NOSTALGIA, le Blog qui fait oublier les tracas

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Clément Keller : Le retour des Brabeks (16)

Nous sommes (toujours et encore !) en 2064 et des brouettes. 

Le monde a bien changé et une équipe composée de savants, de techniciens et de personnages hors du commun a été mise sur pied pour partir à bord du vaisseau spatial C-DLADOB vers les confins de notre galaxie afin de retrouver les traces d'origine de la civilisation humaine localisée sur la planète Manflou. 

Le but de cette expédition, sponsorisée par le groupe Nauss-Talgia, leader incontesté du Blog tridimensionnel L.R.E.M. (Lassant, Ringard, Enervant & Mytho), consiste à récupérer les gènes d'origine de l'espèce humaine afin de les réimplanter dans l'ADN des dirigeants de notre planète pour leur redonner sagesse, intelligence et un sens aigu de la réflexion. Bref, une mission que l'on pourrait d'ores et déjà qualifier d'impossible. C. Keller

→ Remarque importante : si vous ne lisez pas les épisodes précédents, vous risquez de ne rien comprendre du tout à ce récit plein de rebondissements. 

 

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EPISODE 19 - EPISODE 20 - EPISODE 21 - EPISODE 22

 

Avant de quitter le poste de pilotage et de se rendre dans le cabinet de France Ouaze pour sa première séance de Sophrologie Caycédi-Ouazienne (1) Tifris lança un appel en direction de la cabine de Chang-Tal et de Ted Oupty pour leur demander de venir assurer un tour de garde pendant son absence.

Lorsque le flétrisseur d’alerte à onde convexe se déclencha dans la cabine de Chang-Tal, cette dernière était en train d’aider Ted à lacer ses chaussures et c’est en se relevant trop rapidement pour répondre à l’appel du Commandant qu’elle se cogna la tête contre l’un des montants du banc d’étirement de son athlète… La douleur fit sortir Chang-Tal de ses gonds et elle ne put s’empêcher de hurler : 

Ostie de criss de tabernacle de saloperie de maudit niaiseux de banc d’étirement ! Mange un Char de marde et tasse-toé crisse d'épais ! Tu ne pouvais pas mesurer 1 m 85 comme tout le monde et faire tes lacets de souliers tout seul ?

Chaque fois qu’elle était énervée ou irritée, Chang-Tal proférait des jurons en canadien, une vieille habitude prise lors d’un voyage touristique qu’elle avait fait au Québec en compagnie de son Chum pendant ses jeunes années.

Ted, les yeux écarquillés, regarda sa Chang-Tal en furie et semblait complètement abasourdi par cette saute d’humeur inattendue…

Mais que se passe-t-il mon doux papillon des îles ? Aurais-tu oublié de prendre tes tranquillisants ? Tu sais que le médecin de bord a insisté pour que tu prennes tous les jours au moins un cachet de Nostalgium afin de préserver ton équilibre car tu es surmenée et hyper-tendue suite aux nombreuses séances de rajeunissement que tu pratiques sur les membres de l'équipage…

En effet mon Teddy d'amour, désolé mais ça m’a échappé… C’est la douleur qui m’a fait dire des mots que je ne pensais pas vraiment…

Tout en se massant le crâne à l'endroit du choc où elle sentit d'ailleurs se former une bosse, Chang-Tal avait décroché le flétrisseur. A l'autre bout du fil, le Commandant Tifris avait pris sa voix la plus suave pour lui demander de le remplacer en compagnie de Ted dans le poste de pilotage…

J’ai un rendez-vous important avec France Ouaze et j’ai besoin de deux personnes de confiance pour me remplacer pendant quelques heures… J’espère que cela ne vous dérange pas trop, je sais que je peux compter sur vous deux !  

Chang-Tal esquissa un vague sourire et répondit que c’était un honneur pour eux de se voir confier cette tâche et qu’ils seraient tous deux à la hauteur. Enfin, à la hauteur de la situation, ajouta-t-elle en toisant son Ted du regard... Puis elle raccrocha et resta pensive pendant un moment…

Qu’est-ce que le Commandant pouvait encore manigancer avec France Ouaze de si urgent pour qu’il soit obligé de quitter le poste de pilotage et demander à deux de ses subalternes de le remplacer au pied levé… ? C’est pas très clair tout cela, se dit-elle, va falloir le surveiller de près notre Coco…

Elle se baissa, ferma le lacet de la deuxième chaussure de son Ted, lui tendit son blouson et le poussa vers la sortie de la cabine en lui expliquant que le Commandant avait absolument besoin d’eux…

 

* * * * * * * * * *

 

 

Entre-temps, dans le sous-sol du C-DLADOB Luping et Vincent avaient repris la répétition du spectacle qu’ils allaient donner lors de la soirée du Commandant.

Vincent avait coiffé une perruque et revêtu un costume de scène à paillettes couleur moutarde car il allait s'exercer à interpréter au pipeau le morceau phare de la soirée, le thème du fameux film Titanic et il ne se sentait capable d’une interprétation réussie que lorsqu’il était vêtu de ses habits de lumière…

Ce morceau lui rappelait plein de souvenirs de jeunesse. Il avait conservé le clip vidéo enregistré dans les années 2000 lors de la sortie du film et comptait bien le projeter sur grand écran lors de la soirée du Commandant.

A l’époque, le clip n’avait pas rencontré le succès escompté et Vincent avait mis en cause le manque d’entrain des producteurs et des diffuseurs pour justifier cet échec.

 

 

La bande son était de qualité irréprochable et les images extraites de l’œuvre originale d’excellente qualité mais les télés et les salles de cinéma avaient toutes refusé poliment son projet prétextant d’obscures règlementations concernant les droits d’auteurs et de copyright…

Cet échec au tout début de sa carrière artistique l'avait profondément marqué et Vincent Douitche décida alors, sur un coup de tête, de changer complètement de vie.

Il rendit son uniforme de facteur, (2) racheta son vélo de service, quitta l’administration postale et se transforma en quelques semaines en musicien de rue.

Il se produisait maintenant dans les couloirs du métro, devant les bureaux de poste, dans les galeries marchandes des hypermarchés de la région et même parfois à côté des containers poubelles ou des W.C. publics.

Vincent Douitche savait que sa musique était bonne, croyait en sa bonne étoile et était certain que le succès serait bientôt au rendez-vous. En ce temps là, il ignorait encore qu'un jour il deviendrait astronaute et participerait à une mission internationale de haut niveau destinée à sauver l'humanité !

Lupin fit une percutante intro sur sa batterie puis Vincent enchaîna magistralement en soufflant à s'arracher les poumons dans son pipeau. Les premières notes résonnèrent dans le sous-sol du vaisseau spatial et les deux compères se regardèrent en souriant, certains de l’effet que produirait leur interprétation sur le public. La sono était poussée à fond et la "répèt" pouvait commencer...

 

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Avant de quitter son poste, Tifris avait revêtu une chemise à fleur fraîchement repassée, un pantalon de toile couleur sable et coiffé sa tête d'un Fédora qui le faisait ressembler à un vieil Indiana Jones déambulant dans les couloirs d'un EHPAD pour bourlingueurs fatigués.

Désirant donner de lui l’image d’un Commandant cool et décontracté, il arbora un large sourire étudié et se dirigea en sautillant et en sifflotant Bo le lavabo vers le cabinet psychanalytique situé au fond du couloir de l’étage médico-administratif.

Arrivé devant la porte d’entrée, il enleva son chapeau, passa rapidement la main dans sa chevelure, redressa une mèche rebelle, prit une profonde inspiration puis posa son index gauche sur le capteur de reconnaissance sécurisé…

Un carillon jouant Yankee Doodle (3) résonna dans la pièce et France Ouaze, vêtue d’une élégante blouse blanche immaculée, son stéthoscope autour du cou, ouvrit la porte en souriant…

- Entrez, Clémou, je vous attendais, vous êtes ravissant dans votre ensemble de baroudeur cher Commandant… Me feriez-vous l'honneur de partager avec moi une tasse de thé au jasmin ?

Au moment où Tifris franchit le seuil, résonnèrent au loin le son aigrelet du pipeau de Vincent et le bruit étouffé des roulements de caisse claire de son acolyte Luping…

- Vous entendez ces bruits très chère Léontine ? (4) On dirait des grincements de portes mal huilées ou des couinements de rats pris dans un piège...  Faudra que je fasse vérifier tout cela par nos équipes techniques !

France Ouaze tendit l’oreille, hocha la tête d’un air entendu et répondit que cela ressemblait plutôt aux cris et aux gémissements émis par un couple s’adonnant à des pratiques inspirées par le Marquis de Sade et qu’elle n'hésiterait pas à mener une enquête interne parmi les membres de l'équipage pour repérer les instigateurs de ces pratiques…

Elle avait sa petite idée derrière la tête mais préférait ne rien dire à Tifris pour l'instant. D'après elle, c’était probablement Chang-Tal et Ted Oupty qui s’adonnaient à ce passe-temps, car elle les avait surpris dernièrement alors qu'ils s'engouffraient dans leur cabine en tirant, tant bien que mal derrière eux, une longue table qui ressemblait à un banc de torture... (5)

Il ne fallait surtout pas inquiéter Tifris avant sa séance thérapeutique. La situation au sein de l'équipage était déjà assez compliquée et la priorité immédiate consistait plutôt à rassurer ce dernier qui avait, entre-temps, pris place devant la table basse sur laquelle trônaient une théière fumante, deux minuscules tasses en  porcelaine de Chine et une boite de sablés au gingembre certifiés de culture bio exobiophilisée…(6)

- Vous prendrez bien une pincée de sucre avec votre thé mon merveilleux Commandant bien aimé ?

- Avec grand plaisir chère Léontine, le thé au jasmin est ma boisson préférée; j'en use et en abuse car ses propriétés sédatives, spasmolytiques et antidépressives me font le plus grand bien... 

Avec un geste élégant, Léontine souleva la théière et versa, en un mince filet, la boisson brûlante et odorante dans la tasse du Commandant. A suivre...

 

(1) Une thérapie inspirée de la sophrologie Caycédienne spécialement mise au point pour l'équipage du C-DLADOB par France Ouaze

(2) Pour en savoir plus sur le premier métier de Vincent CLIQUEZ ICI

(3) Pour écouter une version rare de cette mélodie CLIQUEZ ICI

(4) Léontine est le véritable prénom de France Ouaze. Plus d’explications ICI

(5) France Ouaze ignorait à ce moment là qu'il s'agissait du banc d'étirement utilisé par Ted Oupty. Plus d’infos ICI.

(6) J'en ai marre de vous mâcher le travail, vous pourriez rechercher vous mêmes certaines explications, vous avez une connexion internet non ?

 

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19/01/2022

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