La difficile genèse du bassin houiller lorrain (1815-1870)
L'auteur :
Bernard DESMARS, Maîtrise d’histoire moderne, Capes d’histoire-géographie, docteur en histoire contemporaine et agrégé d’histoire, Bernard Desmars est Maître de Conférences en histoire contemporaine à l’UFR des Sciences humaines et sociales de l’île du Saulcy à Metz et à l’université de Lorraine.
Spécialiste du XIXe siècle, il consacre ses recherches à l’histoire sociale en particulier au fouriérisme.
Il a publié dans la revue Histoire, économie et société, une étude très détaillée sur la genèse de l'histoire du charbon en Lorraine. Ce travail de recherche superbement documenté, décrit, entre autres, l'histoire du fonçage du premier puits lorrain : Schoeneck.
En 1815, le traité de Paris ôte à la France le territoire de la Sarre avec ses exploitations houillères ; des recherches sont alors entreprises dans le sous-sol de la Moselle pour y découvrir du charbon. Sous la Restauration, de nombreuses initiatives se caractérisent par la faiblesse de leurs moyens scientifiques, financiers et techniques ; celle-ci explique l'échec de la seule compagnie d'exploitation qui doit cesser son activité en 1835. Et pendant une décennie environ, le sous-sol lorrain ne suscite plus beaucoup d'intérêt.
À la fin de la Monarchie de juillet, de nouvelles recherches géologiques et des investissements réalisés d'abord par de la société de Wendel relancent l'intérêt pour le bassin mosellan; celui est concédé sous le Second Empire, au profit d'intérêts à la fois locaux, parisiens et nordistes. Toutefois, la structure géologique du sous-sol mosellan provoque de nombreuses difficultés d'exploitation qui, avec l'évolution de la conjoncture et la division des ressources houillères en de nombreuses concessions par les pouvoirs publics, expliquent la médiocrité du bilan global à la veille de l'annexion de la Moselle par l'Empire allemand en 1871.
Le développement industriel réclame au XIXe siècle une quantité croissante de combustibles énergétiques, parmi lesquels la houille affirme peu à peu son rôle majeur, même si le bois offre une belle résistance jusqu'au milieu du siècle. Malgré l'essor de l'extraction (multipliée par près de 20 entre 1816 et 1880), la production de charbon ne suffit pas à satisfaire la consommation et la France reste déficitaire (1). Tantôt stimulés par les espoirs de profit, en particulier lors des « fièvres houillères » spéculatives des années 1830, ou par la demande sous le Second Empire, tantôt ralentis par les difficultés techniques, les risques propres aux activités minières et les variations de la conjoncture, de nombreux efforts sont conduits pour étendre et approfondir les gisements déjà connus avec des recherches menées autour des bassins existants (par exemple autour des mines de la Compagnie d'Anzin (2), pour rationaliser l'exploitation (avec le bref regroupement des compagnies du bassin de la Loire (3), pour moderniser le travail minier (4) ou pour découvrir de nouvelles ressources houillères :
Le gisement du Pas-de-Calais est reconnu à la fin de la Monarchie de Juillet et va permettre au groupe nordiste (bassins du Nord et du Pas-de-Calais (5) de conquérir la suprématie dans la production nationale à partir des années 1860 tandis que décline la part prise par les compagnies exploitant les pourtours du Massif Central (6).
En Lorraine, la prospection, la découverte et surtout le passage à une exploitation régulière se déroulent sur une longue durée : sans même évoquer les quelques recherches entreprises avant 1789 ou pendant les périodes révolutionnaire et napoléonienne, les différentes étapes de la mise en place d'une activité houillère en Moselle conduisent des premières années de la Restauration jusqu'au Second Empire. Mais, alors que l'extraction régulière commence seulement, la Moselle est annexée à l'Empire allemand en 1871.
Paradoxalement, alors qu'il constitue le dernier grand gisement français encore exploité (il représente aujourd'hui 70 % environ de la production houillère française), l'histoire du bassin lorrain est encore mal connue : les travaux le concernant sont très anciens (une thèse de droit publiée en 1936 constitue encore la principale référence historiographique (7) ou ont été rédigés dans une perspective géographique (8), ou encore, ont été publiés par l'entreprise des Houillères du Bassin de Lorraine (9).
Surtout, ces ouvrages privilégient le XXe siècle (au cours duquel, il est vrai, le bassin connaît son véritable essor), alors que les conditions de sa naissance au XIXe siècle ont été beaucoup moins étudiées. En mettant en relation le poids des connaissances géologiques, le rôle des facteurs techniques et économiques, l'intervention des entrepreneurs privés et des pouvoirs publics, la présente étude a pour but de mettre en valeur les conditions qui expliquent le rythme heurté du développement du bassin houiller lorrain (qui contraste par exemple avec la rapidité de la mise en valeur des ressources du Pas-de-Calais) et la médiocrité de son exploitation à la veille de son annexion par l'Empire allemand en 1871.
Le rythme des recherches
Entre 1815 et 1870, le sous-sol mosellan accueille de nombreuses entreprises de prospection et de sondages dans l'espoir d'y découvrir la houille. Cependant, cette attention est inégalement soutenue selon les moments, et les variations de cet intérêt peuvent être enregistrées à travers le courrier reçu à la préfecture, déclarant l'intention de se livrer à la recherche du précieux combustible, ou annonçant sa découverte et la volonté de l'exploiter.
Hétérogène dans son contenu et dans sa fonction, ce courrier témoigne d'une même préoccupation - démontrer la présence de houille - dont l'intensité apparaît particulièrement nette à deux moments : les années 1815-1835 d'abord, les années 1847-1858 ensuite, de façon alors plus brève, mais plus vigoureuse et finalement plus efficace, puisqu'à l'issue de cette seconde période, le bassin houiller sera définitivement reconnu.
Les recherches entre 1815 et 1835
Le traité de Paris de 1815, en modifiant la frontière lorraine de la France, soustrait à celle-ci la région de Sarrebruck, et donc un riche bassin houiller exploité dans de bonnes conditions depuis le milieu du XVIIIe siècle. Alors que la détention par la France de ces ressources sarroises sous la Révolution et l'Empire avait largement dissuadé les entrepreneurs de recherches incertaines en Moselle (sans les exclure totalement), leur perte provoque au contraire de nombreuses initiatives afin de fournir à la Lorraine des ressources en houille et, comme cela est souvent déclaré par leurs auteurs, de supprimer la dépendance et « le tribut payé à l'étranger » d'où est importé le charbon utilisé par l'industrie locale.
Ces initiatives sont de dimension très inégale, et par commodité, plusieurs catégories peuvent être distinguées : une prospection qui parvient à l'exploitation à l'est du bassin; des recherches de houille entreprises par sondage du sous-sol; des déclarations de découverte qui se révèlent sans fondement.
L'entreprise la plus importante, et en même temps la plus précoce, se déroule donc vers Schoeneck, dans la partie orientale du futur bassin houiller (10).
Les premiers sondages sont établis dès août 1816 et permettent la découverte d'une couche en novembre 1817. La concession est obtenue au profit de trois associés Thieriet, Gangloff et Rupied, par une ordonnance royale du 20 septembre 1820, malgré des demandes concurrentes et des oppositions déposées par François de Wendel, le maître de forges de Hayange, et les héritiers du duc de Deux-Ponts, propriétaires d'une partie des terrains concernés. Les trois concessionnaires forment une société anonyme et engagent des travaux pour creuser le puits afin d'arriver à l'exploitation.
Plan du 1er puits à Schoeneck
Mais le fonçage du puits est long et contrarié par de nombreuses difficultés, en particulier des venues d'eau qui ralentissent les travaux et en alourdissent le coût.
La houille est rencontrée à la fin de 1829 et l'exploitation peut commencer l'année suivante; des obstacles en limitent immédiatement l'ampleur : l'une des deux galeries ouvertes doit être abandonnée dès décembre 1830, toujours en raison des venues d'eau. La houille extraite ne peut guère qu'alimenter les machines de l'entreprise; il n'en sera vendu que pendant les années 1834 et 1835, et encore ne s'agit-il que de très faibles quantités. La situation financière compromet l'avenir de la compagnie qui suspend les travaux d'exploitation en novembre 1835. L'année suivante, les eaux envahissent les galeries et le puits.
Le Conseil d'administration cherche alors vainement de nouveaux capitaux et sollicite des aides publiques qui lui sont refusées. En 1840, une assemblée générale des actionnaires dissout la société qui est mise en liquidation. L'entreprise de Schoeneck constitue la principale tentative de mise en valeur du bassin houiller lorrain dans la première moitié du XIXe siècle. C'est d'ailleurs son développement qui rythme les différentes recherches menées en Moselle à la même époque, qui suscite des espoirs, qui incite quelques individus à prospecter ou suggère à quelques autres la possibilité de profits.
La chronologie des déclarations de recherche de houille à la préfecture est directement dérivée des succès et des échecs de Schoeneck : elles sont nombreuses vers 1820, quand les sondages révèlent la présence de la houille et permettent la concession d'un territoire et la constitution d'une société, ou vers 1830, quand du charbon est enfin remonté à la surface. Les déboires des années suivantes ralentissent, puis interrompent le mouvement des déclarations après 1835. Le lien entre les opérations de cette première compagnie et les autres initiatives en Moselle est d'ailleurs tout à fait explicite dans les propos de certains acteurs.
En janvier 1818, soit quelques semaines après que les premiers sondages de Schoeneck ont révélé la présence de charbon, un ancien militaire, le capitaine Lassalle, « a de fortes raisons de soupçonner qu'il existe des couches de houilles, attendu que les terrains font partie du bassin de la Sarre et présentent à peu près le même aspect que ceux de Schoeneck où l'on vient de découvrir une mine de ce combustible » et il déclare vouloir se lancer dans de telles recherches dans la plaine de Creutzwald (11).
Quelques années après, une activité fébrile se déploie dans un autre lieu de l'Est mosellan, malgré les doutes de l'ingénieur des mines sur les chances de succès, car « un des actionnaires de Schoeneck en a fait faire une petite tranchée que j'ai trouvée comblée; cette découverte a fait du bruit dans le pays, il se trouvera des personnes qui séduites par l'espérance de trouver de la houille tenteront de lui donner suite (12) ».
D'autres travaux, d'autres entreprises s'efforcent de déterminer la présence de la houille sur le territoire mosellan par des sondages.
Les recherches les plus importantes sont menées entre 1819 et 1825 et sont en partie financées par le Conseil général. Celui-ci intervient en deux étapes : tout d'abord, il alloue une somme d'argent à l'ingénieur des mines qui lance deux sondages infructueux entre 1820 et 1822; puis, dans un second temps, le Conseil général passe un accord en 1822 avec un particulier : le premier accepte de consacrer 6000 francs à la recherche de houille, tandis que le second fournira « une somme de 3000 F, son temps, son industrie et son terrain même pour les machines et bâtiments à y élever, sans indemnité et les avantages résultants de cette espèce d'association seront partagés par moitié (13)».
Les travaux commencés en mars 1823 sont arrêtés au début de l'année 1825, après de nombreuses interruptions dues là aussi à des venues d'eau. Dès lors, le Conseil général cesse ses interventions financières en faveur de la recherche de houille.
Des individus ou des entreprises privées manifestent les mêmes volontés d'investigations et souhaitent effectuer des sondages pour vérifier la présence de la houille dans plusieurs localités de la Moselle : en 1817, de Wendel dit avoir « reconnu des indices de charbon de terre dans les environs de Hettange près Thionville »; il demande au préfet « la permission de faire des fouilles sur le ban de cette commune ou dans les communes voisines » et emprunte le matériel de sondage entreposé à Metz par la préfecture, mais n'obtient pas de résultat positif (14).
De façon plus résolue, une société se forme en 1830 et accomplit la plupart des démarches nécessaires à l'obtention d'une concession.
Formée de Mosellans, pour la plupart Messins, conduite par Dorr, négociant et ancien président du tribunal de commerce, elle comprend le maire de Metz, un chanoine, le substitut du procureur du roi, quelques notaires...
Cependant, alors que le dossier de concession est en cours d'instruction, cette société communique l'abandon de son projet, de nouveaux sondages ayant semble-t-il montré la vanité de ses espoirs. En 1832 et 1833, quelques associés déclarent effectuer des recherches au nord-est de la Moselle, puis déposent une demande de concession à la préfecture en mai 1833; en même temps, ils diffusent un prospectus destiné à faire connaître leur entreprise afin de rassembler des capitaux au sein d'une société en commandite; là aussi, ils renoncent à leur entreprise, probablement en raison de l'attitude de l'ingénieur des mines qui conteste vigoureusement leurs prévisions optimistes (16).
Enfin, une troisième catégorie d'initiatives peut être recensée dans les déclarations de la préfecture qui reçoit à plusieurs reprises des lettres annonçant la découverte de houille par des particuliers. La mise au jour d'un minéral noirâtre au fond d'une tranchée, en creusant une cave ou même en labourant suffit parfois à éveiller les plus folles espérances.
Pierre Schwartz, par exemple, ancien maréchal-ferrant s'adresse au préfet et l'« informe qu'il a découvert un terrain [...] contenant des matières combustibles dont il a fait un essai, ayant pris de la surface quelques charges et mis dans le feu, qui duraient 6 à 7 heures, sans avoir creusé dans la terre qu'avec un bâton [...].
Si votre autorité voudrait y faire sonder par des personnes de connaissance, pour s'en convaincre ce serait un avantage inexprimable pour ce pays » (17).
L'ingénieur des mines contredit ces espérances en affirmant de façon catégorique que « ce terrain n'a aucun rapport avec le terrain houiller et ne peut accompagner la vraie houille (18)». Pourtant, Schwartz persiste et fait écrire en 1829 au ministère de l'intérieur à Paris, puis, après la Révolution de 1830, au roi Louis-Philippe lui-même pour obtenir l'aide des pouvoirs publics dans ses futurs travaux d'extraction; en vain, puisque les ingénieurs des mines successifs dénient toute chance de succès aux opérations de Schwartz (19).
Ainsi, les recherches de houille, les soupçons sur sa présence sont relativement précoces, et la preuve de son existence est acquise dès les premières années de la Restauration. Pourtant, cette première période de recherches se clôt sur un échec, même si, comme le dira ensuite l'ingénieur Jacquot, l'un des acteurs essentiels des recherches menées sous le Second Empire, les prospections alors menées apportent des informations qui vont ensuite s'avérer utiles.
Les raisons de ces échecs
Les déconvenues enregistrées résultent de plusieurs facteurs ; elles tiennent tout d'abord aux difficultés éprouvées par de nombreux acteurs de ces recherches dans l'identification de la houille. Une grande partie des lettres reçues à la préfecture témoigne d'une très grande méconnaissance sur la nature de ce combustible et sur ses conditions géologiques de formation. La confusion est fréquente en effet avec d'autres matières fossiles, tels le lignite ou ce que les géologues appellent le muschelkalk (calcaire de l'ère secondaire).
Ces incertitudes minéralogiques ne concernent d'ailleurs pas seulement les simples annonces de découverte au préfet; elles se manifestent aussi dans des demandes apparemment plus élaborées, faites par des sociétés engageant des travaux et publiant des prospectus afin de placer des actions.
C'est d'ailleurs à la suite de l'une de ces publications qu'en 1835, l'ingénieur Levallois, ingénieur en chef des mines pour la Meurthe et la Moselle, fait paraître un article dans la Revue de Lorraine au sujet des « fouilles de houille de Rémering » : « La pauvreté de notre langue minéralogique a, plus d'une fois, donné lieu à des confusions qui ont entraîné les spéculateurs dans de folles entreprises » et Levallois dénonce la diffusion d'un prospectus que l'on répand dans les départements de la Meurthe et de la Moselle, sous le titre, Fouilles de houille de Rémering, Hilsprich, banning, Biding et Hombourg, arrondissement de Sarreguemines, département de la Moselle : prospectus qui ne repose effectivement à mes yeux, que sur une de ces confusions, et dont les auteurs paraissent s'abandonner à de grandes illusions (20)».
D'autres témoignages confirment ces méprises et les ingénieurs des mines doivent régulièrement démentir des affirmations ou des rumeurs de découverte de houille dans différents lieux de la Moselle.
Ensuite, peut-être à cause des exploitations sarroises voisines où la houille se trouve à proximité du sol et affleure même parfois à sa surface, on sous-estime largement la profondeur des couches de charbon (la première couche rencontrée par le sondage de Schoeneck en 1817 se situe à 65,50 mètres; en 1856, les premiers blocs de houille sortis du puits de Petite-Rosselle sont remontés de 120 mètres) : en 1818, deux vignerons des côtes de la Moselle déclarent « qu'il existe dans une partie de la côte dudit Novéant une houillère [...] dans un clos de vigne, [...] d'où ils ont tiré des pierres de houille desquelles ils ont fait un usage sur un feu de cheminée et dans un poêle et qu'étant en partie brûlée, ils l'auraient éteinte à l'eau, après quoi ils l'auraient remis sur le feu, lequel se serait rallumé parfaitement et donnait par son évaporation ou fumée l'odeur de houille.
Observant que la hauteur du terrain creusé par eux pour en extraire les terres et les remblayer par des pierres inutiles était d'environ cinq mètres de hauteur sur un espace semblable en quarré [sic] » (21). Schwartz, déjà cité, qui prétend avoir extrait de la houille en creusant avec un bâton, Claude Schweitzer, garde forestier, qui affirme que le charbon se situe à trois mètres (22), et quelques autres encore, manifestent un même optimisme ou avouent l'ignorance de la profondeur à laquelle se situe la houille dont ils supputent l'existence.
Adrien de Viville, propriétaire, déclare ainsi : « Les différentes couches de terre et de pierre qui composent les terrains de la commune où je cultive et celui des communes voisines annoncent qu'à des profondeurs qu'on ne peut calculer, il est possible de trouver des filons de houille » (23).
Pour ceux qui vont au-delà de l'effort de reconnaissance de la houille, se pose la question des moyens, et d'abord des moyens techniques. Des difficultés considérables attendent en effet ceux qui prospectent par sondage, et encore davantage, bien sûr, ceux qui veulent foncer un puits.
Quelques-uns sollicitent la sonde dont dispose le Conseil général, sans d'ailleurs toujours s'en servir, l'emprunt servant parfois à crédibiliser une demande en concession.
Ceux qui effectuent réellement des travaux se heurtent principalement à leur incapacité de maîtriser l'afflux des eaux dans le trou de sonde (par exemple dans les sondages réalisés avec l'appui financier du Conseil général) ou dans le puits (à Schoeneck). Le terrain houiller est en effet recouvert par un grès vosgien fortement aquifère qui va profondément perturber les différentes entreprises quand cela ne les ruine pas. Or les compétences techniques de certains des chercheurs sont manifestement limitées ; voici par exemple une société, qui a déposé une demande en concession, et qui, selon l'ingénieur, « ne paraît présenter aucune chance de succès et ne peut être faite que par des personnes tout à fait étrangères à l'art des mines, ainsi que le montrent clairement les travaux » déjà entrepris (24).
De surcroît, la main ďœuvre manque; et, recrutée dans les environs du lieu de sondage, elle s'avère peu apte aux travaux dont on la charge : « les sondages ne s'effectuent pas assez habituellement dans le département de la Moselle pour y employer constamment les mêmes ouvriers, on est obligé de les prendre au plus prochain village » observe l'ingénieur des mines de Gargan quand il dirige les travaux financés par le Conseil général; et beaucoup d'incidents ont « pour cause leur peu d'habitude ».
Les fréquentes interruptions des travaux provoquent le plus souvent une dispersion des ouvriers, et donc un nouvel apprentissage lors de la reprise du sondage (25).
À Schoeneck, la compagnie emploie d'abord des mineurs venus de la Sarre voisine; une grève provoque leur licenciement par la direction qui essaie de les remplacer par une main ďœuvre locale (26); cependant, la productivité de cette dernière est très faible, et l’ingénieur-directeur signale peu avant l'abandon de la mine que « la plupart des mineurs étaient inexpérimentés parce que l'on n'avait pu s'en procurer d'autres. L'abattage, le triage, le roulage de la houille ne s'opéraient pas avec la promptitude nécessaire ».
Cette main ďœuvre n'est d'ailleurs guère plus docile que son homologue allemande : des ouvriers qui ont travaillé l'hiver à la mine sont repartis aux champs dès le printemps, et les mineurs sont au printemps 1835 en quantité insuffisante; ceux qui sont restés se coalisent pour demander une augmentation de salaire et une grande partie d'entre eux est congédiée peu de temps avant l'arrêt des travaux (27).
Enfin, les capitaux engagés sont nettement insuffisants, et la plupart des sociétés constituées pour la recherche et l'exploitation de la houille manquent visiblement d'envergure, sans parler des initiatives individuelles plus ou moins fantaisistes. Les créateurs de sociétés se lancent parfois dans des prévisions comptables hasardeuses, afin d'attirer des capitaux grâce aux profits annoncés.
Quelques associés, prenant « la liberté de vous présenter un détail approximatif des dépenses nécessaires pour parvenir au but que nous nous sommes proposés », estiment la somme à 1397 F, en additionnant « quatre pioches et quatre pelles en fer », des « baquets servant à l'extraction de la houille, devant contenir chacun 300 livres », quelques pièces de bois et de fer, liste d'où sont bien sûr absentes pompes, machines à vapeur, etc (28).
Sous la Monarchie de Juillet, les auteurs du prospectus diffusé par la « société pour l'exploitation des houillères de Hargarten et celles des communes environnantes », évaluent les dépenses de façon très partielle et approximative. Le coût du sondage est estimé à 1 800 francs au plus.
Les dépenses nécessaires pour le puits ne sont pas indiquées de façon précise et globale, puisque le prospectus estime le coût au mètre de puits ou au mètre de galerie, sans indiquer quelle est la profondeur à laquelle on pense rencontrer la houille ! (29)
Ces sociétés sont d'ailleurs constituées de personnes aux moyens financiers limités, en même temps qu'elles sont généralement très éloignées par leur profession des techniques minières; le garde forestier Schweitzer s'est associé avec un menuisier mécanicien (30); une compagnie formée en 1832 comprend d'abord un pâtissier, un aubergiste, un cafetier et un perruquier demeurant à Metz ; les deux derniers abandonnent, mais ceux qui poursuivent se présentent ensuite sous la vague dénomination de propriétaires et s'adjoignent un ancien ingénieur des ponts et chaussées en retraite (31). Leurs possibilités pécuniaires sont de toute façon nettement disproportionnées aux dépenses prévisibles et en particulier à celles réalisées par la compagnie de Schoeneck.
Quant aux moyens accordés par le Conseil général de la Moselle (7000 francs votés lors des sessions de 1819, 1820 et 1821; puis 6000 francs dans l'association contractée avec Lasalle), ils ont été dispersés dans l'achat d'une sonde et dans la réalisation de trois sondages. Et les difficultés rencontrées dans ces derniers ont dissuadé l'assemblée départementale de poursuivre son effort, les espoirs alors suscités par Schoeneck permettant de compter sur un relais de l'initiative privée dans la recherche de la houille.
L'emplacement actuel du puits de Schoeneck
La compagnie de Schoeneck offre une base financière a priori plus solide, puisque le capital de la société anonyme formée en 1821 se monte à 300000 francs, répartis en cent actions. Au début des années 1830, le capital de l'entreprise est dispersé entre de nombreux petits porteurs, des rentiers principalement, des militaires, fonctionnaires et magistrats ensuite, le monde des affaires (négociants et industriels) ne détenant que 15 % des actions.
Ce capital est d'origine régionale pour sa plus grande partie (55 % des actionnaires sont mosellans, 15 % demeurent dans les autres départements de la Lorraine, moins d'un quart sont domiciliés à Paris (32). Ces actionnaires, aux capacités financières limitées et éloignés du travail industriel et minier, sont surtout intéressés par des profits rapides, et se séparent aisément de leurs actions lorsque ceux-ci paraissent plus lointains; en 1825, quand, en raison des nouveaux investissements nécessaires, la compagnie doit demander l'autorisation d'émettre 200 nouvelles actions (33), elle éprouve des difficultés et doit aussi recourir à plusieurs emprunts.
Après l'arrêt des travaux, un rapport des ingénieurs des mines évalue à 1225000 francs la somme engloutie dans l'opération (34).
Ce chiffre montre à lui seul le caractère dérisoire des estimations citées plus haut, avancées par quelques candidats à l'exploitation houillère.
Les incertitudes scientifiques, les déficiences techniques, surtout au regard des problèmes posés, les insuffisances financières des acteurs expliquent les échecs de cette première période, et même ce qui pourra ensuite apparaître comme un manque de chance : le puits de Schoeneck a été précisément installé sur « un de ces accidents [...] dans le voisinage desquels les couches de houille habituellement brouillées, quelquefois même altérées dans leur composition, deviennent inexploitables » (35), écrit Jacquot sous le Second Empire ; le sondage réalisé grâce à la collaboration entre Lasalle et le Conseil général entre 1823 et 1825 « était près d'atteindre le terrain houiller lorsqu'un accident força à l'abandonner.
Sans cet accident, le prolongement du bassin houiller de la Sarre aurait pu être découvert trente ans plus tôt dans la plaine de Creutzwald » (36).
Ceci résulte en fait surtout des carences déjà signalées : la méconnaissance du sous-sol mosellan, et la faiblesse des moyens financiers qui a empêché les auteurs de sondages de persévérer dans leur action.
L'arrêt des recherches, 1835-1845
Après l'échec enregistré par la compagnie de Schoeneck, les initiatives se font beaucoup moins nombreuses et l'extraction du charbon en Lorraine ne suscite plus guère d'intérêt.
La société de Schoeneck essaie de repartir sur de nouvelles bases, en tentant de reconstituer son capital et en demandant la modification de ses statuts, vainement (37). Une assemblée générale des actionnaires, en novembre 1840, décide la dissolution de la société, dont les biens sont mis en vente en mars 1841; proposés à 385000 francs, ils ne trouvent pas d'acquéreur et sont cédés quelques semaines plus tard à 50100 francs.
Les nouveaux propriétaires, deux des anciens actionnaires, ont acheté les biens de la compagnie, moins pour exploiter la mine déjà creusée, que pour effectuer de nouvelles recherches dans le périmètre de la concession.
Plusieurs sondages sont entrepris, mais sans résultat satisfaisant. Vers 1845, les différentes recherches de houille entreprises en Moselle depuis près de 30 ans semblent donc devoir se conclure sur un échec; la préfecture n'enregistre plus que quelques candidatures isolées et sans lendemain. L'activité la plus déterminée est menée par Geoffroi Staadt, dont les limites et finalement l'insuccès résument une grande partie des difficultés d'alors.
Ce rentier de Trêves dépose en 1841 une demande en concession d'un territoire situé vers Piblange, c'est-à- dire sur un point éloigné du futur bassin houiller; le rapport de l'ingénieur précise d'ailleurs dès le départ qu'il ne s'agit pas véritablement de houille, mais d'un combustible de qualité médiocre; mais « ce sera au concessionnaire à tirer de ce minerai le parti qui lui paraîtra le plus avantageux, soit qu'il le vende comme combustible, soit qu'il s'en serve pour la fabrication de l'alun » (38).
Une ordonnance royale concède en 1844 « des mines de houille et de schistes pyriteux ». Staadt a d'abord pour objectif de le commercialiser à grande échelle. Hélas, ainsi que le rapporte l'ingénieur des mines, « la consommation de la houille de Piblange est encore bornée au chauffage domestique de quelques ménages pauvres dans les villages voisins » et à la cuisson de la chaux dans des fours construits par Staadt.
Ces débouchés réduisent le temps de la production à la période hivernale; d'ailleurs, l'exploitation, dirigée par le fils du concessionnaire, n'est assurée que par deux mineurs permanents, renforcés l'hiver par quelques habitants du lieu qui retournent aux travaux agricoles dès le printemps revenu. En 1848, lors de sa visite, l'ingénieur des mines observe : « Cette mine n'a pas un grand avenir »; et quelques mois plus tard, il constate l'arrêt des travaux et l'abandon de la mine (39).
Ainsi, autour de 1840, l'exploitation de Schoeneck est déjà interrompue depuis plusieurs années et ses propriétaires cherchent surtout à la vendre; ailleurs, les recherches sont suspendues et les seules initiatives concernent des mines offrant peu d'intérêt.
Les espoirs mis dans l'exploitation de la houille lorraine semblent dès lors bien compromis; d'ailleurs, quand, dans l'été 1840, le ministre sollicite l'avis du Conseil général des mines sur l'opportunité d'attribuer des fonds d'origine gouvernementale à de nouvelles recherches en Moselle, la réponse est abruptement négative : « Le conseil a dû regarder l'exploration des environs de Forbach comme incertaine et dispendieuse » et il dissuade le ministre d'y engager la moindre dépense (40).
Un nouvel élan : 1845-1860
Une nouvelle étape commence dans l'histoire du bassin houiller mosellan dans les dernières années de la Monarchie de juillet, avec à la fois, la reprise des travaux dans le territoire de Schoeneck déjà concédé, et l'extension de la prospection vers l'ouest maintenant appuyée sur une véritable étude géologique menée par l'ingénieur des mines de la Moselle.
En février 1844, les milieux économiques mosellans interviennent auprès des pouvoirs publics : un député dépose à la Chambre « une pétition par laquelle la Chambre de Commerce de Metz et les maîtres de forges de la Moselle exposent l'avantage industriel et financier d'opérer de préférence dans l'Est de la France les sondages de terrains houillers sur les fonds destinés aux recherches minérales » (41); en même temps, le président de la Chambre de Commerce demande au Secrétaire d'État aux travaux publics « que des travaux de recherches, c'est-à-dire des sondages, soient faits sur la frontière est du département, dans le voisinage des houillères prussiennes, les gens de l'art ayant la certitude qu'on retrouvera en France les couches de charbon qui de la Prusse se dirigent vers notre pays » (42).
Interrogé sur l'intérêt de ces recherches, l'ingénieur en chef des mines pour la Meurthe et la Moselle se montre plus réservé et souhaite faire précéder les sondages par une étude géologique embrassant une vaste surface.
Sa position est adoptée par le Conseil général des Mines, puis par le ministère qui délivre des fonds pour l'année 1845, en chargeant l'ingénieur des mines de la Moselle de réaliser cet examen du sous-sol mosellan et de ses richesses houillères potentielles. L'étude peut donc commencer dès 1845; mais une maladie de l'ingénieur Piot, en poste en Moselle, puis sa démission (il rejoint les établissements métallurgiques de Wendel) provoquent un important retard, et il faut attendre l'arrivée d'un nouvel ingénieur des mines en 1847, Eugène Jacquot, pour que débute véritablement l'enquête. Dès 1849, il en communique les premiers résultats qu'il complète dans les années suivantes; puis il rédige ses Études géologiques sur le bassin houiller de la Sarre, faites en 1847, 1848 et 1850, publiées en 1853 (43).
Parcourant les mines du bassin sarrois et les terrains français situés à proximité, utilisant les résultats des sondages effectués jusqu'alors, Jacquot considère que la présence de la houille vers Schoeneck est déjà prouvée; et il désigne un nouveau territoire, « la plaine de Creutzwald [la partie occidentale du futur bassin] comme offrant, pour les recherches des conditions très favorables.
Je pense que c'est à Creutzwald même ou à Carling, points qui sont très rapprochés de la frontière et à un niveau peu élevé, qu'il faut entreprendre les premiers travaux » (44).
À ses compétences géologiques et à son inlassable activité, Jacquot ajoute le souci de la publicité : ses travaux sont largement diffusés, d'une part grâce aux publications officielles (le ministère fait paraître plusieurs brochures, et les Annales des Mines comportent plusieurs articles de Jacquot), d'autre part, au niveau local, par l'intermédiaire en particulier de l'Académie de Metz dont il est un membre très dynamique; et lorsque des personnes le consultent avant d'effectuer des recherches, il leur indique volontiers les lieux qui lui semblent les plus prometteurs. Les recherches de Jacquot portent principalement sur la partie occidentale du futur bassin houiller, désignée sous le nom de la plaine de Creutzwald; à l'est, le territoire de Schoeneck suscite vers la même époque un regain d'intérêt.
En 1846, l'industriel Charles de Wendel et l'homme d'affaires parisien Hainguerlot rachètent la concession aux héritiers et ayant droits des trois premiers concessionnaires; ils passent également un accord avec d'Hausen, l'un des deux acquéreurs des biens de la société en 1841 (qui rachète la part de l'autre propriétaire) aux termes duquel ils s'engagent à dépenser au moins 100000 francs dans des opérations de recherche; si celles-ci s'avèrent satisfaisantes, d'Hausen leur cédera tous ses droits pour 110000 francs, soit en espèces, soit en actions (45).
Participe également à l'opération l'ingénieur Kind, qui dirige les travaux de sondages.
Ceux-ci se révèlent positifs, et en 1851, les quatre hommes fondent une société anonyme (autorisée en 1853) pour l'exploitation de la concession de Schoeneck, sous le nom de Compagnie des houillères de Stiring. Le fonçage des deux premiers puits, creusés selon un système novateur inventé par Kind, se heurte cependant au problème des venues d'eau; un autre puits est commencé en 1854; creusé selon des procédés plus classiques, il permet l'entrée en exploitation en 1856.
Dans les années suivantes, l'ouverture d'autres puits favorise une croissance régulière de la production.
Les études réalisées par Jacquot et les découvertes qu'elles laissent entrevoir, la reprise des travaux à Schoeneck et les espoirs de profit qu'elle suscite, ramènent l'attention sur la houille mosellane; dans les premières années du Second Empire, de nombreuses déclarations de recherches à la préfecture témoignent de cet intérêt pour un bassin qui paraît alors riche de promesses ; elles se concentrent d'ailleurs sur quelques années, entre 1852 et 1857 : au- delà de cette date, la préfecture n'enregistre que trois déclarations tardives (deux en 1863 et une en 1870), d'ailleurs sans suite; les travaux de sondage s'effectuent pour la plupart entre 1852 et 1859, et les concessions sont attribuées entre 1856 et 1863, les dernières d'entre elles concluant d'ailleurs des demandes déposées depuis plusieurs années.
Ainsi, en moins de quinze ans, le bassin houiller lorrain a été redécouvert : la partie orientale est remise en exploitation, et une seconde concession vient s'ajouter à celle de Schoeneck; les richesses de sa partie occidentale sont reconnues dans la première décennie du Second Empire et réparties entre neuf sociétés. En 1863, le bassin comprend 217,50 km2, divisées entre onze concessions (y compris celle de Schoeneck, concédée en 1820 (46).
De nouvelles conditions
Quelles sont les raisons de ce regain d'intérêt pour les ressources houillères mosellanes?
Les investissements réalisés en Lorraine s'inscrivent dans un contexte de croissance économique et de développement du capitalisme industriel pendant la première décennie du Second Empire. La relance de l'exploitation dans la concession de Schoeneck et les recherches réalisées dans la plaine de Creutzwald pour y découvrir la houille bénéficient d'une conjoncture économique favorable qui stimule les initiatives et favorise la mobilisation de capitaux.
On observe d'ailleurs l'intervention vers Forbach ou Creuztwald de quelques-uns des représentants les plus dynamiques du capitalisme français, et en particulier des milieux bancaires : les frères Pereire, associés à l'ingénieur Stéphane Mony, commencent des recherches au printemps 1854 et obtiennent en 1857 la plus vaste concession du bassin. D'autres banquiers parisiens sont présents, parmi lesquels la banque Fould (dans la Compagnie charbonnière de l'Est), Frédéric Grieninger (dans la Société de la Houve).
À côté de ces milieux financiers parisiens, qui contribuent activement à l'éclosion du bassin houiller, le monde ferroviaire, la Compagnie de l'Est en particulier, est également présent dans les compagnies de recherches qui prospectent en Lorraine : le comte de Ségur, président du conseil d'administration de la Compagnie de l'Est, est à la tête d'une société houillère (la Société du Hochwald) où l'on retrouve d'ailleurs d'autres administrateurs de la même compagnie ferroviaire, comme Jayr, ancien préfet de la Moselle, puis ministre des Travaux publics et aussi administrateur de la Compagnie des mines de la Loire, il en préside même le Conseil d'administration dans ses dernières années (47).
Un troisième groupe peut être identifié, inscrivant les travaux mosellans dans le prolongement de la découverte du bassin du Pas-de-Calais, reconnu à partir des découvertes d'Oignies (1842) et surtout de L'Escarpelle (1847) et Courrières (1849), puis partagé pour sa plus grande partie entre 1847 et 1854 et ensuite activement exploité (48). On retrouve en effet en Lorraine quelques acteurs de la mise en valeur des deux grands bassins du nord de la France : l'ingénieur Villemin, directeur des mines d'Aniche (Nord) et auteur de recherches dans le Pas de Calais en 1854 et 1855, apparaît en Moselle comme conseiller des houillères de Stiring en 1854, puis prend des parts dans deux autres compagnies ; des manufacturiers, plusieurs propriétaires, un banquier et un notaire de Cambrai sont également présents, pour la plupart réunis au sein de la Compagnie charbonnière de la Moselle.
Le bassin du Pas-de-Calais a été rapidement divisé, sans satisfaire tous les intérêts qui s'y sont manifestés; certains auteurs de recherches souhaitent probablement compléter leurs investissements dans une région prometteuse, ou compenser en Moselle les déceptions ou les échecs essuyés plus au nord.
Des acteurs régionaux participent également à la mise en valeur du bassin houiller : certains, par leur activité professionnelle, sont très éloignés des problèmes industriels et paraissent s'intéresser au sous-sol mosellan en raison de sa proximité et pour des raisons largement spéculatives ; cela vaut en particulier pour les magistrats, médecins et notables locaux que l'on retrouve surtout dans les sociétés nancéiennes, arrivées plus tardivement.
Mais, des banquiers messins, le président de la Chambre de commerce de la Moselle, des négociants de Sarrebruck et de Trêves et surtout des industriels mosellans consommateurs de combustibles interviennent aussi dans les sociétés qui se mettent en place pour découvrir, puis exploiter la houille.
En effet, l'attrait exercé par l'exploitation des richesses houillères est lié à la place croissante occupée par le charbon de terre dans l'activité industrielle; celle-ci consomme de plus en plus d'énergie et les différents secteurs industriels substituent progressivement, mais à des rythmes variables, la houille au bois. Cette évolution s'observe en Moselle même, et en particulier dans la région de Sarreguemines, à proximité du bassin houiller : les verreries de Forbach ou de Meisenthal emploient de plus en plus la houille comme combustible à partir de 1850.
Cependant, la consommation en Moselle s'accroît surtout dans l'activité métallurgique; celle-ci est dominée par les forges de la famille de Wendel qui, dès le Premier Empire, commence à utiliser la houille; à la fin de la Restauration et dans les dix premières années de la Monarchie de Juillet, sa consommation stagne, avant de connaître une forte augmentation après 1840, parallèlement bien sûr, à l'essor de l'activité métallurgique (49).
Le lien entre le travail du fer et la recherche de la houille se traduit par la présence de plusieurs maîtres de forge lorrains au sein des sociétés de prospection ou d'exploitation; la société de la Houve, ancrée à Metz, comprend ainsi les dirigeants de trois entreprises métallurgiques qui veulent participer au développement des ressources houillères et alimenter leurs forges.
La relation est plus évidente encore dans le cas de la société de Wendel qui souhaite approvisionner ses établissements en produisant son propre charbon; on retrouve parmi les dirigeants de cette entreprise Théodore de Gargan, ancien ingénieur des mines de la Moselle sous la Restauration, l'un des acteurs des recherches menées à cette époque, époux d'une fille de Wendel; mais on note surtout le rôle de Charles de Wendel, le principal animateur de la compagnie des houillères de Stiring.
Stiring, justement, illustre bien cette relation entre l'activité métallurgique et le charbon; alors qu'il négocie pour racheter la concession de Schoeneck, Charles de Wendel entreprend dans la même année la construction de la très moderne usine de Stiring, destinée principalement à la fabrication des rails des chemins de fer et située sur le territoire de cette concession; un puits d'extraction sera même creusé à immédiate proximité des bâtiments de l'usine.
Sous le Second Empire, l'essentiel de la production houillère de la Compagnie de Stiring est d'ailleurs écoulé au profit de l'entreprise de Wendel, à des prix généralement très avantageux pour l'établissement métallurgique (50). Les statistiques de la consommation de houille en Moselle traduisent cette croissance des besoins : la quantité de houille consommée passe d'à peine 1,5 million quintaux en 1847 à plus de 16 millions en 1869.
Ces besoins sont alimentés principalement par le bassin de Sarrebruck, les charbons de Belgique et du Pas-de-Calais venant s'y ajouter à la fin des années 60, en plus bien sûr, de la production mosellane (51). L'attention portée au bassin houiller lorrain coïncide aussi avec le projet de construction, puis l'ouverture en 1851, de la ligne de chemin de fer Metz-Forbach (poussée jusqu'à Sarrebruck l'année suivante), qui prolonge la voie reliant Nancy à Metz, inaugurée en 1850.
Le passage de la voie ferrée constitue un atout supplémentaire pour la région de Forbach; l'ingénieur des mines note d'ailleurs qu'en dessinant les contours du territoire demandé en concession, les membres de la Compagnie charbonnière de l'Est « paraissent avoir eu uniquement en vue la faculté des transports ; ils ont allongé leur périmètre le long du chemin de fer de Metz à Forbach » (52) et les sociétés concessionnaires, dès lors que l'exploitation semble proche, élaborent des projets de lignes locales pour relier leur siège au réseau de la Compagnie de l'Est (dont plusieurs de leurs membres sont d'ailleurs administrateurs).
Ainsi, les conditions dans lesquelles se font les prospections dans les années 1845-1860 diffèrent considérablement de ce que l'on a vu pour les années 1815-1835 : l'intervention des milieux bancaires, locaux ou parisiens, semble garantir des moyens financiers importants; la croissance des besoins en combustible, dont témoigne la présence des industriels locaux, et singulièrement des maîtres de forges, promet des débouchés assurés.
Les compétences techniques sont également présentes sur le bassin lorrain; interviennent en effet quelques-uns des ingénieurs-sondeurs les plus réputés.
Kind, tout d'abord, le « Napoléon des sondeurs » (53), qui amène avec lui, d'abord au profit exclusif de la Compagnie de Stiring dont il est l'un des associés et à qui il a concédé les brevets, de nouveaux procédés accélérant les travaux de sondages et devant faciliter le creusement des puits à travers les terrains aquifères (54); mais aussi Villemin, déjà cité, qui prodigue ses conseils à la Compagnie de Stiring et amène quelques potions et mineurs expérimentés afin de substituer aux méthodes de Kind, finalement décevantes, les procédés en usage dans le Nord, à partir de 1855 (55); Mulot, l'un des auteurs de la découverte du bassin du Pas-de-Calais, ou encore Degousée qui travaille également dans le Nord (56). Stéphane Mony, au moment où il s'intéresse au charbon lorrain en compagnie des frères Pereire, devient directeur-gérant de la Société des houillères de Commentry et des forges et fonderies de Fourchambault. on peut aussi noter les interventions de l'ingénieur Callon, qui, après avoir dirigé les mines de la Grande Combe, enseigne à l'École des mines de Paris, tout en ayant le rôle d'ingénieur-conseil auprès de nombreuses sociétés, dont la Compagnie houillère de la Moselle (57).
Le temps des difficultés
A partir de 1858, le démarrage du bassin houiller semble donc s'effectuer sous les meilleurs auspices : l'environnement scientifique qui accompagne les recherches exclut désormais les confusions entre le charbon et les autres minéraux (de telles erreurs deviennent désormais rarissimes et leurs auteurs sont vite découragés par l'administration des mines); les progrès techniques et la compétence des ingénieurs laissent espérer que l'on arrivera à surmonter les obstacles antérieurs, et surtout les venues d'eau; la surface financière présentée par les principaux acteurs et les intérêts industriels qu'ils représentent semblent garantir la durée et la réussite des entreprises.
Pourtant, au début des années 1860, le bilan est mitigé et des inquiétudes se font jour : une seule société a commencé à produire, la Compagnie de Stiring ; parmi les autres sociétés concessionnaires, seules quatre se sont lancées dans des ouvrages préparant l'exploitation; mais deux d'entre elles ont dû arrêter leurs travaux en 1859. Et les autres sociétés sont restées inactives, refusant d'engager des dépenses pour des résultats qui apparaissent désormais très incertains.
Les pouvoirs publics et l'administration des mines ont beau répéter aux entreprises inactives l'obligation qui leur a été faite dans le décret de concession et le cahier des charges de réaliser des travaux, elles ne manifestent guère d'empressement à se lancer dans l'exploitation de la houille. Attractif dans les années 50, le bassin lorrain semble devenu répulsif au début de la décennie suivante et son avenir apparaît compromis.
Des doutes sont publiquement émis sur la possibilité d'exploiter ce bassin avec profit (58) et les concessionnaires évoquent régulièrement la défaveur dont il souffre, pour justifier leur incapacité à réunir des capitaux et leur inactivité.
Les difficultés techniques, liées aux venues d'eau, n'ont en fait pas été résolues : les deux puits foncés par Kind pour la compagnie de Stiring selon son nouveau procédé technique, sont bientôt noyés; et sur les conseils de l'ingénieur Villemin, on en revient pour les puits suivants à des techniques plus classiques, celles utilisées dans le Nord. Ces difficultés affectent les quatre autres sociétés qui, après avoir obtenu la concession, commencent le creusement d'un puits; leurs travaux sont régulièrement perturbés par l'afflux d'eau qui ralentit les opérations de fonçage et surtout augmente considérablement le coût des opérations, jusqu'à épuiser leurs fonds : le puits de la Compagnie du Hochwald arrive à 107 mètres en novembre 1858; les travaux sont alors suspendus à cause de l'eau; puis ils reprennent huit mois plus tard et le puits est poussé jusqu'à 175 mètres de profondeur; mais les fonds de la compagnie étant alors épuisés, il doit être abandonné et la compagnie est mise en liquidation judicaire en 1862 (59).
Certes, la solution à ces difficultés techniques est apportée par l'amélioration du système de cuvelage (revêtement protégeant les parois du puits des arrivées d'eaux), grâce à une adaptation du procédé Kind par l'ingénieur belge Chaudron.
Par exemple au Conseil général de la Moselle; ceci provoque d'ailleurs des réactions très vives de la part de membres de l'assemblée qui ont des intérêts dans l'exploitation houillère
Ce nouveau système, qui va s'imposer dans le bassin lorrain jusqu'au début du XXe siècle (60), va d'abord bénéficier à la Société de L'Hôpital, des frères Pereire ; la Compagnie houillère de la Moselle recourt également à ce procédé, seule solution pour sauver le puits déjà creusé, mais au prix de travaux coûteux et d'une suspension de l'activité d'extraction qui achèvent d'épuiser son capital.
Ces difficultés ont affaibli les capacités d'investissements des sociétés et compromis leur santé financière, ou même provoqué la disparition de certaines d'entre elles. Elles ont aussi dissuadé les compagnies concessionnaires restées inactives d'entamer des travaux dont le coût apparaît de plus en plus élevé et le succès de moins en moins assuré au fil des années. D'ailleurs, affrontées aux dépenses nécessaires à la mise en exploitation des concessions, ces compagnies se révèlent beaucoup plus fragiles qu'il n'y paraissait d'abord. C'est en particulier le cas des sociétés venues plus tardivement, souvent messines ou nancéiennes, dont la constitution est d'ailleurs parfois incertaine (une désignation comme Société du Nord recouvre en fait la réunion de deux frères pour une demande en concession) ; et plusieurs sociétés n'ont pas d'existence légale, ni de capitaux pour commencer des travaux.
Les renseignements pouvant être rassemblés sur les fonds dont disposent les compagnies concessionnaires montrent leur médiocrité; le capital de la société la plus riche, la Compagnie houillère de Stiring, d'abord fixé à 6 millions de francs, passe bientôt à 8 millions ; celui des autres, quand il est connu, avoisine les 3 millions de francs, ce qui constitue un niveau très faible pour des activités minières qui nécessitent des investissements importants, surtout quand on tient compte des difficultés tenant à la structure géologique du bassin mosellan (61).
Encore ce capital prévu n'est- il pas toujours réellement constitué : la Société de la Houve est fondée au printemps 1857 au capital social de 3 millions de francs, en 6000 actions de 500 francs chacune qu'elle propose à la souscription. « Nous avions en peu de jours réuni des souscriptions pour près de 800000 francs lorsqu'éclata tout à coup la crise financière de 1857 qui paralysa tous nos efforts pour compléter notre capital social. À peine cette crise était-elle passée que d'autres circonstances fâcheuses virent jeter une défaveur sur les entreprises houillères de notre département, nous voulons parler des difficultés que rencontrèrent les sociétés voisines qui faisaient creuser leur puits d'extraction ».
Et les administrateurs de la société déclarent vouloir attendre les résultats des travaux en cours : « C'est alors seulement que nous pourrons faire avec succès un nouvel appel aux capitalistes qui, rassurés et encouragés par la réussite d'une entreprise placée dans les mêmes conditions que la nôtre, n'hésiteront plus à prendre part à une affaire qui promet les plus féconds résultats » (62).
En réalité, la société ne prend aucune initiative.
À cette faiblesse financière de la plupart des sociétés, s'ajoute la dimension réduite des concessions dont elles sont titulaires. Le bassin houiller a été circonscrit, dans sa plus grande partie, dès 1856; dès lors, l'administration des mines et les pouvoirs publics peuvent répartir à leur gré l'ensemble de l'aire qui paraît contenir des ressources houillères.
Les espoirs favorisés par les premières découvertes provoquent une vive compétition entre de nombreuses compagnies qui prétendent éliminer les sociétés concurrentes et agrandir leur propre territoire.
Dans ce contexte de rivalité et dans la continuité des choix opérés dans la Loire (avec le fractionnement de la Compagnie de la Loire en 1854) ou dans le Pas-de-Calais, ils manifestent leur refus de la concentration, et comptent sur la concurrence entre plusieurs sociétés pour diminuer le prix du charbon vendu à l'industrie. Ils ont ainsi divisé le bassin en concessions de taille médiocre, les dernières attribuées étant d'ailleurs moins bien loties que les premières (la moyenne des concessions est inférieure à 20 km2, contre plus de 36 km2 dans le Pas-de-Calais, dont le bassin est beaucoup plus étendu).
Les dernières sociétés (nancéiennes pour la plupart) disposent des concessions les plus réduites et les plus périphériques, donc recelant vraisemblablement les ressources les plus modestes; cette distribution résulte de la volonté de l'administration des mines de récompenser les auteurs des premières recherches; mais, elle attribue aux sociétés les moins bien dotées en capitaux des territoires peu susceptibles d'attirer de nouveaux concours financiers.
En fait, ces dernières concessions sont attribuées, alors que l'attrait du bassin houiller s'est déjà estompé auprès des investisseurs parisiens, et que seuls quelques acteurs lorrains à l'envergure économique limitée continuent à s'intéresser au bassin houiller mosellan, pour des raisons qui semblent d'ailleurs beaucoup plus spéculatives qu'industrielles. L'administration des mines a semble-t-il préféré répartir la totalité du bassin houiller, même en faveur de sociétés aux compétences et aux moyens réduits, plutôt que d'attendre le retour hypothétique d'autres investisseurs.
D'ailleurs, alors que les ingénieurs s'émeuvent de l'inaction de quelques sociétés concessionnaires en 1859-60 et demandent le retrait du territoire concédé, ils approuvent peu après l'attribution de terrains à deux sociétés dont ils soulignent pourtant la modicité des moyens, sans imposer de garantie sur leur future exploitation (63).
Les projets de fusion
En 1859, la situation du bassin est telle que l'ingénieur des mines du département de la Moselle semble se convertir à une réunion des forces; devant les difficultés et les échecs enregistrés par quelques sociétés, et l'inactivité de plusieurs autres, il propose « l'association ou la réunion de plusieurs concessions dans les mains d'une même compagnie, [...] moyen le plus rationnel pour donner l'essor le plus rapide au bassin de la Moselle. La fusion me paraît donc dans le cas actuel, non seulement un fait non blâmable, mais une des conditions essentielles de réussite [...]. Dans le bassin de la Moselle, il y a place pour trois ou quatre compagnies pourvues de capitaux suffisants et chacune d'elles aurait à sa disposition un large champ d'exploitation » (64).
Cette position, qui rompt avec l'attitude de son prédécesseur, est immédiatement contredite par ses supérieurs; et dans les années 60, son successeur ainsi que l'ingénieur en chef expriment de fortes réticences envers toute tentative de concentration (65). Cette même année 1859, des négociations sont entreprises entre deux sociétés concessionnaires, la Compagnie houillère de la Moselle qui a déjà commencé à foncer un puits, et la société de la Houve, restée inactive et menacée de retrait par l'administration. Elles n'ont pas de suite, et la société de la Houve demeure isolée et passive (66).
Les difficultés qui se prolongent provoquent de nouveaux projets de fusion, dont les auteurs élargissent les ambitions : d'une part, ils prévoient la réunion, non plus de deux, mais de la plupart des concessions du bassin, les sociétés de Schoeneck et de Forbach, liées entre elles, restant à l'écart des différentes initiatives; d'autre part, ils s'appuient sur des intervenants extérieurs au bassin, pouvant apporter de l'argent frais à l'entreprise née de cette fusion.
En 1864, huit sociétés doivent réunir leur concession au sein d'une compagnie comprenant des associés anglais dont les capitaux permettraient de relancer l'exploitation.
Cependant, la combinaison échoue, apparemment à cause du retrait des partenaires anglais. La Compagnie houillère de la Moselle, qui joue un rôle moteur dans ces projets de fusion, entame alors des négociations pour des « fusions partielles avec les sociétés voisines », mais ces objectifs plus modestes ne sont pas atteints (67). À partir de 1868, c'est la Société générale qui souhaite s'implanter dans le bassin mosellan. Cette banque, créée en 1864 par le financier et industriel Paulin Talabot intervient à un moment où le bassin se trouve dans une situation difficile; certes, la réussite du nouveau système de cuvelage dans deux puits, a montré qu'il était possible de maîtriser les arrivées d'eau et donc d'exploiter les ressources houillères dans la partie occidentale du bassin.
Cependant, ces réussites techniques coïncident avec des bilans financiers inquiétants : malgré des augmentations de capital, des émissions d'obligations et des emprunts, la Compagnie houillère de la Moselle n'a plus d'argent et se révèle incapable d'attirer des capitaux extérieurs, tandis que ses actionnaires ne veulent plus répondre à de nouveaux appels de fonds : lors d'une assemblée générale, le conseil d'administration signale d'ailleurs aux actionnaires que l'alternative à la fusion est... la liquidation (68).
Quant à la compagnie qui exploite la concession de L'Hôpital, ses principaux actionnaires sont les frères Pereire, qui ont dû en 1867 enregistrer la crise du Crédit mobilier, et dont la situation n'est sans doute pas la plus favorable pour attirer de nouveaux capitaux dans leur entreprise.
De longues négociations s'engagent entre la Société générale et les sociétés concessionnaires de la plaine de Creutzwald; l'évaluation des apports (droit de concession, travaux déjà effectués) suscite des discussions difficiles, surtout pour les sociétés ayant déjà effectué des dépenses importantes; les membres de la Compagnie houillère de la Moselle doivent par exemple accepter la division de la valeur de leurs actions par deux.
Finalement, les différentes sociétés concernées approuvent le projet de fusion, dont la demande est déposée à la préfecture de la Moselle le 15 décembre 1869 (69). La complexité du dossier retarde son instruction; la déclaration de guerre de la France à la Prusse, le 19 juillet 1870, et les premiers engagements militaires interrompent le processus visant à construire une grande compagnie de production houillère.
Conclusion
La véritable naissance du bassin houiller mosellan se situe sous le Second Empire, la première compagnie, née sous la Restauration, n'ayant atteint qu'une exploitation irrégulière et éphémère. Après 1850, les travaux s'inscrivent dans un tout autre contexte, avec tout d'abord une conjoncture favorable, grâce en particulier à l'essor de la production métallurgique; la présence de maîtres de forges dans les sociétés houillères et surtout la complémentarité recherchée par la famille de Wendel entre l'extraction houillère et le travail du fer à Stiring illustrent bien l'association entre les deux activités. Surtout, à partir du Second Empire, le bassin mosellan bénéficie d'une plus grande ouverture sur l'extérieur de la région : tout d'abord, les capitaux disponibles sont beaucoup plus importants et proviennent d'acteurs économiques que l'on retrouve dans d'autres bassins du Nord ou du Centre de la France. D'autre part, les moyens techniques se sont perfectionnés, les relations avec d'autres bassins s'étant développées, en particulier avec le Nord et le Pas-de- Calais : de ces mines viennent à la fois des ingénieurs et des ouvriers qualifiés qui apportent leur savoir-faire et leur expérience.
Parallèlement, les innovations de Kind, même si elles paraissent d'abord échouer en Lorraine, sont exportées dans d'autres régions et d'autres pays, y connaissent parfois des améliorations dont les bienfaits reviennent ensuite en Moselle. Ces progrès techniques ne suppriment cependant pas totalement les difficultés liées aux conditions géologiques spécifiques, même si les solutions apparaissent à la fin des années 1860.
Et la production reste faible à la veille de la guerre : en 1869, elle représente moins de 2 % de la production française (244 989 tonnes sur 13 464 000 tonnes, soit 1,82 %), ne satisfait que 15 % environ de la consommation du département (244 989 tonnes produites en Moselle sur 1 602 300 tonnes consommées en 1869 (70), et se réduit pour l'essentiel à une seule compagnie, celle de Stiring, qui fournit environ 95 % de la production du bassin.
Les dix autres sociétés concessionnaires ont, pour six d'entre elles, renoncé à effectuer le moindre travail d'exploitation; deux autres ont commencé le creusement d'un puits qu'elles ont dû interrompre avant d'atteindre le stade de l'extraction; les deux dernières sont parvenues au terrain houiller après de telles difficultés, que leur production reste médiocre et leur situation financière précaire. La phase des recherches dans les années 1850 s'est déroulée dans une conjoncture favorable aux initiatives et à la mobilisation des capitaux ; mais le fonçage des puits d'extraction et les travaux préparatoires à l'exploitation, plus coûteux, sont réalisés dans la décennie suivante dans un contexte de croissance ralentie, peu propice à des investissements d'ailleurs découragés par les premiers échecs.
La forte augmentation de la consommation de combustible par l'industrie lorraine, qui a sans doute joué un rôle important dans la première phase, n'a finalement pas soutenu l'effort de mise en exploitation.
D'autant que la politique des pouvoirs publics, divisant les ressources entre de nombreuses sociétés afin de favoriser la concurrence et d'abaisser le coût du combustible (comme dans le Pas-de-Calais ou dans la Loire, mais en diminuant encore la dimension des concessions), a sans doute sous-estimé les difficultés auxquelles se sont heurtés les concessionnaires; surtout, elle n'a pas suffisamment tenu compte des avantages dont bénéficient les houillères de Sarrebruck, exploitées dans des conditions beaucoup plus favorables et qui alimentent une grande partie des consommateurs de l'Est de la France à des prix menaçant la compétitivité du charbon mosellan. Certes, en 1870, on prévoit une amélioration de la situation : les innovations techniques, les succès de leur application dans deux puits, l’arrivée de la puissante Société générale et la constitution annoncée d'une grande compagnie disposant de moyens financiers élevés et d'un territoire élargi, promettent de donner un nouvel élan à l'exploitation houillère en Moselle.
L'annexion de la Moselle en 1871 annule l'opération, qui sera cependant reprise dans le cadre de l'Empire allemand avec la formation en 1872-1873 de la société Sarre-et-Moselle regroupant huit sociétés de la plaine de Creutzwald (71).
Cependant, malgré la réunion de ces forces, la production de la nouvelle société reste médiocre, la concession dirigée par la famille de Wendel continuant à assurer l'essentiel de la production mosellane qui ne progresse que lentement (309000 tonnes en 1873, 630000 en 1900).
Au tournant du siècle, cependant, des investissements réalisés par les nouveaux propriétaires de la société Sarre-et-Moselle permettent d'atteindre 3 800000 tonnes en 1913, avant l'envol de l'entre-deux-guerres (6,739 millions de tonnes en 1938; 14 % de la production française) et surtout des Trente glorieuses : la production maximale est obtenue en 1964 (15,6 millions de tonnes; 28 % de la production française), avant que ne s'amorce un lent déclin qui doit mener à la fermeture des mines autour de 2005.
Notes, Sources, Bibliographie :
(1). D. Woronoff, « La combinaison des énergies », p. 202-211, dans son Histoire de l'industrie en France du XVIe siècle à nos jours, Paris, Seuil, 1994.(2). Rééd. G. Geiger, The Anzin coal company. Big business in the early stages of the french industrial revolution, Newark, University of Delaware Press, 1974, 346 p. (3). P. Guillaume, La Compagnie des Mines de la Loire. 1846-1854. Essai sur l'apparition de la grande industrie capitaliste en France, Paris, Presses Universitaires de France, 1966, 248 p. (4). R. Trempé, Les Mineurs de Carmaux. 1848-1914, Paris, Éditions Ouvrières, 1971, 1012 p. (5). D'après M. Gillet, Les charbonnages du Nord de la France au XIXe siècle, Paris-La Haye, Mouton, 1973, 527 p., et en particulier « La conquête du bassin du Pas-de-Calais », p. 44-79. (6). J.-L. Escudier, L'industrie française du charbon. Annuaire statistique 1814-1988, Montpellier, Centre régional de la productivité et des études économiques, 1994, 470 p. (Les Cahiers de l'Économie méridionale, n° 16). (7(. A. Eiselé, Le charbon mosellan. Étude historique et économique, Paris, 1936, 462 p. (8). R. Capot-Rey, La Région industrielle sarroise, Paris, 1934, 637 p. ; R. Haby, Les Houillères lorraines et leur région, Paris, 1965, 781 p.
(9). Des monographies liées aux anniversaires (1855-1955. Le siège de Merlebach a cent ans, Service des relations extérieures des Houillères du Bassin de Lorraine, 1955, 164 p. ; 1856-1956. Un siècle d'exploitation houillère à Petite Rosselle, Service des relations extérieures des Houillères du Bassin de Lorraine, 1956, 94 p.) aux études plus générales (H. Barthélémy, Aspects d'un bassin minier : le bassin houiller lorrain, Merlebach, H.B.L., 1966, 152 p. ; J. Bureau et A. Monnier, Regards sur la naissance et le développement du bassin houiller lorrain, Merlebach, H.B.L., 1968; et plus récemment, Du Charbon et des hommes. Histoire des houillères du bassin de Lorraine de 1946 à 1992, Metz, Éd. Serpenoise, et Sarregue- mines, Éd. Pierron, 1993, 311p.
(10). L'histoire de la première compagnie houillère de Moselle a été faite par Stéphanie Robert, La découverte du charbon en Lorraine par la concession des Mines de houille de Schoenecke. 1816-1841, Mémoire de maîtrise sous la direction de J.-P. Kintz, Université de Strasbourg, 1994, 126 p.; S. Robert a résumé ses conclusions dans « À la découverte du charbon lorrain ! La Compagnie des mines de houille de Schœnecken (1820-1841) », paru dans Lorraine du feu, Lorraine du fer. Révolutions industrielles et transformations de l'espace mosellan (XVI Ie -XIXe siècles), Archives départementales de la Moselle, 1996, p. 27- 33. Le même volume comprend plusieurs autres articles sur le bassin houiller au XIXe siècle; l'étude de ce dernier est désormais facilitée par l'ouverture des archives houillères avec la création en 1990 d'un Service Archives-Documentation au sein des Houillères du Bassin de Lorraine.
(11). A. D. Moselle, 1 S 478, demande du 7 janvier 1818 de François- Albert Lassalle de Vaudrevange, ancien capitaine au régiment d'Alsace, au préfet.
(12). A. D. Moselle, 1 S 478, dossier Schwartz, Rapport de l'ingénieur de Gargan au préfet, 17 mai 1827. (13). A. D. Moselle, 1 S 478, extrait des deliberations du Conseil général, 12 septembre 1822. (14). A. D. Moselle, 1 S 478, dossier de Wendel, lettre du 20 décembre 1817. (15). A. D. Moselle, 1 S 477, dossier Dorr, à Drogny et Piblange, 1830. Dorr va ensuite acquérir une partie de la concession de Schoeneck et devenir l'un des actionnaires de la société; cf. S. Robert, La découverte du charbon en Lorraine..., op. cit., p. 26-32 sur les actionnaires.
(16). A. D. Moselle, 1 S 477 et 1 S 478, dossier Kopp, Saladin et Robin, 1832-33. Et Prospectus et notice sur les houillères de Hargarten aux Mines et celles environnantes, Metz, 1833, Bibliothèque Municipale de Metz, DD 14215. (17). A. D. Moselle, 1 S 478, lettre de Schwartz au préfet, 19 septembre 1826. (18). A. D. Moselle, 1 S 478, rapport de l'ingénieur de Gargan au préfet, 17 mai 1827. (19). A. D. Moselle, 1 S 478, dossier Schwartz, 1826-1831.
(20). Revue de Lorraine, 1835, t. 1, n° 2, p. 128-132. 21. A. D. Moselle, 1 S 20. Revue de Lorraine, 1835, t. 1, n° 2, p. 128-132. (21). A. D. Moselle, 1 S 478, dossier Coinchot et Parisot, déclaration du 27 février 1818. (22). A. D. Moselle, 1 S 477 et 1 S 478, dossier Schweitzer.
(23). A. D. Moselle, 1 S 478, lettre au préfet, 28 juin 1830. (24). A. D. Moselle, 1 S 477, dossier Kopp, Saladin, Robin. Rapport de l'ingénieur des mines de la Moselle Drouot au préfet, 22 mai 1833. (25). A. D. Moselle, 1 S 478, « Rapport de l'ingénieur des mines de la Moselle sur les travaux de recherche de houille, faits avec les fonds votés par le conseil général de la Moselle », 31 août 1822. (26). A. D. Meurthe-et-Moselle, 8 S 217, lettre du conseil d'administration de la Compagnie de Schoeneck au ministre du Commerce, 4 décembre 1835.
(27). A. D. Meurthe-et-Moselle, 8 S 217, rapport du directeur de la Compagnie aux actionnaires, 1er juin 1835. (28). A. D. Moselle, 8 N 13, délibérations du Conseil d'arrondissement de Thionville, session du 1831. Documents présentés lors de la séance du 4 mai. (29). Prospectus et notice sur les houillères de Hargarten aux Mines et celles environnantes, Metz, 1833, Bibliothèque municipale de Metz, DD 14215, p. 14-15. (30). A. D. Moselle, 1 S 478, lettre au Ministère de l'Intérieur, 26 avril 1830. (31). A. D. Moselle, 1 S 478, dossier Saladin.
(32). D'après S. Robert, La découverte du charbon en Lorraine..., op. cit., p. 26-32. (33). Actes d'association de la compagnie des mines de houille de Schonecken, Metz, s.d. [1825?], 18 p., Bibliothèque Municipale de Metz DD 14214; Notice sur les gisements houillers et les travaux des mines de Schoenecken, département de la Moselle, Metz, Ch. Dosquet, Imp. du roi, 1825, 20 p., carte, planches, Bibliothèque Municipale de Nancy, 80.1717; Notice sur les gisements houillers et les travaux des mines de Schoenecken, département de la Moselle, Paris, Imp. d'Hippolyte Tilliard, s.d., 12 p., carte, planches, Bibliothèque Municipale de Metz, DD 1454; Notice sur les gisements houillers et les travaux des mines de Schoenecken, département de la Moselle, Metz, Ch Dosquet, Imp. du roi, 1829, 12 p., carte, planches, Bibliothèque Municipale de Nancy, 80.28727. (34). A. D. Meurthe-et-Moselle, 8 S 217, rapport de l'ingénieur en chef et de l'ingénieur ordinaire des mines du département de la Moselle, au préfet du département, s.d. [1837 probablement]. (35). Descriptions..., op. cit.., p. 71. (36). Ibid., p. 72, note 1.
(37). A. D. Meurthe-et-Moselle, 8 S 217, rapport de l'ingénieur en chef et de l'ingénieur ordinaire des mines du département de la Moselle, au préfet du département, s.d. [1837 probablement]. (38). A. D. Moselle, 23 AL 108, avis de l'ingénieur de la Moselle, 5 juin 1842. (39). A. N. F14 3846, rapports des 8 septembre 1848 et 19 janvier 1849.
(40). A. N. F14 8205, séance du conseil général des mines, le 2 septembre 1840. (41). A. N. F14 8205, texte déposé par le député Ladoucette, à la séance du 10 février 1844. (42). A. N. F14 8205, lettre de la Chambre de Commerce (signée de son président, Emile Bouchotte), au ministre secrétaire d'État aux travaux publics.
(43). Paris, Imprimerie impériale, 1853, 271 p, cartes, planches. (44). Études géologiques sur le bassin houiller..., op. cit., p. 263. (45). Actes de vente et échanges de courrier autour de cette opération dans les Archives des Houillères du Bassin de Lorraine (indiquées désormais par les initiales H. B. L.) versement 421, boîtes 2 et 10.
(46). Pour plus de précisions sur les acteurs et les modalités de cette répartition, voir B. Desmars, « Administration des mines et entreprises privées. La répartition du bassin houiller lorrain sous le Second Empire », dans Lorraine du feu, Lorraine du fer. Révolutions industrielles et transformations de l'espace mosellan (XVIIe -XIXe siècles), Archives départementales de la Moselle, 1996, p. 35-44.
(47). P. Guillaume, La Compagnie des Mines de la Loire. 1846-1854. Essai sur l'apparition de la grande industrie capitaliste en France, Paris, Presses Universitaires de France, 1966, p. 55. (48). D'après M. Gillet, Les charbonnages du Nord..., op. cit., p. 44-79.
(49). H. Contamine, Metz et la Moselle de 1814 à 1870, Nancy, Société d'impressions typographiques, 1932, t. 1, p. 186-206 et p. 223-249 et Claude Prêcheur, La Lorraine sidérurgique, Paris, 1959, p. 150-175. (50). En 1865, l'ingénieur de la Moselle signale que les usines métallurgiques de Wendel consomment les 7/8e de la production des mines de la Compagnie de Stiring, et qu'en vertu d'accords entre les deux sociétés, elles le prennent à un prix inférieur à celui du marché (A. D. Meurthe-et-Moselle, 8 S 217, Procès- verbal de visite du 18 novembre 1865). Et les registres du Conseil d'administration de la Compagnie montrent que Charles de Wendel intervient à plusieurs reprises pour faire baisser les prix de la houille fournie à ses usines (Archives des H. B. L.). (51). D'après le Résumé statistique de l'administration des mines, publié par le Ministère des Travaux Publics.
(52). A. D. Moselle, 21 AL 108, rapport de l'ingénieur des mines de la Moselle, 18 juin 1856.(53). « Dans les mains de M. Kind, habile sondeur saxon, de simple ouvrier devenu l'un des plus célèbres ingénieurs de ce temps, la sonde a fait des miracles. L'Allemagne appelle avec orgueil M. Kind le Napoléon des sondeurs » : Louis Simonin, La Vie souterraine ou les mines et les mineurs, Paris, Hachette, 1867, p. 77. (54). La société menée par de Wendel va d'ailleurs exploiter ces procédés de sondage dans d'autres régions de France et dans d'autres pays. Dossiers des Archives des H. B. L. (55). Archives des H. B. L., registre du conseil d'administration, séance du 1er mars 1855.(56). M. GILLET, Les charbonnages du Nord..., p. 38. (57). Dictionnaire de biographie française et A. D. Moselle, 21 AL 108, rapports des assemblées générales de 1863 et 1865.
(58). Par exemple au Conseil général de la Moselle; ceci provoque d'ailleurs des réactions très vives de la part de membres de l'assemblée qui ont des intérêts dans l'exploitation houillère. Compte-rendu des délibérations du Conseil général, reproduit dans le Moniteur de la Moselle du 1 1 décembre 1867. (59). A. D. Moselle, 21 AL 108, dossier Hochwald; 1 S 481, rapport de l'ingénieur des mines, 18 février 1861 ; 6 U 208, tribunal de première instance de Sarreguemines. Adjudications, 1863.
(60). Il est alors remplacé par la congélation des terrains, mise au point à partir des années 1880, et utilisée en Moselle dans la première décennie du XXe siècle, qui améliore considérablement les conditions de fonçage. (61). Au début du Second Empire, d'après les chiffres cités par le Journal des Chemins de fer du 11 novembre 1854, les compagnies de Firminy, de Blanzy ou de Commentry ou de la Grande Combe possèdent un capital supérieur à douze millions de francs, sans parler de celui d'Anzin, qui s'élève à plus de 40 millions de francs. Tableau reproduit par P. Guillaume dans La Compagnie des Mines de la Loire..., op. cit, p. 44.
(62). A. N. F14 7804, lettre de la Société de la Houve au ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, août 1859. (63). Par exemple, dans le rapport de l'ingénieur Trautmann sur la concession de Boucheporn, cité par l'inspecteur général des mines. A. N. F14 7802, concession de Boucheporn, rapport du 30 octobre 1860.
(64). A. D. Moselle, 21 AL 108, concession de Forbach, rapport de l'ingénieur Trautmann, 12 juillet 1859, et réponse du Conseiller d'État Boureuille, pour le ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, 23 février 1860. (65). En fait, une forme de concentration déguisée a été réalisée par les principaux actionnaires de la Compagnie de Stiring (menée par Charles de Wendel), qui souhaitant limiter la concurrence, contrôlent, par l'intermédiaire d'une société prête-nom, la concession de Forbach attribuée en 1856 et voisine de leur concession de Schoeneck. Les liens entre les deux sociétés, seulement présumés par l'ingénieur des mines, apparaissent très clairement dans les archives de la compagnie de Stiring. Archives des H. B. L., versement 421, boîte 5. (66). A. N. F14 7804, courrier entre le préfet de la Moselle, le ministère et la Société de la Houve, janvier 1860. (67). A. D. Moselle, 21 AL 114, dossier Sarre et Moselle, lettre de l'ingénieur de la Moselle à l'ingénieur en chef à Strasbourg, 9 juin 1864. Et 21 AL 108, concession de Carling, rapport du gérant de la Compagnie houillère de la Moselle, pour l'assemblée générale des actionnaires du 15 juin 1865.
(68). A. D. Moselle, 21 AL 114, dossier Sarre et Moselle, rapports du conseil d'administration aux assemblées générales de la Compagnie houillère de la Moselle des 15 septembre 1869 et 23 avril 1870. La plupart des renseignements qui suivent sur le projet de fusion sont issus de ces documents. (69). A. D. Moselle, 1 S 481, affiche sur le projet de fusion.
(70). D'après le Résumé des travaux statistiques de l'administration des mines en 1865, 1866, 1867, 1868 et 1869, publié par le Ministère des Travaux Publics, Paris, Imprimerie nationale, 1874.
(71). Voir F. Roth, La Lorraine annexée. Etude sur la présidence de Lorraine dans l'Empire allemand (1870-1918), Nancy, Annales de l'Est (mémoire n° 50), 1976, p. 268 et suiv.
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