NOSTALGIA, le Blog qui fait oublier les tracas

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J.L. Miksa : Voyage chez un ancien mineur de charbon.

Durant de longues années je suis resté sans nouvelles de mon ancien ingénieur chef de service, Pierre K. C’était non seulement un chef, mais aussi un ami.

Puis un jour, alors que je venais d’écrire sur Nostalgia un petit article sur la mine, une personne s’est manifestée auprès du webmaster. Ce dernier m’a donné une adresse mail afin que je contacte cette personne. En lisant l’adresse mail, j’avais immédiatement compris qu’il s’agissait de mon ancien ingénieur.

J’étais ravi de cette nouvelle et aussitôt je lui ai envoyé un message, enfin le contact était établi.

Dès son premier message il disait qu’il passait chaque année quelques jour par ici pour visiter sa famille et des amis et il m’a proposé de le rencontrer lors de son prochain déplacement. Rendez-vous fut pris et l’attente a été très longue jusqu’à la date de nos retrouvailles.

Le jour venu, je l’attendais devant le restaurant retenu. Il n’était pas homme à s’inviter, c’est lui qui invitait ! Il disait venir accompagné d’un ami à lui. L’heure sonnante, ‘‘moins cinq minutes’’, voici qu’un superbe véhicule haut de gamme s’arrête près de moi. Je reconnais mon ami et vais à sa rencontre.

Ma joie était immense et son visage laissait également paraître un sourire généreux. Nous attendons son ami qui ne tarde pas à venir et rentrons déjeuner.

Au cours du repas nous reparlons de l’ancien temps, de choses et d’autres. J’étais ravi de partager quelques instants de sa vie. Il n’avait pas changé, sa voix toujours aussi forte, son autorité légendaire ne nous ont pas quitté durant tout le repas. Son ami, un ancien camarade de travail, était devenu commissaire de police, ‘‘ excusez du peu pour un ancien ouvrier mineur ’’. Pour prolonger un peu cette rencontre je les invite à prendre un café chez moi.

Dans ma maison nous poursuivons notre discussion ou chacun tente de prendre la parole pour conter ses aventures. Le commissaire qui était aussi un magnifique écrivain m’a confié un récit qui rendait hommage à celui qui fut le héros de sa jeunesse, Pierrot !

C’était un récit plein d’humour et de générosité. Nous avons bien ri et l’heure de la séparation avait sonné. Avant de nous lever de table, une fois encore il me demande de venir passer quelques jours chez lui, dans sa nouvelle région d’adoption. Il m’était impossible de refuser, je lui promettais de venir et nous sommes sorti de la maison. Je n’aime pas ces moments où généralement règne un petit malaise, mais ce jour-là fut une exception à la règle, les peines de la séparation ont été effacées par la bonne humeur et la joie de chacun. Les voici partis et je reste seul sur le seuil de ma porte, mais avec un cœur rempli de bonheur et la tête pleine de souvenirs.

J’étais heureux car je savais que j’allais le revoir à nouveau !

Les mois passaient une date pour ma visite chez mon ami fut retenue.

Le commissaire devait faire partie de l’expédition, mais malheureusement le sort en décida autrement. Quelques jours avant le départ il dut rester auprès de son épouse dont l’état de santé nécessitait sa présence. Cette triste nouvelle avait un peu atténué ma joie, mais l’idée de revoir celui que j’appelais Pierrot ne faisait que grandir mon impatience.

Enfin le grand jour du départ est arrivé. Comme à mon habitude je me lève bien en avance sur l’horaire prévu et après avoir bouclé ma valise je sors de la maison. Le ciel au petit jour du premier mai est nuageux, le sol humide témoigne que quelques gouttes de pluie venaient de tomber, je décide tout de même de ne pas emmener mon parapluie, la gare où je me rends à pied n’est pas loin. Je monte dans le TER qui arrive à l’heure, après une escale à Metz, puis à Paris, je file vers mon ami à toute allure bien assis dans le TGV.

Durant tout le trajet je revis les moments que nous avons passés ensemble durant les quelques années où il a été mon chef, j’ai hâte de le rencontrer. 

La gare d’arrivée, Angers, n’est plus qu’à quelques minutes, je me lève et vais vers la porte de sortie du train. Il s’arrête, je descends, mes pulsations cardiaques changent de rythme, mon cœur passe en vitesse accélérée. Au tournant d’une galerie, depuis les marches que je monte, enfin je l’aperçois. Il me cherche du regard dans cette foule qui défile devant lui, je lance un grand sourire en m’approchant et il me voit. Je suis aux anges, je l’ai retrouvé.

Après une bonne poignée de main, nous quittons la gare. Nous montons dans sa voiture et partons vers son domicile. Il fait beau, la route est agréable, nous parlons de mon voyage et il me commente, tel un guide touristique tous les monuments que nous voyons.

Je découvre un homme amoureux de l’histoire locale qu’il semble connaitre sur bout des doigts. Sortis de la ville, les paysages qui défilent le long de la route sont magnifiques, il a toujours un mot pour tel village ou ville traversée.

Nous arrivons enfin à son domicile, une charmante maison de maître posée dans un jardin splendide. Je sors ma valise du coffre de sa voiture, nous montons l’escalier en colimaçon qui mène depuis la terrasse vers l’entrée de la cuisine. Nous entrons et d’emblée il me met à l’aise en me disant de me sentir comme à la maison. Il me fait le tour du propriétaire, il n’oublie aucune pièce et me demande si la chambre qu’il me présente me convient. J’accepte et il me laisse un instant afin que je pose mes affaires et me rafraîchisse un peu.

La chambre est spacieuse, sa fenêtre donne sur le jardin plein Sud, elle a sa propre douche, que demander de plus ?

Je le rejoins peu après dans la cuisine, et, certainement parce qu’il me sent encore un peu tendu, il me répète que je dois me sentir ici comme chez moi.

Je lui offre un petit cadeau et pose celui destiné à son épouse et nous prenons un verre.

Il n’est pas tard et il me propose alors de découvrir un peu son village. Nous sortons et allons vers les remparts du parc où se trouve l’abbaye et l’église abbatiale. Nous visitons l’église, la crypte, je vois les nombreuses reliques et le magnifique tombeau sculpté par David d’Angers, pour la sépulture de Bonchamps, général en chef des Vendéens mort de ses blessures à Saint Florent.

Puis nous revenons à la maison. Nous reprenons place à la table de la cuisine et soudain il se lève et me dit : ‘‘j’ai quelque chose pour toi’’.

Je le vois revenir avec une lampe de mineur de type Arras ainsi qu’un pic de porion qu’il m’offre. Je n’en crois pas mes yeux ni mes oreilles, j’ai du mal à cacher mon émotion, mes yeux s’embuent, mais pourquoi m’offre-t-il tout ça ?

- Tiens me dit-il, c’est la lampe de mineur et le piolet du porion.

La lampe est une authentique lampe qui a servi au fond de la mine, le piolet mesure très précisément 1 mètre et sur le manche il y a des clous de tapissier espacés de 10cm.

Ce piolet permettait au porion de prendre des mesures du temps ou l’ouvrier mineur était payé à l’avancement du chantier. Avec la pointe il sondait les veines de charbon et arrachait des échantillons pour les analyser, avec le bout plat il frappait les tuyauteries pour en vérifier l’état. Il me dit encore qu’il avait lu ma déception de n’avoir pas reçu une lampe à mon départ en retraite, c’est pourquoi il m’en donne une sortie de sa collection privée.

Je me disais, mais quelle générosité, et je n’ai trouvé en guise de remerciement qu’une bonne accolade et deux bises. Je lui explique maladroitement à quel point cela me fait honneur de recevoir de la part d’un vrai mineur cette distinction. Même si j’ai passé presque toute ma carrière aux houillères du bassin de Lorraine, dont les sept dernières dans une unité d’exploitation de charbon, en grande partie sous ses ordres, j’ai quitté l’entreprise sans cette reconnaissance. Maintenant, grâce à lui, je fais partie de la famille des mineurs.

 

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Pierrot me remet la lampe et le piolet

 

L’émotion passée, je lui raconte à quel point j’ai regretté son départ. Lui était un chef, un vrai. Une personne avec de l’autorité, mais aussi avec du cœur.

Il accordait sa confiance à chacun qui la demandait, mais il ne fallait pas tricher.

Mieux valait lui dire qu’on ne savait pas, plutôt que de faire croire le contraire, car dans ce cas sa confiance était perdue. Il dirigeait un grand service, mais savait rester à l’écoute de chacun, quelque fut son emploi dans l’entreprise.

Il ne refusait jamais de recevoir qui que ce soit. La porte de son bureau, toujours ouverte, laissait passer même un simple ouvrier venu le solliciter pour une raison ou une autre.

Lui, n’avait pas oublié qui il était, d’où il venait ! Lui, c’était aussi celui qui m’avait tendu la main pour me rattraper quand d’autres me poussaient dans le dos afin que je tombe.

Sans son intervention je risquais de perdre ma place, au pire moment, quand ma santé m’affaiblissait.  Je lui étais redevable de tant de choses, et voilà qu’une fois encore, c’est lui qui donne et moi qui reçois.

Pierrot a débuté sa vie active dans les tailles de charbon au Puits Gargan à Petite-Rosselle, une pelle à la main. Très vite son tempérament de guerrier et de meneur a fait qu’il gravisse un à un les échelons. De simple ouvrier il devient porion, puis porion de quartier. Il connait bien la mine et ses hommes, l’entreprise l’envoie alors dans une école de formation d’ingénieurs.

Il va apporter ses connaissances dans les mines d’uranium du Niger en Afrique, il se donne toujours corps et âme dans les différentes autres étapes professionnelles qu’il assume pleinement, à tel point que l’entreprise le rappelle pour qu’il s’investisse à nouveau pour elle. Le temps passe, cet homme sait ce qu’il fait, mais son caractère n’est pas toujours bien perçu par la hiérarchie.

Il ne se gêne pas de contredire. Trop direct, franc du collier, il ne cherche pas de détours, il va droit au but, toujours à l’essentiel. Il ne caresse jamais dans le sens du poil pour faire plaisir, mais il sait être reconnaissant. Il ne laisse personne indifférent. Il ne participe pas aux réceptions où les prétentieux se cherchent des appuis. Mais il n’oublie personne, surtout pas un ami...

Cet homme taillé dans le roc tel un menhir, est un des derniers vrais mineurs et j’ai la chance d’être avec lui… plusieurs jours même !

Nous abordons beaucoup de sujets, mais malheureusement, je reviens sur la mauvaise période que j’ai connue après son départ. Lisant sans doute ma souffrance sur mon visage, il me demande d’arrêter de parler du travail : ‘‘ tu es là en vacances et en retraite depuis tant d’années, alors passe à autre chose, oublie la mine ’’. 

Je savais qu’il aimait la plongée, nous lui avions offert à son départ en retraite deux bouteilles de plongée, c’est pourquoi sans doute il commence un long récit sur ses voyages.

La Thaïlande, les Philippines, l’Indonésie et bien d’autres pays encore. Je découvre là un passionné de la mer, un aventurier hors normes.

Lui dont le travail consistait à sortir du charbon des entrailles de la terre, où tout est noir, poussiéreux et sale, il ne rêvait que du bleu du ciel et de la limpidité de l’eau de mer.

Il adorait le silence du monde sous-marin, loin des bruits des machines d’extraction.

Cet homme, sorti de sa carcasse de mineur, tel un poète me fait rêver du grand large.

Je suis avec lui sur son bateau quand il navigue, met ses bouteilles et plonge, quand il voyage sur terre dans les endroits où les touristes ne mettent jamais les pieds.

Je suis avec lui et avec son ami Jean, en moto en pleine brousse de Birmanie, nous échappons de justesse aux militaires qui gardent la frontière. Je négocie avec lui la statuette en or de Bouddha qu’il n’achètera pas dans cette boutique en pleine nuit, juste en face de son hôtel, car il sent le danger venir. Je partage ses repas faits de serpents, de fruits de mer et autres particularités locales. Je le vois entrer dans un hôtel où à la réception on lui demande :

- You want a room ? (Vous voulez une chambre ?)

- Yes. (Oui)

- You want a girl ? (Vous voulez une fille ?)

- No. (Non)

- You want a boy ? (Vous voulez un garçon ?)

- No. (non)

Moment de silence et le réceptionniste :

- Why ? You are sik sir ?... (Pourquoi, vous êtes malade monsieur ?)

Nous rions bien et il me dit que des histoires comme celle-ci il en a plein et m’en conte encore une. Celle où son ami n’avait pu s’empêcher de satisfaire un besoin viril avec une autochtone et en était revenu avec une petite souffrance. Dans la brousse où ils étaient il n’y avait pas d’hôpital, encore moins de médecin, mais heureusement ils ont pu arriver jusqu’à un dispensaire.

Là-bas des patients autochtones attendaient déjà leur tour. Lorsqu’ils arrivent et comme l’usage le voulait, ils sont reçus avant ces derniers. Ils en oublient leur humilité, saisissent l’occasion d’avancer, le cas de Jean est peut-être grave ! Ils arrivent devant une infirmière. Jean est gêné et tente de lui expliquer ce qui lui est arrivé à grand renfort de gestes. L’infirmière assise derrière son bureau lui demande alors, en joignant le geste à la parole : ‘‘put it here" (mettez le ici) en montrant le bord de table pas très loin d’elle.

Jean regarde hagard Pierrot qui lui dit de s’exécuter. Il déballe sa marchandise sur la table, l’infirmière d’un seul coup d’œil comprend ce dont il souffre et lui donne les médicaments appropriés. J’imaginais la scène du gaillard perdu en pleine brousse, poser une partie intime de son anatomie devant du monde et une infirmière, là, sur le coin d’une table.

Nous rions comme des enfants, mais l’heure du repas approche et il change de conversation.

Tout en préparant la table il me livre le programme qu’il a concocté pour mon séjour.

Je n’en reviens pas, il a tout prévu, les visites, les restaurants, tout est calé, je n’ai plus qu’à me laisser faire.

Il me demande d’ouvrir une bouteille de vin, c’est un Château Margaux et d’en transvaser une partie dans une carafe. Je m’exécute et il me présente les plats qu’il a choisi pour me faire plaisir, les meilleures spécialités locales, je n’en dirais pas plus.

A la fin du repas, je propose de faire la vaisselle, nous sommes en célibataires, son épouse était partie chez ses parents âgés et souffrants. Bien sûr il refuse, mais, avec un petit peu de violence j’arrive à mettre les mains dans l’évier pour laver les assiettes qu’il essuie sans tarder. Nous passons au séjour où je continue de voyager avec lui, j’apprends qu’il a tous les permis pour naviguer et que s’il n’avait pas rencontré sa charmante épouse, il aurait fait le tour du monde en bateau et vivrait sur la mer.

Il se fait tard et nous montons nous coucher, il me donne l’heure du lever pour le petit déjeuner.

J’ai eu du mal à m’endormir, j’ai été gâté, trop gâté, méritais-je vraiment tout cela ?

J’ai tout de même fini par m’endormir. J’ai dormi comme un loir et seuls quelques bruits feutrés et les lueurs du jour me tirèrent de mon sommeil.  

Je suis descendu dans la cuisine où m’attendait le petit-déjeuner. Il ne manquait rien, avec beaucoup d’attention il me proposait le jus d’orange, le thé, le pain frais qu’il est allé chercher chez le boulanger et les confitures bio achetées chez les bonnes sœurs !

Je me suis dit, là c’est trop, ce n’est pas possible, il ne va pas être comme ça pendant toute la semaine ! Eh bien si ! Chaque jour il a été aux petits soins pour moi, c’est avec beaucoup de mal que j’ai pu participer un minimum aux tâches ménagères. Chez lui ce n’était pas de la façade, c’était un personnage entier, tel que je l’ai connu au travail. Là-bas il commandait, donnait les directives, faisait faire tout en assumant sa part de besogne, mais ici, chez lui, je ne pouvais et devais rien faire, les ordres ne venaient pas et les initiatives pas attendues.

Après la douche nous avons entrepris l’un de nos nombreux voyages. Pendant mon séjour j’ai pu découvrir les salins de Guérande, le Croisic, la Baule, le pont de Saint-Nazaire qu’il voulait absolument me faire traverser.

L’abbaye de Fontevraud, abbaye royale, où l’on trouve les gisants d’Isabelle d’Angoulême au côté de Richard Cœur de Lion et Aliénor d’Aquitaine au côté d’Henri II.

Nous avons visité Chinon avec ses quartiers pittoresques, un domaine viticole, celui de la Noblaie à Ligré, Angers et ses monuments.

Il m’a encore emmené à Nantes voir le fameux éléphant, le Passage Pommeray, le splendide magasin du chocolatier Gautier Debotté. Il m’a montré les chevalements des anciens puits de mines de charbon, les villes où habitent d’anciens compagnons du fond.

Il m’a emmené dans de beaux restaurants, ‘‘L’Océan’’ au Croisic, ‘‘Au Chapeau Rouge" à Chinon. Il refusait que je mette la main au porte-monnaie pour participer aux dépenses. C’est avec beaucoup de mal que j’ai pu régler la note d’un repas dans une crêperie, "La Tablée" à Angers, non sans qu’il ait réfléchi avant sur le montant que j’allais devoir débourser. Cet homme est tout simplement extraordinaire.

Sachant que j’ai passé toute ma vie professionnelle dans l’architecture et le bâtiment, il a voulu me montrer l’appartement qu’il convoitait avec son épouse. Il est situé à Angers, c’est un appartement sublime, rien d’extravagant, il est d’une grande sobriété. Les volumes sont parfaits, les lignes et la décoration m’ont fait rêver. En le visitant, j’ai eu la chair de poule et ressenti de douces vibrations, l’endroit porte la paix, donne la plénitude.

La veille de mon départ son épouse Michèle est rentrée de voyage. Cette dame à l’allure frêle, est discrète, depuis peu elle est en retraite. Elle est pharmacienne et tenait une pharmacie dans une ville pas très loin de la leur. Elle vient de rendre visite à ses parents vieillissants et semblait très affectée par leur état de santé qui se dégradait lentement.

Elle parlait d’eux avec amour, elle ne les abandonnait pas. J’ai eu la chance de faire sa connaissance car c’est une personne d’une douceur inimaginable, tant dans le geste que dans la voix. Durant mon séjour j’ai pu lire des poèmes qu’elle a écrits pour sa fille Marie, son livre de réflexions et d’aventures personnelles qui a été publié et primé. Michèle et Pierrot forment un couple magnifique, leur amour est intact, ils ne font qu’un. 

Je suis heureux pour eux.

Voilà mon séjour chez ce fils de mineur, mineur lui-même, originaire de Petite-Rosselle.

J’ai découvert au fil des jours un homme qui n’a pas changé et qui ne changera plus.

Le cœur sur la main, il ne pense pas à lui mais demande toujours ce qui fait plaisir à celui qu’il reçoit. S’il est parfois brute dans son expression et son propos, c’est sa façon à lui de donner le meilleur de ce qu’il peut, et ainsi, il vous oblige à prendre, sans contrepartie.

Maintenant dans sa voiture qui nous mène à la gare, je suis encore perdu dans mon esprit, je voyage entre ciel, terre et mer, je n’ai pas tout digéré, pas livré ici d’autres histoires croustillantes plus personnelles, l’important est que je les ai entendues. S’il m’avait été assez facile de dire au revoir à son épouse Michèle, ma séparation avec Pierrot s’est faite dans sa voiture, après quelques dernières invitations et promesses, assez rapidement données, les cœurs étaient gros.

Il n’allait tout de même pas pleurer ! Lui ce meneur d’homme à la carrure de géant ! Toujours le premier, même dans son dernier sport favori, le tir au fusil à longue distance, dois-je dire qu’il a été champion dans sa catégorie ?

Non c’est inutile, vous avez compris que quand il fait quelque chose, il le fait bien et à fond.

Nous voilà séparés, je suis assis dans mon TGV, l’œil au loin, triste et perdu dans la campagne que je traverse. Je me console en me disant que je le reverrai bientôt, il me l’a promis et je sais qu’il tient toujours ses promesses.

En l’attendant, je le sais heureux avec sa charmante épouse, entouré des nombreux amis de sa nouvelle région du pays de Loire et de Bretagne.

Voici une dernière aventure qui lui est arrivée alors qu’il visitait un palais en Inde.

Se reposant à l’extérieur du palais, un adolescent attiré par la belle montre qu’il avait à son poignet s’est approché de lui. Il lui a dit :

- Tu me donnes ta montre ? Surpris, Pierrot lui demande :

- Et toi tu me donnes quoi ? Le jeune répond :

- Je te donne la mienne. Et la présente à Pierrot. C’était une montre, comme on peut se l’imaginer, de très bas de gamme. Celle de Pierrot c’était une montre de marque.

Pierrot lui dit :

- Là je suis perdant au change ! Le jeune répond aussitôt :

-Ah, mais la mienne donne aussi l’heure, comme la tienne, elle est très juste. C’est ça qu’on demande surtout à une montre !

Puis le jeune est parti, déçu… Pierrot s’est senti soudain gêné, il aurait dû faire l’échange… mais le jeune a été plus rapide que lui !

A la façon dont il m’a raconté cette aventure, je suis persuadé que si cette situation se présentait à nouveau, il donnerait sa montre sans la moindre hésitation.

 

 

* * * * * * * * * *  

 

De retour chez moi, je déballe ma valise et me met à astiquer la magnifique lampe de mineur que Pierrot m’avait si généreusement offert. Et là, je découvre un fait troublant !

En lisant les inscriptions sur la plaque signalétique de la lampe, je constate que cette lampe a été homologuée l’année de ma naissance (1953) … et porte le numéro 143 (je suis né le 14 mars) … on aurait dit que cette lampe m’attendait et que lui seul pouvait m’offrir ce symbole fort de la profession minière...

Merci et Glück auf, chef ! Jean-Lucien Miksa, 07/05/2017

   

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27/05/2017
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