Les années 'Yéyé' : Chantal Faber
Premiers souvenirs.
Mes premiers souvenirs marquants des années 60 datent de mai 68 ! Et c’était une autre drôle de musique ! J’avais 14 ans !
A Paris, la colère grondait déjà depuis un moment. Dans les familles, l’inquiétude était palpable devant les grèves, et ces hordes de jeunes qui érigeaient des barricades et balançaient des pavés sur les flics.
J’étais au Pensionnat de la Providence, rue Passaga à Forbach. Etablissement catholique dirigé par des sœurs, où la rigueur et l’ordre étaient de mise, çà ne rigolait pas tous les jours. On commençait déjà à nous avertir que ce genre de procédé ne serait pas toléré.
Nous étions encore disciplinées, et n’aurions jamais osé faire une quelconque manifestation, même si rater des jours de cours, nous tentait beaucoup ! A notre âge, on ne comprenait pas grand-chose à ce qui se passait. Je n’avais pas de télé, on se contentait de la radio et des images de Paris-Match qui nous montrait le chaos qui avait lieu un peu partout en France.
Mais un jour, tous les élèves du Lycée Jean-Moulin déferlèrent dans la rue Passaga, à grand renfort de slogans empruntés aux manifestants déjà aguerris. C’était sûrement leur première manifestation, ils osaient défier les parents, les enseignants et l’ordre établi.
Nous étions aux aguets depuis plusieurs jours, car le mécontentement s’amplifiait en France. Aussi, dès les premiers slogans sous les fenêtres du Pensionnat, beaucoup d’élèves s’étaient spontanément levées, pour se précipiter aux fenêtres, pour celles qui avaient la chance d’avoir des classes avec des ouvertures sur la rue. Branle-bas de combat au sein de la direction, qui n’avait pu réprimer ce mouvement d’ensemble et qui était dépassée par les événements. Ordre a été donné aux élèves de s’éloigner des fenêtres, sous peine d’exclusion et de punitions. Toutes les portes extérieures avaient été rapidement fermées. Mais certaines filles malignes avaient réussi à écrire des petits mots, du genre « sauvez nous, nous sommes prisonnières, venez nous délivrer » qu’elles jetaient par les fenêtres. Une bonne partie du lycée s’était massée devant la longue façade du Pensionnat, et quand les premiers billets ont atterri dans leurs mains, l’excitation était à son comble. Les slogans de la manifestation furent remplacés par « libérez les élèves, sinon nous viendrons le faire nous-mêmes ».
La foule était tellement pleine d’allant, nombreuse, et bien décidée à se faire entendre coûte que coûte, que la directrice a pris peur. Elle nous a donc laissé sortir, en nous intimant de rentrer à la maison, et de ne pas suivre ces dépravés.
Pour ma part, j’ai suivi ce conseil, certaines ont pris part à leur première manifestation, et sont allées hurler leurs slogans au cœur de la ville.
On a eu quelques jours de congés, jusqu’à ce que les choses se calment, ce qui a suffi à notre bonheur.
Mon premier flirt des années 60.
Je devais avoir tout juste 15 ans, peut-être même un peu moins.
J’ai également connu l’épisode des caves aménagées en boîte de nuit, ou cave à « boum » où on écoutait les dernières musiques. Et pas que…
Je ne sais plus comment cette idée est venue. Mais j’avais une copine dont la belle cave bien propre nous tentait beaucoup comme lieu de réunion. Les parents étaient d’accord.
On s’est aussitôt mis au travail pour l’aménager et la décorer. C., le frère de ma copine, s’est attelé à la tâche la plus difficile, le plafond ! Des casiers à œufs en carton mâché, rapidement peints en 2 couleurs furent collés au plafond. La cave était assez grande, et la tâche se révélait assez titanesque. Mais on avait la fougue de la jeunesse.
Puis aménagement d’un petit bar, avec un coin pour le tourne-disque, quelques chaises et un vieux canapé, et surtout des lumières…. rouges !
Un jour, tout fut prêt ! Nous avons donc commencé nos petites réunions, quelques garçons et filles, une dizaine en tout. On s’amusait bien, la musique était bien sûr à fond, mon amie S. avait pas mal de derniers tubes, je me souviens particulièrement de « In the guetto » d’Elvis Presley, que nous passions en boucle ou presque pour les slows. Les Beatles, Johnny Hallyday etc…
Les parents qui habitaient au-dessus ne venaient jamais voir, ou je ne m’en souviens plus…
Tout ceci a duré quelques mois. Et puis un jour, le père de S. a voulu voir ce qui se tramait dans cette cave. Il est arrivé à un très mauvais moment. Les lumières rouges faisaient plus penser à un bouge qu’à autre chose, sans compter qu’elles diffusaient très peu de lumière. Les yeux devaient s’habituer à l’obscurité avant de distinguer quoi que ce soit. Je ne pense même pas qu’on s’était aperçu de suite de sa présence. Nous étions en plein slow... Il a donc pu voir sa fille littéralement scotchée aux lèvres de son compagnon, quant à moi, j’étais lovée contre mon premier flirt (et petit scoop, j’ai vu sur votre liste que c’était un ancien de la Ferme) mais à l’époque il habitait Petite-Rosselle. Dans l’air, flottaient quelques vapeurs de « Marie-Jeanne » pour ne pas en dire plus.
Pour être claire, je n’ai jamais fumé de ma vie, les fumeurs à la maison m’ayant dégoûtée à jamais de cette pratique. Ni pris aucune drogue. Mais dans le groupe il y avait 2 ou 3 jeunes de Petite-Rosselle qui étaient apparemment des habitués.
Le père de S. s’est empressé d’aller raconter l’ambiance de la cave à mon propre père !
Je n’ai pas vraiment été sermonnée, mais interdiction fut faite d’y retourner. D’autres se sont succédés dans la cave, surtout des amis de C.
Je faisais de la gym, notre moniteur faisait partie du club de Forbach sous la direction de Korineck. Et ce club était très fort à l’époque, on allait souvent voir leur prestation au gymnase de Forbach. Le moniteur avait un ami qui venait souvent lui donner un coup de main pour nos cours. Il a donc succédé à « l’ancien de la Ferme », et ma dernière virée dans une cave, fut à l’occasion de mes 16 ans, où il a organisé une fête pour mon anniversaire.
Si je me souviens bien du nom des Falcons, je crois que je ne suis jamais allée au caveau, mais j’ai failli.
Mon père employait un jeune durant les vacances d’été, pour l’aider à la ferronnerie. Il était grand, avec des cheveux noirs de jais et des yeux bleus magnifiques, en plus très gentil ce qui ne gâchait rien. Nous discutions beaucoup, et un jour il m’a invitée à passer l’après-midi avec lui au caveau de la poste, l’endroit à la mode à Forbach.
J’avais 16 ans et demi et j’avais dit oui, rendez-vous était donné à 14h, mes parents étaient d’accord puisqu’ils le connaissaient très bien. Pour préciser, ce jeune homme était d’origine italienne avec un nom qui ressemblait pas mal à Panzani, je ne vais pas donner son nom exact. Et l’un de mes frères, par charité, je ne vais pas dire lequel, s’est mis à me sermonner et quasiment à m’interdire d’y aller, en me donnant des arguments qui sont restés gravés dans ma mémoire. « Tu ne vas quand même pas sortir avec un italien et t’appeler madame Panzani » !.... A 16 ans et quelques, j’étais encore influençable, et il m’a tellement cassé les pieds, que j’ai posé un lapin à ce garçon par ailleurs si gentil. Il m’a attendue longtemps à l’arrêt du bus, et j’ai beaucoup regretté ce que j’avais fait. On est resté amis durant les quelques temps où il a encore travaillé avec mon père. D’un commun accord on a laissé tomber l’idée d’un autre rendez-vous. Chantal Faber
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