NOSTALGIA, le Blog qui fait oublier les tracas

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Abel Denis : Souvenirs d'enfance (3)

Un petit bout de femme nommé Boehmlénsche.

Orthographe non garantie, je pense que c’était son surnom, mais peu importe, nous l’aimions à notre façon. Il y avait plusieurs façons d’aller dans son petit magasin situé à quelques pas de l’autre côté de la frontière.

- Par la route classique menant vers Gersweiler.

- Par la butte au bout du terrain de foot qui rejoignait la route

- Par la prairie à droite du terrain de foot. Non pas pour éviter la douane mais parce que c’était le chemin le plus court.

Souvent, après le match de foot, les copains et moi, tantôt martyr dans les but tantôt spectateur, allions par la prairie voir la Boehmlénsche pour acheter des cigarettes pas chères que nous nous partagions équitablement.

Pour ma part, ce qui m’attirait vers ce bureau de tabac, c’était qu’enfin, j’avais trouvé plus petit que moi car la Boehmlénsche était ce que l’on appelle aujourd’hui une « personne de petite taille » et que nous appelions à l’époque une « naine ».

Mais il faut dire que jamais nous ne sommes moqué d’elle car elle était notre Boehmlénsche… Voilà ma petite histoire digne de notre petite bout de femme

C’est en lisant le récit de Chantal racontant son passage de la frontière (1) que l’envie m’est venue de parler de notre petite vendeuse.

Voilà ! C’était une toute petite histoire en souvenir d’elle…

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Casserole et rouleau à pâtisserie.

Je revenais de Schoeneck pour rentrer chez moi à  la Ferme de Schoeneck. Alors que je longeais la forêt, soudain en jaillit un homme déjà assez âgé (70 ans).

Je lui dis bonjour. Il vient devant moi pour discuter, et poliment, je lui réponds.

Il commence à me questionner sur ma sexualité d’ado et me vante certaines pratiques solitaires (vous m’avez compris)…

Gêné, je voulais rentrer mais il reste devant moi et insiste longuement...

Et c’est à ce moment là que la maman de Berti Muller, la Kètche qui observait la scène, appelle sa voisine puis m’interpelle :.

Denis rentre ne reste pas avec lui

Lui :

Allons, laisse les causer !

Kètsche :

Laisse le jeune tranquille sinon on vient…

Lui ne bouge pas et continue de me parler.

Et là je vois notre Kètsche et son amie rentrer chez elles puis ressortir et venir vers nous d’un pas décidé armées d’une casserole et d’un rouleau à  pâtisserie…

Inutile de dire que l’énergumène prend la fuite aussi vite que son âge le permets...

Merci Kètche et merci à ton amie. Je raconterai cette histoire à mon cousin germain Berti que je salue ici en regrettant qu'il manque une photo de cette scène. 

Si un magicien peut me faire retourner dans le passé, rappelez-moi que je n’oublie pas de prendre mon appareil photo avec moi !

 

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L 'église de Schoeneck réputée pour son architecture ( Photo Bulletin municipal)

 

L’Abbé Freund.

Julien Freund était, selon moi, un curé formidable.

Je me souviens lors d’un prêche il a dit, les yeux embués en s’adressant aux fidèles :

« Vous aurez votre Église, je m’y engage » puis il a proposé une participation au projet, que l’on soit croyant ou non.

À l’époque nous n’avions pas la notion du patrimoine et pourtant, merci l'abbé Freund, tu as su créer un élan commun pour rendre au village son patrimoine.

Notre curé achète un vieux fourgon et, portes grandes ouverte, nous écumons le village et les alentours pour ramasser de la ferraille que nous y entassons tant bien que mal. (2)

Souvent on entendait le fourgon pétaradant dans les rues du village et cela faisait sourire.

Bien sûr les sommes récoltées n'étaient pas suffisantes et l'argent versé au titre des « dommage de guerre » a fait le reste.

Mais notre village y a apporté sa part ce qui n’a pas toujours été le cas pour d’autres églises…

A ce sujet, je me souviens de quelques anecdotes :

Nous avions constaté que dans les vergers traînaient bien souvent des ferrailles comme par exemple de vieux poteaux à linges. Dans ce cas, pas d’hésitation, on s'arrêtait et hop... dans le camion…!

Que voulez répondre à un enfant lorsqu’il dit : « mais je l’ai fait pour Dieu !»

L’anecdote suivante m’a été rapportée par un témoin oculaire et je ne peux raconter que ce que j’ai entendu.

Un jour, (avant que « Popol » Fellinger ne devienne Maire du village) les grands « ramasseurs » ont démonté les « nez de marche » de l’ancienne Mairie, et mis dans le fourgon.

Monsieur le Maire, n’étais évidemment pas content et ça peut se comprendre !

Que voulez-vous, nous étions pris d’une sainte folie et considérions que ce n’était pas du vol quand c’était pour Dieu, et, récompense suprême à nos efforts, selon le journal local, une photo de notre église a même été exposée dans un musée en Angleterre pour son architecture hors du commun.

Bien plus tard, des dames du village m’ont rappelé qu’elles ramassaient également de vieux chiffons pour participer à l'opération reconstruction de l'église. 

En écrivant ces lignes, je viens de me rendre compte que notre curé était en avance sur son temps, puisque aujourd'hui, 60 ans plus tard, on pratique le recyclage.

Si un jour on nous annonce qu’il en était « l’inventeur » ne le niez pas, c’est peut-être vrai car pour lui, impossible n’était pas Français.

Dernier petit "souvenir", un jour, dans notre village est arrivé un yougoslave réfugié politique du temps de Tito.

Freund lui a donné un local situé sous l’église et il y a fondé un club de jeunes.

Ce Yougoslave m’a appris à jouer aux échecs, passion que j’ai transmise à tous mes petits-enfants. Aujourd’hui je ne les défie plus car ils me battent !

Quelqu’un se souvient-il du nom de ce réfugié ? Si oui, merci de me le rappeler…

Décidemment, il était « fortiche » notre abbé Freund et, si vous avez d’autres anecdotes à rajouter, ne vous gênez pas ! (3)  Abel Denis

 

(1) Pour lire le récit de Chantal, cliquez ICI

(2) Mon grand-père paternel Adolphe Klassen, ancien 'suisse' à l'église du village a également activement participé à ces ramassages en compagnie du curé Freund  (C. Keller). 

(3) Lire également le très beau récit de notre ami RJA : Souvenirs d’un enfant de l’après guerre

 

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28/11/2020

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