Chantal Faber : les dimanches avec mon père
De l'âge de 18 mois jusqu'à l'âge de 6 ou 7 ans, mon père m’emmenait assez régulièrement en promenade les dimanches et il m’en est resté quelques souvenirs...
Le premier m’a été raconté par la famille, car j’étais encore trop petite pour m’en souvenir.
On m’avait appris les paroles d’une chanson qui passait souvent à la radio à l’époque, « In einer kleinen Konditorei » de Vico Torriani.
Je me souviens encore des premières paroles. « In einer kleinen Konditorei, da sassen wir zwei bei Kuchen und tee »
Au cours de nos promenades, nous faisions invariablement une halte au bistro du village et il y avait le choix à l’époque ! Cette fois, c’était à la Valuta qui existait déjà.
J’avais un peu plus de 2 ou 3 ans quand cette chanson est sortie, et mon père, très fier, me mettait sur la «Thék» du bistro (le comptoir) et me faisait chanter cette chanson, apparemment avec un certain succès...
D’autres fois, il m’emmenait à la « Kirb » (la foire) à Stiring où on allait à pied.
J’ai une photo prise par un des photographes qui arpentaient les allées de la fête foraine et cette photo faisait bien rire dans la famille.
Mon père avait 42 ans à l’époque. Coiffé de son Borsalino, vêtu d'un costume sombre et sa cigarette au bec, il faisait plutôt penser à Al Capone venant de kidnapper une petite fille qu'à un brave père de famille en goguette. C’est en tous les cas ce que disaient mes frères. Visiblement, nous faisions sensation car, sur la photo, il y a même une femme qui se retourne vers nous pour nous suivre du regard !
Avec papa "Al Capone" Pas très rassurée avec l'ours blanc
Un peu plus tard, c’est à la foire de Forbach qu’il m’a emmenée.
Cette fois, je devais avoir 4 ou 5 ans et il n’a rien trouvé de mieux que de me faire un tour dans les autos tamponneuses. Les voitures nous emboutissaient allègrement et bien qu’il m’agrippait fermement, ça n’a pas loupé, à un moment donné je suis rentrée brutalement en contact avec le tableau de bord !
Pleurs et grincements de dents... Je les avais encore toutes, mais mes lèvres étaient en sang et commençaient à doubler de volume.
J’ai trouvé que la fin de ce tour de manège durait une éternité, un vrai supplice.
On devait sûrement m’entendre brailler à 500 mètres à la ronde. En rentrant à la maison, c’est lui qui a pris une volée de bois vert, ma mère n’était pas contente à la vue de mon visage quelque peu défiguré… Quelle idée aussi de faire un tour dans les autos tamponneuses, ce n’était pas de mon âge !
Une autre fois, j’étais déjà un peu plus grande, j’avais 6 ans passés, j’étais fascinée par la "Grande roue" et je voulais absolument y aller. Mais pour le coup il n’était pas tellement courageux. Finalement devant mon insistance, il a pris un billet, et a demandé à 2 jeunes filles si elles voulaient bien m’emmener et me caler entre elles. Elles ont accepté.
J’étais ravie, je n’ai pas eu peur et j’ai adoré la vue de Forbach de cette hauteur.
C’est lui également qui m’a emmenée à mon premier feu d’artifice au jardin Franco-Allemand. Là encore je n’étais pas très âgée, peut-être un peu plus de 4 ans…
On était passés à pied à travers la forêt, fait un long tour dans le jardin en attendant le feu d’artifice qui avait bien sûr lieu le soir. Sauf que, au moment où le feu d’artifice a démarré, toutes ces pétarades, claquements, ces éclats dans le ciel, et ces bruit de tonnerre m'ont absolument terrifiée, et, bien qu'il m'ait prise dans ses bras, je me suis mise à hurler.
Je pense que c’était surtout le bruit qui me faisait peur.
Le pire c’est qu’au retour, en passant par la forêt à pied, il faisait nuit noire.
Je n’étais déjà pas rassurée lorsqu'il me dit tout à coup :
- Je ne vois plus bien, il va falloir que tu me montres le chemin, et pour bien mimer le tout, il marcha en zigzag ».
Là j’ai franchement paniqué, on m’avait déjà lu le Petit Poucet et je me suis dit ça y est c’est mon tour ! Il a quand même assez vite compris devant mes larmoiements et mes « non, papa non », qu’il fallait arrêter au plus vite. Bref, une aventure à oublier.
Je me souviens qu’à la maison, il a dit que je lui avais fait honte au feu d’artifice. J’avais dû y aller de tous mes poumons, et pour brailler, j’étais une spécialiste.
D’autres fois, on allait se promener dans le village et un peu en forêt, et comme il faisait soif, (surtout pour lui !), on s’arrêtait régulièrement dans les bistros du village.
C’est ainsi que j’ai connu, « Le Tigre, l’Auberge Lorraine, la Valuta »...
Pendant que je sirotais ma limonade et lui ses bières, dès que j’avais appris à compter, en toute innocence je comptais ses verres. Je savais que c’était un sujet litigieux à la maison, et dès qu’on rentrait, je disais à ma mère, il a bu 4 bières ou 5 selon la température !
Bien sûr ma mère râlait un peu. Et mon père disait « awa dich hohl ich nimmé mit » traduction « ah ben toi je ne t’emmènerai plus » Menace qui tenait jusqu’au dimanche suivant !
Il me reste également une autre photo de la fête foraine, mais là j’y étais avec ma mère. Avec un ours blanc, et même si je souris, je me souviens parfaitement que je n’étais pas rassurée du tout.
Avec ma grand-mère, c’est le Saint-Nicolas qu’on a rencontré dans la rue.
J’ai été prise en photo avec Saint-Nicolas et il m’avait donné une voiture en main pour la circonstance. Comme j’adorais les voitures, j’étais persuadée que c’était un cadeau, aussi, quelle ne fut ma déception quand il a repris la voiture après le cliché.
J'en ai même versé quelques larmes...
On croit qu’on ne se souvient de rien avant 5 ans, et finalement il nous en reste toujours quelques bribes... Chantal Faber
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