NOSTALGIA le Blog qui fait oublier les tracas

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Oncle Joe raconte : Histoires d'oiseaux

C’était un dimanche après-midi. Auguste, Eugène, Miksa, Pepe et moi, bref, la bande habituelle, étions sur le chemin pour aller au cinéma UT à Stiring pour aller voir un film qui s’appelait Zorro et ses légionnaires. Pour arriver plus vite à Stiring, nous avions, comme souvent, pris le raccourci du puits Simon, par la route qui longe les baraquements de la Halte Schoeneck. Environ à mi-chemin, nous vîmes, dans l’arrière cour d’une des baraques, une famille qui profitait du beau temps. Les enfants en bas âge s’amusaient tandis que les ados jouaient aux cartes. 
C’est Auguste qui nous fît remarquer la cage avec un canari qui trônait au milieu de la cour. Après quelques instants d’une intense réflexion, il prit la parole et nous fit enfin part de ses pensées profondes…
- Hé les gars, je crois que je viens d’avoir une idée qui nous permettrait d’attraper des oiseaux et de les vendre pour avoir plus d’argent de poche !
Dès qu’il s’agissait de gagner de l’argent, nos oreilles, telles des antennes, se dressaient…
C’est Pepe qui répondit en premier à Auguste :
- Comment diable veux tu attraper des oiseaux sauvages et qui en plus savent chanter ? Les gens n’achèterons pas n’importe quel oiseau !
Auguste dévisagea Pepe mais ne dit plus un mot jusqu’à notre arrivée près du pont qui traverse la ligne de chemin de fer séparant les baraquement de la Halte Schoeneck du quartier de la vieille verrerie à Stiring…
- J’ai un oiseau, enfin disons plutôt ma sœur Pâquerette en a un, qui nous rend fous à force de siffler toute la journée… Il suffirait de l’utiliser comme appeau pour qu’il attire d’autres oiseaux chanteurs et le tour est joué… C’est aussi simple que ça !
Eugène demanda à Auguste : 
- Et ton plan c’est quoi exactement ?
Tout ce que Auguste répondit fût : 
- Ne vous en faîtes pas les gars, j’ai un plan et une idée, mais on en parlera après le film... 
 
* * * * * * * * * *
 
Nous regardâmes Zorro. Le film était scindé en deux parties, la première était projetée ce dimanche là et l’autre était programmée pour le dimanche suivant. En sortant du cinéma nous étions en grande discussion pour essayer d’imaginer comment Zorro allait s’en sortir alors qu’il était prisonnier dans une pièce dont deux murs se rapprochaient lentement pour essayer de l’écrabouiller…
Mais je laissais rapidement Zorro à ses aventures et me tournais vers Auguste pour lui demander de nous dévoiler enfin le super plan qu’il avait concocté… Auguste s’arrêta et nous expliqua :
- Dimanche prochain, mes parents et Pâquerette vont aller rendre visite à des amis au Bruch…
- Qu’est ce que ça à a voir ton plan pour attraper les oiseaux ? Et en plus, c’est le dimanche où ils jouent la deuxième partie du film ! Rétorqua Eugène... 
- Au diable avec ton Zorro, c’est le seul jour où mes parents seront partis et je pourrais prendre la cage avec le canari de Pâquerette pour attirer les autres oiseaux !
Nous étions presque arrivé à la Halte Schoeneck et n’avions toujours qu’une vague idée de ce fameux plan lorsque Auguste se décida enfin à nous expliquer son stratagème de façon plus détaillée. 
L’initiative était tout simplement géniale et nous étions définitivement convaincus qu’on allait pouvoir rapidement arrondir nos fins de mois grâce à cette super bonne idée…
Le fameux plan d’Auguste consistait à placer la cage avec le canari chanteur dans le jardinet entre les plants de tomates et les fleurs puis de badigeonner les plantes et les fleurs avec de la colle…
Lorsque le canari commencerait à chanter, les autres oiseaux, attirés par le chant, viendraient tout naturellement se poser près de la cage sur les plantes recouvertes de colle et ne pourraient plus s’envoler. Il suffirait alors de les ‘cueillir’, de leur enlever les restes de colle, de faire le tri entre espèces chantantes et vulgaires moineaux puis de les vendre ! 
Une fois de plus, nous les gars de la Ferme, avions élaboré un plan du tonnerre et c’était sûr que ce coup là ne foirerait pas et qu’on allait s’en mettre plein les poches…
C’est Pepe qui relança la discussion…
- Tout ça c’est bien beau les gars, mais on aura besoin de beaucoup de colle…
- T’inquiètes pas, répondit Auguste, ce ne sera pas un problème, il me reste quelques francs et demain après l’école je file à Forbach chez Oster pour acheter de la colle ! 
Preuve de notre soutien sans failles au plan, Eugène et moi avons aussitôt émis l’idée de faire de la colle nous-mêmes avec de l’eau et de la farine comme nous avons vu faire nos parents lorsqu’ils ont tapissé les murs de la baraque.
- Tu sais le papier des murs de la baraque tient très bien, alors pourquoi ne pas essayer de l’utiliser pour attraper les oiseaux ?
- Ouais les gars, on va faire un mélange colle et farine, je suis sûr que les oiseaux resteront collés comme il faut...    
Avant que nous ayons atteint la Ferme, Auguste récapitula :
- Ok les gars, donc dimanche matin après la messe, dès que mes parents et Pâquerette seront partis, rendez-vous chez moi pour préparer à la dernière minute la mixture avec la farine… Pour ce qui est de la colle j’irais la chercher demain comme convenu...  
 
* * * * * * * * * *
 
Ce dimanche là, la plupart d’entre nous étaient allé à la messe de 8 heures, la plus courte, afin d’avoir plus de temps pour préparer la colle à la farine et mener à bien l’opération ‘oiseaux’. Nous espérions en attraper beaucoup, mais il fallait également tenir compte du fait que ceux qui ne chantaient pas devaient également être relâchés…
On s’était donné rendez-vous en face de la baraque d’Auguste aux environs de midi. 
Étaient présent pour la mission ‘attrapage d’oiseaux’ : Auguste portant la cage avec le canari ainsi qu’une énorme bouteille de colle, moi et Eugène portant respectivement un petit seau, l’un de farine, l’autre de colle suivis de Miksa et Pepe chacun portant un carton à chaussure pour emprisonner les futurs oiseaux… 
Nous étions fin prêts et évoquions déjà les noms des différentes familles auxquelles nous allions pouvoir vendre les oiseaux moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.  
 
* * * * * ** * * * 
 
Auguste avait placé la cage près des plants de tomates pendant que le reste du commando badigeonnait tout ce qui poussait autour de notre ‘canari appât’ avec de la colle et du mélange eau-farine puis nous nous cachâmes à une vingtaine de mètres de l’endroit pour attendre tranquillement l’arrivée des oiseaux attirés par les trilles mélodieux du canari à Pâquerette…
Le canari sifflait à s’en péter les poumons et les oiseaux, intrigués, commencer à virevolter autour de la cage. Au bout d’un quart d’heure, Auguste décida d’aller voir si parmi les oiseaux attirés par le chant, l’un ou l’autre avait été pris au piège... 
C’est à ce moment précis, que les plants de tomates furent violemment secoués par quelque chose que nous ne voyions pas mais qui semblait venir de la cage du canari. Auguste enjamba le petit grillage qui bordait le chemin et bondit vers la cage, suivi par le groupe qui comprenait qu’il venait de se passer quelque chose d’imprévu…
En effet, arrivé derrière les plants de tomates, tout ce qui restait par terre, c’était une cage vide à la porte béante et un gros chat noir et blanc s’enfuyant avec, dans la gueule, le canari à Pâquerette…
Auguste se jeta aussitôt à la poursuite du chat, mais ce dernier, bien décidé à garder cette proie tombée du ciel, s’était rapidement réfugié derrière un bosquet d’arbres et de haies…
Notre ami revint bredouille quelques minute plus tard et à sa question combien nous avions capturé d’oiseaux je lui répondis simplement :
- Pas un seul, mais le chat, lui il en a au moins attrapé un !   
Auguste me foudroya du regard et, sans dire un mot saisit la cage vide, nous regarda et dit :
- Voilà les gars, encore une de nos idées pour faire du fric qui tourne à la catastrophe…
- Et que vas-tu dire à tes parents et à Pâquerette au sujet du canari disparu ? Rétorqua Miksa… 
- Eh bien j’en sais encore rien, mais je trouverais bien quelque chose à leur raconter jusqu’à ce qu’ils reviennent… répondit Auguste.
- Et si tu leur racontais que le canari s’est envolé au moment où t’as ouvert la porte de la cage pour changer l’eau ? Rajouta Eugène…
 
* * * * * * * * * * 
 
A vrai dire, je n’ai jamais su ce qu’Auguste avait raconté ce jour là à ses parents et à Pâquerette. 
Il est marié maintenant et habite au Canada près de Montréal et sa sœur Pâquerette ne doit pas habiter très loin de là et, lors de mes conversations téléphoniques avec lui, je n’ai jamais pensé à lui demander le fin mot de l’histoire.
C’est en lisant le livre de Clément, dans lequel il parle de Victor et de Pâquerette, que cette anecdote m’est revenue à l’esprit. J’étais sincèrement désolé du dénouement de cette aventure car Pâquerette aimait vraiment son canari... D'ailleurs, la prochaine fois que je téléphonerai à Auguste, je lui demanderais s’il a dit la vérité ou s’il a utilisé la version suggérée par Eugène pour expliquer la disparition de l’oiseau chanteur il y a plus de 60 ans…
Pour clore définitivement ce chapitre, comme je n’ai jamais eu l’occasion de voir la fin du film, est ce que par hasard, Clément, tu saurais ce qui s’est passé dans la deuxième partie après que les murs de la pièce se soient rapprochés pour essayer d’écrabouiller Zorro ?
 
chat cage.jpg
 
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13/11/2016

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