NOSTALGIA le Blog qui fait oublier les tracas

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Edith Samiec-Newman : Premiers souvenirs (3)

Les remèdes de bonne femme de ma grand-mère.

Lorsque nous étions enfants, dans les années 50, on n’allait pas souvent chez le médecin.

La plupart des petites ‘maladies’ étaient soignées par nos parents ou grands-parents à l’aide de ce que l’on appelait des remèdes de bonne femme. Ainsi, lorsque nous étions enrhumés par exemple, Oma (grand-mère) nous frottait le dos et la poitrine avec de la graisse d'oie.

Je détestais l'odeur de cette graisse et la désagréable sensation des vêtements qui collaient ensuite à la peau. Lorsque nous avions mal à la gorge, on me faisait également avaler une cuillerée de cette même graisse d’oie qui était apparemment un remède universel… Beurk !

Lorsqu’un jour, Oma remarqua que j'avais deux petites verrues sur l’auriculaire de la main gauche, elle me conduisit aux trois étangs et se mit à la recherche d’un petit escargot.

Elle en trouva un rapidement au bord de l’eau, le ramassa et le déposa délicatement sur ma main en m’expliquant qu’il allait laisser une belle traînée de bave sur mes verrues et que cela allait les faire partir.

Cette méthode étrange et gluante ne m’inspirant pas confiance, je me suis mise à hurler, pris les jambes à mon cou et m’enfuis, laissant l’escargot sur place mais gardant mes deux verrues intactes. Quelques jours plus tard, alors que grand-mère était occupée à remplir le seau à charbon, elle s’avança soudain vers moi, tenant un gros escargot noir dans la main.

Lorsque je vis cet énorme gastéropode, je me suis une fois de plus enfuie sans demander mon reste.

Comme vous l’avez sans doute deviné, quelques années plus tard, quand nous avons quitté la Ferme de Schoeneck pour partir nous installer aux Etats-Unis, j’avais toujours mes deux petites verrues à l'auriculaire et j’avais toujours une peur maladive des escargots…

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Selon ma grand-mère qui était d’origine allemande, il était essentiel d'être habitué à faire ‘comme les grands’ dès le plus jeune âge. Dans les baraques, les WC étaient à l’intérieur et se résumaient à un siège, fait d’une planche en bois avec un trou qui donnait directement sur une fosse située quelques mètres plus bas. Je me souviens que grand-mère me tenait au-dessus de cet orifice d’où montaient des effluves malodorantes et cela me causait des frayeurs indescriptibles.

Je compris rapidement qu’en ce qui me concernait, il était bien plus agréable et surtout plus simple d’aller faire mes besoins à l'extérieur, dans un petit trou dans le jardin.

Ce n’est qu’après une fessée que je compris qu’aller me soulager à l’intérieur, perchée au-dessus de ce trou malodorant n’était pas un choix mais une nécessité dictée par ce qu’on appelait la civilisation et l’hygiène...

On m’a également fait comprendre qu’il ne fallait pas faire 'pipi' au lit pendant la nuit, surtout lorsque je partageais le lit avec grand-mère !

La punition, lorsque cela arrivait, consistait à porter le slip souillé sur la tête, debout sur le perron de la baraque afin que toute la rue puisse voir que je 'faisais' encore dans le lit.

La méthode était certes discutable, mais le problème était résolu. En ce temps-là, les adultes n’avaient pas encore lu les ouvrages de la grande pédopsychiatre Françoise Dolto et ne savaient pas que la prise de conscience de son propre corps était une étape de la structuration du sujet et de l'individuation.

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Oma et papa n’avaient pas toujours la même vision des choses et parfois il leur arrivait même de se disputer. Un jour, après avoir compris qu'il valait mieux faire pipi au-dessus du trou malodorant que dans le jardin (fessée oblige !), je suis entrée dans la cuisine pendant que ma Oma lavait à ‘quatre pattes’ et à grande eau le plancher. En plein travail, elle s'est immédiatement tournée vers moi et a crié "Edith Geh Raus!" (va dehors Edith !).

Mon père, en entendant cela, s'est mis en colère et m'a ramenée à l'intérieur tandis que Oma me tirait vers dehors. Malheureusement, tous deux tirèrent si fort, chacun de son côté qu’ils me déboîtèrent l’épaule…

Complètement affolé, papa m’a portée jusqu’à son vélo, m’a placé dans le panier dans lequel il me promenait habituellement et m’a emmené à toute vitesse à l’hôpital le plus proche.

Je me demande encore aujourd’hui ce que le médecin de service a dû penser en me voyant arriver dans cet état…

Tout cela peut paraître terrible aujourd’hui et on parlerait peut-être même de maltraitance.

Sachez simplement que grand-mère, papa, maman ainsi que tous les autres membres de la famille m’aimaient sincèrement autant que je les aimais. 

Si ce modèle éducatif rustique, voire primitif, peut choquer aujourd'hui, je peux sans crainte affirmer ici qu'ils l'appliquaient uniquement pour notre bien et sans jamais penser à mal...

Que voulez-vous, autre temps, autres mœurs ! 

La vie à la campagne

Être jeune et vivre à la campagne donne aux jeunes enfants l'occasion unique de se rapprocher de la nature. Voir et sentir la terre, sa faune, sa flore, reconnaître les empreintes des animaux sont autant d’informations gravées pour toujours dans le cerveau. Des choses simples telles une haie de dahlias plantés le long d'une clôture, une marche dans la forêt, une senteur d’humus, un parfum de fleurs ou la vision d’un paysage bucolique me ramènent toujours vers mon enfance à la Ferme de Schoeneck…

Il me reste des souvenirs du poulailler et de l’échelle par laquelle je grimpais, gamine, pour m’isoler dans cet endroit loin des bruits du quotidien et de la famille. 

La chaleur, l'obscurité de l’endroit et le doux gloussement des poules apaisaient mes nerfs et m'endormaient. Il m’arrivait même de prendre et de manger un œuf, encore chaud, juste après qu’une poule l'eut pondu.

Un soir, ma sœur Jeanne et moi jouions dans la cour derrière la baraque, et les cochons que nous élevions réussirent je ne sais comment, à s’échapper de leur ‘étable’ et se ruer en grognant dans notre direction…

Nous nous sommes précipités en hurlant sur le banc en bois de bouleau fabriqué par ‘Oma’, notre grand-mère…

Malheureusement ma jambe se coinça entre les rondins de l’assise et je me retrouvais prisonnière et à la merci des cochons en furie.

Attiré par les cris, l’agitation et nos hurlements, Papa et Oma sont sortis en courant de notre baraque...

Oma s’est aussitôt chargée des cochons pendant que papa courut chercher une scie pour découper les rondins du banc afin de me libérer.

Quelle aventure ! Mais, à part une frousse mémorable, nous avons survécus sans dommages à cette soudaine autant qu'inattendue ‘attaque’ porcine…

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Un de mes meilleurs souvenirs en compagnie de ma grand-mère est celui de la construction d’un village miniature qu’elle a entièrement réalisé avec des morceaux de bois sous un immense sapin dont elle avait tout d’abord défriché la base.

Elle nous a fait ramasser des branches d'arbres que nous avons ensuite découpés en morceaux de différentes tailles avec lesquels nous avons construit les maisons, les bâtiments ainsi que la clôture qui entourait ce village miniature. Ce projet ‘pharaonique’ nous a pris des semaines et, au fil des jours, nous nous sommes tellement identifié à la vie dans ce village imaginaire que nous avions l’impression d’en faire partie et que le temps semblait soudain s’être arrêté… Edith Samiec Newman, Schoeneckoise.

 

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Edith Samiec : 60 ans plus tard... Toujours le même sourire !

 


 

 


 

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L'odyssée de Jan Samiec

Premiers souvenirs

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20/01/2018

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