Il était une fois... Le Puits Simon
Les paysages changent, les terrils deviennent verts, les fumées se font rares et la neige en hiver, si elle est toujours blanche, tombe bien moins souvent... Les hivers ne sont plus comme avant…
Cet extrait du CD Anthologie résume à lui seul ce qui s'est passé au cœur de notre région minière. Des générations d'ouvriers mineurs ont gagné durement leur pain à la sueur de leur front en travaillant dans ce mythique et glorieux puits Simon…
Certains y ont laissé leur vie, d'autres, bien plus nombreux, leur santé, mais tous ont donné leur énergie et leur jeunesse pour que vive notre région et pour faire de cette Moselle-Est, si méconnue et parfois si lointaine, un des fleurons de nos industries Nationales.
Aujourd'hui c'est la fin de ce long Western dans lequel les Cow-Boys étaient des mineurs et leurs chevaux des vélos et des mobylettes. Les engins de démolition prirent la place des haveuses et les équipes de mineurs ont été remplacées par celles des ouvriers chargés du démantèlement.
Fallait-il sacrifier nos mines et nos mineurs sur l'autel de la concurrence et de l'économie mondialisée ?
Fallait-il définitivement tirer un trait sur une exploitation de moins en moins rentable ?
Fallait-il ou ne fallait-il pas ? Nous n'avons pas de réponse et il ne nous appartient pas d'en juger, seul l'avenir nous dira si le choix effectué était judicieux.
Le Pacte charbonnier
Bien qu'il soit lui aussi un peu nostalgique. Patrick Allain, directeur des finances et du développement des Houillères du bassin de Lorraine (HBL), entendait que l'arrêt total de l'exploitation fixé en 2005 se déroulât dans les meilleures conditions. Il avait ajouté : en 1994, le pacte charbonnier préparé par Gérard Longuet, alors ministre de l'industrie, a été signé par les pouvoirs publics et certaines organisations syndicales sauf la CGT. Nous avons toujours fait en sorte qu'il n'y ait pas de licenciement économiques grâce aux mesures d'âge, à la mobilité, et à la reconversion, avec notamment des organismes comme la Sofirem.
Toute embauche avait cessé en 1984 de sorte que la fonte des effectifs a été spectaculaire. Les Houillères de Lorraine comptaient 46 000 mineurs et employés dans les années 50; ils n'étaient plus que 9500 (dont la moitié travaillait au fond).
Les 2500 salariés qui restaient en 2005, gérèrent les activités existantes ou créées au fil des années : centrale thermique, cokerie, immobilier (17000 logements), pôles de plasturgie, de mécanique, de santé ainsi qu'une unité de veille technologique dédiée à l'utilisation de l'hydrogène, un secteur plein d'avenir.
La fin d'un beau règne, que la loi économique avait imposé. Extraire une tonne de charbon revenait en Lorraine à 700 francs, alors que le prix de vente était de 300 francs en moyenne. La perte était énorme. Inférieure toutefois à celle des exploitations allemandes où le prix de revient était de 1 000 francs. Mais, elles aussi ne pourront pas poursuivre leur activité. Le Figaro éco du 2-12-97
Après 90 ans d'exploitation, un inexorable processus
Nous éprouvons tous un pincement au cœur… Du directeur de l'exploitation à la dernière des gueules noires, l'ensemble du personnel du puits Simon, à Forbach (Moselle), avait partagé la même émotion lors de la fermeture du site.
A la veille de la sainte Barbe, fête chômée des mineurs, une cordée symbolique remonta du puits le plus profond de France (1200 mètres), pour la dernière fois. Le vendredi 5 décembre se déroula une cérémonie, avec remise de médailles aux mineurs. Le souvenir de la catastrophe de 1985, au cours de laquelle vingt-deux travailleurs du fond trouvèrent la mort, fût bien entendu évoquée. Puis la mine, ouverte en 1907 et dont 110 millions de tonnes de charbon furent remontés, a été fermée. Forbach-Est était le berceau des houillères, explique Alain Pétry, directeur de l'unité d'exploitation. Nous cessons pour des raisons de qualité de gisement avec un repli vers les trois autres unités, la Houve, Creutzwald, Reumaux et Vouters à Freyming-Merlebach.
La fermeture du puits Simon avait néanmoins marqué le début de la fin du charbon lorrain, puisque l'exploitation s'est définitivement arrêté en France en 2005.
A Forbach-Est, l'effectif salarié était de 17600 personnes en 1947 et de 3000 fin 1989. A la fin il ne restait que 340 salariés et, à partir du 5 décembre, 240 d'entre eux furent chargés de gérer l'après-exploitation.
- On ne ferme pas une mine du jour au lendemain, avait expliqué Alain Pétry; d'autant que les galeries ne s'arrêtent pas à la frontière. Les gisements français et sarrois sont imbriqués et tant que l'exploitation se poursuit de l'autre côté nous devons pomper l'eau pour éviter l'ennoyage de la mine. En outre, le charbon contient du méthane et les veines vont relâcher le gaz. Il sera donc récupéré.
Ce méthane fût valorisé à la centrale thermique Emile-Huchet et permit le chauffage et la fourniture en eau chaude de Forbach...
Le puits Simon en images par Walter Heitzmann
Né en 1946 à Grande Rosselle en Allemagne, Walter débarque en France dans la cité de baraques du Bruch, un quartier de Forbach. A l’âge de 6 ans, départ vers Petite-Rosselle puis, nouveau déménagement de toute la famille à l’âge de 8 ans vers la cité ouvrière de la Ferme de Schoeneck où il vivra avec les siens jusqu’en 1964.
Elève assidu à l’école primaire de Schoeneck sous la houlette de M. Félix Thil son instituteur, il passe avec succès son certificat d’études primaires puis, faute de moyens financiers pour poursuivre des études secondaires, intègre, comme la majorité des adolescents de l’époque, l’école des mines en août 1960.
Après une période d’apprentissage du dur métier de mineur, le jeune Walter démarre sa carrière professionnelle au puits Gargan à Petite Rosselle car, à l’époque, travailler au fond de la mine était le gage d’un avenir assuré…
Malgré les difficultés et un travail harassant plus proche du bagne que de la colonie de vacances, Walter s’accroche et entame une carrière de mineur ponctuée par un bref intermède de 2 ans aux aciéries de Rochling Völklingen en Sarre (Allemagne).
L’appel de la mine et de la sécurité de l’emploi étant plus fort, il ré-intègre les H.B.L. et c’est à l’école des mines que le jeune Walter retourne pour se former au métier d’agent de maîtrise (Porion dans le langage de la mine).
Après 1 an de cours du soir au GRETA (après les heures de travail !) destinés à parfaire son niveau général, le futur Porion Heitzmann use une fois de plus ses fonds de culottes sur les bancs de l’école des mines…
16 mois de formation au Puits 2 à l’Hôpital (Une ville minière près de Carling) débouchent sur le diplôme tant convoité d’agent de maîtrise fond.
Nouveau retour au puits Simon avec cette fois de nouvelles responsabilités dans les chantiers des dressant, puis, des années plus tard, après la fermeture des dressants au puits Simon, nouveau challenge, le travail dans les puits avec la fonction bien spécifique d’About (Agent de maîtrise chargé entre autres, de la sécurité du puits).
Walter termine sa carrière au puits Simon qu’il a connu avant, pendant et après la mécanisation et, en 1997 postule pour une retraite bien méritée…
A la fin de cette même année, le puits Simon est fermé définitivement et Walter participe comme tous ses collègues de travail à la cérémonie de la remonte de la dernière berline de charbon extraite en veine Wohlwerth. Une longue page de l’histoire de l’industrie du charbon venait de se tourner définitivement.
Pour en savoir plus sur la construction des cités,
Ci-dessous une vidéo de la cinémathèque des HBL
Un autre film de la cinémathèque des HBL :
Le quotidien dans les cités et les vacances...
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