NOSTALGIA, le Blog qui fait oublier les tracas !

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Nadine Chaboussie : mes voisins, la famille Heitzmann

Je me souviens très bien de la famille Heitzmann, des parents, de Horst, René, Sylvie et Denise mais pas des plus jeunes. J'ai beaucoup de beaux souvenirs de la Ferme.

Avec René, nous allions en groupe à la carrière pour voir les explosions et cueillir des framboises tout au fond du trou. Un jour, en rentrant du poste du matin au puits Simon 3, mon père nous a surpris à la carrière. Après nous avoir botté les fesses et mis sur sa moto, ma sœur Barbara et moi sommes rentrées à la maison avec l'interdiction formelle de revenir dans cet endroit dangereux…

Mais, pas plus tard que le lendemain, on y est retourné et c'est ce jour là que ma sœur a roulée du haut jusqu'en bas de la carrière. Les plus grands ont eu très peur et se sentaient responsables, mais par chance, il y a eu plus de peur que de mal car, malgré les pierres, les ronces et les racines, Barbara était juste un peu sonnée. Quelle ‘inconscience’, mais c'était tellement bien, cette insouciance et cette liberté.

J'avais 8 ans et je me souviens d'être venue chez les Heitzmann chercher René pour aller jouer sur la petite place de l'église orthodoxe. René n'avait pas terminé de nettoyer la cuisine et, pour finir plus vite, il a jeté un grand seau d'eau sur le plancher, a pris le balai et a envoyé toute cette eau à travers les fentes des lames du plancher. Ça m'avait bien plu car je n'avais jamais vu ça. Après, sur cette petite place de l'église j'ai prêté mon vélo à René et en échange, il m'a prêté 3 bandes dessinées que j'ai posées sur les escaliers.

Pendant que je comptais les tours (dix et pas un de plus !), les bandes dessinées avaient disparues et je n'ai jamais su qui était son complice !!! Je me souviens également de Walter (HKW) comme d’un garçon studieux  jouant souvent sur sa Mélodica...

 

* * * * * * * * * *

 

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04/02/2017
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Les années 'Yéyé' : Nadine Chaboussie

Yéyé un jour... Yéyé toujours !

Les thés dansants dans le bassin houiller ainsi que ceux du côté de Sarreguemines je connais et j'ai aimé. Le caveau de la Poste et le café Ahr à Forbach, le Métropole, la maison d’œuvre et la salle Sommer à Stiring-Wendel, ainsi que tous les autres qui seraient trop longs à citer ici…

Quelle chance d'avoir été baignée dans la musique de toute cette brochette d'idole ‘yéyés’ qui nous ont apporté tant de bonheur.

Richard Anthony, Claude François, Franck Alamo, Herbert Léonard et plein d'autres artistes, les groupes de musiciens locaux comme les Anonymes, Gilbert Schaeffer, Fred Dario Combo, les Falcons et tous ceux qui nous ont fait danser et rencontrer des personnes qui venaient, comme nous,  passer un bon moment à écouter cette musique qui nous ravissait et nous apportait des instants de joie et de complicité.

J'ai eu la chance, en décembre 2007 à Angoulême, d’assister en ‘live’ à la tournée promo ‘Age tendre et tête de bois’… Vous avez tous entendu parler de ce spectacle auquel ont assisté plus de 4 millions de spectateurs depuis 2006. Cette tournée réunit dans un show unique et grandiose de nombreuses stars, des années yéyés jusqu'aux années disco.

Revoir tous ces artistes, aujourd’hui à la tête grisonnante, était magique, car c'était notre époque.

Je m'y suis rendue avec Dany, la belle mère de mon fils Gilles, une fan, folle dingue de Franck Alamo. Dans la salle, dès que ce dernier est apparu sur scène en entonnant ‘Biche oh ma biche’, devant 2000 personnes, Dany était la seule debout, comme envoûtée, et j’ai dû l’aider à se rasseoir…

 

 

Après quatre heures de chansons, la tête encore pleine d’images et de musique, nous avons fait la queue pour avoir des autographes. Tout allait bien jusqu'à notre arrivée devant ‘son’ Franck Alamo. Une fois en face de son idole, voilà que ma Dany nous fait un malaise cardiaque ! Aussitôt transportée à Bordeaux, elle est opérée et va fort heureusement très bien aujourd’hui…

En novembre 2008, la tournée ‘Age tendre et tête de bois’ reviens à Angoulême mais cette fois ci, notre Dany, assagie, est restée tranquille et on a passé une superbe soirée sans le moindre incident…

Quelques mois plus tard, Richard Anthony, mon idole à moi, s'est produit à Montmoreau (Charente) et ce fût une fois de plus une soirée inoubliable.

Nous avions prévu de fêter Noël 2016 en famille à Spicheren (Moselle) mais comme la grippe s'était  invitée dans la maison nous avons été obligé de chambouler le programme.

Pour le réveillon, mon fils et son épouse sont arrivés avec une sono, des haut-parleurs et une boîte de câbles et lorsque tout fût tout installé, oh quelle belle surprise, les tubes des années 60-70 résonnèrent dans toute la maison !

Malgré mon état grippal j'ai chanté jusque tard dans la nuit tout ces succès du temps des yéyés dans un décor de Noël, avec, posée devant moi, une bouteille de 75 cl de bière Desperados Tequila (*).

Le lendemain, j'ai émergée vers 13 heures mais j'allais déjà un peu  mieux… C’est là que je me suis dit que si j'avais su, j'aurais dû picoler de la Desperados bien avant… Mais il est vrai que je ne bois jamais de bière !

Nos enfants nous disent souvent que l'on a vécu une belle époque, et j’aimerais remercier ici Gillou et Sandrine pour cet inoubliable réveillon. Nadine Chaboussie.

 

(*) A boire bien entendu avec modération !

 

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01/02/2017
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Les années 'Yéyé' : Chantal Faber

Premiers souvenirs.

Mes premiers souvenirs marquants des années 60 datent de mai 68 !  Et c’était une autre drôle de musique ! J’avais 14 ans !

A Paris, la colère grondait déjà depuis un moment.  Dans les familles, l’inquiétude était palpable devant les grèves,  et ces hordes de jeunes qui érigeaient des barricades et  balançaient des pavés sur les flics.

J’étais au Pensionnat de la Providence, rue Passaga à Forbach. Etablissement catholique dirigé par des sœurs, où la rigueur et l’ordre étaient de mise, çà ne rigolait pas tous les jours.  On commençait déjà à nous avertir que ce genre de procédé ne serait pas toléré.

Nous étions encore disciplinées, et n’aurions jamais osé faire une quelconque manifestation, même si rater des jours de cours, nous tentait  beaucoup ! A notre âge, on ne comprenait pas grand-chose à ce qui se passait. Je n’avais pas de télé, on se contentait de la radio et des images de  Paris-Match qui nous montrait le chaos qui avait lieu un peu partout  en France.

Mais  un jour, tous les élèves du Lycée Jean-Moulin déferlèrent dans la rue Passaga, à grand renfort de slogans empruntés aux manifestants déjà aguerris. C’était sûrement leur première manifestation, ils  osaient défier les parents, les enseignants et l’ordre établi.

Nous étions aux aguets depuis plusieurs jours, car le mécontentement s’amplifiait en France. Aussi, dès les premiers slogans sous les fenêtres du Pensionnat, beaucoup d’élèves s’étaient spontanément levées, pour se précipiter aux fenêtres, pour celles qui avaient la chance d’avoir des classes avec des ouvertures  sur la rue. Branle-bas de combat au sein de la direction, qui n’avait pu réprimer ce mouvement d’ensemble et qui était dépassée par les événements. Ordre a été donné aux élèves de s’éloigner des fenêtres, sous peine d’exclusion et  de punitions. Toutes les portes extérieures avaient été rapidement fermées. Mais certaines filles malignes avaient réussi à écrire des petits mots, du genre « sauvez nous, nous sommes prisonnières, venez nous délivrer » qu’elles jetaient par les fenêtres. Une bonne partie du lycée s’était massée devant la longue façade du Pensionnat, et quand les premiers billets ont atterri dans leurs mains, l’excitation était à son comble. Les slogans de la manifestation furent remplacés par « libérez les élèves, sinon nous viendrons le faire nous-mêmes ».

La foule était tellement pleine d’allant,  nombreuse, et bien décidée à se faire entendre coûte que coûte, que la directrice a pris peur. Elle nous a donc laissé sortir, en nous intimant de rentrer à la maison, et de ne pas suivre ces dépravés.

Pour ma part, j’ai suivi ce conseil, certaines ont pris part à leur première manifestation, et sont allées hurler leurs slogans au cœur de la ville.

On a eu quelques jours de congés, jusqu’à ce que les choses se calment, ce qui a suffi à notre bonheur.

Mon premier flirt des années 60.

Je devais avoir tout juste 15 ans, peut-être même un peu moins.

J’ai également connu l’épisode des caves aménagées en boîte de nuit, ou cave à « boum » où on écoutait les dernières musiques. Et pas que…

Je ne sais plus comment cette idée est venue. Mais j’avais une copine dont la belle cave bien propre nous tentait beaucoup comme lieu de réunion. Les parents étaient d’accord.

On s’est aussitôt mis au travail pour l’aménager et la décorer.  C., le frère de ma copine,  s’est attelé à la tâche la plus difficile, le plafond !  Des casiers à œufs en carton mâché, rapidement peints en 2 couleurs furent collés au plafond. La cave était assez grande, et la tâche se révélait assez titanesque. Mais on avait la fougue de la jeunesse.

Puis aménagement d’un petit bar, avec un coin pour le tourne-disque, quelques chaises et un  vieux canapé, et surtout des lumières…. rouges !

Un jour, tout fut prêt ! Nous avons donc commencé nos petites réunions, quelques garçons et filles, une dizaine en tout. On s’amusait bien, la musique était bien sûr à fond, mon amie S.  avait pas mal de derniers tubes, je me souviens particulièrement de « In the guetto » d’Elvis Presley, que nous passions en boucle ou presque pour les slows. Les Beatles, Johnny Hallyday etc…

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Les parents qui habitaient au-dessus ne venaient jamais voir, ou je ne m’en souviens plus…

Tout ceci a duré quelques mois. Et puis un jour, le père de S.  a voulu voir ce qui se tramait dans cette cave. Il est arrivé à un très mauvais moment. Les lumières rouges faisaient plus penser à un bouge qu’à autre chose, sans compter qu’elles diffusaient très peu de lumière. Les yeux devaient s’habituer à l’obscurité avant de distinguer quoi que ce soit. Je ne pense même pas qu’on s’était  aperçu de suite de sa présence.  Nous étions en plein slow... Il a donc pu voir sa fille  littéralement scotchée aux lèvres de son compagnon, quant à moi, j’étais lovée contre mon premier flirt (et petit scoop, j’ai vu sur votre liste que c’était un ancien de la Ferme)  mais à l’époque il habitait Petite-Rosselle. Dans l’air, flottaient quelques vapeurs de « Marie-Jeanne » pour ne pas en dire plus. 

Pour être claire, je n’ai jamais fumé de ma vie, les fumeurs à la maison m’ayant dégoûtée à jamais de cette pratique. Ni pris aucune drogue. Mais dans le groupe il y avait 2 ou 3  jeunes de Petite-Rosselle qui étaient apparemment des habitués.

Le père de S. s’est empressé d’aller raconter l’ambiance de la cave à mon propre père !

Je n’ai pas vraiment été sermonnée, mais interdiction fut faite d’y retourner. D’autres se sont succédés dans la cave, surtout des amis de C.

Je faisais de la gym, notre moniteur faisait partie du club de Forbach sous la direction de Korineck. Et ce club était très fort à l’époque, on allait souvent voir leur prestation au gymnase de Forbach. Le moniteur avait un ami qui venait souvent lui donner un coup de main pour nos cours.  Il a donc succédé à « l’ancien de la Ferme », et ma dernière virée dans une cave, fut à l’occasion de mes 16 ans, où il a organisé une fête pour mon anniversaire.

Si je me souviens bien du nom des Falcons, je  crois  que je ne suis jamais allée au caveau, mais j’ai failli.

Mon père employait un jeune durant les vacances d’été, pour l’aider à la ferronnerie. Il était grand, avec des cheveux noirs de jais et des yeux bleus magnifiques, en plus très gentil ce qui ne gâchait rien. Nous discutions beaucoup, et un jour il m’a invitée à passer l’après-midi avec lui  au caveau de la poste, l’endroit à la mode à Forbach.

J’avais 16 ans et demi et j’avais  dit oui, rendez-vous était donné à 14h, mes parents étaient d’accord puisqu’ils le connaissaient très bien. Pour préciser, ce jeune homme était d’origine italienne  avec un nom qui ressemblait pas mal à Panzani, je ne vais pas donner son nom exact.  Et l’un de mes frères, par charité, je ne vais pas dire lequel, s’est mis à me sermonner et quasiment à m’interdire d’y aller, en me donnant des arguments qui sont restés gravés dans ma mémoire. « Tu ne vas quand même pas sortir avec un italien et t’appeler madame Panzani » !.... A 16 ans et quelques, j’étais encore influençable, et il m’a tellement cassé les pieds, que j’ai posé un lapin à ce garçon par ailleurs si gentil. Il m’a attendue longtemps à l’arrêt du bus, et j’ai beaucoup regretté ce que j’avais fait. On est resté amis durant les quelques temps où il a encore travaillé avec mon père.  D’un commun accord on a laissé tomber l’idée d’un autre rendez-vous. Chantal Faber

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27/01/2017
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Les années 'Yéyé' : Jean-Lucien Miksa

Jean-Lucien Miksa nous raconte ses souvenirs des années 60 :

A 14 ans à Behren-cité, j’avais quelques bons copains et c’est à contre cœur que je les quittais car ma mère ne supportait plus de vivre dans un immeuble collectif. C’est ainsi que nous avons dû déménager pour la vieille cité du Habsterdick sur la commune de Stiring-Wendel.

Mes frères un peu plus âgés que moi y ont retrouvé des copains de colonie de vacance et moi j’ai pu faire la connaissance, après une petite bagarre sur la place du marché, de jeunes de mon âge qui sont devenus mes copains, ou potes comme on disait alors. Nous nous donnions rendez-vous dans la cave de l’un d’eux, Sylvain, pour y écouter de la musique « YéYé ». C’était le temps des Johnny, Eddy Mitchel et autres rockers dont on écoutait, sagement assis sur tout ce qui pouvait faire office de chaise, les disques que ceux qui avaient un peu d’argent de poche achetaient.

Le son était toujours très fort et pour se parler il fallait hurler. Beaucoup d’entre nous fumaient déjà et la bière circulait de l’un à l’autre. Curieusement il n’y avait pas de filles, pourtant presque tous avaient une copine, bien sûr sauf moi, le petit dernier arrivé parmi eux par hasard.

C’étaient les années d’insouciance et le plaisir de se retrouver était partagé. Deux ou trois soirs dans la semaine nous étions ainsi dans cette cave, bien au frais en été, mais très au froid en hiver. Qu’importe le temps qu’il faisait, nous étions toujours à l’affût de la dernière chanson du hit-parade que nous allions pouvoir écouter en « vrai » et non par le haut-parleur des transistors. Ces derniers ne restituait que très pauvrement cette musique enivrante. Dans notre « club », grâce à un petit tourne-disque et son haut-parleur de qualité, nous pouvions savourer cette musique et chanter à tue-tête les paroles que chacun se devait de connaître par cœur.

Certains soirs nous allions nous promener ensemble avec les copines qu’avaient mes potes. Nous allions aussi à la piscine de Sarrebruck en Sarre. Le groupe que nous formions était très soudé et le lien qui nous unissait était cette musique qui nous emballait et dont les paroles d’amour ou de détresse pouvaient correspondre à ce que nous vivions ou attendions de la vie.

L’amour de cette musique allait si loin que la plupart d’entre nous cherchaient à former un « vrai » groupe de musiciens. Mes frères répétaient avec des amis et j’ai eu la chance de rencontrer un jeune de mon âge qui voulait monter un groupe lui aussi. J’étais heureux car il me promettait de me confier sa batterie, oui, j’allais devenir batteur… Ma déception fut grande lorsqu’il a disparu de ma vue. Je n’ai plus eu d’offres similaires et je me suis contenté d’écouter les productions des autres groupes.

Lorsque j’ai eu 16 ans, j’ai reçu pour la première fois de l’argent de poche de mon père. Il donnait chaque samedi 10 francs à mes frères et moi j’avais droit à 5 francs. Du moins officiellement devant mes frères, car dès qu’ils avaient tournés les talons mon père me rajoutait 5 francs. J’étais fier de mettre en poche ces deux beaux billets de Victor Hugo dans ma poche. Ils allaient me permettre de me payer l’entrée le dimanche après-midi au thé dansant du café « Le Métropole » à Stiring dans la rue à l’arrière de l’église.

Mais avant d’y aller il fallait prendre son bain le samedi soir dans la cave de la maison. C’était toujours la bagarre pour savoir qui serait le premier à prendre son bain. En effet l’eau chaude qui avait été portée à température dans une grande bassine sur un vieux fourneau à bois était versée dans une baignoire de récupération et n’était pas changée entre chaque individu. On ne faisait qu’en rajouter lorsqu’elle était trop froide. Ensuite j’avais le devoir de sécher les cheveux de mes frères et leur faire un brushing. L’aspect de la coupe des cheveux mi- longs que mon père nous autorisait à avoir était très important. Il fallait ressembler aux « idoles des jeunes ». Je me souviens des costumes, des blazers, des pantalons à ceinture espagnole, des pantalons de marins, ou des pattes d’éléphants que j’ai aimé porter.

Ainsi paré j’allais au « Métro » comme on disait. L’entrée était de 5 francs et on recevait un bon pour une boisson.

Dans cet endroit il n’y avait pas de groupes qui jouaient, mais c’était un disque jockey qui passait des chansons qui nous poussaient sur la piste de dance. C’était le plus souvent le fils du patron qui officiait à ce poste. L’ambiance était chaleureuse et j’y retrouvais tous mes amis. Malgré mon costume cravate, qui était une obligation à l’époque pour les jeunes fils de mineurs que nous étions, je n’avais pas beaucoup de succès auprès des jeunes filles qui préféraient des garçons un peu plus âgés. J’étais souvent frustré, mais cela ne m’empêchait pas de m’amuser et danser le twist en solo.

Certains dimanches furent entrecoupés de belles bagarres et je me souviens d’une de celles-ci tout particulièrement. Je prenais à l’époque des cours de karaté en Allemagne avec un ami mineur de fond et lorsque j’ai été provoqué par un jeune je n’ai pas pu éviter l’affrontement. Je ne voulais pas lui faire de mal, mais je devais sauver la face devant mes copains, alors je suis sorti me battre avec lui. Pendant notre bagarre, je ne portais aucun coup mais lui montrais mon savoir-faire de karatéka. Du moins jusqu’à ce qu’il ne m’attrape par la cravate et tente de m’étouffer. Là c’en était de trop et je lui ai administré quelques coups afin de me libérer de cette fâcheuse posture. Mais mon beau costume avait perdu de sa fraîcheur après cet échange un peu viril et j’appréhendais le regard de mon père.

J’ai attendu qu’il fasse nuit pour rentrer, mais mon père attendait… Dès qu’il vit mon costume et un peu de sang que je n’ai pas pu cacher il me demanda : t’es tu battu ? Je lui répondis oui et il rajouta : il était plus grand que toi ? Lorsque je lui dis qu’il me dépassait d’une tête, mon père prit une attitude plus clémente et me dit : alors ça va, je ne veux pas que tu te battes avec des plus petits que toi. Cette phrase est gravée dans ma tête pour toujours. J’étais content de n’avoir pas été sermonné plus que ça, et j’avais le sentiment qu’il était fier de savoir que je savais me défendre. La confiance en moi avait grandi et j’ai osé sortir un peu plus loin dans d’autres cafés dansants de Stiring. C’était chez Jager rue du général Grégoire et le café à la Rose rue Saint-Roch.

 

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Et puis j’ai grandi un peu et j’ai eu le droit de suivre mes frères le dimanche à Forbach.

Là-bas nous allions au café de la poste qui avait sa salle de dance, le « caveau de la poste ».

Il était situé dans le sous-sol et il fallait sortir du café, passer par un passage sous les bâtiments pour accéder à la porte d’entrée située à l’arrière du bâtiment. Dans ce « caveau » de vrais groupes jouaient les tubes du hit-parade ainsi que des compositions personnelles. Cette musique était si entraînante qu’elle échauffait bien souvent les esprits et comme il était d’usage à l’époque, tout cela se terminait en de belles bagarres où la plupart du temps il ne restait à la fin que des amis. Nous fréquentions aussi un autre café de Forbach, le café des trois piques qui avait à l’étage une discothèque où se produisaient également des groupes de la région. Un autre café-pâtisserie, chez Dolisi, était fréquenté par des jeunes un peu plus âgés et je n’y suis allé qu’une ou deux fois. De temps en temps nous allions jusqu’à Freyming dans le café Witkowski où mes frères retrouvaient d’autres copains.

J’étais heureux de pouvoir vivre ces dimanches avec mes frères et leurs copains plus âgés que moi. Tous avaient une copine, excepté moi et il n’était pas question que j’en pique une à l’un ou à l’autre. Mais dans tous ces endroits j’étais trop jeune pour les filles.

Alors je dansais seul, j’en avais l’habitude et je me contentais de boire un coup avec cette bande.

Puis ce furent les sorties du samedi soir qui prirent le relais. Avec les copains de mes frères, dont certains avaient déjà une voiture, nous allions aux bords d’étangs de la région et faisions des sorties dans d’autres salles de dance.

L’une d’elles était la célèbre salle « Sommer » à Stiring où le même scénario du danseur en solo se jouait pour moi. Mais ici la musique des années YéYé était remisée au profit de la musique des bals populaires que chantait si bien Michel Sardou.

 

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La célèbre salle Sommer qui a fait le bonheur de plusieurs générations de danseurs

 

Et moi, eh bien personne ne m’avait appris ni la valse, ni le tango, ni les autres danses qui forment des couples qui semblent partager des moments inoubliables. Comme je les enviais, moi qui ne dansait que le slow, et encore, quand une fille le voulait bien. 

Voilà ce qui me reste comme souvenirs de ces années Yéyé, l’insouciance, l’amitié sans faille, des après-midi et soirées mémorables, quelques bagarres sans gravité et le sentiment d’avoir appartenu à une époque déjà presque oubliée...

Salut les Copains ! Jean-Lucien Miksa (JLM)

 

Ces années là...

Les années Yéyé ce n’étaient pas que la musique. C’était aussi les cheveux dans le vent. Et pour les avoir dans le vent le vélo ne suffisait pas. Il fallait une mob, une bécane quoi. Mais attention, une vrai, une qui fait du bruit. Une où on change les vitesses au guidon. Tous mes copains avaient la leur tandis que je désespérais d’en avoir une aussi. 

Déjà lorsque j’habitais encore Behren-cité, un groupe s’était formé pour rouler ensemble. Je me souviens très bien qu’un groupe était descendu jusqu’à Marseille avec ces petits engins de moins de 50 cc3. C’étaient des Flandria, Zundap, Motobécane, customisées comme on dit aujourd’hui. Certaine bécanes avaient des guidons où il fallait lever les bras très haut pour piloter l’engin. Elles ressemblaient de loin à ces belles motos qu’avaient les Hells angels de Californie. Nos pilotes avaient même des blousons avec des franges et des aigles dessinés dans le dos. Il ne faisait pas bon de se frotter à eux… mais quand on était un de leurs potes, on pouvait compter sur eux en cas de coup dur.

Mais au Habsterdick il n’y avait pas de groupe comme à Behren. Il y avait par contre des surdoués de la mécanique. Des amoureux de la vitesse. J’enviais mes potes qui faisaient des courses dans les rues avec leur Kreidler ou Flandria avec de vrais changements de vitesse au guidon. Les pots d’échappement étaient souvent trafiqués pour faire le plus de bruit possible. 

Je passais beaucoup de temps avec ses heureux possesseurs de bécanes. Nous les briquions. On les démontait et remontait. Certains étaient autant capables que des professionnels pour remplacer un carburateur, un moteur, le chemisage des cylindres. Capables surtout de donner plus de pêche encore à ces petits bolides en trafiquant le carburateur. 
J’aimais les retrouver et parfois même avec MA MOB… mais Ma MOB à moi, c’était celle en réalité celle de mon père. Il n’avait pas les moyens de se payer une voiture. Alors il faisait les courses avec sa mob et parfois même il se rendait à la mine avec sa « bécane » comme on disait.
Si je ne la prenais que rarement, c’est parce qu’elle n’avait rien à voir avec celles de mes potes, mais rien de rien, c’était une « Mobylette ». Un engin sans changement de vitesses au guidon. A l’allure et aux performances qui se rapprochent plus du vélo que de la bécane de compétition dont mes potes étaient fiers. 
 
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Aussi quand je pouvais les accompagner, j’étais toujours le dernier à arriver à bon port, car à cet âge-là on n’attend pas les retardataires, on file à toute vitesse. Mais cela ne m’empêchait pas de faire le mariole sur la route. A slalomer entre les voitures. A prendre tous les risques pour se donner quelques frayeurs. Nous étions vraiment des inconscients, et Dieu merci, il n’y a pas eu de graves accidents dans mon groupe de potes. Juste quelques chutes, les plus graves avec des fractures dont on se remet très vite à ce jeune âge. 
En dehors de ces compétitions de bécanes et des retrouvailles au club, nous avions un autre lieu de rendez-vous. Le café. Le fameux café Mathis qui était au centre commercial de la place du marché. Les gérants de cet endroit étaient un couple dont le mari travaillait à la mine. Son épouse tenait le café en son absence. Ils avaient une fille qui venait de temps en temps servir. Ils étaient très gentils avec les jeunes que nous étions. Monsieur Mathis me demandait parfois de laver sa voiture, un coupé Opel à deux portes de couleur rouge. Je la lavais, la cirais, la lustrais, passais l’aspirateur, bref je faisais un nettoyage complet avec beaucoup d’amour. C’était une très belle voiture que je bichonnais. Si j’en prenais bien soin c’était parce que monsieur Mathis était exigeant, mais aussi oh combien généreux !
Les quelques francs qu’il me donnait servaient bien sûr à me payer des boissons dans leur café et à jouer aux jeux. Il y avait dans ce café deux flippers et un babyfoot. Une partie coûtait 20 centimes sur chaque appareil.  
J’adorais autant jouer sur l’un que sur l’autre et je me défendais pas si mal que ça. Quand les sous venaient à manquer pour jouer au flipper, nous avions nos astuces pour ne pas payer. 
Chut, je vais dévoiler un secret. Le flipper avait encore à cette époque une façade en plastique là où s’inscrivaient les scores. Cette protection assez légère n’avait pas échappée à un ami dont le cerveau avait fini par trouver une combine pour éviter de se ruiner à acheter des parties. Un beau jour il a chauffé une aiguille pour percer cette façade à l’endroit même où les parties achetées ou gagnantes s’affichaient. Avec l’aide de cette même aiguille il faisait tourner cette molette pour afficher trois ou quatre parties à venir. Pas plus de quatre parce que cela aurait pu paraître douteux, rarement quelqu’un en faisait plus que cela en jouant. Et voilà, dorénavant on pouvait jouer au flipper sans payer. 
Au babyfoot on mettait des mouchoirs dans les buts pour éviter que la balle ne tombe dans l’appareil lorsqu’un but venait d’être marqué. Les parties duraient très longtemps grâce à cette astuce. 
Aujourd’hui je suis persuadé que les gérants étaient au courant de nos petites tricheries, mais à l’époque ils fermaient un œil sur cette pratique des jours de fauche.
C’est dans ce café que j’ai appris à jouer aux échecs grâce à un ami un peu plus âgé que moi. J’y ai également appris la belotte. Ah ce jeu de cartes pendant lequel les mineurs jouaient de gros sous et qui parfois se terminait en violentes joutes verbales, frisant l’affrontement physique.
Je me défendais bien à ce jeu également et je me risquais parfois à jouer quelques parties payantes avec des jeunes un peu plus âgés. Tandis que les anciens jouaient la partie à un franc, nous les jeunes, nous ne jouions qu’à cinq centimes la partie.  C’était une bonne école et quand plus tard j’ai eu la chance d’être accepté par les anciens pour jouer avec eux, alors là ce fut la classe ! Mais attention, ces anciens ne toléraient aucun geste, aucune parole, aucun regard douteux ou interrogatif. L’exercice était difficile. Grâce à eux j’ai pu apprendre à me maîtriser et jouer de belles parties. Comme j’étais assez fort en calcul mental et que j’avais une bonne mémoire, j’avais les atouts qu’il fallait pour gagner assez souvent. Je ne prenais jamais trop de risques et je ne trichais pas. Même si un jeune très doué à la triche m’avait appris quelques tours. Mais avec les anciens ce n’était bien évidemment pas possible, quoi que… quand l’alcool était passé par là…
Ah ! Ce café Mathis où chacun connaissait l’autre. Où la gérante préparait chaque année au soir du nouvel an une choucroute. Une si bonne choucroute que pour rien au monde je ne l’aurai ratée. Il faut savoir qu’elle collectait les timbres de l’épicerie voisine pendant toute l’année. A la mi-décembre elle me demandait, ainsi qu’à un ami, de venir coller ces timbres sur le carnet prévu à cet effet. Grâce à la somme ainsi épargnée elle pouvait payer presque tous ses achats pour cette soirée choucroute. En contrepartie de notre aide, cette charmante dame nous offrait le repas servi le soir du réveillon au café avec les bons clients qui eux avaient dû acheter leur place.
Puis est arrivé 1968. J’ai rencontré dans ce café un délégué mineur, ténor du syndicat CGT, et son suppléant. C’était un certain monsieur Weiss si ma mémoire est bonne. Il m’avait persuadé, ainsi que certains de mes potes, de prendre une carte au parti. Il nous a ensuite demandé de venir grossir les rangs des manifestations qui avaient lieues à Forbach. Nous étions en pleine période de trouble. La révolte était dans la rue. Je suivais cela de loin, ce n’était pas ma priorité. Mais il a su nous convaincre de sauter dans le train en marche. C’était un homme de conviction. Je me souviens avoir participé à un cortège qui défilait dans les rues de Forbach. Pendant tout le long trajet que nous suivions à pas lent, nous chantions : « il était un petit navire, oh hé, oh hé Pompidou, Pompidou navigue sur nos sous… ».
Le défilé s’est terminé sur la place du marché. Elle était noire de monde et une estrade avait été montée pour l’occasion. Des personnalités locales et syndicales y montaient pour prendre la parole à tour de rôle. J’ai complètement oublié ce qu’ils disaient. J’avais cependant le sentiment que quelque chose d’important se passait, sans pour autant tout comprendre. 
Quelques jours après cette manifestation, M. Weiss nous a réunis, mes amis et moi, pour organiser une quête auprès des habitants du quartier. J’ai reçu des feuilles que les généreux donateurs devaient remplir. Ils y inscrivaient leur identité et le montant versé puis ils signaient la feuille. Pour convaincre certains réticents à donner, je montrais la feuille remplie par le voisin pour qu’ils puissent découvrir combien il avait donné. Là ils se sentaient plus ou moins obligés de donner aussi. L’argent ainsi collecté devait servir à nous payer un voyage en car pour nous rendre à Paris afin de grossir les rangs des manifestants qui y défilaient chaque jour. Hélas, notre voyage n’a pas pu se faire, M. Weiss nous a dit que les manifestations devenaient trop violentes et que pour les jeunes que nous étions, cela était trop dangereux. Il y avait déjà des morts à Paris. 
Nous étions déçus car à cet âge on a peur de rien et cette aventure parisienne nous avait fait rêver quelques jours. Et puis soudain par un début d’après-midi bien calme, dans le café où nous jouions aux jeux habituels, est tombée une terrible nouvelle. « Dany le rouge est à la Brême d’Or » criait une personne qui venait d’entrer dans le café. Ni une ni deux, tous se sont levés et nous courûmes vers le poste frontière où la présence du déjà très célèbre Cohn-Bendit était annoncée.
 
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Sur la route nationale qui menait à la frontière, je voyais des camions de CRS. Au loin j’apercevais une foule immense qui cernait le poste de frontière. Il y avait de la fumée, certainement des jets de gaz lacrymogène. Une fois au plus près de la frontière, je voyais des manifestants s’opposer brutalement aux forces de l’ordre. Il y avait au loin Dany le rouge qui haranguait la foule côté allemand. Il voulait venir en France, les CRS l’en empêchaient, tout comme ils interdisaient aux manifestants français de traverser la frontière pour le rejoindre. Ce tohu-bohu a duré très longtemps et les affrontements étaient sévères. Les coups de matraque pleuvaient. Les bombes lacrymogènes explosaient. Je voyais voler toutes sortes d’objets. Certains jeunes se servaient de leur cache-nez comme d’une fronde pour renvoyer les bombes lacrymogènes vers les CRS. Un de mes amis, Pierrot, m’avait parlé de cette technique qu’il maîtrisait parfaitement. Je me rendais compte à quel point c’était dangereux, mais lui, Pierrot c’était un dur, un vrai, toujours en première ligne. Je me souviens encore que ce jour-là c’était la confusion totale. Les affrontements duraient mais les CRS ne cédaient pas. En m’approchant d’eux j’ai pu voir que le rideau de barbelés qu’ils avaient déployé était infranchissable. Mais, constatant au bout d’un moment que rien n’évoluait, j’ai quitté les lieux devenus trop dangereux à mon goût. Je suis revenu au café avec mes copains pour commenter avec eux cet épisode de guerre que je n’oublierai jamais.  J’ai appris par la suite que Cohn-Bendit a été emmené à la gendarmerie de Forbach. Il y a reçu son arrêté d’expulsion et a été rendu aux autorités allemandes.
Les semaines et les mois passèrent. Mai 68 avait vécu. Le général De Gaule avait cédé sa place à son premier ministre Georges Pompidou. Le cours de la vie reprenait son rythme habituel. J’ai vécu des temps forts, participé aux discussions où nous refaisions le monde. Maintenant il était temps d’avancer. J’avais grandi, la vie me tendait ses bras et j’ai filé vers d’autres aventures qui m’attendaient déjà... Jean-Lucien Miksa.
  

27/01/2017
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Les années 'Yéyé' : Jean-René Beguier

La culbute dans la génération YéYé ou les années 60, notre révolution.

J’ai été bercé pendant des années par les mélodies et chansons que l’on entendait dans les quartiers des baraques, en particulier par la musique italienne. Ces musiques qui résonnent encore dans ma tête passaient par l’intermédiaire des disques 78 tours en résine qui tournaient inlassablement sur les platines intégrées dans les gros postes de radio à lampes.

En décembre 1962 je me retrouve pour 9 mois à Chamonix en maison de repos dans un chalet 'le Prieuré'. Là je découvre un autre monde. Nous sommes des mômes de 14 à 17 ans originaires de toutes les régions et classes sociales, d’où chacun ramène ses expériences, bonnes ou mauvaises.

 

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Le Prieuré

 

Au Prieuré j’ai intérêt à surveiller mon langage qui est encore du style baraques.

Se fondre dans le décor, pas facile, on n’est pas dans la forêt de la Ferme de Schœneck.

Je découvre le transistor. Certains pensionnaires possèdent des mini transistors et on écoute en cachette l’émission Salut les Copains, que je découvre par la même occasion avec sa nouvelle musique. La musique yéyé, musique de sauvage comme disent certains adultes.

La directrice très sévère, censure tout. Elle possède une platine tourne-disque qu’elle met à notre disposition mais seulement pour écouter de la musique classique. Tchaïkovski, Mozart, Bach et autres. J’en attrape de l’allergie. Je découvre par la même occasion les microsillons vinyles.

Il faut savoir que si une vie en communauté est sévère est surtout restrictive, il y a systématiquement chez certains individus des attitudes révolutionnaires. Et nous sommes au début des années 60, la nouvelle génération ose dire non!

Aujourd’hui j’ai eu la malencontreuse idée d’acheter à un camarade un vinyle 45 tours qui a réussi, je ne sais pas par quelle moyen subtil, de se le procurer.

J’ai mon premier 45 tours, un trésor.

La Directrice est de sortie, il reste une monitrice âgée d’une vingtaine d’années pour nous surveiller, d’un clin d’œil complice elle nous laisse faire. Après avoir placé mon précieux et premier vinyle sur la platine, nous écoutons religieusement Richard Anthony pour la leçon de twist, certains, les plus âgés tentent même quelques mouvements de danse du twist.

Pas longtemps, car surgissant d’on ne sait où, la Directrice en colère récupère le 45 tours et le brise en morceaux. Pas de ça chez moi, hurle-t-elle!  Adieu vinyle. C’est mon baptême dans la génération yéyé. Comme punition je suis privé de courrier et de colis pendant un temps indéterminé.

Le lendemain à la distribution du courrier la Directrice, faisant preuve de mansuétude, me donne une lettre de mes parents.

 

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1963, la mono complice

 

Pour les nostalgiques voici les premiers couplets et le refrain :

  

La leçon de twist de Richard Anthony

  

De tous côtés on n'entend plus que ça
Un air nouveau qui nous vient de là-bas
Un air nouveau qui nous fait du dégât
Et comme moi il vous prendra

C'est une danse au rythme merveilleux
A danser seul à quatre ou bien à deux
Pas besoin de doux regards dans les yeux
Y a simplement qu'à être heureux

[Refrain] :

 

Twist and twist, Vous y viendrez tous
Twist and twist, Et vous verrez tous
Twist and twist, Le monde entier twister...

 

1964 - Premier flirt.

J’ai 16 ans. Elle m’invite à une surprise-party qu’elle organise pour son anniversaire dans la maison de sa grand-mère à Petite-Rosselle. Je suis timide et un peu gauche. Ne sachant pas quoi lui offrir et la connaissant à peine, je consulte ma mère pour le cadeau.

Je lui offre un parfum pour ces 17 ans. Elle est très surprise. J’ai droit à une bise. Nous dansons des slows. Elle est de Forbach Bellevue. On se donne rendez-vous en cachette à l’intérieur du cimetière de Forbach. Ses parents très stricts auraient vu ce rendez-vous d’un mauvais œil. Pour donner le change à ses parents, elle est venue  avec son petit frère dans une poussette. On s’asseoit sur un banc hors de vue, on se parle.

On termine notre rencontre en s’embrassant. Elle ne veut pas inquiéter ses parents, on se quitte. Je ne l’ai plus jamais revue. 

 

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Salle Sommer 1966 (de g. à dr. Gérard, René, Alain, François)

 

Jusqu’à mon service militaire, qui était encore d’une durée de 16 mois en 1968, nous écumons les bals, le samedi on se retrouve à la salle Sommer avec ses fameux orchestres, dont celui de mon ami Dany Robin, et le dimanche avec un style totalement différent, les thés dansants de la région, comme le Trianon et le Métropole à Stiring-Wendel où on peut danser sur de la musique des Checkers, des  Ramblers, des Falcons et bien d’autres...

Il y avait également des thés Dansants fréquentés par une autre 'classe sociale' comme, le Perroquet à Forbach, plutôt estudiantin où se produisaient Les Potaches et la salle Dolisi qui a aussi été tenté un moment par la jeune génération mais sans succès. Il existait aussi des clubs, souvent éphémères, comme le Rock Club of Eddie Cochran de Petite-Rosselle. 

 

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Copie de l'original soigneusement conservé de la carte de membre du Club Eddy Cochran 

  

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The Falcons

 

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Le café AHR

Il ne faut pas oublier la salle du café AHR à Marienau qui a toujours accueilli les bals du samedi soir et du carnaval. Nous avions là une salle avec toute une installation existante, bistrot compris qui n’attendait qu’à se faire courtiser.

Nous sommes un groupe d’une dizaine de garçons et filles de Marienau. Devant le succès grandissant des thés dansants de la région la question est : et pourquoi pas chez nous ?

A l’initiative d’un leader, majeur, et avec l’accord du patron du café AHR, nous sommes réunis dans le café afin de créer une association de bénévoles. Nous démarrons en versant chacun 5 francs de cotisation annuelle. Nous nous chargeons de trouver les musiciens, et de la publicité. La salle est gratuite. Le patron profite de la vente des boissons. Il ne prend aucun risque.

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Le démarrage est lent dans les débuts, mais grâce au bouche à oreille le thé dansant trouve vite sa vitesse de croisière. La salle est régulièrement comble et le succès est grandissant. Les jeunes viennent de toute la région.

Des orchestres et groupes, se produisent, certains moins connus que d’autres. Mais tous ont le mérite de remplir chaque dimanche la salle.

Devant le succès du thé dansant le patron AHR décide de récupérer l’affaire et on dissous l’association. La majorité du comité est un peu naïf, on a certainement dû se faire rouler dans la farine par AHR et par notre leader. Je récupère mon investissement et la vie continue… Jean-René Béguier.

 

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27/01/2017
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