NOSTALGIA, le Blog qui fait oublier les tracas

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J.F. Hurth : La sinusoïde de Lèpatt

Préface :

Merci Clément pour cet impayable AMI FRITZ, cycliste émérite, héro de comptoir et figure de proue des amateurs de CERVEZA, mousse bien connue dans l'Ibérique Moselle d'une partie de la  Costa Brava.

Comment dire Clément, pour en avoir beaucoup vu de cette série non limitée de Bacchussistes, indispensables à la mémoire collective d'un quartier, je reste persuadé que même, sans l'avoir jamais rencontré, ton FRITZ, ben j'arriverai à le reconnaître.

Oui, la description hilarante que tu fais de son personnage, nous amène droit dans la tronche du bonhomme, et, en écoutant bien, on peut l'entendre pérorer devant un public pré-acquis et pataugeant dans la même mousse que lui…

J'en ai connu quelques uns aussi de ces valeureux soldats de bistrot dans notre très touristique PETITE-ROSSELLE. De vraies bêtes de concours. Oui, des concours de tous ordres et des difficiles encore. Des pas comme les autres de concours, même pas utiles quelles étaient leurs victoires.

Peu importe, c'était pour le "panache" si l'on peut dire.. certainement pas çui avec la limonade, ni celui du CYRANO de Rostand, et quoi encore !.. Non, l'autre de Panache, celui des apprentis pochtrons, à l'école de la virilité de l'époque.

Par exemple : Combien de bières au mètre, et qui les avale au plus vite sans dégobiller ni même roter. Le sommet de la soirée  étant généralement atteint par celui qui savait boire douze demis au rythme des douze coups de minuit. Alors là! Putain les mecs, même plus besoin de femmes, tout dans la gloire et dans la volonté de mieux faire, des fois qu'on inventerait des horloges à treize coups...

J'ai l'air de mépriser là. Mais pas du tout mei liva Clémau. Du tout... du tout.. mais non..

C'est bien le genre de bêtises que dans notre si particulière adolescence, on faisait dans ce patelin minier qui ne comptait pas moins de 27 de bistrots pour moins de 7000 habitants. C'est vrai qu'on manquait singulièrement de courts de golfs, de tennis, de piscines, de salles de sport et de bibliothèques. On ne jouait pas non plus au Polo, les chevaux étaient aveugles et de poste de nuit à la mine. Peut pas tout avoir non plus le mineur, hein !

On avait déjà les cigarettes, le boulot, et les avantages en nature. Alors ?

J'ai l'air d'en rajouter ? Pas trop quand même, le temps de préciser que l'équipe première de foot de cette ville, qui jouait en division d'honneur à l'époque, donc avec des p'tits gars en pleine bonne santé, eh bien cette équipe d'élite a été décimée quelques années plus tard par des disparitions prématurée d'au moins 5 de ces talentueuses stars locales.

Figurez-vous qu'après l'apogée de leur gloire illusoire, ils ne jouaient plus que les troisièmes mi-temps, rarement les deux autres. Tous les buts étaient marqués au Café des  Sports...  juste à côté du stade. - PROST  !

Mais j'ai perdu le fil, pardonne-moi Clément. Je reviens aux frasques de nos incroyables pochtrons locaux. Oui, nous  aussi on en avait plusieurs, dont un "Célèbrissime" que je m'en vais vous glorifier en deux images...

On l'appelait Lèpatt, en réalité il s'appelait "LEPERT"; rien que le nom ça sentait déjà l'embrouille de l'étranger pas de chez nous.

Pouvait pas s'appeler comme tout le monde : Schmitt, Keller ou Faber, à la rigueur Miksa ou Hurth ? Mais là... il prenait déjà un risque.

Donc, la spécialité du Lèpatt c'était de "s'arranger" le moral au Zahlda et au Abschlach (1), souvent avec prolongations si nécessaire.

Et ces jours là c'était "spectacle" lorsqu'il descendait la "Plus belle rue du monde", bordée de part et d'autre de tilleuls espacés d'une vingtaine de mètres environ. Faut préciser aussi que sans avoir franchement bossé les mathématiques, le Lèpatt adorait la trigonométrie et plus particulièrement une courbe appelée "Sinusoïde".

Autrement dit; il était devenu le champion du lacet de descente contrôlée. Tout le monde devant sa porte attendait la chute… Et il chutait immanquablement au sixième virage à l'arbre N° 11 après 10 "Olley !" gagnants d'un public attentif.  Alors deux hommes allaient le relever et le conduisait chez lui sous les applaudissements des voisins convaincus de leur bonne éducation.

 

sinus.JPG

Exclusivité Nostalgia : La fameuse sinusoïde de Lèpatt (c) 1960 C. Keller, Fritz & Lèpatt (2)

 

Jeu rigolo.., cruel.. , pathétique ? Chépas quoi dire. chers amis ? Ich wèès nit.

Disons un jeu du cirque parfaitement admis dans notre milieu à cette époque, à l'instar d'autres marqueurs folkloriques, encore plus décalés et qui choqueraient aujourd'hui.

Le Lèpatt était un peu copain avec mon OPA le PETER. Oui souvenez-vous, celui qui avait été recalé à l'oral du concours de Suisse à l'Eglise de Chénèk.. Ce PETER qui ne prenait que trois cuites par an, à la Kirb, au Carnaval et à la Sainte Barbe... Vous y êtes ?

Donc, ce qui devait arriver survint un jour, assez brutalement faut bien le dire.

Notre Lèpatt, à force de faire trop d' efforts pour mourir avant les autres, était à 54 ans dans l'ultime sprint de son arrivée triomphale sur le podium des "buveux" de concours.

Le foie granuleux, la voix rocailleuse et des stigmates de comptoirs sur un appendice nasal polychrome, constituaient désormais l'apanage du singulier bonhomme.

Rentrant un jour en bien mauvais état à bord d'une ambulance "Tube Ciroën" de l'Hôpital des Mines, et saluant mon OPA dans le jardin, il hurle en patois :

- Mensch PETER, die Doctere sinn farikt.  Ich honn doch e lèèvelong noua Bia getrunk, jetz  soohn die mia ich hétt Wassa !  

Drei Liter ziehe ze ma jede Dah. Die honn se doch nimé all !!

Traduction :

Bon sang PETER, les médecins sont fous... De tout ma vie je n'ai bu que de la bière et maintenant ils me disent que j'ai de l'eau dans le ventre ! Trois litres qu'ils me prélèvent par jour. Ils ont perdu la boule !

15 jours après, le OPA a mis son costume du dimanche. C'était pourtant un mardi.., vers les 14H3O'...

Postface :

Lorsque l'alcool comme les autres drogues, ne sert plus à soigner ou à rigoler, ben faut peut être se mettre à penser...

Clément, c'est pas pour autant qu'il faut censurer les histoires d'ivrognes, elles font partie intégrante de notre culture, de nos plaisirs et il faut les raconter, car elles sont souvent cocasses et toujours  intéressantes à bien des égards. 

Plus tard, si vous le voulez bien, je vous raconterai la "Métamorphose du ROODE" (Rouquin). Il était "Schmééra" (graisseur), toujours en poste de nuit, au Puits GARGAN. 

Bernard et Fernand FABER  s'en souviennent sûrement, c'était dans les années 60. 

Corinne évidemment pas, puisqu'elle est trop jeune. Bonjour Corinne ! 

Non Chantal, je n'ai jamais dit que tu l'avais connu ! Allez bisous, Fronz.

 

(1) Zahlda et Abschlach signifient respectivement Jour de paie et Acompte.

(2) Dans cette formule, élaborée par le trio de mathématiciens avant-gardistes, Clémau de Schénégga, Fritz vunn de Feamm et Lèpatt de Rossela, (x) correspond au numéro du tilleul devant lequel on va se casser la figure, (D°) le degré moyen d'alcool des boissons ingurgitées, (75cl) une constante représentant le contenu d'une bouteille de bière de l'époque et (nbr Bistr) le nombre d'établissement proposant des boissons alcoolisées fréquenté le jour du tracé de la sinusoïde.

Ce complément au récit du Fronz vous est gracieusement offert par la rédaction de Nostalgia dans le cadre de la journée internationale de l'Association Permanente des Emules du Ricard et de l'Ouzo. (A.P.E.R.O.). Et on dit merci qui ?

 

 

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10/06/2017
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