Abel Denis : Souvenirs scolaires
TÉMOIGNAGE 1 :
L’école, moi et ma colère
Élève moyen aimant m’instruire, tantôt 1er, tantôt des prix, beaucoup de prix et UNE colère.
A l'école primaire de mon village de Schoeneck, notre instituteur (M.Schmidt), nous demande d’écrire une ligne de « L »majuscule. Une fois la ligne terminé nous pouvons rentrer chez nous.
Bien sûr, un 1er de classe (sur 6) se doit d’être le 1er à rendre la copie.
Je me dépêche et là pose sur le bureau prêt à bondir sur la porte.
Il me dit :
- Ce sont des S majuscule.
Je maintiens que c’est lui qui a tort, je persiste et il me donne 10 lignes à copier.
« Pas question », je prends la porte, il me bloque et « 4 pages et tu ne sortiras pas avant, j’ai tout mon temps ».
De colère je jette tout mon matériel dans la classe et vais m’asseoir au fond de la salle, persuadé que ce qui m’arrive est injuste et que je ne céderai pas.
L’horloge tourne, mes copains sortent et nous voilà seuls.
Je reste assis, persuadé d’avoir raison mais comment faire pour me dépatouiller de cet imbroglio ?
Je pense que M. Schmidt devait se poser la même question. Arrive ma « mère ». Pleurs, morale, rien n’y fait, c’est lui qui a tort pas moi !
Arrive le secrétaire de Mairie (le n* 1 du village avec le curé) je lui raconte l’injustice subie.
Il m’écoute puis d’une voix douce me dit « peut-être qu’il a raison » je commence à douter de ma certitude. Puis le n°1 se tourne vers l’institut et dit :
- Il pourrait peut-être assister à notre première projection et donner son avis ?
- Bonne idée, dit M. Schmit.
Il termine les corrections puis se dirige vers moi, soigne ma main écorchée pendant ma colère, puis me dit :
- Il ne faut pas se fâcher ça ne sert à rien…
Et me voilà, moi devant l’écran, derrière, mon instituteur, le secrétaire et le curé, les 3 personnalités de notre petite commune.
Après la projection (Félix le chat suivit d’un film pour nous sensibiliser sur l’hygiène) on me demande mon avis.
- C’est bien ils peuvent regarder...
J’étais fier, ils avaient besoin de mon avis et ce soir-là j’étais devenu le n°4 des personnalités du village 'selon moi'.
Oui mais voilà, il fallait rentrer. J’arrive à la maison, mon grand-père est assis en bout de table, mon repas est posé en face de moi, nous sommes seuls.
Il me montre la chambre, j’y vais sans manger, sans pleurer et le lendemain à la récré, les copains de classe :
- T’as pas fait la punition ?
- Non, je ne l’ai pas faite
En classe lors de l’appel, je me lève, pose 4 pages sur le bureau.
- Si c’est faux maître, je recommencerai...
Jetant un regard furtif sur une feuille : c’est bien. Puis il continue l’appel.
Aucun de nous deux n’a perdu la face. Les autres ? Bof... Je ne saurais jamais si c’était des S ou des L et je suis resté 1er de classe.
La pédagogie ? Ce mot n’était pas utilisé mais hormis quelques rares brutes, elle était pratiquée.
Mes colères ? Ayant dû quitter le lycée à contrecœur, (malheur à qui ramène une mauvaise note en conduite !), j’avoue et regrette d’avoir envoyé la pédagogie au diable.
Pour le reste j’ai fait de mon mieux « pédagogiquement ».
Mais, ne me demandez jamais de faire un S ou un L majuscule, vous risquez une plainte pour harcèlement mental. Amicalement, Denis Abel.
TÉMOIGNAGE 2 :
Mon instituteur, un pédagogue en avance sur son temps
Si j’ai profité de Nostalgia (trop bien ce site) pour vous raconter dernièrement ma colère, je me dois de vous raconter également mon hommage au même instituteur, M. SCHMIDT.
Il m’arrive souvent de parler de lui à mes petits-enfants. Pourquoi ?
Bien sûr il enseignait comme d’autres mais, les samedis après la récré il était « hors cours ». Mr Schmidt nous expliquait alors le « monde » en adaptant sa « pédagogie » à notre capacité de compréhension.
D’abord situons l’époque : nous venions de sortir de la 2ème guerre mondiale et l’Europe devait tout d’abord se reconstruire.
Voici, entre-autre, ce que je retiens de ses « hors cours » :
La Bourse - Les actions – Explications :
Vous fabriquez un produit qui se vend bien vous voulez agrandir votre entreprise mais voilà vous n’avez pas assez d’argent donc vous proposez qu’on vous prête de l’argent moyennant des gains possibles etc...
Les années ont passé le monde a changé au point que la puissance de l'actionnariat peut devenir une des causes des crises, tuer les petites entreprises et provoquer des licenciements.
M. Schmidt ne pouvait, hélas, prévoir le futur. J’en profite pour citer le philosophe Wilhelm Friedrich Hegel :
« Les hommes font l’histoire mais ne savent pas l’histoire qu’ils font »…
Je ne jongle pas avec les actions mais suite à ce « hors cours », souvent lors d’un événement, je regarde les cours de la bourse en suivant les événements.
Exemple, le Coronavirus : un discours politique a suffi pour faire chuter les cours de la bourse….
Merci monsieur Schmidt, à chaque fois que j’explique à mes petits-enfants ce principe, votre nom figure dans mes explications
Une autre fois, un samedi à quelques minutes de la fin il nous demande d’écrire une phrase avec le mot « soudain ». Le lundi en souriant il nous dit : « Vous avez marqué beaucoup de buts ce dimanche » ?
Un autre Samedi, M. Schmidt a ramené une boîte bizarre, l’a ouverte, en a sorti un violon et a joué une merveilleuse mélodie.
Il me semble que c’était « le vol du bourdon » du grand Rimski-Korsakov
J’étais fasciné et, dans mon cœur, le trombone a laissé la place au violon qui continue toujours à me fasciner.
En passant, je vous propose un intermède sur la chanson « Paris s’éveille ».
Si les paroles évoquent bien le titre, alors, fermez les yeux et écoutez le passage avec la flûte traversière…
Pour moi, c’est un oiseau qui chante Paris ensoleillé le matin. Et pour vous ?
Cher M. Schmidt, j’ai été responsable d’une école de musique, une de mes filles est devenue clarinettiste et ses deux enfants sont également musiciens (trompette et saxo).
Ce n’est ni par vous, encore moins par moi qu’ils ont hérité de cette sensibilité musicale, c’est à ma femme qu’ils la doivent, laissons l’église au milieu du village...
Soit, je n’ai pas de violoniste dans la famille mais ce n’est pas grave car à chaque son de violon je pense à vous.
Merci Monsieur Schmidt et merci aussi Clément je sais que mes textes sont longs.
Je termine sur un essai d’humour.
Étant nul en orthographe (pas de logique selon moi), au lycée mon professeur de français a écrit :
« Qu’elle imagination débordante bravo, mais que de foooootes » !
Si vous avez eu la patience de me lire, MERCI. Denis ABEL, enfant de Schoeneck.
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