Denis Abel : Une occasion en or
Manfred, notre voiture, Dédée qui riait et moi.
Avant de raconter cette histoire, situons l’époque :
J’étais en instance de divorce, avec 2 enfants confiés à la mère qu’elle laissera chez mon ex-belle-mère pour disparaître on ne sait où…
En attendant la fin de stage pour partir dans la Sidérurgie, je logeais chez ma cousine Dédée et chez Manfred le héros de cette histoire.
Il faut savoir que j’avais le permis et que lui essayait de le passer.
Comme bien souvent, Manfred avait une idée géniale « Ché Bein vrai çha » comme dirait la mère Denis.
Notre génie trouve une « Dauphine occasion en or » et, sitôt dit, sitôt fait, achète la voiture.
En attendant qu’il ait son permis, c’est moi qui conduis et je dois dire qu’en dehors de l’armée, cela faisait 6 ans que je n’avais pas conduit de véhicule automobile…
Une fois au volant de la bonne occasion en or, 1er malheur :
Au début, je ne roulais pas droit et, chaque fois qu’une voiture nous croisait, je m’arrêtais et essayais de me ranger sur le côté.
Manfred disait « gib gaz !» (accélère !), Dédée riait à l’arrière, et moi j’attendais…
Le monstre me faisait rouler, rouler et, à la fin tous les deux se moquaient de moi.
Une fois de retour, j’entendais régulièrement « gib gaz »… Cela les faisait rire et, comme si ça ne suffisait pas, ils colportaient l’histoire aux cousins, cousines et à tous leur entourage.
Finalement, au bout de quelques jours, il me semblait que je devenais un conducteur comme les autres, c’est en tous cas ce que je croyais car un deuxième malheur allait arriver…
On c’était fait rouler car l’occasion en or consommait plus d’eau que d’essence, mais comme rien ne nous arrêtait, on roulait avec un Jerrican de réserve plein... d’eau.
Arrive la Saint Silvestre et la neige. Après le festin de fin d’année bien arrosé, nous ramenons nos cousins et un Jerrican à la cité Stéphanie.
Saoul comme une bourrique (notre plein à nous), nous faisons le « plein d’eau » chez eux et, au retour, l’alcool et la neige aidant, inévitablement, le fossé nous attendais…
À l’époque le seuil d’alcoolémie de 0,6 % n’existait pas ni le slogan « boire ou conduire », par contre, notre Dauphine occasion en or semblait le connaître car elle nous a rapidement mis en sécurité dans un fossé.
On l’a laissé dans le fossé et nous sommes rentrés à pied en titubant avec le Jerrican vide (c’est nettement plus léger !). Malgré quelques chutes sur le chemin du retour, il nous reste de bons souvenirs et des rires lorsque nous pensons à notre « Dauphine occasion en or » !
J’en ris encore en écrivant ces lignes…
Une fois à la Sidé dans un appartement, (entre temps je me suis remarié avec Anne-Marie) nous avons continué à nous voir.
Un jour, Manfred et moi sommes partis à Thionville acheter un gâteau, et, au retour, sur une belle ligne droite, je double un bus, mais un camion arrive en face.
Je fonce, mon Manfred se fait tout petit, je me rabats, le regarde, il se redresse, sueur au front, et je lui dis ironiquement « Gib gaz » !
Explosion verbale pendant toute la durée du parcours, puis, de retour à l’appartement, je lui dis crânement : « vas-y, raconte ta peur aux cousins » !
J’avais eu ma revanche, mais j’avoue avoir été inconscient et cela sans la moindre goutte d’alcool…!
Quand il racontait cette anecdote, inévitablement il rajoutait « mein Liva Mann !» (Mon pauvre ami ! en patois). C’est ça la formidable amitié.
Hélas, bien des années plus tard notre Manfred décède et, 40 ans après, nos enfants se souviennent encore de lui...
Les dimanches c’était piscine le matin et, l’après -midi, jeux.
Manfred trichait effrontément. Il inventait un nouveau règlement, renversait les pions et déplaçait ceux des enfants.
Dédée, Anne-Marie et moi on se régalait à les entendre se chamailler, les enfants, eux, ne cédaient pas et continuaient impassiblement à jouer...
Je suis même persuadé que nos enfants attendaient Manfred avec impatience pour pouvoir jouer avec lui...
Ce petit récit que je viens d’écrire est plus qu’une simple histoire car pour nous c'est une formidable aventure…
Épilogue :
Je me suis remarié et, après bien des péripéties, nous avons eu 4 enfants.
Nous fêterons nos noces d’or cette année avec le regret que Manfred et Dédée manqueront à la fête, mais nous aurons une tendre pensée pour eux.
Salut les ami(e)s !
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