Les Vamps : états d'âmes
A peine 6 mois après l'enterrement de son JÄP, la veuve SCHIDEL, trouve un nouveau compagnon. Un vieux mineur de PETITE-ROSSELLE, qui a une belle pension et une vieille "ARONDE" noire. On l'appelle "Le SEPP".
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Parvis de l'église St. Joseph à SCHOENECK, 9h30, un beau dimanche de Mai 1960.
Frau SCHTIPPEL, VAMP N°1 :
- Wéa hätt donn das gedenkt ? Jetzt is déa JÄP noch nit halva faul, do hat sei Witwe, choun E neier Koschtgänger. Ich wollt mich schäme, das gibs doch nit !
Madame HUDDEL, VAMP N°2 :
- Das is doch noua E Penssioon's Geschicht, Frau SCHTIPPEL.
V.1, nostalgique… :
- Wisoo donn E Penssioon's Geschicht, das is villeicht noua E chéni liebesgeschicht.
V.2 :
- Ich mèn iha honn E Boobe, Frau SCHTIPPEL ! Mit dem Alter héat ma doch ouf mit dem Liebeskwatsch . Donn fängt ma on ze Zéhle !
V.1, rêveuse... :
- Ich wéa aa mol géa valiebt gewän, awa mei Monn hat ma's Vabott. Don honn ich ouf gehéat se souhche.
V.2 :
- Do honn na awa recht gehatt, weil mit de Bigoudis un's Kiddelschiatz, do hätte na beschtimt Kenna gefoun !
V.1, mélancolique... :
- Wenn iha noua wisste, wie oft ich träme, vom E chééne, schtolzer Monn, mi'm E Auto, oun E bische Poésie in de Woate... Das wollt mia longe, Frau HUDDEL.
V.2 :
- Oun voa was donn nit, E weisser Schãffer Hund mi'm E Roode Schlips, hinne im Auto ! Ich mènn iha hon E Knall, Madame SCHTIPPEL !
La SCHTIPPEL... pernicieuse… :
- Ei iha waare doch aa valiebt, wie na die éacht Zeit vaheirat ware. Grad voa das eier Monn mit En's von de "Barake" abgehau is. E Poolemädel, honn die Leit domohl's gesaht.
V.2 ... très énervée... :
- Néé, ken Poolemädel, E ITALIÈNAWEIB. So klènie Grosschniss mit a dick Broucht oun schwartz gefärbte Hoa. De Daivel soll die Fremde holle !
V.1, très salope insiste... :
- EI was isson aus dènne zwei woa ?
V.2, excédée… :
- Was wèès ich donn ! Ich konn eich noua soon das die "MACARONI SCHNEPP", onschtadt se koche, se flicke oun se schticke, ongefong hat se schtudiere, oun mei Kaméél von LOUIS hatt niks gesaht. Ich glab das faulenz't jetzt als Schuléhrin, oder Profèssa i'm E Lycéé, bei METZ. Zum Klick honn se kenn Kinna kriet, sounscht hätt's die aa noch vadoap.
V.1 :
- Ich honn's immer gesaht, die Biecher mache die Leit dumm, doddeldich oun blééd !
Do brauche na noua ounsa Paschtoa se betrachte. Imma die Biebel in da Hond, oun Sounschtwo niks !
V.2, étonnée… :
- Wisoo, Sounschtwo niks, Frau SCHTIPPEL ?.
V.1, hors d'elle ! :
- Ei ounam Rock ! Wen a das nit vaschtéén, don konn ich eich nimmé helfe !
V.2 :
- Ei wo héa wisse na das donn ? Unsa PASCHTOA is doch E so chéna, onschtennischa oun gouda Monn. Das is doch nit mééschlich !
V.1... chuchotte à V.2. :
- Es HILDEGAT hat ma's gesaht, Das geht nit voa nicks beichte, wènn's douchta is in da Kiach...
V.2 :
- Oh ! Jésous Maria, Ich honn nit gewist das es HILDEGAT so from is !
V.1, les yeux rivés au ciel... :
- Ich mènn monschmohl iha wäre hinna'm Mond dehèm, Frau HUDDEL. Wenn iha wisste was ich wèès, don wollte na eich nit so dumm droon stelle. In ousa'm "Chéne Ecke", do passiere wiacklich wouschte Sache ...
V.2 :
- Ei was passiert donn in unsa'm chéne Doaf ? Miia kinne na doch alles soon, do koumt nicks E raus, Frau SCHTIPPEL...
V.1, confidentiellement… :
- Der Vasouffene FRITZ vazehlt in all Wiatschafte, eier MARYLOUIS wéa schwonger vom Ihm. Ich honn eich voa kouatzem choun gesaat, das eier Mädel Treck om Schtecke hat.
V.2, à peine étonnée, soucieuse :
- Chouwidda schwonga unser MARYLOUIS !! Hoffendlich koum's ousa'm Paschtoa nit on die Ohre. Donn misse ma noch E mohl die "Abtreiwasch" bezahle. Genau wie Voaschjoha, wie's aus de Férie koum is. Ich honn dem Mädel choun Dausend mohl gesaht, es soll ouf passe mit de Mānner. Die honn doch all es Héatz in da Bouks, oun die Bouks ouf de Knie, vafliks noch E mohl ! Mensch die Kinna, sin doch noua Problééme oun Soaihe !
Ounsa MARYLOUIS, das schlaaht seim Vater noo, oun die "Hinn mache ken Katze", wie ma saaht. Loss mich noua mohl Hem koume...
Ich valèèse dem die Lévitte, das wéat mich héére ! Schwonger vonem FRITZ, da is E Kind mi'm E Wasserkop garandiert. Was sohn donn noua die Leit ?
Les cloches sonnent, elles montent les marches de l'église, têtes pieusement baissées..
V.1, soupire en regardant le beau "Suisse d'Eglise"... :
- Mensch geht dem Kiaieschweizer die Ounifoam so chéén, Wenn déa nit geheirat wèa, donn wollt ich nit nèè sohn...
Sur le parvis elles attaquent un autre sujet… Il y a tant à dire...
- Frau HUDDEL, ich wollt eich noch frohe... Honn iha choun ebbes von dem "ROULEAU de la MAAR" gehéat ?
- Ei sicher Madame SCHTIPPEL, doat treffe sich doch die Junge von da FÈAM.
Der KELLA'CH Clémau vom Unadoaf, wéa aa dabei, oun wéa wèès, wéa noch..
Sogaa Mädele kääme owen's, fascht im Dunkele... Iwaléhe eich E mol, oun das alles nit weit vom Wald !
Wènn doat die gross "Trauerweid" oun die "Hecke" schwetze kinde... Im Gottes Wille, donn wisste mia das ounsa aami Jougend in da kréécht Gefahr is.
Ich sohn imma, wéa wèès was doat on dem "Rouleau" gefoummelt wiat, mit denne gonze Fremde, die noch ken Woat Platdaitsch schwetze kinne ?
- Ah ! Frau HUDDEL, es koumt ma grad noch ebbes inn, voa das ma in da Kiach sitze.
Der SCHTIVEL'S iha frischer Koschtgänger wisse na, der ROSSLA SEPP, hat déa nit E Koumpel gehat noomen's FRONZ ?
So E ROSSLA Ongéwa aus da "plus belle rue du monde", wie der Doumkop selwa saht.
Weil von dem Schlooseklopper, honn ich mich nämlich E mohl dricke gelost, bei'm SOUMMER ouf da Donzmousik.
Awa déa Casanova hat bei mia niks geboutzt. E Rossla... Ich bin doch nit varrickt !
Soh, jetzt mousse ma awa rinn gehn, sounscht macht déa "Schweitzer" Ballava, oun mia valiere die Zwei bechte Plätzer, direct vohre om Altaa.
Elles entrent dévotement…
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Traduction délibérée en Français "accentué", de l'époque :
A peine 6 mois après l'enterrement de son JÄP, la Veuve SCHTIVEL, trouve un nouveau compagnon. Un vieux mineurs de PETITE-ROSSELLE, qui a une "belle pension" et une vieille "Aronde" noire. Chez lui, on l'appelle "Le SEPP".
Parvis de l'église St. Joseph à SCHOENECK, 9h30, un beau dimanche de Mai 1960.
Frau SCHTIPPEL (Vamp N°1) :
- Mais qui aurait pensé çà ! Le JÄP n'est qu'à moitié bouffé par les vers et sa veuve a déjà un nouveau copain. Mais j'aurais honte. C'est pas possible !
Madame HUDDEL (Vamp N°2) :
- Mais c'est sûrement une histoire de pension, Frau SCHTIPPEL
V.1, nostalgique :
- Pourquoi une simple histoire de pension. C'est peut être une belle histoire d'amour..
V. 2 :
- Mais vous êtes dingue Madame SCHTIPPEL ! A cet âge là on arrête les âneries amoureuses, et on commence à compter !
V.1, rêveuse :
- Moi aussi j'aurais aimé être amoureuse, mais mon mari me l'a interdit. Alors j'ai arrêté de chercher...
V.2, péremptoire
- Vous avez bien fait, parce qu'avec votre tablier et vos bigoudis, vous n'auriez trouvé personne !
V.1, mélancolique :
- Si seulement vous saviez combien de fois j'ai rêvé d'un bel homme, qui me déclamerait des poésies dans une belle voiture.... Mais je n'en demande pas plus Madame HUDDEL, cà me suffirait.
V.2, les bras en l'air :
- Et pourquoi pas avec un Chien Berger Blanc en pyjamas rose sur le siège arrière !! Mais vous êtes complètement givrée Madame SCHTIPPEL !!
V.1, pernicieusement :
- Mais vous étiez amoureuse aussi au début de votre mariage. Juste avant que votre bonhomme fiche le camp avec une fille des "baraques de la Ferme". Les gens disaient que c'était une Polonaise...
V.2, très énervée :
- Nooon ! pas une Polonaaaiiise, mais une petite "RITAL", une "MACARONI" avec une grande gueule, des gros nichons et des cheveux noirs. Que le Diable emporte les étrangers !
V.1, très salope insiste :
- Et qu'est-ce qu'ils sont devenus ces deux là.... donc ?
V.2, excédée :
- Mais qu'est-ce que j'en sais. Tout ce que je peux vous dire, c'est que la "RITAL", au lieu de faire son ménage, s'est mise à étudier et mon LOUIS, ce chameau, n'a rien dit.
Je crois que cette fainéante doit être Instit. ou Prof. dans un Lycée de Metz. Heureusement qu'ils n'ont pas eu d'enfants, parce qu'elle les aurait pourri aussi avec ses bouquins.
V.1 :
- Moi, je l'ai toujours dit, les livres ça rend les gens bêtes et stupides ! Vous avez qu'à regarder notre Curé. Toujours la Bible à la main et rien ailleurs...
V.2, étonnée :
- Comment çà, "rien ailleurs", Madame SCHTIPPEL ?
V.1, énervée :
- Mais sous la Soutane ! Si vous ne comprenez pas ça, je ne peux plus vous aider !
V.2 :
- Mais comment vous savez tout ça ? Notre Curé est tout de même un bel homme, gentil et courtois. C'est pas possible ce que vous racontez.
V.1, chuchotte à V.2 :
- C'est la HILDEGARDE qui me l'a dit. C'est pas pour rien qu'elle va toujours à confesse, quand il fait sombre dans l'Eglise...
V.2 :
- Ohh... doux Jésus, je ne savais pas que HILDEGARDE était si pieuse !
V.1, re-bras en l'air :
- Parfois je me demande si vous n'êtes pas un peu "demeurée", Frau HUDDEL. Mais si vous saviez ce que je sais, vous feriez sûrement moins l'imbécile. Dans notre village, il se passent des choses pas très propres...
V.2 :
- Mais qu'est-ce qui arrive dans notre si "JOLI COIN" ? A moi vous pouvez tout dire, je suis la discrétion même...
V.1 :
- Il paraît que le FRITZ, vous savez l'ivrogne, ben le FRITZ il raconte dans tous les bistrots que votre fille la MARYLOUISE, serait enceinte de lui. Je vous avais pourtant déjà prévenu que votre gamine filait un mauvais coton !
V.2, à peine étonnée... soucieuse :
- Encore enceinte notre MARYLOUISE ?
Pourvu que ça ne vienne pas aux oreilles du Curé ! Va falloir qu'on paye la "Faiseuse d'Anges" encore une fois. Comme l'année dernière , lorsqu'elle est revenue de vacances.
Je lui ai pourtant déjà dit cent fois de se méfier des hommes. Ils ont tous le cœur dans le pantalon et le pantalon sur les genoux, nom d'une pipe !
Bon sang les enfants ne sont que des ennuis et des problèmes. Notre MARYLOUISE, ressemble à son père et comme on dit : "Les chiens ne font pas des chats" !
Attendez que je rentre ce soir, je m'en vais la chapitrer, elle va m'entendre celle-là !
Enceinte par le FRITZ, mais c'est un trisomique garanti ! Que vont dire les gens ?
Les cloches sonnent, elles montent les marches de l'Eglise pieusement, têtes baissées.
V.1, soupire en regardant le beau "SUISSE D' EGLISE" :
- Mon Dieu comme l'uniforme va bien à notre "SUISSE". S'il n'était pas marié, je ne dirais pas non...
Arrivées sur le Parvis elles attaquent un autre sujet... il y a tant à dire...
- Madame HUDDEL, je voulais encore vous demander : Est-ce que vous avez entendu parler de cette histoire du "ROULEAU DE LA MARE"...?
- Mais bien sûr Madame SCHTIPPEL, c'est près de ce vieux "ROULEAU" en béton que se retrouvent les jeunes de la "Ferme".
Le Clément des KELLER d'en bas du Village en fait partie et, Dieu sait, qui encore...
Même des filles y vont le soir à la tombée de la nuit. Vous vous rendez compte ? Et tout ça pas loin du Bois !
Ah, si le saule pleureur et les haies qui sont autour, pouvaient parler... Mon Dieu, on en saurait des choses sur toute cette jeunesse en danger...
Moi je me demande toujours ce qui se passe vraiment près de ce "ROULEAU", avec tous ces étrangers des baraques qui ne parlent même pas le Platt !
- Ah, Madame HUDDEL pendant que j'y pense, vous ne savez pas si le nouveau copain de la Veuve du JÄP, ce "SEPP de ROSSELLE", n'est pas ami du FRONZ qui se vante d'habiter la "plus belle rue du monde" ?
Parce que ce Casanova là, il m'a fait la cour un soir au bal chez "SOMMER". Mais je l'ai envoyé promener. Un ROSSELLOIS, mais chuis pas encore folle quand même !
Bon maintenant c'est l'heure de rentrer à la messe, si on veut retrouver les meilleures places, juste devant l'Autel.
Elles entrent dévotement.
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Octobre 2018
Les "RÄTSCH", je les ai baptisés "VAMPS" dans mes récits, car leur ressemblance avec un duo d'humoristes féminins bien connu, est flagrante à mon avis.
Je suis sûr qu'au Purgatoire, où elles séjournent depuis quelques années, elles mettent une ambiance d'Enfer.
Leur remplacement a été immédiat, car d'autres "RÄTSCH" se sont révélées très compétentes immédiatement et ce, sans la moindre nécessité de formation.
À SCHOENECK, le temps est à l'automne.
Dans une clairière de l'ancienne "FERME", le CLÉMAU, le CHAN-LUCIEN oun de WALDA installent le "Disque Dur" de leur jeunesse...
Mais il a une forme bien étrange... On dirait un "ROULEAU".
Cherchez pas, c'est lui la vedette de la future place Joe/Wiki SUROWIECKI... Fronz
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Un jour dans la mineAlarme citoyens !
(Suivi de : Engagez vous qu'y disent...)
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