NOSTALGIA, le Blog qui fait oublier les tracas

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Nadine Chaboussie : l'école et moi.

Je suis entrée à l’école primaire de Schoeneck en 1957 dans la classe du cours préparatoire avec Mademoiselle Marie L. Ma première maîtresse d'école était très sévère et n'hésitait pas à nous frapper sur les doigts avec une baguette. Il lui arrivait même de nous allonger sur le pupitre de notre banc d’école et de nous nous tanner copieusement les fesses à l’aide d’une grande règle en bois…

Je pense que tout dépendait de son humeur du moment et c’était certainement une des raisons qui faisait que je n’aimais pas aller et l’école. J’étais rapidement devenue une farouche partisane du moindre effort et me contentais de fournir tout juste l’énergie qu’il fallait pour maintenir la tête hors de l’eau mais sans plus…

 

 

Au début de ma scolarité, je trouvais tout cela normal. C’était toujours les mêmes élèves qui étaient punies, la plupart du temps d’ailleurs pour des raisons futiles, et le plus souvent, les filles issues des baraques de la Ferme.

Mais, au fil du temps et à force de recevoir des raclées pour un oui ou pour un non, je commençais à trouver tout cela particulièrement injuste mais je ne m’en plaignais jamais en rentrant à la maison. Il faut dire également que la plupart des enfants d’origine ‘étrangère’ comme moi, ne parlions presque pas le français en entrant au cours préparatoire.

Pendant les récréations, en règle générale, les filles du village jouaient entre elles mais certaines, comme Edeltraud Theisen, Yvette Esper et Jacqueline Kapfer acceptaient de jouer avec les gamines de la Ferme. Jacqueline m’avait même un jour invitée chez elle. Ce sont trois de mes camarades de classe dont je garde par ailleurs un excellent souvenir.

Un jour, en rentrant de l'école, notre petit groupe d’enfants de la Ferme composé de Hervé Lenhard, de ses sœurs Nicole et Monique et moi-même empruntions, comme à l’accoutumée, le raccourci à travers la forêt qui se trouvait en face de la baraque à Clément comme la photo ci-dessous l'illustre bien.

 

 

Le raccourci qui longeait la forêt.

 

A peu près au milieu, à droite de ce chemin, Hervé nous montre une petite ouverture à même le sable rouge. Nous ne savions pas que c’était l’entrée du souterrain creusé par les habitants du quartier pendant la guerre pour se protéger des bombardements. Hervé nous propose alors de le suivre dans ce tunnel, tout d’abord en rampant, puis en marchant accroupi jusqu’à nous retrouver après quelques minutes d’obscurité dans une espèce de pièce carrée dans laquelle se trouvaient de vieilles caisses en bois, des casques, des gourdes et d'autres objets dont je ne n’ai plus le souvenir.

Tout cela était très étrange et, du haut de mes 7 ans, j'ai rapidement pris conscience qu’il était dangereux de rester dans cet endroit et qu'il fallait sortir le plus vite possible de ce terrier... Aussitôt dit, aussitôt fait, nous voilà tous les quatre rebroussant chemin en rampant très vite vers la sortie du boyau creusé dans le sable fin qui commençait déjà à nous tomber sur les têtes…

Ouf ! Une fois de plus dans nos aventures d’enfants nous l’avions échappé belle…

Les années ont passé, nous voici déjà en 1992...

Je suis en visite à la maison de retraite de Behren et j’aperçois, affiché sur un tableau, le nom et le prénom de mon ancienne maîtresse d’école, Mademoiselle Marie L. qui était restée célibataire jusqu’à la fin de ses jours.

Je demande à la directrice si je peux lui rendre visite mais cette dernière me répond que Mademoiselle L. a donné des consignes précises : elle ne veut voir personne, refuse de fréquenter les autres résidents et prend ses repas seule dans sa chambre qu’elle ne quitte pratiquement jamais…

Quel dommage, les raclées infligées 35 ans plus tôt étaient depuis longtemps oubliées et j'aurai pris énormément de plaisir à la rencontrer de nouveau…

Il n’en fût hélas rien et quelques années plus tard, j'assistais à ses obsèques en l'église Saint Joseph de Schoeneck.

Je dois tout de même reconnaître qu'en fin d'année scolaire, grâce à cette maîtresse qu’on pourrait, pour le moins, qualifier de ‘sévère’, tous les élèves s'avaient lire, écrire et compter.

Je me souviens également quelle distribuait des vêtements qu’elle collectait et donnait au plus démunis, la plupart du temps aux fillettes de la Ferme.

Au cours de cette même année scolaire, une nouvelle élève, Rosa, est arrivée d'Italie, et Mademoiselle L. l'a beaucoup aidé en tout. Pour la remercier, Rosa à offert à la maîtresse une boîte à chaussures remplie de très jolies petites meringues blanches décorées sur le dessus de petits bonbons argentés.

Mademoiselle L. en a distribué à toutes les élèves de la classe en expliquant que c'était la maman de Rosa qui les avait confectionnés.

Durant ces années là, bien souvent les gens n'avaient pas grand chose mais ils savaient partager le peu qu’ils possédaient avec beaucoup de générosité et sans arrières pensées… Quelle belle et bonne époque, et Ô combien j’étais heureuse !

 

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14/02/2017
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