Nos ami(e) racontent : Chantal Faber
Le passage à tabac… Pardon, le passage du tabac
J'ai lu toutes vos histoires avec les douaniers, et j'ai également une petite anecdote à raconter.
A l'époque, les parents nous envoyaient facilement faire des petites courses dès notre plus jeune âge. On n'a jamais fait de mauvaises rencontres, les villageois se connaissaient, il y avait encore peu de voitures et on ne risquait rien.
Mon père, comme beaucoup d'hommes de l'époque, fumait beaucoup, et habituellement roulait ses cigarettes. Mais il aimait aussi les cigares. Aussi, à Noël, à la fête des pères, ou pour toute autre occasion festive, son cadeau était tout trouvé. Il était de tradition que chaque personne de la famille lui offre des cigares.
Ce qui faisait en tout une bonne dizaine de boîtes qu'on allait bien sûr acheter chez la Laynsche, le tabac situé de l'autre coté de la frontière. Mais comme il y avait la douane, qui était désigné pour cette mission délicate ? Ben c'était moi !
Un jour, je devais avoir 8 ou 9 ans, je suis passée avec mon grand sac devant le monsieur douanier, qui a bien dû regarder où j'allais comme ça. ..
J'ai fait mes petites emplettes, 10 ou 20 cigares par boîte, une dizaine de boîtes, ça commençait à compter... Moi l'innocente, on me faisait tranquillement faire de la contrebande...
Je ne devais pas avoir l'air si innocente que ça, car au retour, un douanier un peu plus pointilleux et sans pitié pour mon jeune âge, m'a demandé d'ouvrir mon sac… Catastrophe ! Je me souviens très bien du sentiment de honte et de peur mélangés ! Mais c’était un douanier gentil et il m'a tout simplement demandé de retourner d'où je venais pour rendre ma marchandise. Ce que j'ai fait !
La naine (ou plutôt la personne de petite taille !) devait avoir l'habitude car sans un mot elle a tout repris et remis sur les étagères.
Quand je suis rentrée à la maison, j'ai raconté ma mésaventure, et j'ai surtout fait part de mon mécontentement et de ma décision irrévocable de ne plus jamais être celle qu'on enverrait acheter des cigares ! Je ne sais d’ailleurs pas si mon père a eu ses cigares en cadeau cette année là…
Sinon, je pense que tout le monde se souvient qu'on allait parfois acheter nos vêtements à Sarrebruck, puis on passait par la forêt (Gerswillergraave) on prenait le bus pour la ville et on revenait de la même façon. Et dans la forêt, on mettait tous nos habits sur nous en plusieurs couches.
Mais là, nous n'avons jamais eu de mauvaises surprises…
Jusqu’à mes 6 ans il n’y avait pas beaucoup de maisons dans la rue Clémenceau. Durant ma petite enfance, la route s’arrêtait après la maison des Theisen et se terminait par un long chemin de terre.
Mes frères étaient beaucoup plus âgés que moi, et je m’ennuyais, car il n’y avait personne de mon âge parmi les plus proches voisins. Mais 2 maisons avant la nôtre, se trouvait une baraque où résidait la famille B…. Je me rappelle particulièrement de 2 des enfants, Yasmina qui avait un an de plus que moi, et Farid qui avait mon âge. Comme les prénoms l’indiquent, le père était algérien, et la mère, d’origine allemande, était une frêle jeune femme blonde, qui ne souriait pas beaucoup et paraissait totalement effacée et craintive. Et pour cause ! Dans le quartier, la famille se faisait régulièrement remarquer car, à intervalles réguliers, le père battait femme et enfants, et les murs de la baraque tremblaient sous les coups sourds et les cris de toute la famille.
Yasmina était plutôt gentille et bonne camarade, mais Farid était une petite peste et, malgré les mises en garde de mes parents et de mes frères je me suis mise à jouer parfois avec eux.
Je fais une petite digression dans mon histoire pour revenir à un souvenir de notre oncle Joe qui a parlé un jour de ce magasin qu’il avait découvert lors de sa première promenade à Forbach. Il se trouvait sous les arcades vers le bas de la ville, et Joe le gamin venu des camps de transit allemands avait été fasciné par les accessoires de pêche, les armes et toutes sortes de choses.
Je me souviens parfaitement de ce magasin qu’on fréquentait régulièrement. On y trouvait aussi de la coutellerie et il me semble d’ailleurs que les couteaux que ma mère achetait, étaient de la marque Duroc (*). Je me demande même si ce n’était pas le nom du magasin. Peut-être que quelqu’un pourra confirmer. On y achetait les petites cartouches pour notre carabine ‘flobert’, avec laquelle mes frères tiraient sur des boîtes au fond de la cour ou sur les souris dans le poulailler. Un jour j’ai participé à cette chasse aux souris avec un de mes frères, et j’ai le souvenir du bruit des tirs qui résonnaient dans cet endroit confiné. Et on m’aidait aussi à tirer sur les boîtes
Chaque fois que ma mère allait acheter quelques nouveaux couteaux, j’avais droit à un camion miniature de la marque Majorette, dont les modèles à l’époque étaient entièrement en fer. Ce magasin, véritable caverne d’Ali Baba vendait également ce genre d’articles, et ce, pour mon grand bonheur. Ma passion à l’époque, c’était les petits camions et les petites voitures qu’on trouvait dans les boites de lessive de la marque Bonux. J’en possédais pas mal d’exemplaires et de beaux petits camions que je regrette d’avoir donnés ensuite… Bref, j’avais pas mal de jouets et j’étais plutôt gâtée. J’avais aussi un landau avec des poupées alors que mes petits voisins eux, n’avaient pas grand-chose et nous nous amusions donc avec les jouets que je ramenais à l’extérieur.
Devant la maison, là où se trouvent actuellement les ateliers communaux et le lotissement de l’impasse des cerisiers, nous avions un grand champ, qui allait jusqu’au mur du cimetière qui se trouvait à quelques mètres bien en contrebas de la route. C’était aussi notre terrain de jeux favori et, de par sa déclivité, cette portion de terrain servait également de piste de luge en hiver, car c’était une pente bien raide.
Bien souvent, alors que nous étions tranquillement en train de jouer, Farid ne trouvait rien de mieux à faire que de balancer les camions et le landau avec les poupées dans le ravin puis de s’enfuir à toutes jambes. Ce petit jeu s’est reproduit plusieurs fois et moi bien sûr, je rentrais à la maison en hurlant.
Mes parents ou mes frères allaient chaque fois récupérer mes affaires et régulièrement on m’interdisait de jouer avec ces voisins trop turbulents.
Un jour, mon frère Roland est passé en mobylette devant leur maison alors que Farid jouait au bord de la route. Il s’est arrêté pour lui faire des remontrances, et lui a légèrement tiré les oreilles ou mis une petite tape, je ne sais plus trop bien, en tous les cas rien de bien méchant. Farid est rentré à toute vitesse à la maison, pour aller se plaindre chez lui.
Et la meilleure, le père qui tabassait toute la famille à tour de bras, est allé porter plainte à la police ! Quelle ne fut notre surprise de voir débarquer quelques jours plus tard, deux policiers venus demander des comptes à mon frère ! Ils lui ont même collé une amende qui devait être de 50F je crois. Mon frère s’est mordu les doigts d’avoir voulu me défendre, surtout que je n’en faisais qu’à ma tête. Malgré toutes ces péripéties, j’ai continué à jouer parfois avec eux, ce qui provoquait inévitablement quelques disputes à la maison.
Heureusement un petit voisin est venu habiter en face, avec qui je me suis merveilleusement bien entendue et j’ai pu jouer avec lui pendant des années.
A partir de ce moment, j’ai arrêté de jouer avec les enfants B… et 5 ans plus tard, ils ont déménagé et je ne les ai plus jamais revus.
Jean-René, surnommé Johnny, mon cadet d’un an et ami d’enfance, le jour de ma communion privée. Grâce à Facebook, j’ai pu retrouver cet ami que j’avais perdu de vue.
Il est expatrié, et habite Montréal maintenant.
(*) Le magasin s'appelait bien Duroch Th.
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