C'était un jeudi après-midi froid mais ensoleillé vers le milieu de l’hiver 1950. Helmut Minke, Paul Lay et moi-même étions partis à la chasse aux moineaux dans la petite forêt située entre la Ferme de Schoeneck et le puits Simon. Comme d’habitude, nous étions armés de nos lance pierres et de petites billes en fer, récupérées sur les roulements à billes hors d’usage de la mine.
Avec ce type d’arme et de munition, on ne laissait aucune chance aux moineaux, à condition bien sûr que nous arrivions à le toucher… Nous n’étions pas les meilleurs tireurs du monde mais on essayait toujours d’en ‘déquiller’ au moins un ou deux, même si en général notre score se limitait à zéro.
Alors que nous traversions la forêt à la recherche de gibier, Minke aperçut au loin dans les champs 3 silhouettes apparemment en train de skier dans la petite descente qui débouchait sur les champs.
Lorsque nous arrivâmes près du groupe, nous reconnûmes les 3 acolytes. Cétait Roger Birig, Dietmar Muwald et un petit garçon d’environ 6 ou 7 ans que nous ne connaissions pas…
Mon ami Dietmar était d’origine allemande mais habitait avec sa famille à la Ferme car son père travaillait au puits Simon. Il était d’ailleurs le seul de la Ferme à posséder une paire de skis et à savoir s’en servir !
Les gamins descendaient la petite colline à tour de rôle sur les skis de Dietmar et lorsque nous arrivâmes près d'eux, Paul demanda à Dietmar si nous pouvions nous joindre à eux et essayer à notre tour les skis. Il accepta à condition de skier doucement et de faire attention à ne pas casser son matériel.
Paul lui répondit de ne pas s’inquiéter et que nous étions au moins capable de faire ce dont Roger et le gamin étaient capables et que de toute façon, comme lui-même était un expert, nous serions en de bonnes mains.
Nous descendîmes donc la petite colline, la plupart du temps sur notre derrière, et de temps en temps sur les skis car évidemment, seuls Dietmar et Roger étaient capables de skier dans les règles de l’art.
Le temps passait et quelques-uns d’entre nous furent bientôt pris d’un besoin pressant. Nous nous retrouvâmes donc tous les 6 en haut de la colline et décidâmes d’essayer d’écrire notre nom dans la neige en urinant… Nos différents jets dans la neige était jaunes, parfois blanc mais en regardant le gamin, nous vîmes avec étonnement que ce dernier pissait en couleur rouge !
Nous nous regardâmes abasourdi et demandâmes au gamin comment il faisait pour uriner en rouge…
- C’est parce que je bois beaucoup de grenadine et que je mange des carottes et des betteraves rouges pardi !
Nous nous dévisageâmes une fois de plus puis Helmut réfléchit un instant et dit :
- Alors là les gars, il faut absolument essayer ce truc et voir si nous arrivons également à pisser rouge !
* * * * * * * * * *
Ma mère pensait que j’étais devenu fou car, pendant les semaines qui suivirent, je lui demandais de cuisiner presque exclusivement des carottes et des betteraves rouges. Comme elle ne voulait pas m’acheter de grenadine, je remplaçais avantageusement cette dernière par du vin rouge mélangé à de l’eau...
Après quelques semaines de ce régime et de nombreuses tentatives avec Helmut et Roger d’essayer de pisser en rouge, rien n’y fit, notre urine restait obstinément dans les ton blanc-jaunâtres et, lassés de manger des carottes et des betteraves nous décidâmes d’abandonner notre régime et finîmes par oublier le petit garçon…
Deux ans plus tard, après un match de foot au stade du village, alors que nous étions assis tous ensemble à commenter notre défaite et à essayer de comprendre quelle en était la cause, et qui devait en endosser la responsabilité, Dietmar nous fit part de son départ imminent car il devait accompagner ses parents pour aller rendre visite à un enfant ami hospitalisé…
Cet ami de la famille était le petit garçon qui pissait rouge ! Il était maintenant âgé de 9 ans et avait été hospitalisé pour une insuffisance rénale…
Toute la famille Muwald avait accompagné ce gamin pendant son séjour à l’hôpital et Dietmar nous a raconté un peu plus tard que le petit garçon malade qui s’appelait Albert, lui aurait dit un jour en riant :
- Tu te rappelles de cette journée d’hiver quand j’ai raconté à ces 3 gars plus âgés comment il fallait faire pour pisser rouge comme moi ?
Cela l’avait bien fait rire… Malheureusement, 3 jours plus tard Albert mourrait des suites de sa grave maladie des reins...

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