BANDES DESSINEES
Blek le Roc - Miki
Nous sommes en 1955. Je viens tout juste d'avoir sept ans lorsque j'aperçois sur l'étalage de bouquins du buraliste au bout de ma rue, un illustré nommé Kiwi dans lequel je découvre une des premières aventures de Blek le Roc, un trappeur blond et musclé à la force herculéenne vêtu d'un gilet et d'une toque en fourrure.
Je feuillette rapidement l'illustré et, sans demander l'avis de mes parents, l'achète avec la monnaie du billet de 500 Francs (anciens !) que ma mère m'avait confié pour acheter un paquet de cigarettes Disque Bleu destiné à mon père. Ce geste sera à l'origine d'une grande passion car, comme des milliers de jeunes (et moins jeunes !) lecteurs de l'époque, je m'identifiais totalement à ce héros courageux, défenseur d'une juste et noble cause. En effet, le généreux et désintéressé trappeur Nord Américain a entamé une lutte sans merci contre l'oppresseur Britannique, les fameuses tuniques rouges... C.Keller
La Genèse
Nous sommes en 1774. La Grande Bretagne considère l'ensemble du continent nord-américain comme étant sa propriété et y exerce une dictature commerciale et militaire. Les tuniques rouges sont partout et mettent le pays à feu et à sang. La résistance s'organise et les colons, oppressé, s'apprêtent à déclarer la guerre d'Indépendance aux anglais, aidés en cela par la France. Blek le Roc, un trappeur géant et athlétique entame alors une lutte sans repos. Ses plus fidèles compagnons sont Roddy, son fils adoptif et le génial professeur Occultis. Bien entendu, la population et les Indiens sont de son côté. Incarnant un idéal de liberté, fidèle en amitié, cet homme d'honneur ne pouvait que séduire les jeunes lecteurs épris d'aventure. Dans un des épisodes, Blek, trahi par un homme qu'il vient de sauver de la noyade, est fait prisonnier par les tuniques rouges. Sauvé par Occultis grâce à un mystérieux breuvage qui le fait passer pour mort, le héros se réveille (à la surprise générale) sur le corbillard et se sauve. L'occasion pour le grand Blek de partir se venger contre ses bourreaux avec l'aide de ses trappeurs...
Au fil des nombreux épisode parsemés de By Jove et de Damned, le grand Blek échafaudera les pièges les plus machiavéliques dans lesquels tomberont les uns après les autres les détestables Tuniques Rouges (les homards !) de sa gracieuse Majesté.
Deux autres personnages sont aux côtés de Blek dans ses aventures : le professeur Occultis, un savant illuminé et farfelu toujours à la recherche de la pierre philosophale, et Roddy, un adolescent rusé débrouillard au visage parsemé de taches de rousseur.
Lors des nombreuses missions, pour la plupart commanditées par Maître Connolly, un avocat, chef de la résistance, le trio se trouvera tour à tour aux prises avec une civilisation de Viking dans le Trésor dAkbad, confronté à la Chauve-Souris, un rusé espion anglais insaisissable et cagoulé qui mourra avec son secret ou face aux terribles hommes-lynx inspirée d'un film avec Gary Cooper. Blek combattra également Peter Van Peter le Hollandais fantôme sorti de sa tombe pour soulever les tribus indiennes puis sera face à face avec le Capitaine Savage, une des plus fines lames d'Amérique qui le provoquera en duel en lui tendant un piège…
Comme la plupart des bandes dessinées italiennes d'aventures de cette période, les aventures de Blek paraissent sous forme de strisce, (Il Grande Blek), pour la première fois le 3 octobre 1954.
A l'instar de Miki le Ranger, Blek est l'oeuvre du studio des trois dessinateurs Turinois Essegesse, sigle formé à partir des initiales de leur noms : Giovanni Sinchetto, Dario Guzzon et Pietro Sartoris. Leur association avait pris naissance en 1950 lors de la réalisation de Kinowa, un western écrit par Andrea Lavezzolo. Les planches d'Essegesse paraîssent dans Kiwi depuis le N°1 jusqu'au N°137.
À partir du N°178, le personnage cesse de paraître en Italie et les Éditions LUG sortent des épisodes inédits pour la plupart réalisés par Carlo Cedroni.
Des dessinateurs français mettrons également la main à la pâte, parmi lesquels on peut citer André Amouriq qui dessinera 47 récits, Jean-Yves Mitton qui fournira 22 récits en collaboration avec son scénariste Marcel Navarro ainsi que le talentueux Ciro Tota qui sera également l'auteur de six récits d'excellente facture. C. Keller. Portrait :
Portrait : Jean-Yves Mitton
Né à Toulouse en 1945, J.Y. Mitton entre aux Beaux-Arts en 1960.
Après 1 an d'académisme, il force la porte des Editions LUG qui le clouent dans leur atelier de retouche BD ... pendant 11 ans ! Cette trop longue période lui permet d'aiguiser ses pinceau sur PIM PAM POUM, OUM LE DAUPHIN, POPOFF, PLUME, SAMMY SAM etc... et surtout BLEK LE ROC dans KIWI dont il dessine une cinquantaine d'épisodes.
En 1972, J-Y Mitton déclare son indépendance et dessine outre des centaines de couvertures, une ribambelle de super-héros dans le style MARVEL qui viennent d'envahir le marché français. 2 épisodes du SURFER D'ARGENT lui ouvrent les portes des "Comics USA". Pour mémoire : "MIKROS", "COSMO", "EPSILON" et "KRONOS", ses propres super-héros, fréquentent sans complexes les pages de MUSTANG, STRANGE, TITANS et NOVA. Ensuite, il réalise LEONARD DE VINCI pour le Parc MIRAPOLIS, BLACKSTAR pour TF1 et de l'HISTOIRE DE L'ARMENIE. Il réalise également avec son ami TOTA onze épisodes du superbe "PHOTONIK". Parallèlement à ces créations, J-Y Mitton dessine pendant les années 80 quelques dizaines d'épisodes du FANTOME DU BENGALE et de HERMAN STORM (toujours inédits en France) pour SEMIC INTERNATIONAL.
En 1987, dérapage contrôlé vers le grand hebdomadaire grâce à François CORTEGGIANI. Une nouvelle planète BD s'ouvre à lui avec "L'ARCHER BLANC" dans MICKEY et "NOEL et MARIE" dans PIF. L'année suivante, François me propose de prendre la suite de MALES dans "DE SILENCE ET DE SANG" chez GLENAT. Tout en poursuivant cette série jusqu'au tome 10, Mitton entre aux Editions SOLEIL par l'entremise de ROCCA (Georges RAMAIOLI) avec qui il entreprends la longue saga "VAE VICTIS" inspirée de la "Guerre des Gaules", toujours en cours. Avec la réédition de l'album SF "DEMAIN...LES MONSTRES", carte blanche m'est donnée par SOLEIL pour réaliser les récits complets "LES SURVIVANTS DE L'ATLANTIQUE" (3 tomes) et "CHRONIQUES BARBARES" (6 tomes parus) Après avoir scénarisé pour ZIMMERMMAN la saga de "GILGAMESH" et tout en écrivant la suite des SURVIVANTS DE L'ATLANTIQUE pour MOLINARI, il continue en 1999 chez GLENAT, l'histoire de la fin de l'empire Aztèque sous le titre "QUETZALCOATL" . Chez le même éditeur, il poursuit avec Franck BONNET au dessin une série dont 3 tomes sont parus : "ATTILA...MON AMOUR".
* * * * * * * * *
Hommage au Grand Blek par Moncef Khémiri, (Des oiseaux et des BD)
Aussi loin qu’il s’en souvienne, il ne se voit pas d'autres compagnons que les oiseaux et la bande dessinée !
Dans les étés torrides du Kef, l'enfant solitaire et très mal dans sa peau qu’il était - sans véritables vacances et sans beaucoup de distraction- meublait le temps immobile réservé à la sieste par la chasse à la glu pour attraper des chardonnerets dans les champs couverts d'orties et de chardons.
A la faveur de ses courses folles à travers la campagne, avec des enfants de son âge, portant sa cage en bois et ses baguettes enduites de glu, il avait découvert des lieux peuplés d’ombres furtives, et où il ne serait jamais aventuré seul. Mais ses inquiétudes se dissipaient dès qu’il voyait s’agiter sur les chardons les ailes de l’oiseau collées par la glu et qui avait du mal à reprendre son vol. Alors, il courait pour délivrer le misérable volatile et s’empressait de le mettre dans une grande cage où il continuait de se débattre.
Mais l’enfant ne se rendait pas compte de la souffrance qu’il infligeait à l’oiseau qu’il privait de sa liberté. Il croyait que cette belle cage pouvait compenser la perte de liberté surtout qu’il prenait soin de donner à l’oiseau graines de chardon dont il raffolait. La contemplation des couleurs chatoyantes de ce qu’il appelait le "Tête- rouge" qui laissait s’échapper à un chant mélodieux, l'enchantait et le transportait dans un ailleurs plus exaltant. Il se rêvait muni d'ailes comme le chardonneret, planant dans le ciel, au dessus de la ville.
Mais la compagnie de ces enfants un peu frustes qui chapardaient dans les vergers et disaient de gros mots, n'était pas bien appréciée par sa mère qui lui déconseilla ces courses folles derrière les pauvres volatiles qui ne méritaient pas d'être enfermés dans d'aussi petites cages et lui reprocha l’odeur de la glu qui empestait la maison et les brûlures des orties sur ses jambes.
C'est à cette époque qu’un garçon de sa classe (Mohamed- Ali, ou chedli ?) qui appartenait à un milieu plus aisé, lui parla d’une bande dessinée qui parlait de l’Amérique, des Indiens, des Anglais et des patriotes américains. Certes, il connaissait les Westerns que l’on projetait au cinéma Pathé, mais des patriotes américains, il n’en avait jamais entendu parler !
Son ami lui prêta un livre neuf avec une belle couverture en couleurs qui ressemblait à une affiche de cinéma, et sur laquelle on pouvait lire : Blek le Roc.
Dans les vignettes, il voyait toujours le même grand homme, préparant des pièges aux renards, parlant à son jeune compagnon Roddy, devisant avec un gros bonhomme Occultis, ou se battant contre les bandits, les Indiens et les garnisons anglaises !
L’enfant avait été aussi ravi de retrouver dans cette BD les couleurs qui l'avaient séduit dans le chardonneret : le rouge du pantalon du célèbre trappeur, le jaune de sa belle chevelure blonde, le marron de son gilet, de sa toque en fourrure et de ses splendides bottes, sans compter le noir des ombres et les contours des dessins.
Le paysage forestier que traversait souvent Blek le Roc n’était non plus sans affinités avec les champs couverts de mauvaises herbes où l’enfant aimer aller chasser les oiseaux à la glu. Puis, enfin, à cet âge où on est épris de valeurs absolues, Blek le Roc incarnait la beauté, la force, la liberté et la justice.
Les courses folles de l’enfant fasciné par les oiseaux, se poursuivaient ainsi à travers les différentes aventures de Blek le Roc qui se déroulaient très loin, dans les forêts d’Amérique.
Tous les 15 jours, l’enfant allait à la librairie de la ville - La Librairie de Madame Clément ? - pour acheter avec l’argent de poche qu’il économisait, le nouveau numéro des aventures de son héros favori.
Avant de commencer à lire la nouvelle BD, il aimait la parcourir du regard, pour essayer de deviner la fable à travers les vignettes. Puis, il se mettait à lire le nouvel épisode pour reconstituer la trame narrative dans laquelle les différentes vignettes s’inséraient. C’était alors un pur bonheur ! Dix fois mieux que les péplums que l’on projetait régulièrement au cinéma Pathé.
Il fut d’autant plus heureux quand il apprit que son héros américain était d’origine française. Même si cette série a été composée par des auteurs italiens Pietro Sartoris, Dario Guzzon, Giovanni Sinchetto, en 1954, dans le studio EsseGesse, à Turin, il découvrit, en feuilletant Kiwi, n°278 10, juin 1978, que son héros, Blek Le Roc, alias Yannick Le Roc, est le fils de Dieudonné Le Roc, cartographe du Roi de France, et de Locmaria Le Roc. Né à Saint Malo, émigré en Amérique et devenu trappeur combattant les troupes anglaises après avoir été marin, corsaire et guerrier Indien.
En classe où Monsieur Donnio leur enseignait Le Lion de Joseph Kessel, la BD n’avait pas bonne presse, ce qu’il avait du mal à comprendre d’autant plus que le texte mis à part quelques onomatopées, était si bien écrit et sonnait parfaitement français ! C’est dans la BD de Blek Le Roc qu’il a appris réellement le français, et c’est grâce à ce héros qu’il s’est forgé un destin.
Il se souvient encore de la première phrase de la première bulle du premier numéro, paru en 1954. C’était : « Au cœur de l’immense futaie, un géant aux cheveux blonds prépare des pièges aux renards. Soudain, un appel attire son attention.
Agile et silencieux comme un indien, le colosse change de direction.» Blek le Roc découvre alors que la maison en bois des Lassister a été incendiée, et que le vieux trappeur a été tué et que son fils Roddy a survécu. Blek adopte alors Roddy qui sera son fidèle compagnon dans les aventures qu’il aura à vivre et dans les luttes qu’il aura à mener.
"Courage Roddy ! lui-dit-il. Dorénavant, c’est moi qui te tiendrai lieu de père.
Nous chasserons ensemble. Nous lutterons ensemble pour le droit à la vie et à la liberté" (p.12)
Et pour commencer, Blek le Roc se lance, dans ce premier numéro, à la recherche des assassins du père de Roddy.
Pour suivre les aventures de son héros, l’enfant, ébloui par cette BD, réussit, au fil du temps, à réunir un certain nombre de numéros de Blek le Roc, en une petite collection. Son ami Slim lui suggèra de faire des échanges avec d’autres jeunes passionnés de BD, ce qui eut un effet bénéfique sur sa vie sociale puisque son cercle d’amis s’élargit, et se rendit compte qu’il n’était pas le seul qui aimait ces livre d’images. Il découvrit tant d’autres héros comme Zembla, Akim, Miki, Ombrax et Captain Swing.
Mais il resta fidèle à Blek le Roc, sans doute à cause des couleurs des chardonnerets.
Mais ces échanges de BD se faisaient en dehors du collège, car les surveillants étaient chargés de les confisquer, comme si c’était des ouvrages immoraux. Les professeurs mettaient aussi en garde leurs élèves contre ces livres vulgaires et subversifs.
Aujourd’hui, l’enfant devenu professeur de français, voudrait plaider la cause de la BD. A ceux qui prétendent que la BD altère la qualité de l’expression de leurs jeune lecteurs, sous prétexte qu’on y rencontre beaucoup d’interjections et de mots familiers, il dira que la BD comme toute œuvre de fiction, pour produire un effet de réel, recourt à ce genre de procédés, mais elle fait généralement alterner un style châtié dans la narration et la description avec le style familier pour imiter le rythme et la spontanéité de l’expression orale, dans les dialogues.
Il dira aussi que la BD peut être une excellente initiation à la lecture des grands auteurs en familiarisant l’élève aux différentes techniques narratives.
Puis l’image pourrait être considérée en elle-même et étudiée d’un point de vue sémiologique et éveiller un intérêt pour la peinture, le cinéma, la photographie…..
La réédition en 1994 des différents épisodes de Blek le Roc, montre que ce héros est devenu une légende.
De toutes les manières, Blek le Roc restera toujours vivant dans la mémoire de l’enfant qu’il était, et où résonne encore, avec les chants des oiseaux, l’appel à la liberté du trappeur américain, d’origine bretonne.
Vous pouvez retrouver les aventures de Blek le Roc en CLIQUANT ICI
Et pour finir, la chanson 'Le grand Blek' de Clément Keller
Quelques témoignages :
(1) Cher ami, je vous ai posté en son temps un lien vers un personnage réel dont se sont inspiré, selon moi, les auteurs de Blek le Roc : Jos Montferrand — Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jos_Montferrand. Tout y est, le physique, le courage, la lutte contre l'injustice etc. Il suffit de taper "jos Monferrand" sur le net pour accéder à son histoire réelle ou sa légende, il existe lui une statue et même un timbre à son effigie, c'est tout dire. Un petit paragraphe complémentaire dans votre historiographie serait sans doute utile. Merci pour votre attention. Mon pseudo peut paraître un peu prétentieux, nous avons le même âge et avons eu les mêmes lectures mais physiquement, même aujourd'hui, je ressemble assez au personnage, la toque et le gilet en moins et les cheveux blonds ... très cendrés... ha ha ha! Signé : Le Grand Blek
(2) Où aurions nous trouvé la noblesse de cœur de héros tels que Pecos-Bill, Buck John, Tex Willer et Kit Carson ou les sacrifices révolutionnaires de Blek le Roc, Roddy et du Professeur Occultis ?
Comment aurions nous fait pour être inspiré par les tours de magie de Mandrake ou la bravoure d'Akim ou de Zembla ? En y regardant de plus près, je suis sûr aujourd'hui que la force de notre caractère doit énormément à ces bandes dessinées et à leurs légendaires ambassadeurs : les marchands de journaux ! C.P.
Et voici un poème hommage à Kiwi et Pépito écrit par Daniel Cauvin
Kiwi et Pépito
C'était mon copain, c'était mon ami
Il s'appelait Michel Canziani
Quand j'habitais rue Pélisserie
A Uzès, petite ville du Midi
Il me prêtait des bandes dessinées
Kiwi et Pépito, des illustrés
A la maison, le minot passionné
Les lisait et s'évadait enchanté
Kiwi, le malchanceux petit oiseau
Donnait son nom à chaque numéro
De ce magazine où le héros
Blek le Roc était membre d'un trio
Le jeune Roddy et le professeur
Occultis faisaient escorte au trappeur
Luttant contre le colonisateur
Eclaireur, franc-tireur et batailleur
Contre les homards rouges guerroyant
S'alliant aux peaux-rouges, et bravant
L'ennemi, intrépide, combattant
Les oppresseurs, les Anglais qu'il pourfend
Pépito, la revue des zigotos
Ventempoupe, marin alcoolo
Crochet, le quartier-maître manchot
Et Bec-de-fer, le perroquet zozo
Corsaire, le maître d'équipage
S'élançait avec eux à l'abordage
Leur insufflait sa hargne et son courage
Contre les sbires, les carambouillages
De ce gouverneur vénal et insane
D'une île, Hernandez de la Banane
Ventripotent, le roi de la chicane
Comme sur un trône qui se pavane
Dernière minute !
Notre équipe d'investigation vient de retrouver une photo inédite et confidentielle du grand Blek le Roc à l'âge de 68 ans. Mis à part les lunettes, la ressemblance avec le personnage bien connu est frappante. Ce document rare, réservé à nos lecteurs, est une exclusivité NOSTALGIA.
MIKI LE RANGER
L'histoire et les personnages
Miki, le petit Ranger est un adolescent d'environ 16 ans courageux et téméraire qui s'engage dans les légendaires Rangers du Nevada en compagnie de son 'père adoptif', Double Rhum, un vieux Scout ivrogne et grognon. Dans le premier épisode de la série, Miki a pour mission d'arrêter la bande du Vautour, responsable de nombreux délits et du meurtre du sergentClem. Miki rencontre de nombreux obstacles sur son chemin mais réussit à délivrer Susy, la fille du Colonel Brown, commandant du fort Coulver, enlevée par cette bande. En dépit de son jeune âge et pour récompenser son courage, Miki le Ranger est nommé Capitaine et se fiance avec la charmante Susy.
En plus de Double Rhum, personnage classique du vieil alcoolique, on retrouve autour de Miki le docteur Saignée, une autre figure emblématique du western traditionnel, réminiscence de l'acteur Thomas Mitchell qui incarna le rôle du médecin ivre dans le filmLa Diligence. Ces deux personnages très typés, apportent à la série une dose de comique, à la limite de l'excès, largement compensée par la rigueur, la maturité et la clairvoyance du jeune héros.
Les créateurs :
Miki le Ranger (Capitan Miki) a été créé en 1951 par le fameux trio de la EsseGesse (Sinchetto, Guzzon, Sartoris) qui dessinèrent également Blek et Swing. La série a été publiée en France aux éditions Lug : Flambo-Bourask (40 N°), Névada (N° 429 à 494),Yuma (N°1 à 245 puis 312 à 374) et Spécial Kiwi. Les aventures de Miki ont également été publiées par le même éditeur dans Rodéo et connaissent depuis juin 2002 une nouvelle jeunesse dans Yuma. A l'instar d'autres série publiées dans les petits formats des années 50-60, (Blek, Tex, Pépito etc.) Miki, connut de véritables heures de gloire et une grande popularité chez les lecteurs qui avaient soif d'évasion et d'aventure et cherchaient des dérivatifs pour compenser les années de privations et de guerre.
Vers 1950, les loisirs étant peu nombreux, la télévision quasi-inexistante, seuls les illustrés(communément appelés bouquins) et le cinéma, (le cinoche) pouvaient offrir aux jeunes (et aux moins jeunes !) un monde de rêve dans lequel ils pouvaient s'identifier à ces héros qui ne mourraient (presque !) jamais.
Avant 1950, ces illustrés était généralement imprimés en grand format avec un nombre de pages restreint. Ce n'est qu'après la loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse que les éditeurs s'orienteront vers le format de poche appelé Petit format, dont certains titres continuent à être publiés aujourd'hui (Rodéo, Kiwi, Swing, Akim, Yuma, Zembla).
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Les Bandes Dessinées des années 50-60
La bande dessinée a été inventée vers les années 1840 par un éducateur, romancier-dessinateur suisse du nom de Rodolphe Töpffer. Au départ, c'est pour amuser ses élèves et ses proches qu'il se mit à raconter des histoires en images (avec du texte en dessous); c'est une façon d'improviser des histoires que les enfants connaissent bien.
Il se trouve que pour une raison difficile à comprendre, personne n'avait pensé à faire ça comme lui, c'est à dire à inventer des personnages dessinés auxquels il arrive des histoires avec des gags visuels, de l'action, des explosions etc.
C'est parce que Töpffer était un type très libre et très intelligent qu'il a eu cette idée là.
Les histoires principales dessinées au milieu du siècle passé par Töpffer s'appellent Histoire de Mr Jabot, Histoire de Mr Vieux Bois, Histoire de Mr Crépin, Histoire de Mr Pencil, Le Docteur Faustus et L'histoire de Mr Cryptogame.
On peut les trouver encore aujourd'hui aux éditions du Seuil. Il faut noter que malgré le caractère comique et fantaisiste de ces histoires, elles ont été appréciées par des gens très sérieux comme l'écrivain et philosophe allemand Goethe qui trouvait que la lecture en était tellement exigeante qu'il en avait l'esprit tout retourné.
Goethe admirait particulièrement la vie de ce qu'il appelait des petits fantômes graphiques, ces personnages qui n'avaient d'existence que sur le papier. Aujourd'hui ça nous parait banal, mais à l'époque c'était une véritable découverte. Au fond, Töpffer a inventé la bande dessinée mais il a inventé avant tout le personnage de BD.
Après Töpffer, la BD a continué à exister en Europe, surtout avec une série très populaire, dessinée par un allemand nommé Wilhelm Bush. Cette série intitulée Max und Moritz racontait l'histoire de deux garnements extrêmement blagueurs. Notons au passage que pendant longtemps, la BD servira de terrain de jeu pour des personnages de gamins qui cherchent toujours à faire les blagues les plus explosives possibles. Cela a commencé d'ailleurs avec les onze enfants du Mr Crépin de Töpffer. Apparemment, c'est un sujet parfait pour la bande dessinée et qu'on ne pouvait pas traiter aussi librement ailleurs (le cinéma n'était pas encore inventé)...
De plus, le sujet passionne le public parce que cela donne des idées de gags sur toutes sortes de choses qu'on voit tout les jours : les chapeaux, les chaises, les cheminées etc.
Enfin, il faut parler de ce qui s'est passé dans les dix dernières années du 19e siècle aux États-Unis. C'était une période formidable pour les livres et les jouets d'enfants, un véritable âge d'or; on sortait d'une époque assez triste où on prenait les enfants pour des espèces d'animaux à qui il fallait surtout apprendre à obéir, et en tout cas pas à rêver.
On se retrouve donc en Amérique, vers les années 1890 avec des journaux qui commencent à publier des images en couleur. Un dessinateur fait beaucoup parler de lui et de grands journaux se battent pour lui faire dessiner leur première page du journal du dimanche.
Il s'appelle Richard Outcault, et vers 1895-1896 il dessine une série qui n'est pas vraiment de la BD : chaque semaine il fait une seule énorme image, pleine de couleurs et d'action, bourrée de détails et de petits personnages dans tout les coins. On retrouve les mêmes personnages d'une semaine à l'autre, une bande de gamins pauvres qui font évidemment mille et une âneries en copiant les gens riches et en se battant entre eux...
Ce qui est très drôle dans cette série qui s'appelle Hogan's Alley ce sont les petits détails qui reviennent d'une semaine à l'autre : une chèvre sur un toit, un type qui tombe du balcon, une petite fille portant un énorme chapeau décoré avec un symbole qui illustre l'histoire de la semaine, et surtout une petit gamin chauve en chemise de nuit de couleur jaune canari qui est un peu le présentateur de l'image de la semaine.
Le public va donner le nom de Yellow Kid à ce personnage, qui est le premier personnage de BD ayant une véritable personnalité graphique (on le reconnait à dix mètres avec sa chemise jaune !) et il sera énormément utilisé pour faire de la publicité destinée à vendre des jouets ou des cigares...
En tout cas, la publication de nouvelles BD dans les journaux, il y a 100 ans, aux Etats Unis, a mis le feu aux poudres... Les plus grands journaux de New York se faisaient la guerre avec leurs éditions du dimanche, affichant leurs meilleures BD en première page (ce qui explique le côté bizarre, violent, insolite des actions dans les pages de Outcault : les catastrophes, les faits-divers bizarres, c'est toujours ce qui fait vendre les journaux).
C'est l'époque où les personnages de BD commencent à avoir un style bien à eux : des grosses têtes rondes, les petites rides en flèche à la commissure des lèvres, des yeux gigantesques en forme de soucoupes...
Un biologiste, (Stephen Jay Gould, dans Le Pouce du Panda) prétend même que les grands yeux provoquent sur nous une réaction de tendresse parce que les bébés on des grands yeux…
Il semblerait que pendant quelques courtes années, entre 1895 et 1900, la BD ait mis au point une forme de corps et de visage qui amuse et attendrit le grand public en empruntant notamment une grande partie de ses traits aux bébés. Dernière chose importante : pour que la BD soit complètement inventée, et ressemble à ce qu'on connaît, il fallait lui adjoindre la bulle de parole, le phylactère. Dans les images du Yellow Kid, les personnages s'expriment parfois par des bulles, mais c'est rare.
En fait, il était très difficile d'introduire de l'écrit dans l'image et cela pour une raison assez simple : un texte est toujours dit ou écrit par quelqu'un, il y a toujours quelqu'un qui PARLE à la base, tandis qu'une image, personne ne la 'parle'. Par conséquent, si on ajoute un texte dans une image, la grosse question est de savoir QUI parle ?
On utilisait donc les bulles plutôt comme une sorte de flèche pour dire, 'là c'est le texte que dit le petit garçon qui tombe'. En fait, les bulles qui sont des 'paroles' transformées en images, étaient principalement utilisées pour faire 'parler' les perroquets. Dans leur cas on pouvait se permettre de leur coller une bulle puisque les perroquets ne font que donner une 'image' de parole, ils ne parlent pas vraiment. Mais tout cela change vers les années 1890, avec l'apparition du phonographe. Là, tout d'un coup, les gens ont un autre 'modèle' d'image sonore, c'est le cylindre sur lequel on grave la parole.
En plus, le haut-parleur du phonographe a une sorte de cornet qui fait un peu penser à une bulle de BD, et les micros ressemblaient également à des 'pointes' de bulles de BD.
A partir du phonographe, les paroles humaines deviennent alors de véritables OBJETS qu'on peut graver sur la cire, et donc montrer dans une image, sous une même forme "solide" comme le disque.
En hommage à nos héros de BD, ci-dessous la chanson 'Le grand Blek'
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Les garnements de Rudolph Dirks
Les débuts :
En 1896, dans le Yellow Kid, Richard Outcault est le premier dessinateur à recourir aux phylactères (les bulles). L'année suivante, Rudolph Dirks, s'inspirant de Max et Moritz, dessinés par Wilhelm Busch (1865), crée les Katzenjammer Kids (Pim Pam Poum en français). Ils feront leur première apparition dans le New York Journal en 1897. Le style et le rythme de ces mini-histoires va rapidement conquérir les lecteurs et jeter les bases d'un nouveau genre dans la bande dessinée.
En France, la presse illustrée enfantine se développe également rapidement au début du siècle. Parmi les pionniers du genre, le petit français illustré publie la famille Fenouillard de G. Colomb en 1890. Mais l'illustré, l'épatant ou la semaine de Suzette restent réfractaires à cette nouvelle forme de vignette qui utilise les bulles et préfèrent les récits illustrés avec légende sans phylactères.
Tartine, de son nom de baptême Matilda Abelarda Indolence Wilde Y Gonzales Y Lopez naquit officiellement en 1953 sous la plume de Giulio Chierchini dans la revue italienneTrottolino.
C'est Jean Chapelle, directeur de la SFPI qui traduisit ce nom alambiqué en Tartine Mariolen référence à Martine Carol, actrice alors très populaire. Cette aïeule à la force herculéenne et à l'énergie sans limite n'ayant peur de rien saura rapidement s'imposer grâce à son sarcasme et ses éternels combats à poings nus contre l'injustice. Elle n'a qu'un seul point faible : son cor au pied gauche.
Elle vit dans le royaume de Bancarotta dont le roi est le gentil Toto II (Soldino en Italie), un fils adoptif qu'elle protège de son oncle le duc de la Frite.
Elle est souvent accompagnée dans ses aventures par une espèce de gorille à casquette nommé Bongo, qui, n'étant pas pourvu de la parole exprime ses opinions à l'aide de pancartes brandies à tours de bras.
Les personnages :
Toto II : Roi de Bancarotta (Fantasia)
Le Duc de la Frite : le méchant qui veut du mal à Toto II.
Renardeau (Volpetto) : jeune homme chez qui Tartine travaille en tant que gouvernante.
Ministre la Bedaine - Le Chat Attila
Le singe Bongo, toujours en train de manger des bananes et qui s'exprime à l'aide de pancartes.
Les auteurs :
G.B. Carpi - Tiberio Colantuoni - Sandro Dossi - Luciano Gatto
Nicola del Principe - Mario Sbatella - Luciano Capitanio
Les publications italiennes, chez l'éditeur Bianconi :
Trottolino - Volpetto - Soldino Mensile -Super Soldino
Les publications en France :
A partir de décembre 1956, la Société Française de Presse Illustrée (SFPI) publie Tartine dans Presto et Arc-en-Ciel.
Devant le succès rencontré, Tartine Mariol sera publiée dans de nombreux supports :
Festival Tartine (74 numéros, 1961 à 1973)
Tartinet (198 numéros, 1959 à 1970)
Bimbo - Amigo - Zorro Poche - Gogo Géant
Plusieurs albums seront également édités entre 1970 et 1976 chez MCL.
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