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L’anecdote que je vais vous raconter ici remonte à l’époque où ma sœur Irène âgée de 13 ans et moi-même, âgé d’un peu plus de 9 ans, avons vu la première… banane de notre vie… J’aimerai préciser que cette histoire fait partie des souvenirs de ma sœur à laquelle j’ai fais part il y a quelques jours de l’existence du site Nostalgia. Je lui ai demandé si elle se souvenait d’anecdotes se rapportant à la Ferme de Schoeneck et elle me rappela alors cette histoire de banane qui nous est arrivée pendant notre long voyage vers la Ferme de Schoeneck.
Lors de notre périple de Goettingen en Allemagne vers notre nouvelle patrie, nous les enfants, savions que nous allions arriver en France mais nous ignorions quelle région de ce pays allait nous accueillir. Papa nous avait certainement dit où menait ce long voyage mais je ne me rappelle plus de cette conversation et je ne lui ai plus posé la question. Tout ce dont je me souviens, c’est d’avoir été heureux de quitter le camp de réfugiés et de commencer une nouvelle vie en France.
Après environ 3 heures de train, ponctués de nombreux arrêt brefs dans différentes gares, notre train s’est arrêté dans une ville, dont j’ai oublié le nom. Tout ce dont je me souviens c’est que c’était encore en Allemagne et que le haut-parleur de la gare a annoncé un arrêt d’une demi heure avec possibilité de s’approvisionner en boissons et en nourriture…
Papa et maman ont quitté le wagon pour aller chercher de l’eau et quelques sandwichs et nous sommes restés à la fenêtre du compartiment que nous avions ouvert dès l’arrêt du train pour regarder ce qui se passait à l’extérieur. Sur le quai il y avait une foule de gens ainsi que des vendeurs de boissons, de sandwichs et de fruits. Lorsque la jeune dame qui vendait des fruits s’approcha de notre fenêtre avec son panier rempli de fruits de toutes sortes, elle s’arrêta pendant quelques secondes puis continua son chemin…
Ma sœur me regarda et me dit : tu as vu tous ces jolis fruits dans le panier, mais qu’est ce que c’était ce long machin jaune ? Je n’ai jamais vu un tel fruit de ma vie..! J’avais également vu cette chose jaune mais je ne savais pas non plus ce que c’était..!
Le voyage continua pendant à peu près 3 heures une fois de plus ponctués de petits arrêts çà et là puis le train s’arrêta enfin dans une gare. Par la fenêtre nous vîmes des pancartes qui indiquaient ‘Saarbrucken’. Papa nous informa que le prochain arrêt serait la ville de Forbach en France mais que nous devions changer de train, ce qui se fit assez rapidement. Une demi heure plus tard nous nous arrêtâmes en gare de Forbach en compagnie de 3 autres familles, une polonaise et 2 lituaniennes arrivées avec le même train que nous.
Nous étions tous assis dans une petite salle avec nos valises lorsqu’une heure plus tard, deux hommes, dont un vêtu d’un uniforme, entrèrent dans la salle. Ils vérifièrent rapidement nos papiers et nous demandèrent de les suivre pour monter dans un petit autobus qui nous déposa quelques minutes plus tard sur une grand place bordée de chaque coté par de grands immeubles…
L’homme qui portait un uniforme nous salua en allemand et nous souhaita la bienvenue en France à la caserne Guise, notre résidence provisoire jusqu’à ce que la mine nous trouve un logement au Bruch ou à la Ferme de Schoeneck. Il nous expliqua également que nous ne resterions ici que pendant 2 ou 3 jours. En réalité nous sommes resté à la caserne Guise pendant près de 2 semaines..!
Au bout de 2 jours, ma sœur me dit que nous étions libre de circuler ici et qu’il serait temps de se promener autour de la place et, pourquoi pas, d’aller visiter la ville de Forbach. La rue en face de la sortie de la place était relativement animée, il y circulaient des voitures et des cyclistes. Nous regardâmes vers la gauche, il n’y avait pas grand chose à voir, mais vers la droite il y avait quantité de grands bâtiments et nous décidâmes d’aller dans cette direction qui était la direction du centre-ville de Forbach...
Tout en marchant ma sœur me dit de bien faire attention aux maisons afin que nous puissions facilement retrouver notre chemin, je lui répondis que c’était une rue toute droite et tant que nous resterions sur cette rue, il n’y avait aucun raison de ne pas retrouver le chemin du retour...
Nous longeâmes quelques magasins et quelques restaurants puis nous fîmes un peu de lèche-vitrine. Je restais fasciné par la devanture d’un magasin qui proposait toutes sortes de couteaux, des accessoires de pêche et même des armes, j’y restais pendant quelques minutes, le visage collé à la vitrine puis nous continuâmes notre chemin pour arriver près d’une grande église. Nous nous arrêtâmes pour admirer l’édifice et derrière cette église je vis une vieille tour de château-fort sur une grande colline…
Je regardais ma sœur Irène et lui dit :
- On pourrait aller là bas sur cette colline et visiter le château non ?
Elle me regarda d’un air ahuri et me répondit :
- Tu es fou ! Cette colline est très haute et nous risquons de nous perdre si nous allons jusque là… T’as envie de te perdre après seulement 2 jours en France ? Et en plus nous ne parlons pas un seul mot de français!
Nous restâmes encore quelques minutes puis décidâmes de rentrer à la caserne Guise en restant sur le même trottoir. Au bout d’une cinquantaine de mètres nous arrivâmes devant un magasin flanqué de deux étalages. Sur le premier, des légumes de toutes sortes et sur le deuxième, rien que des fruits… Nous nous arrêtâmes en face de l’étalage de fruits et ma sœur me désigna le bout de la table :
- Regarde, c’est le même fruit long et jaune que celui que nous avons vu à la gare !
En effet, c’était le même fruit mais cette fois il y avait une étiquette avec un nom : BANANE… Nous nous regardâmes d’un air entendu. Maintenant nous savions comment cette chose s’appelait mais nous ignorions toujours de quelle sorte de fruit il s’agissait.
Pendant que nous admirions notre nouvelle découverte, une femme d’un certain âge sortit du magasin et nous demandât en allemand si nous désirions acheter des fruits. Irène lui répondit poliment, non merci, nous n’avons pas d’argent, nous regardions simplement ces fruits appelés BANANE… Nous n’en avons jamais vu auparavant… La dame se contenta de sourire…
Alors que nous étions sur le point de quitter l’étal, elle s’approcha, pris deux de ces bananes et nous dit :
- En voilà une pour chacun, elles viennent d’Afrique et elles sont très bonnes pour vous...
Nous étions là, debout, notre banane à la main sans savoir comment faire… Comment manger ce fruit ? Par quel bout commencer ?
La dame vit notre visage défait et nous dit :
- Il faut la peler et seulement manger l’intérieur, surtout pas la peau !
Nous marchâmes lentement en dégustant notre première banane…
- Comment trouves tu ce fruit, moi je lui trouve un goût exquis me dit Irène… Je me contentais de lever la tête et continuais à déguster ma première banane. Nous marchâmes lentement en direction de la caserne Guise et environ une semaine plus tard nous arrivâmes dans notre nouvelle maison situé dans un endroit nommé Ferme de Schoeneck...