NOSTALGIA, le Blog qui fait oublier les tracas

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J.F. Hurth : Un jour dans la mine

Écrasé par un bloc de charbon de près de 800 Kg, le boutefeu, Ant.., âgé de 38 ans, vient de mourir. L'accident s'est produit dans la veine "HENRI", dans les "Dressants", à l'étage -593 du Puits GARGAN à Petite-Rosselle.

Il était 10 heures 05, ce ... Décembre 1964.

Note à l'attention du lecteur : Le détail de cet accident mortel est consigné au "Centre des Archives Industrielles et Techniques" à Sainte -Fontaine, en Moselle.

Ce dossier, comme tous les dossiers de plus de 50 ans d'ancienneté après les faits, est ouvert au Public. Pour des raisons de discrétion évidente, le nom de la victime et la date de l'accident sont délibérément imprécis. Les lieux et les faits par contre, sont strictement vérifiables.

 

gargan 2.jpg

 Le puits Gargan dans les années 50-60

 

 

4 heures 30' le... Décembre 1964

- "Chan Frooçois.....!  Chan Frooooçoiiis ...! Ouf stééhn, es is Zeit"  !

(Jean-François, lève-toi c'est l'heure)

C'est ma mère qui m'appelle, je dois me lever, je suis de poste du matin.

J'ai 23 ans en ce mois de décembre 1964 et il fait un froid de canard dans la maison.

Fils unique sans le  faire exprès, je vis chez mes parents. Ma chambre à coucher est à l'étage, à côté de celle du Opa qui fume au lit et de la Oma qui rouspète.

Je suis  "Mineur électro-mécanicien fond", au Puits Gargan de Petite-Rosselle.

Cette vieille fosse à charbon est située à 500 mètres de notre domicile, auxquels il faut ajouter 650 mètres de profondeur pour atteindre les chantiers.

Mon père qui travaille au même Puits, est déjà debout depuis 4 heures. C'est toujours lui qui rallume le poêle à charbon (Le Dauerbrenner) de la cuisine, seul endroit chauffé de la maison.

Je dois préciser aux lecteurs de mes précédents récits, que nous avons quitté la plus belle rue du monde, la Waldschtroos, pour notre nouvelle maison dans la rue "Huber", pas loin de l'ancien cinéma "Eden", pour ceux qui connaissent. Je suis désormais un habitant de la "Hubeatschtroos".

La construction de cette illusoire maison du bonheur nous a pris 3 années, entre mes 15 et 18 ans. Avec mon Père et un "Mineur/Maçon", on a trimé à n'en plus pouvoir.

Je vous explique :

Six mois pour fabriquer les agglos chez un oncle du "Bruch à Forbach" qui  trafiquait avec les gitans, quelques élus et un douteux picoleur de Schoeneck; mais on s'en fichait, puisqu'il nous prêtait sa bétonnière, son grand terrain, et parfois une petite camionnette de provenance incertaine..

Un deuxième semestre entier, pour nettoyer avec toute la famille des briques réutilisables d'une "ruine d'ancien atelier", que les Houillères avaient cédée à mon père au franc symbolique. Armé d'un marteau piqueur, Papa faisait tomber les murs et nous : Oma, Opa, Mama et moi,  avec des marteaux de maçon, on nettoyait le mortier qui restait sur les 6 côtés des briques ainsi récupérées. Après cette laborieuse restauration, elles pouvaient servir une nouvelle fois.

Ensuite terrassement manuel et construction tous les jours, avant et après le poste pendant 2 ans encore.

Vous ne pourrez jamais imaginer combien j'ai détesté cette maison et les économies qu'il fallait faire pour y arriver.

Déjà ça m'avait valu l'achat d'une horrible mandoline, alors que je voulais un accordéon. (Voir mon récit de "La Mandoline"). Ensuite ce fut l'impossibilité pécuniaire d'être interne dans un Lycée trop coûteux à Metz, moyennant quoi je me suis retrouvé dans un centre d'apprentissage. C'est vrai qu'en début de "seconde" au Lycée à Forbach je peinais singulièrement, puisque je n'allais au cours que de temps en temps... Ah!... les filles.

Pour ma participation physique à la construction, mes parents ont bien vite remarqué qu'il valait mieux motiver l'Ado pas trop facile que j’étais. Alors ils  se sont mis à me rétribuer chichement pour le travail que je faisais. C'est avec ces sous, soit 27.835 francs très exactement, que j'ai  pu m'acheter un super vélo, de marque "Randonneur".

Un demi course comme on disait alors. Il avait 2 sacoches rouges, 2 fanions tricolores sur le guidon, 8 vitesses et, merveille du frimeur, une lampe d'éclairage avec compteur kilométrique intégré. Les  copains ou les filles montaient sur le porte-bagage, chaque pied dans une sacoche. La classe !

 

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Faut que je vous dise aussi que chez nous un sou valait vraiment un sou.

J'entends encore les comptes d'apothicaire entre Maman et la Oma, après chaque passage des marchands ambulants.

On a jamais manqué de rien, mais souvent il s'en fallait de peu. Ma Mère, la "Magda", était aux commandes du porte-monnaie et le "Wilhem" mon père, se faisait rembourser les congés annuels qu'il ne prenait pas. De surcroît, il a pendant près de 10 ans travaillé tous les dimanches, et quand il pouvait doubler le poste, c'était le bonheur à la paye.

A la réflexion, je pense que s'il avait été marin-pêcheur en "Terre-Neuve", je l'aurais vu plus souvent.

Chef d'équipe "au Jour", donc bien moins payé qu'un mineur au fond, il fallait bien ça pour rembourser le Crédit Foncier, le Crédit Immobilier et le reste… 

Je dois ajouter, pour la gloire de mes parents et le respect dont je leur suis redevable, que dans l'état d'esprit du milieu ouvrier de l'époque, le seul mot "Construire" était déjà un symbole de réussite et de distinction sociale, comparé à ceux qui étaient restés dans la cité.

C'était ainsi et pas autrement, voyez-vous.

 

 

5 heures... Le même jour.

Ce jour-là donc, comme tous les autres, lorsque mon père a mis le poêle en route, il boit son café. Ensuite  il prend sa musette, allume une cigarette et, avec un clin  d'œil souriant, me lance son traditionnel : "Sali Bub, machs gut, oun koum nit se schpät" (Salut gamin, bonne chance et ne sois pas en retard).

Vingt minutes plus tard, je fais les mêmes gestes et je quitte la maison avec un : "Sali Mama", auquel ma mère répond : "Eddé Bub, oun pass ouf dich ouf" (Salut Gamin et fais attention à toi) .

Oui, elle aussi est déjà debout pour entamer sa journée de femme au foyer, comme toutes les autres épouses de mineurs, en ce temps-là.

Je fume une cigarette pendant mes 10 minutes de trajet à pied.

 

 

5 heures 30'

J'arrive au puits, je traverse la Zechstub, (Salle des mineurs), au passage je décroche ma plaque de présence N° 267 (Mei Blesch) et je rentre dans les bains douches.

Nouvelle cigarette pendant que dans cette salle dite des "pendus", je fais descendre mon vestiaire de travail désormais sec, mais dont le pantalon tient debout tout seul, grâce à la boue de la veille qui l'a rendu rigide en séchant. Je m'habille avec des hardes indescriptibles aux générations de maintenant.

Juste un mot concernant la veste de  mon bleu de travail. Maman avait cousu deux pièces de tissus d'environ 35cm de côté, à l'intérieur gauche et droit de cette veste, constituant ainsi deux grandes poches supplémentaires. L'une pour le "Kafféblesch" bidon à café de 1 litre 5, l'autre pour le casse-croûte et tout un bric-à-brac de dépannage électrique.

Dernière opération très importante : application des "Fussloumpe", encore appelées "chaussettes Russes". Il s'agit de deux carrés de 50 cm. de côté, découpés dans de la toile de jute. Dans la mine, cette toile sert à délimiter les chantiers et on en trouve partout.

Il s'agit d'emballer chaque pied d'une certaine manière et de chausser les bottes ensuite.

On évite ainsi la transpiration et les ampoules. J'arrivais à faire 3, parfois 4 jours avec une paire bien culottée; vous imaginez l'économie de chaussettes ?

Le bonheur n'est-ce-pas?

 

 

5 heures 45'

Je rejoins mon équipe d'électro à la  salle des mineurs.  "Sali, Glück auf, bonjour, bojoua..." Nouvelle cigarette. Le porion distribue le travail. Comme je suis l'un des plus jeunes, il me demande de foncer vite fait à l'atelier "jour", prendre un accessoire oublié et qui doit être installé d'urgence au fond. Et merde! Fallait que ça tombe sur moi ! En plus, on se les gèle dehors. Allez une dernière cigarette, avant l'interdiction de fumer pendant les huit heures de fond, ça réchauffe.

 

 

6 heures

Descente avec la très secouante cage d'extraction. Une douzaine de mineurs par étage de la cage, assis sur les talons, face à face, les genoux en quinconce et la lampe position "veilleuse". Arrivée en bas, à l'étage moins 593, embarquement immédiat dans un petit train qui nous achemine vers les chantiers. A douze par wagonnet, on se chauffe, on rigole, certains dorment, d'autres racontent des histoires, on gueule après la hiérarchie et cette putain de vie en général.

 

 

6 heures 30'

On se retrouve au "Magasin Eléctro/Fond ". On mange une pomme, pendant que le Chef de Poste précise notre mission, distribue les tâches et  les secteurs d'intervention.

Ce Samedi ... décembre 1964, je  suis chargé de procéder à l'installation de "ventilateurs" dans une "taille" assez éloignée. Mon travail terminé vers 9H00, je dois me rendre à la veine "HENRI", un chantier exploité dans les "dressants", pour y assurer la permanence dépannage. Je prends mon sac à outils d'environ 3 kg... Si on y ajoute la batterie/lampe, le bidon-café/casse-croûte, les bottes, et les poches pleines d'accessoires de dépannage, je dois bien peser 8 kg. de plus. Mais on a tous l'habitude de ce barda et c'est à peine si on se plaint.

Je pars donc avec l'élégance du "Sherpa", faire mon petit kilomètre et demi, pour rejoindre le premier chantier.

 

9 heures 30'

Premier chantier terminé, j'arrive enfin à la veine "HENRI" pour y tenir ma permanence d'électro. "Sali Faulenza !" (Salut fainéant), m'apostrophent les copains mineurs du Stoss (Front de taille), torses nus et caleçons pendouillants. Le terme "Faulenza", n'avait rien de bien méchant ni de péjoratif, lorsqu'il était appliqué aux "Electros".

Il avait pour origine que ce dépanneur apparaissait toujours "habillé" dans une taille, où tout le monde était torse nu, en short, et transpirait en raison de l'effort et de la chaleur.

Mais l'Electro lui, allait selon la demande, de galerie en galerie et donc de courant d'air en zone de chaleur ou d'humidité. Il avait par conséquent toujours besoin d'être habillé avec dans ses poches, ou accroché à son ceinturon, ou rangé dans son sac à outil, tout le nécessaire de dépannage en direct, dans les conditions et les endroits les plus improbables.

 

9 heures 40'

Arrivée de Ant... le boutefeu. On se connaît bien, on s'apprécie rien qu'au regard. "Sali Faulenza" qu'il me fait et je lui réponds tout à trac "Glück auf  Schissmon" (Chieur/trouillard) jeu de mot habituel  appliqué sans méchanceté aux boutefeux qu'en Platt on appelait : "Schies mann". On rigole et comme il n'est pas loin de 10H, on décide de casser la croûte.

On s'installe, assis côte à côte sur une planche à l'entrée de taille, en attendant que les mineurs aient fini le forage des trous du "Stoss".

Ant... y introduira ensuite ses explosifs, avant de crier pour que tout le  monde se mette à l'abri : "Achtung, es brennt E mohl" (Attention on tire !), et de déclencher le tir.

 

9 heures 45'

L'insidieuse "Faucheuse" rode déjà. Mon camarade Ant… ne sait pas qu'il lui reste moins de 20 minutes à vivre. Personne ne sait. 

Pour l'instant on rigole et je commence à lui raconter une histoire bien corsée en "Platt". Subitement, le "Panzer" (convoyeur à raclettes), qui évacue le charbon abattu par les mineurs, s'arrête. L'un des mineurs appuie sur tous les boutons disponibles. Rien, rien et toujours rien. Scheise (Merde) !!

Il donne un rageux coup de marteau sur le boitier de démarrage. Rien ! Ah la Saloperie ! Faut dire que les mineurs étaient toujours très énervés en cas de panne, car ils étaient payés au rendement et chaque minute comptait.

"Electrikaaa, Electrikaaaaa ! Es laaft nimééé..!" (Electriciennnnn ! ça ne marche pluuuus.!!) Je regarde, j'appuie... rien. Putain, c'est l'autre moteur au bout de la galerie à 100 mètres environ, qui doit être en panne.

Faut-il aller bordel, chier !

 

9 heures 50'

Sali Ant... et à tout à l'heure que je dis à mon copain, en prenant mon sac à outil pour commencer une pénible progression dans la "Cave" (Keller) de cette veine, d'une centaine de mètres de longueur. Fraîchement remblayée, elle ne fait que 80 cm de haut et c'est à la très disgracieuse marche des canards qu'il convient de recourir si on veut se préserver des cognages de tronche.

Ant... lui aussi, remballe son casse-croûte et commence à préparer ses explosifs.

Salit Fronz, dépêche-toi qu'il me répond, je procède au tir dans quelques minutes, mais tu seras assez loin, t'as rien à craindre.

 

9 heures 55'

Effectivement, je suis presque à 40 mètres d'éloignement du front de taille (Stoss), quand j'entends le tir suivie par la fumée et son odeur caractéristique.

Une boule de "Filasse" (déchet de coton, qui sert à tout) devant la bouche, je m'arrête quelques secondes pour filtrer la respiration de ces vapeurs nocives..

 

10 heures 00

Je suis au moteur arrière du convoyeur, en fin de  chantier. La panne est vite trouvée. Surcharge du moteur et déclenchement intempestif. Il suffit de réenclencher et de réarmer le coffret de commande

 

10 heures 05' environ

J'appelle le front de taille avec le Généphone (Télép.de chantier). Essaye, ça doit marcher que je hurle au gars qui décroche !

Pas de réponse : Alors t’essayes, putain !  Réponse étouffée ...

-L'Ant... est mort.

Quoi, qu'est-ce tu racontes, répète ! "Ant…  écrasé.. bloc  charbo...  mort..., et... "... liaison coupée.

Ça ne peut être qu'un effondrement du "stoss" en entrée de taille. Pas la peine de revenir, il y a bien 5 personnes sur place et je ne pourrai même pas y accéder après le tir.

La solution, remonter par les échelles de la "cheminée" d'aérage et de retour d'air en bout de taille, jusqu'au vieil étage 521, où je savais trouver un transformateur avec son téléphone.

 

10 heures 20'

Arrivée à l'étage 521, transformateur et téléphone pas loin. Ça marche.

J'appelle la voie de base. "SEPP", le permanencier, m'apprend que les secouristes viennent de descendre le corps d'Ant... IL est décédé quelques minutes après mon départ, après avoir été écrasé par un énorme bloc de charbon qui s'est détaché du toit (plafond) de la taille.

Plus tard, l'enquête, ne révélera aucune faute, ni aucune imprudence patente. Juste quelques améliorations techniques à mettre au point. La cause de l'accident restera comme souvent à la mine,  imputée, au destin, au sort, au "hasard"...

Je dois dire qu'en ce qui me concerne, le "Hasard" m'a été pour le moins favorable.

Oui, car quelques minutes auparavant, à côté de l'Ant… vivant, j'étais juste en dessous de ces 800 Kg de "Hasard", lorsqu'il a bien voulu m'appeler ailleurs.

Allez comprendre..

 

Arrêt de la pendule du temps..

Je vomis tout, même le casse-croûte que je n'ai pas mangé. J'éteins ma lampe et je masque le témoin de marche du  transfo qui ronronne son deuil en do mineur.., mmm.mmm…

Dans le noir absolu, je laisse aller ma colère et ma bruyante tristesse.

Lorsque je rallume ma frontale il est midi et je constate que les effets débordants de mon malaise ont disparu. Le rats avaient silencieusement déjeuné.

 

12  heures à 13 H environ

Je dois rejoindre le puits du très vieil étage 450 pour remonter au jour.

C'est loin. Il s'agit tout d'abord de grimper un plan "très" incliné et ensuite de marcher sur plusieurs kilomètres dans des galeries souvent abandonnées où fleurissent les panneaux "Danger de mort ou Passage interdit" etc...  

Ma grosse trouille; une panne de ma lampe dans l'une de ces vieilles galeries que plus personne ne fréquente et donc la confrontation au noir total.

Enfin j'arrive au puits où il n'y a d'effectif que ponctuellement. J'avise un téléphone qui me permet d'appeler le machiniste. Celui-ci m'engueule d'abord très copieusement et ça se termine par un tonitruant "Kesstufoula ?".

Quelques minutes après, il m'envoie la cage d'extraction pour me remonter au jour.

Plus tard il s'excusera.

14 heures    

Lavé, récuré et coiffé, et après mure réflexion, je demande à être reçu par mon "Chef-Porion".        

En quelques minutes l'affaire est réglée. Je viens de présenter ma "Démission", à la grande surprise de ce Monsieur qui m'aimait bien, je crois.

Je lui explique mon coup de chance de la matinée et ma tristesse pour la dramatique disparition de mon copain Ant…

Je lui raconte aussi que dans cette taille, j'ai déjà perdu accidentellement une bonne partie de mon capital capillaire, frôlant l'accident grave.

Alors, ça suffit, il ne faut pas forcer le destin.

Je lui avoue enfin que sans rien dire à personne, je me savais depuis octobre reçu au concours d'entrée à l'Ecole Nationale de Police.

Dans ma poche une convocation du Ministère de l'Intérieur pour me présenter dans cet établissement le 4 Janvier 1965, soit 3 semaines plus tard.

Il m'a dit "Mach wie de willcht, vieleicht hachte recht. Glück auf".

(Fais comme tu veux, tu as peut être raison. Bonne chance).

Ma vie allait changer dans ce passionnant métier de Policier, dont "l'Ordinaire" consistait à gérer "l'Extraordinaire" des autres.

Surprenante aventure de 35 ans, et sans regret, tout compte fait.

Plusieurs affectations et quelques concours plus tard, mes fonctions en cette fin des années mille neuf cent quatre-vingt, me font redescendre à la mine pour des raisons d'enquêtes, mais aussi avec des délégations de visiteurs. Les règles de sécurité étaient certes améliorées, mais trop souvent encore bafouées par les dangereux impératifs du rendement, précurseur d'une fermeture prochaine.

Dans ces galeries, j'ai toujours espéré voir mon ami "Ant…" pour lui raconter la fin de mon histoire drôle (Witz), trop brutalement interrompue par la "Camarde" tueuse.

Lui,  je ne l'ai jamais revu. Mais dans des niches fleuries au détour des galeries,  j'ai parfois admiré la statue de Sainte BARBE, Patronne des Mineurs.  

BARBE, comme toutes les professionnelles de la foi, tenait les mains jointes en prière, son regard extatique rivé au ciel.

Mais cette Dame, vraisemblablement d'une grande bonté, semblait bien soucieuse.

Peut-être à cause de tous les morts et ces catastrophes qu'elle n'avait pas réussi à éviter aux courageux mineurs qui lui faisaient  pourtant confiance...

Je sais que L'Ant... aussi, vénérait cette Dame avec une foi sincère. Or, fort curieusement, c'est votre serviteur, "mécréant" comme il est interdit de l'être dans certains pays trop ensoleillés, que BARBE choisit d'épargner ce jour-là.

Vous ne m'ôterez pas de l'idée que lorsqu'on n'y comprend plus rien, il vaut mieux admettre que les voies du Seigneur sont impénétrables. C'est très pratique.

Jean-François Hurth, Alias Fronz  (Mai 2018)

 

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28/04/2018
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