvé bouleversé : naissance de mon petit frère en 52, et papa qui prit la décision de construire notre maison à Schoeneck à coté du grand père paternel. Car là aussi l’appartement (2 pièces, cuisine) était devenu trop petit.

Les années 52, 53, 54 furent consacrées à cette maison. Malgré notre jeune âge, nous étions mis à contribution pour fabriquer les agglos, pour l’excavation des fondations à la pelle et pioche et  évacuation de la terre avec une charrette à bras ( Zieh wainche), pour aller remblayer le terrain derrière le « schnapshauss ». Malgré tout nous profitions du  bon air de Schoeneck et de nos grands parents, maternels et paternels qui habitaient rue du Puits, et qui nous gâtaient de leur bonnes tartines géantes (pain de 3 livres) et tartes aux mirabelles, quetsches ou autres fruits. Et nous faisions le trajet Schoeneck- Stiring à pieds !

Enfin en 55 nous revenions à Schoeneck pour pendre la crémaillère, avec la perspective que notre « punition » de non-colos était levée.

Toujours partant, avec Jean Claude, nous voilà partis à l’été 55, «loin» dans les Alpes à Morzine. Le grand air des montagnes nous soufflait dans les narines : que du bonheur, légèrement altéré par une alimentation qui laissait à désirer.

A tel point qu’au moins une fois par semaine l’aide cuisinière, au visage ingrat (que nous appelions le cheval), passait avec un seau entre les tables pour que nous puissions y déverser la rata servie.

On se rattrapait au goûter où nous engloutissions des tranches de pain d’épices, arrosé d’eau de la fontaine qui coulait juste en face de la colo. Malgré tout ces colos nous plaisaient et le cadre était magnifique.

Pendant ce séjour nous avons eu une sacrée surprise : Papa qui avait fait son service militaire à Annecy, chez les chasseurs alpins, avait fait le trajet Schoeneck-Morzine en « mobylette » (fallait être fou !) pour nous rendre visite et nous emmener une journée à Annecy, visiter le château, où à l’époque était logé le régiment. Je nous vois encore étendus sur les remparts d’un 1,50m de large et contemplant ce panorama inoubliable.

Ces montagnes m’ont toujours attiré, mais je n’ai jamais réussi à obtenir un poste dans cette région.

Nous avions toujours le virus des colos. 1956, encore plus loin ! Direction la mer, Hyères Toulon. Mais moi tout seul. Le rêve éveillé. Un petit coin de paradis dans une pinède. Nous logions dans de grandes tentes hautes, avec des lits normaux posés sur un plancher (20 par tente). Seul inconvénient, c’était loin des bâtiments en dur où se trouvaient le réfectoire et les toilettes. Résultat : le matin quand on sortait de la tente le sable était bien mouillé, mais pas par les vaguelettes de la mer! 

Comme nous étions à 20 m de la plage, la colo était clôturée et les baignades très surveillées, car aucun de nous ne savait nager.

Lors de nos promenades nous avions découvert des champs de melons près de la colo : Alors, après le couvre feu, nous allions leur faire une petite visite et chaparder quelques fruits bien meilleurs que ceux qu’on achète.

Le fait INOUBLIABLE de cette colo : l’excursion en bateau sur l’île de Porquerolles.

Nous voilà déjà avec un an de plus et toujours cette envie de vadrouiller et « parfaire » notre éducation voyagistique. Cette année 57 allait me mener vers l’océan atlantique, direction Tharon, (à titre indicatif les filles allaient à St Brévin).

Les bagages partaient le jour avant nous qui partions le lendemain soir. Le jour du départ, Maman s’est rendu compte que les espadrilles étaient parties dans la valise et qu’il me fallait une autre paire.

Nous voilà partis, de bon matin, Jean Claude et moi, comme toujours à vélo, direction Forbach pour acheter ces fameuses espadrilles. Depuis la halte de Schoeneck, la route descend vers Forbach et nous roulions assez vite.

Pour ceux qui connaissent : avant le pont SNCF, la route fait un léger virage et une fourche qui va vers «Bellevue». A quelques 30 mètres du pont surgit un camion tout terrain de la Société Camus Dietsch, déporté au milieu de la chaussée, que Jean Claude réussit à éviter avec un écart sur sa droite,

Moi, pour ne pas  télescoper mon frangin, je fais de même, et me paye le rebord du trottoir avec un sacrée gamelle à la clé. Jean Claude m’avait mis sur le porte bagage et emmené à la pharmacie, rue Nationale. Constat : double fracture de l’avant bras gauche et quelques contusions...

Le pharmacien, au vu des dégâts, prit sa voiture et direction Hôpital Sainte Barbe…!

Je me suis retrouvé cloîtré à l’hosto avec un gros plâtre. Jean Claude était rentré avec les 2 vélos et ma mère toute affolée alla prendre le taxi « BUG  Karl» pour venir me voir.

A sa vue je fondis en larmes : Maman s’inquiéta et me demanda si j’avais mal ?

- Non maman, mais le docteur ne veut pas me laisser partir en colo !

C’était mon « seul » mal. Comme les os de l’avant bras n’avaient pas été bien remis en place, j’ai été opéré fin août pour les remettre en place : une belle cicatrice de 9cm me le rappelle tous les jours.

D’ailleurs, cette année là, je n’ai repris l’école qu’en octobre à l’internat où j’étais déjà depuis l’âge de 11ans. Ma valise revint à la maison avec « Pierrot P. » notre moniteur de Schoeneck, (rue Victor Hugo) : elle avait profité de la colo toute seule… et pour moi ma dernière colo ratée…

Malgré la fin des colos à partir d’un certain âge j’étais toujours taraudé par le besoin d’évasion. Pour terminer mon périple j’évoquerai juste 2 « colos » un peu spéciales, qui ont marqué les années 61 (juin)  et 62 (août).

 

 

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Alors que j’étais à l’école normale des instituteurs, le cursus scolaire voulait tester notre autonomie et capacité de réalisation aù travers d’un camp (en juin 61).

Nous étions 40 à partir camper sur les bords du SCHIESSROTHRIED, lac-barrage en contrebas du HOHNECK, pendant une semaine.

Nous étions 2 ou 3 par tente et comme je me débrouillais bien pour faire la popote mes colocataires s’occupaient du ménage, de la vaisselle etc…

La 2ème semaine fut consacrée à la descente de la Moselle en Canoës (2x10 places) en alternance avec la marche à pied (un jour sur 2) en camp itinérant pour revenir à Montigny les Metz. C’étaient 2 semaines de rêves qui valaient toutes les colos !

Août 62 : pendant l’année scolaire 61-62, nous avions préparé une grande tombola avec comme objectif : un voyage de 4 semaines en Grèce. La vente des billets devait payer le plus gros du voyage. Une participation était à la charge des parents.

Comme nous n’étions pas bien riches, j’ai travaillé tout le mois de juillet, au guichet de la Poste à Stiring Wendel et j’ai pu ainsi participer à ce voyage mémorable sur les traces d’Ulysse.

Quand je disais que les voyages formaient la jeunesse, vous en avez un exemplaire devant vous. Ce que je suis, je le dois à toutes ces colos et 3 années d’internat « volontaire » dès l’âge de 11 ans et 2 autres années à 16 ans et 16 mois de service militaire dans la coloniale….

Et j’avais pas fini de vadrouiller : ma vie est une succession de vadrouille depuis le 16 février 1965 jusqu’au 2 décembre 2006 date à laquelle j’ai posé ma valise pour une retraite bien méritée. Je reste un jeune homme de 25 ans avec 50 ans d’expérience.

 

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18/10/2020

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