NOSTALGIA le Blog qui fait oublier les tracas

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Parlez nous de vous : Danielle Hofmann Grandmontagne

C'est par une belle après-midi ensoleillée du mois de juin que Danielle nous a reçus dans sa coquette villa de la Ferme de Schoeneck.

C'est dans son jardin autour d'un succulent café-gâteau que nous avons parlé de son dernier ouvrage "Salut les trépanés" qu'elle nous a généreusement offert et dédicacé.

Les pérégrinations de Danielle et de son mari Jürgen, (également écrivain que nous présenterons dans un prochain portrait), sont dignes des plus beaux romans d'aventures et Danielle ne dévoile dans cet Opus qu'une partie de sa vie haute en couleurs et en aventures humaines de toutes sortes.

De l'Allemagne à la Chine en passant par l'Afrique, cette "aventurière" des temps modernes, écrivaine, peintre, ayant exercé de multiples professions, nous entraîne avec poésie et sensibilité sur le chemin sinueux d'une vie que l'on peut qualifier sans hésiter d'extraordinaire... C. Keller, juin 2020

 

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Salut les trépanés ! Un récit émouvant sur le combat contre la maladie.

Les médecins ne trouvent d'abord pas les raisons du déséquilibre atroce de la jeune femme.

La découverte lente, insidieuse, troublante du diagnostic que l'on vit côte à côte, jour après jour. Puis vient la trépanation, l'ouverture du crâne. Un acte à la fois chirurgical et spirituel.

Cette approche psychologique nous entraîne dans les méandres de la mémoire de la malade, des expériences entre passé et présent qui lui donnent le courage d'affronter l'opération. 

Ce parcours nous construit à notre tour par la réflexion sur la vie et devient un support pour nous aider dans les moments difficiles

 

L'auteur : 

Née en 1942  à Rabat, Danielle Grandmontagne, fille de Spahis, suit le régiment à Baden-Baden, puis à Senlis. Dès l'âge de cinq ans, elle a lu tous les livres pour enfants de la bibliothèque municipale, et, affamée de lecture, se lance dans l'étude du dictionnaire. 

A douze ans, elle commence à écrire de petits contes ainsi que des carnets de voyage (Londres).

A vingt ans, elle écrit un roman qui traite de la guerre d'Algérie et de ses copains de classe effectuant à l'époque, leur service militaire.

Les éditeurs la félicitent pour son style, mais refusent de l'imprimer à cause de ses idées critiques. Divorcée à 22 ans, elle mène sa vie seule avec deux enfants sans problèmes et habite successivement à Sarreguemines, Nancy, Tours, Nice, Dijon, Lyon, Sarrebruck, Francfort, Metz, Forbach.

Elle crée les Salons « Entreprendre » et « Eurégion » à Sarrebruck pour promouvoir les échanges dans le SAAR/LOR/LUX avec le soutien de la Commission Européenne. 

Pleine d’énergie, Danielle travaille dans différents domaines : d'abord infirmière, puis commerciale dans l'édition, elle enchaîne en faisant des fouilles préhistoriques au Maroc puis devient visiteuse médicale en Allemagne.

Grande voyageuse, elle écrit des anecdotes et des récits de ses voyages en Orient, Chine, Amérique latine, Inde et surtout Afrique au Sénégal, en Centre Afrique, au Kenya, en Côte d'Ivoire, en Tanzanie, au Botswana jusqu'au Cap de Bonne Espérance.

Danielle s'émerveille devant la nature, les différentes cultures et croyances et la sagesse des anciens. En 1993, Danielle épouse un médecin pédiatre allemand et travaille avec lui dans son cabinet.

Le couple s'installera finalement à Schoeneck en 1995 où ils font construire une villa dans le "Lotissement de la Ferme" que nos lecteurs connaissent bien.

Actuellement elle prépare un nouvel ouvrage sur les « Frontaliers », Européens avant l'heure, ballottés au fil de l’histoire d'un pays à l'autre, et partage avec les lecteurs les fruits de leurs amours, Elle raconte l'histoire et la culture d'une famille franco-allemande depuis 1833 mais aussi les destins d'autres familles frontalières de l'hexagone.

En plus de l'écriture, Danielle s'adonne à la peinture (Aquarelle, acrylique et huile) et fait des expositions en France, Espagne et Allemagne.

Marquée par son enfance imprégnée par les couleurs chaudes et intensives de l'Afrique, ses œuvres invitent au voyage, à la méditation, au rêve.

Ses peintures évoquent un monde de paix et de silence dans la chaleur du puissant soleil d'Afrique.

Les paysages de ces pays l'inspirent et elle peint particulièrement l'eau, le sable, la lumière, les lieux de culte des différentes religions, de même que des endroits qui invitent à la méditation. Ses bleus lumineux alliés à la chaleur de sa palette d'ocres imprègnent son style.

A 18 ans, elle présente sa première exposition : des motifs africains et égyptiens peints sur ardoise. Elle a suivi des cours de peinture en Provence et en Sarre, mais, sa carrière professionnelle ne lui laisse que peu de temps pour peindre.

1986- Exposition à Sarreguemines intitulée » Maroc » aquarelles représentant des motifs de son pays natal.

1989- Exposition à Forbach avec des motifs de la Provence et du Maghreb. Depuis l'an 2000, elle se consacre davantage aux peintures à l'huile et acrylique. Elle réalise ses premières mosaïques avec des tesselles (pierres de couleur naturelle utilisées dans l'antiquité) qu'elle rapporte des carrières du Maghreb.

2004- Exposition à Florensac (Hérault) avec des motifs d'Afrique du Sud, Egypte et Grèce. Elle obtient le Prix du Gecko.

2005- Exposition à la Galerie de la Mairie de Mücheln (près de Leipzig).

Son travail avec les minéraux et les fossiles, l'amène à se passionner pour les pierres et leurs origines. A Mücheln, elle peint les paysages en voie de submersion par la création d'un immense lac.

2006- Exposition à Sevilla Galeria Arte de la Delfina avec des motifs espagnols et surtout des instants de la vie des gitans.

2007- Exposition à Forbach avec des motifs de Sicile, du Liban et de Bornéo.

2008- Très engagée dans la protection de la nature et des animaux (surtout celle des espèces menacées), elle peint des portraits animaliers dont le produit de la vente va directement aux sanctuaires de sauvegarde de ces espèces.

 

Extraits de l'ouvrage "Salut les trépanés" :

Cela a commencé tout doucement.

D’abord, j’ai vu un papillon passer à côté de moi, mais il n’y avait pas le moindre insecte en cet hiver. Illusion d’optique, sans conséquence. Mais quelques jours plus tard, je voyais une souris sur le côté et puis même quelque chose comme un chat...

La fatigue certainement, des impressions sur les rétines, des brouillards de la vue comme les taches brillantes et mêmes colorées  que l’on voit lorsqu’on pince les yeux très fort. Puis ma vue a commencé à perdre les lignes droites, les choses prenaient des formes en biais!

J’ai pensé qu’il fallait changer mes lunettes, enfin quand j’aurai le temps...

Et puis, un jour, j’ai eu la sensation bizarre que j’étais en train de perdre mon moi, qu’il y avait un processus anormal dans ma tête...

Mais qu’est-ce qu’elle a ma tête? Complètement marteau, siphonnée, déboussolée, tarée… Je deviens folle?

Je suis  désolée, gênée, confuse, même très profondément confuse. Assise à mon bureau, dans ma petite agence matrimoniale, j’essaye de faire le point sur moi-même.

Je ne comprends pas ce qui m’arrive, une terrible angoisse me fait saliver comme si j’allais vomir…C’est ma tête qui ne va pas bien, mon esprit qui panique. 

D’abord faire le point, établir des repères, ne pas perdre le nord. Me « ré-identifier » dans ma normalité, redéfinir la perception de ma propre identité : c’est moi, Danielle, je sais qui je suis, je n’ai pas perdu mon ego, du moins pas pour l’instant.

Mais, il y a urgence, car j’ai peur que tout bascule. J’ai toujours été une battante, un ludion, l’énergie en personne, ultra positive. Mais là, j’ai l’impression que je vais tomber dans un trou noir. Je glisse dans le fond d´un entonnoir, je vais finir par être engloutie. Comment réagir? Regarder vers le haut, vers la lumière, vers le début de ma vie, vers mes repères. Chercher ce qui a bien pu me faire déraper, les peaux de bananes de la vie.

Peut-être un événement ou des chocs émotionnels rapprochés que mon cerveau n´aurait pas pu ordonner, travailler, ranger à temps.

Des petits tiroirs endommagés qui produiraient des éclairs parmi mes neurones ?

Mais d´abord voir le problème avec calme, sourire, en rire même pour le dédramatiser. Appeler la logique à grands cris, utiliser ma formation cartésienne.

Prendre une feuille de papier, marquer noir sur blanc les réalités, mettre des petits cailloux blancs comme le petit poucet pour retrouver mon chemin...

Peut-être commencer par le début de moi-même pour tout mettre dans l’ordre, tracer une ligne droite, continue, sans trous dans l’espace, solide, à laquelle je puisse me tenir pour ne pas perdre l’équilibre. Freud pensait que des traumatismes ou des frustrations de l´enfance pouvaient provoquer des problèmes psychiques, des névroses beaucoup plus tard dans la vie du sujet.   

 

Le début de mon moi, c’est le bonheur, en Afrique, au Maroc,à Rabat, rue Marie Feuillet, quartier de l´Aquedal, avec la Cavalerie, le 7ème régiment de Spahis, les fantasias et la poussière dorée du sable soulevé par les sabots des chevaux qui déboulent à toute allure, mêlée aux trémolos des youyous des fatmas, aux coups de feux  des soldats en gandoura rouge et blanche, à l’odeur de la poudre et des méchouis, au parfum de cuir et cheval des bottes de mon père, tandis qu’assise à ses pieds, sur le sol chaud, j’applaudis et crie avec enthousiasme.

C’est le porteur d’eau avec son grand chapeau à pompons, son costume de couleurs qui m’éblouissent, le bruit de ses tasses de métal qui s’entrechoquent et de sa monotone mélopée; c’est  cet homme sans jambes, assis sur une planche à roulettes qui avance en se servant de deux fers à repasser qu’il tient dans ses mains, qui me poursuit en descendant la côte tandis que je cours de toute la vitesse de mes petites jambes pour échapper à ce monstre.

C’est le scorpion dans la cour intérieure de notre maison, entouré d’essence à laquelle Maman a mis le feu. Je n´ai pas compris pour quelles raisons le scorpion était resté là, bien sagement au milieu du cercle d´essence, le dard de sa queue en l´air, attendant que ma mère y mit le feu. Il faisait chaud à Rabat... Aurais-je eu "un coup de bambou" qui ne se manifesterait qu´à présent? Mais des millions de gens vivent là-bas et ils sont normaux.

C’est la Medina, où échappant à la surveillance maternelle et à celle de ma nounou marocaine, je file de toute la vitesse de mes petites jambes, boucles blondes au vent, rejoindre mes vieux amis juifs et déguster avec passion les tripes séchées qu’ils m’offrent, tout en respirant l’odeur sympathique des épices, de la laine et des babouches de cuir et en écoutant la musique arabe ou le chant du muezzin. 

C´est le paradis terrestre, la chaleur humaine, les gestes simples, le sentiment d´ être aimée de tous, de faire partie d´un tout joyeux, bruyant et fraternel. C’est le superbe pur-sang arabe de mon père, nommé Bucéphale, comme le cheval d’Alexandre le grand.

« C´est ! » Comme le sifflement somptueux du fouet de mon père cinglant l´air dans la cour de notre maison à Rabat. Je l´admirais éperdument, j´étais fascinée par son art d'apprivoiser le vent avec cette lanière de cuir, par son immense puissance.

D´abord, ce chuintement, puis, « c´est ! »   

C’est le gros bombardier, où ma mère, ma sœur et moi sommes assises en rang le long de la carlingue, qui nous ramène en France. Quel drôle d’avion avec sa cargaison de deux rangées de femmes et enfants avec le strict minimum, poussettes, boites de lait condensé, couvertures. Je me rappelle la joie de monter dans cet oiseau militaire mêlée à l’angoisse que dégageaient les adultes en songeant à ce qui les attendait dans cette France dévastée par la guerre.

 

Je retrouve un peu de calme: les souvenirs de mon début sont encore nets; je les comptabilise; si j’arrive à continuer à tracer ma ligne de vie avec des repères, je vais peut-être retrouver l’équilibre. Je repense à la réflexion de ma fille Peggy, dimanche dernier:

- Tu as vu comment tu marches Maman ?

Elle était énervée parce qu´à plusieurs reprises, j’ai trébuché. J’ai failli me disputer avec elle. Je suis déjà tellement perturbée par mon problème de santé mentale que je ne vais pas me faire des nœuds dans la cervelle pour une histoire de chaussures.

C’est vrai que je tombe souvent et c’est vexant. J´ai des hallucinations en plus, maintenant. Je vois des choses qui n´existent pas. Bon, ceux ne sont pas de saints personnages dans les nuages, quoique, dans le fond, ce serait peut-être mieux, au moins je serais en odeur de sainteté et ne me poserait plus de questions.

Mais non. Ceux sont des ombres sur les côtés de mon champ visuel. Peut-être que j´ai mangé quelque chose de bizarre, un truc hallucinogène sans m´en rendre compte ? Champignons ? Graines étranges ? Additif ou colorant interdits dans les conserves ?

Mais je m´alimente normalement, en produits frais d´ailleurs.

Je ne prends pas de médicaments non plus. C´est vrai que parfois, il y a des effets secondaires non souhaités. Ce n´est pas le delirium tremens, je bois peu de vin et, de toutes façons, dans ce cas, il parait qu´on voit des rats et des éléphants roses.

J´entends aussi parfois des échos de voix, des distorsions acoustiques, mais personne ne me dit d´aller sauver la France, ni le Roy.

Le tambour de mon tympan m´accompagne parfois allègrement. C´est peut-être vrai que je travaille trop. Je pense trop. Il faut que j´arrête de m´écouter, d´analyser.

Il faut que j´étouffe tout cela et surtout faire en sorte que personne ne remarque quelque chose d´anormal. L´ennui, malgré tout, c´est qu´il y a des troubles du comportement que je ne peux pas cacher. Par exemple, il m´arrive de marcher au milieu des voitures du parking Saint-Jacques pour récupérer ma voiture le soir, et là, tout à coup, je disparais.

Je suis tombée de tout mon long entre les véhicules.

Chaque fois, je me relève en vitesse, en souriant et cela fait rire les gens.

Moi, je ris jaune.

 

Continuer à établir mes repères. En revenant du Maroc, il y a eu une escale à Charleville, dans la famille de Maman, chez l’Oncle Pierre et Tante Cécile. Maman m’avait laissée à quatre heures du matin, seule sur le quai de la gare avec mes trois ans, les valises et la nuit noire pendant qu’elle allait avec ma petite sœur chercher l’oncle qui travaillait à la SNCF.

J’étais terrorisée bien que déjà parfaitement consciente de mes responsabilités. Je refusais poliment le Chewing-gum qu’un soldat me proposait, en fixant avec angoisse les rails brillants du chemin de fer où j’allais être écrasée, si jamais je bougeais, m’avait dit Maman.

Puis, on a été en occupation à Rastatt, en Allemagne, puis, toujours derrière l’armée, on a atterri à Senlis, ville tendrement chérie de mon enfance. On habitait un couvent désaffecté, avec des portes comportant une ouverture à mi-hauteur, le passe-plat pour les nonnes recluses en attente de sainteté. J’allais à l’école au pensionnat St Joseph de Cluny, en chapeau marine et gants blancs, vouvoyant mes petites camarades.

A quatre heures, quand je revenais de l’école, je goûtais d’un bout de pain accompagné de chocolat ou de deux morceaux de sucre en écoutant le clairon du régiment.

On avait un prisonnier allemand à la maison, il s´appelait Kurt, était menuisier et il était très gentil.

Il m´avait confectionné un petit banc de bois que je possède encore aujourd´hui. 

A Noël, mes parents l´avaient invité à fêter avec nous.

Maman avait fait des petits gâteaux roses aux amandes et nous chantions ce grand avènement, nous en français, lui en allemand. J´étais étonnée que ce fût les mêmes airs. 

Kurt avait sculpté dans du bois une assiette murale représentant un cheval pour mon père. Il avait collé une perle bleue à l´emplacement de l´œil, et cela me fascinait à un tel point que c´est le seul cadeau dont je me souvienne de l´époque de mes quatre ans.  

A cinq ans, Maman m’avait appris à lire et je dévorais les livres de la bibliothèque de prêt. Ma mère avait peur que je n´attrape une méningite qui m´aurait labouré la cervelle, en toute discrétion. Elle disait que je lisais et réfléchissais trop...

Je possédais un bélier brun qui broutait à son aise dans le parc du couvent, un petit vélo que ma mère décorait de guirlandes de roses et une règle en bakélite noire qui sentait le tabac froid, instrument très pratique pour écrire en double avec deux crayons quand je devais copier cent fois une phrase.

J’étais très heureuse. D’ailleurs, je m’arrêtais souvent pour fouiller les poubelles d’un restaurant sur le chemin de l’école et parfois, j’avais le grand bonheur d’y découvrir des coquillages, huîtres ou moules qui me rappelaient les plages de Rabat Salé et même la perspective d’écrire cent fois la ligne "je ne dois pas ramasser des saletés"  ne pouvait  m’empêcher de satisfaire cette passion.

Une petite fille bien élevée, chapeautée, en gants blancs et chaussures vernies faisant les poubelles... Était-ce déjà un indice que je ne tournais pas rond?

Ça y est, je recommence à avoir peur de découvrir des trous dans ma ligne de vie, des dessins biscornus, serpentant à droite, à gauche, signifiant un trouble mental endogène…

Maman nous tricotait des bonnets de chats avec deux vraies oreilles. De toute ma vie, jamais je n’en ai vu de pareils. Comme on était trois filles, cela faisait trois bonnets, donc je n’étais pas la seule, et finalement, j’étais ravie de ne pas être "pareille"  aux autres.

De toutes façons, nous, on n’était de "nulle part", ni d’ici, ni d’ailleurs.

On suivait simplement l’armée, comme les cantines et, chaque fois que le régiment était appelé dans un autre endroit, on était des « étrangers » par rapport à la population locale.

On n’avait pas de famille, pas de grand’mère, de tantes ni cousines habitant dans la ville.

On ne connaissait pas l’histoire ni les traditions de l’endroit, on ne « faisait pas partie ». Parfois même, les gens nous regardaient d’un « sale œil » disait ma mère.

- Pourquoi, les gens ont-ils les yeux sales, Maman? Pourquoi ont-il des crottes dans les yeux?

Un chandelier à sept branches trônait en permanence sur le buffet de la salle à manger, souvenir d’une mémé juive perdue quelque part parmi les aïeux de la famille et l’étoile de David était un symbole constant, prononcé et souligné sous forme de parterres fleuris, de petits gâteaux ou de napperons de dentelle qu’exécutaient ma mère.

Par chance, on avait un beau nom bien français : Grand-Montagne. Mon père, Daniel, patriarche remarquable, féru de généalogie ne remontait que la branche des garçons, jusqu’à Henri de Navarre d’ailleurs, mais laissait  mères et filles s’évanouir dans le néant.

Le destin amena mes parents à mettre leurs cinq enfants au monde dans différents continents et pays: le Maroc, la France, l’Allemagne et à toujours déménager pour les besoins de la carrière paternelle. Dans ce capharnaüm des origines, si en plus on naissait fille, on était condamnée à lutter ferme pour tenter de se trouver une identité propre.  

En fait, pas de racines! Pour qu’un arbre garde son équilibre, il lui faut de profondes racines, un lien étroit avec sa terre. Je n’ai aucun endroit sur la planète que je pourrais considérer comme ma patrie, mais, j’ai toujours aimé ma vie errante, elle m’a permis de découvrir tant de choses, elle a été une ouverture extraordinaire sur le monde que la plupart des gens n’ont pas la chance de recevoir.

 

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Galerie présentant quelques tableaux peints par Danielle Hofmann :

 

 

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Ma dette envers Doudou

Le tango d’amour des frontaliers (1)

Le tango d’amour des frontaliers (2)

Le tango d’amour des frontaliers (3)

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Le tango d’amour des frontaliers (5)

 

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01/07/2020

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