NOSTALGIA, le Blog qui fait oublier les tracas

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Oncle Joe raconte : Peep Show à la Ferme

C’est vers l’âge de 14-15 ans que la plupart de mes amis et moi-même avons commencé à nous intéresser sérieusement à la gente féminine en général et aux jeunes filles de notre âge en particulier.

Dans les cinémas de la région, comme par exemple le Rex et le Palace à Forbach, on passait en séance de nuit des films dits pour « adultes » interdits au moins de 16 ou 18 ans.

Ces chef d’œuvres du 7ème art nous intéressaient tout particulièrement parce qu’on pouvait y voir des scènes dans lesquelles les actrices étaient souvent légèrement vêtues, voire dénudées et, avec un peu de chance, il y avait même des scènes d’amour très suggestives qui aiguisaient terriblement notre curiosité de novices des choses de l'amour en général et des plaisirs de la chair en particulier…

Nous autres, les gamins de la Ferme, n’étions évidemment pas différents des adolescents de notre génération et essayions, grâce à divers subterfuges, d’entrer dans ces salles pour assouvir notre besoin d’éducation érotico-sentimentale...

Je dois dire en toute objectivité que si cela fonctionnait parfois, la plupart du temps, un vigile à l’entrée vérifiait l'âge des jeunes clients du cinéma, et, si nous n’étions pas en mesure de le justifier, ce dernier, non seulement nous interdisait d'office l’entrée dans la salle, mais en plus, confisquait notre ticket sans bien sûr nous rembourser les 50 francs durement économisés sur notre trop rare argent de poche…

Non content de nous racketter, ce cerbère déguisé en gardien de la morale nous menaçait dans la foulée d’appeler un agent de police lequel, selon ses dires, nous conduirait directement en prison sans passer par la case départ… 

A 15 ans, ce type d’argument fait toujours mouche et nous n'avions d'autre alternative que de rebrousser chemin, la tête basse et le porte-monnaie délesté de 50 francs, pour regagner notre base, en l'occurrence, les baraques de la Ferme de Schoeneck. (1)

Telle une armée en déroute, notre groupe marchait en silence et en ordre dispersé sur la route qui menait de Forbach à Schoeneck lorsque Helmuth, qui était en tête de notre petit cortège, se retourna soudain et prit la parole :

Vous êtes bien d’accord avec moi pour dire qu’aujourd’hui on a bêtement perdu 50 balles simplement parce qu’on voulait voir des femmes nues sur un écran de cinéma ?

Nous nous regardâmes d’un air interrogateur et Roos répondit :

Ben oui, on a tous perdu 50 balles et alors ? Tu veux nous dire quoi ?

Helmuth respira profondément puis nous dévisagea à tour de rôle, le regard pétillant et malicieux…

Pourquoi payer pour voir une gonzesse nue qu’on ne verra jamais pour de vrai alors qu’on peut voir gratuitement des femmes nues qu’on côtoie tous les jours ?

Je m’approchais de Helmuth et lui demandait de préciser ce qu’il était en train d’essayer de nous faire comprendre…

Franchement, vous n’êtes pas très futés les gars…

Que font la plupart des gens le samedi soir, même chez nous à la Ferme ? Ils prennent un bain comme tout le monde (2) et tous ce que nous avons à faire c’est de nous balader dans les ruelles mal éclairées et d’essayer de regarder à l’intérieur des baraques pour repérer celles dans lesquelles des femmes se lavent ! C’est quand-même pas compliqué et en plus c’est totalement gratuit…

L’idée était intéressante mais un détail me chiffonnait encore…

T’as raison Helmuth, mais tu sais, la plupart des habitants ferment les volets et dans ce cas on ne verra rien du tout…

Helmuth ne se laissa pas démonter par un argument aussi fallacieux :

Les gars, je vous parie 1000 francs qu’on trouvera plusieurs volets ouverts ou entrouverts et je vous garantis sur facture qu’on se rincera l’œil gratos ce soir et que le spectacle sera bien plus intéressant que ces conneries de films dans lesquels on ne sait jamais à l’avance s’il y a vraiment quelque chose d'intéressant à voir !

Vous entendez ? Je suis prêt à parier 1000 balles, l'équivalent de 20 séances de cinéma, qu’on passera une belle soirée…! Qui tient le pari avec moi ?

Personne ne prit le risque de perdre 1000 francs et, c’est le cœur plein d’espoir que nous arrivâmes à l’entrée de la cité plongée dans le noir.

Ce soir-là nous eûmes effectivement de la chance et il fallut admettre que l’ami Helmuth avait vu juste. Nous nous dirigeâmes d’abord vers les baraques où vivaient des jeunes filles et, par chance nous entrevîmes quelques naïades en pleines ablutions dans la baignoire en zinc familiale. 

Nous en vîmes quelques unes de très jolies et agréables à regarder et malheureusement également quelques autres, bien plus âgées dont la vue nous faisait un peu mal aux yeux et qu’il valait mieux essayer d’oublier…

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Bref, nous n’avions pas regretté notre soirée cinéma ratée et l’idée de l’ami Helmuth valait largement les films débiles à 50 balles !

Je sais bien qu’il n’y avait pas de quoi être fier et que le fait de participer à ces "Peep-Shows" improvisés était à la limite de la légalité, mais nous n’avons jamais eu la moindre réclamation et personne n'a jamais fait de remarques particulières...

Pour être tout à fait franc,  lorsque j’y repense, certaines de ces « dames » devaient probablement se douter qu’elles étaient observées car elles prenaient parfois un malin plaisir à se savonner longuement et à se tourner de tous les côtés pour bien exposer à nos regards affamés leurs secrets charmes féminins…

Et puis, entre nous, lorsqu’on a 15 ans et qu’on peut assister à un tel spectacle presque tous les samedi soirs on ne pense pas à mal… Surtout quand le Show est gratuit !

Ça aussi c’était une partie de notre jeune vie à la Ferme de Schoeneck…

 

 

(1) Les nouveaux lecteurs trouveront plus d'explications sur cette cité en cliquant ICI.

(2) Traditionnellement, le samedi soir était dédié au bain ce qui signifiait la plupart du temps qu'on se lavait dans une bassine en zinc posée sur le sol de la cuisine car les baraques et la majorité des logements de l'époque n'étaient pas équipés d'une salle de bain. 

 

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03/01/2020

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