NOSTALGIA, le Blog qui fait oublier les tracas

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Norbert Becker : extraits du livre "Silésie, j'y étais"

  

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(page 28)

Dans les premiers temps, les militaires étaient aimables et corrects avec nous.

Ils nous proposaient même de la vodka. Mais le climat se dégrada vite.

Un Russe ivre, à la recherche d’une compagnie féminine, vint nous importuner.

Nous n’étions pas rassurées... La nuit mon père me tenait par les pieds de peur qu’on m’enlève. Un beau matin les hommes de notre groupe, dont papa et mon frère, ont quitté le camp pour Dieu sait quelle raison et ils ne revinrent pas le soir.

Des Russes se présentèrent le soir même et demandèrent à Marie ADAM et à deux jeunes Ukrainiennes, je crois, de les suivre pour aller, soi-disant, laver la vaisselle.

Quand j’ai revu Marie, elle était dans un état pitoyable. Elle me raconta que les Russes les avaient entraînées dans une cave, sur un matelas, pour les violer. Elle me confia l’avoir été à plusieurs reprises.

Encore un peu naïve, je ne comprenais pas vraiment de quoi il s’agissait...

Marie craignait surtout la réaction de son mari quand il l’apprendrait.

Devait-elle le lui avouer ?

L’une des deux autres victimes avait peine à marcher après les sévices subis.

Un Russe armé d’une mitraillette menaçante fit à son tour irruption dans la salle pour chercher de la compagnie.

Marie serra fort son enfant dans ses bras, tandis que je cachai ma tête derrière son dos. Heureusement, il ne nous arriva rien.

 

(page 53)

Un jour nous avons eu la visite d'un Schulinspektor (inspecteur d'école).

Il était scandalisé en me voyant ne pas effectuer le salut hitlérien le bras levé.

Il m'a pris à partie en me demandant des explications. Je lui ai répondu que ma maman m'avait interdit le salut hitlérien. Il était furieux et m'a menacé de me faire interner dans un camp de redressement.

Cet épisode scolaire ne dura pas longtemps -un mois peut-être- car l'instituteur dut partir.

Ayant attrapé la scarlatine, j'ai été hospitalisé durant un mois à LAUBAN (Luban). J'étais en quarantaine et même lorsqu'il y avait des bombardements sur la ville, je n'avais pas le droit de me réfugier dans les abris en me mêlant aux autres, ma maladie étant particulièrement contagieuse.

Il y eut un heureux événement : maman donna naissance à mon frère Pierre Richard, fin 1944.

L'hiver 1944-1945 fut particulièrement rude. La neige était abondante et le froid mordant.

Je ne sais pas pour quelle raison, mais mes sœurs Marie et Anne furent internées dans un camp de concentration.

Je ne connais pas le nom de ce camp (NdR : neuf camps de travail et de concentration supplémentaires entouraient la ville principale de BRESLAU (Wroclaw) pour servir les géants de l'industrie allemande), ni la période précise de ce séjour très éprouvant pour elles.

Au fur et à mesure de l'avancée des troupes russes, les Allemands se retiraient vers l'Ouest. Lorsqu'ils évacuèrent le camp où étaient retenues mes sœurs, elles s’échappèrent et réussirent à nous rejoindre à TIEFENFURT. Je me souviens qu'elles sont arrivées à la tombée de la nuit, têtes rasées et affamées.

Elles se jetèrent sur nos provisions au point de s'en rendre malades.

 

(page 95, traduction d'un journal de bord sur le chemin du retour)

3 juillet. La première nuit est dernière nous. Résultat : mauvais. Au soir nous nous étions installés avec tant d'espoir... Chacun avait trouvé une petite place dans son wagon. Mais après quelques instants paisibles, nous étions à nouveau tous réveillés.

En effet des punaises grouillaient de partout et qui connaît ces bestioles sait qu'alors c'en est fini de ce merveilleux sommeil. Mais ce mauvais moment est également derrière nous et nous poursuivons le trajet dans l'attente de savoir si nous aurons à manger aujourd’hui.

Hier on nous avait carrément oubliés toute la journée. À présent il est 12h30 et nous sommes effectivement servis ; il y a de la soupe de pâtes et nous sommes tous contents, car nous nous attendions à recevoir l'invariable soupe de millet.

Il n'y en a malheureusement pas beaucoup -un quart de litre par tête- mais nous sommes malgré tout satisfaits, car elle est savoureuse. À présent tout le wagon est rassasié et le voyage se poursuit. Dehors le temps est moche; il pleut des cordes.

 

 

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10/07/2020

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