Jean-François Hurth : La mine-musée de Velsen (Sarre)
ROSSELLOIS de naissance et mineur de fond comme il se devait pour un gamin qui avait 16 ans en 1957, j'ai quitté la mine et la Région en 1964. Ensuite, vagabond géographique d'une carrière de Policier, je me suis finalement posé à METZ depuis près de 30 ans.
Jamais je n'ai cessé d'aimer mon "Noir Coin" de naissance, mais aussi pour des raisons vraiment personnelles, j'aime un très voisin "Joli Coin", que ses bilingues habitants appellent "SCHOENECK".
Lorsque par périodes j'étais en poste, dans le District de Police de Forbach, il m'arrivait souvent, d'inviter des délégations de collègues Français ou étrangers à visiter l'un ou l'autre Puits de mine encore en activité dans ces années 85/95. Cela ne ressemblait déjà que très peu à la mine que j'avais connue, celle des années 50/60
Le progrès avait heureusement fait son oeuvre. Là où précédemment une centaine de mineurs oeuvraient à la hache, à la pelle, au pic et aux bruyantes machines à air comprimé, il en restait une vingtaine à surveiller de gigantesques machines, qui abattaient de fabuleuses quantités de charbon, poussées par d'énormes pachydermes mécaniques, que l'on faisait avancer aux ordres de commandes hydrauliques. Les techniciens parleraient de "soutènement marchant ".
Mais tous ces temps sont révolus et nous voilà donc à l'ère des "Musées de la mine".
Un bel exemple au "Carreau de Wendel" à PETITE-ROSSELLE et un autre, encore plus proche de notre mémoire collective, se situe à VELSEN en Sarre, juste à côté de GRANDE-ROSSELLE.
C'est ce musée, cette "Mine Image", que j'ai fait visiter tout récemment à une quinzaine de membres de mon club de marche à Metz. Dès le matin, accueillis par quatre authentiques Rossellois nous avions fait une quinzaine de kilomètres à pied par la forêt de Klarenthal, de VELSEN à PETITE-ROSSELLE, sans oublier les rues, les cités et ce qui restent de vestiges miniers dans le secteur.
Ensuite retour au carreau de VELSEN pour "faire le Briquet" du mineur à la cantine du puits qui est restée en l'état.
Finalement, visite d'environ 3 heures de la "mine image", toute belle, toute propre et toute sécurisée pour les touristes que nous étions.
Alors, étant le seul de la bande à avoir connu la mine, je n'ai pu m'empêcher de rappeler à mon groupe, après la visite et avec un peu d'humour préélectoral, ce qu'aucune "Mine Musée" ne peut faire vivre émotionnellement à ses visiteurs.
Voici donc la modeste teneur de ce propos du 26 Avril dernier, dans la salle d'accueil du :
Tout d'abord chers amis, deux AVEUX du vieux Commissaire de Police que je suis !
- Je ne SAIS toujours PAS si FRANCOIS FILLON, habillé de l'ultime "VESTE" taillée par son électorat, verra la nécessité de réclamer les beaux COSTARDS, qu'il portait au temps de sa GLOIRE.
- Je ne SAIS pas non plus si Madame MACRON va enfin avouer que son jeune EMMANUEL, est en réalité le fruit d'une torride aventure avec CHIRAC, qui avait des maîtresses à la PELLE. Mais je vous rassure, ces affaires seront bientôt ELUCIDEES par mes meilleurs LIMIERS.
PAR CONTRE !
- JE SAIS, en ma qualité de vieux mineur de fond, de 1956 et 1964, ce que nous n'avons PAS VU, pas ENTENDU, ni RESSENTI au cours de cette visite. Et notre guide n'y est pour rien, évidemment !
- Nous n'avons pas VU de mineur noir de charbon, dégoulinant de sueur, avec pour seuls habits ses bottes, son casque et un pagne en toile de jute autour du ventre, pour travailler en front de taille. Notamment au Puits GARGAN à Petite-Rosselle, dans la veine "IRMA", par exemple.
- Nous n'avons pas VU, ni souffert du mauvais temps de la mine. L'humidité souvent et même la pluie par endroits, provoquées par les eaux d'exhaure et la géologie du terrain.
- Nous n'avons pas VU les RATS, et Dieu sait s'il y en avaient beaucoup pour nous surprendre dans les moindres recoins et, même boulotter nos casse-croûtes, lorsque nos musettes n'étaient pas accrochées en hauteur.
- Nous n'avons pas RESSENTI la suffocante chaleur qui allait dans certaines tailles, jusqu'à 35°, comme au Puits WENDEL dans la veine "X1" par exemple, et qui nécessitait une consommation de 4 à 5 litres de boisson par poste. Et, sortant de ces tailles trop chaudes, nous n'avons pas non plus été balayés comme le mineur, par un courant d'air permanent, glacé par endroits et provoqué par l'indispensable aérage de ces profondeurs grisouteuses.
- Nous n'avons pas ENTENDU "L' INFERNAL BRUIT DES MACHINES" : Celui des Haveuses, des convoyeurs à raclettes, des foreuses et des marteaux piqueurs, ainsi que les Tirs et les Dynamitages permanents. Dans la mine et surtout dans les tailles, c'étaient toujours des hurlements pour communiquer, pour s'interpeller.
- Nous n'avons pas RESSENTI, la trouille et l'insécurité permanente, liées au danger que les mineurs n'avaient d'autre choix que d'oublier et pour leur malheur souvent, de banaliser.
Enfin, nous n'avons pas RESSENTI la pression de la nécessité de rendement, les hurlements de ces Chefs d'après guerre, qui avaient souvent davantage de voix.. que de diplômes.
Oui, impossible de recréer dans une "MINE IMAGE" cette si troublante atmosphère, à la fois dramatique et de grande solidarité.
Mais il y avait de bons moments. Nous étions presque tous fumeurs à l'époque, et au fond il était strictement interdit de fumer, bien sûr. (Streng Verboten ! )
Alors à la sortie, arrivés aux Bains/Douches, encore appelés salle des "Pendus" ou "Zechtub" en patois..., le très chronologique rituel consistait à se débarrasser D'ABORD des habits sales et humides. Ensuite, A POIL, chacun allumait sa 1ère cigarette et, presque toujours s'autorisait une canette, achetée à bas prix chez le préposé aux bains, (le Baadewerter)..
La douche c'était "APRES " et là, il faut imaginer la centaine de mineurs à poils, à la queue leu leu, l'un frottant le dos de l'autre, contents d'en avoir fini de cette journée et de rentrer chez eux, indemnes. Je vous épargne les blagues, et la poésie des interpellations en bilingue coloré, ça prendrait des heures..
Voilà ce que je voulais vous dire de cette mine des années 50/60. Elle me laisse un tel souvenir que même mes 18 mois de guerre en Algérie et mes 35 années de Police, pas mal "décoiffantes" non plus, n'ont jamais su égaler.
Et maintenant, avant de nous quitter, et si mon Harmonica le veut bien, je vais tenter de vous jouer une très belle chanson de mineur que tout le monde connaît. Son titre :
LES CORONS- de PIERRE BACHELET !
En vous précisant tout de même, que les CORONS ce n'était pas seulement le NORD, mais aussi l'EST, le CENTRE et ici en SARRE, bien entendu.
Allez GLÜCK AUF à tous, bon retour et merci de chanter avec moi… Jean-François Hurth
Dernière minute !
A la demande de la gente féminine,
voici une photo avec commentaire personnel de l'ami Fronz.
Mei liives Corinne oun mei goudes Chantal.
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