Après leur expulsion en septembre 1939, et dès juillet 1940, les mosellans sont encouragés à rentrer chez eux par les autorités allemandes.
Cependant, fin 1940, nombre d'entre eux étant toujours réticents face à l’occupant, 60 000 Mosellans francophiles ou francophones, jugés 'indésirables', sont au contraire expulsés vers la zone libre. C'est également le cas pour quelques rares familles de Schoeneck.
Leurs biens sont théoriquement mis sous scellés, mais, en réalité, ils sont saisis par les autorités allemandes, ou pillés par des habitants indélicats. En novembre 1940, quatre familles de Schoeneck, dont les Abel et les Muller-Karl, sont chassés de chez eux parce qu’ils ne correspondent pas aux critères de l’idéologie nazie, ou qu’ils ne prêtent pas allégeance au Reich.
Ils sont chassés vers la zone libre comme mes grands-parents. La police et la gestapo, en perquisitionnant dans le café qu’ils tiennent en gérance, trouve des extraits manuscrits du discours de l’appel du 18 juin 1940. Ils sont aussi accusé d’écouter radio Londres et du refus de suspendre la photo du moustachu Adolphe dans la salle du café.
Muller-Karl, grâce au fait qu’il soit unijambiste et qu'un des gestapiste était moins regardant, (Eh bien oui, cela existait !), a échappé au camp de rééducation.
Apparemment tout était déjà prévu, dénonciation, perquisition et évacuation. La famille a un délai de moins d’une heure pour se préparer à quitter les lieux et rejoindre la gare de Forbach. Ils ont droit à 50 kilos de bagages et 2 000 francs d’argent liquide. Ils doivent signer une déclaration dans laquelle ils s’engagent à ne pas retourner en Moselle. Après un cours séjour dans la région de Toulouse où les habitants, à cause de leur patois, les traitent de 'schleus', la famille rejoint la ville de Marseille où ils retrouvent d'autres membres de leur famille.
Muller-Karl n’en est pas à son coup d’essai. En 1915, alors qu'il résidait à Zarbeling en Moselle où il tient une épicerie, tient souvent des propos nationalistes, ce qui lui vaut un emprisonnement à Sarrebruck, dans la même cellule que deux curés de la région de Sarrebourg. La terrible machine administrative nazie est en marche. C’est le début des dénonciations et des règlements de compte.
Octobre 1940, Muller-Karl et son épouse à la fenêtre de leur café.
Le café, vue d'ensemble, (aujourd’hui rue Victor Hugo).
Très rapidement, l’engagement volontaire dans les armées allemandes fut encouragé. Comme le résultat était peu convaincant, les hommes valides furent incorporés de force dans l’armée allemande à partir de 1942.
Environ 130.000 alsaciens et 30.000 lorrains furent envoyés pour combattre sur le front Russe, et non sur celui de l’Ouest, car les allemands ne leur faisaient pas confiance.
Ces hommes furent surnommés les malgré-nous.
Mais il faut aussi rappeler la triste réalité, qui est les sort de ceux que j’appelle les malgré-eux.
Les indésirables expulsés fin 1940 de leur villes ou villages et ceux internés dans des camps qui pour beaucoup d’entre eux était la destination de leur dernier voyage.
La nièce et le neveu de Muller-Karl ne sont pas revenus, Pierre est décédé au Konzentrationslägerb (KL) de Natzwiller-Struthof le 29 mars 1943 et son épouse Marie-Adèle à Auschwitz le 13 octobre 1942, laissant 2 enfants qui ont été cachés par des voisins lors de leurs arrestations. JR Béguier
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