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Clement Keller : Wladimir

Il était sept heures du matin et c'était ce que l'on avait coutume d'appeler un bel été.

Le soleil matinal de cette fin de juin 1955 caressait de ses rayons chauds et dorés les toits en panneaux ondulés et les murs de planches recouverts de crépi grisâtre des baraques de la Ferme de Schoeneck.

Sous la douce lumière matinale, la cité en planches si grise et monotone durant la mauvaise saison, revivait à l'approche des beaux jours. D'éclatants massifs de fleurs plantés dans les jardinets s'épanouissaient en larges taches lumineuses et colorées et les lourdes branches d'arbres fruitiers croulaient sous le poids des fruits savoureux et parfumés qui mûrissaient lentement sous la chaleur tendre de cette merveilleuse saison des vacances.

Wladimir, petit gamin de 6 ans au regard bleu et aux cheveux blonds comme les blés, avait débarqué depuis peu avec ses parents, ses grands parents et son oncle dans cette cité de baraques de la Ferme. A la fin de la guerre, la famille, après un incroyable périple à travers la Russie puis l'Allemagne pour fuir le communisme et les horreurs qu'il engendrait, avait décidé de rejoindre la France qui ouvrait largement ses bras à tous ceux qui désiraient travailler dans les mines de charbon de Lorraine...

Ce fut le début d'une nouvelle chance et d'une nouvelle vie pour ces exilés qui allaient pouvoir se reconstruire dans ce pays inconnu qui allait devenir leur seconde patrie.

Ici, tout était différent... La langue, la religion, les coutumes, les gens, rien ne ressemblait à ce qu'ils connaissaient si ce n'est le jardinet, les poules, les lapins et les oies qu'ils élevaient comme ils le faisaient naguère dans leur leur village russe...

Le gamin ouvrit avec précautions la porte de la cuisine qui donnait sur le perron de sa baraque...

Il resta debout pendant quelques secondes à côté de l'entrée, retint son souffle et écouta, l'oreille collée à la porte, si le bruit qu'il avait fait en se levant pour sortir de la maison n'avait pas réveillé ses parents...

Quand il eut la certitude de ne pas être dérangé, il dévala en courant les cinq marches en pierres de l'escalier donnant sur le jardin et courut droit vers la palissade qui séparait la maisonnette de la ruelle. Il escalada sans effort le petit édifice fait de rondins de bois, puis grimpa avec agilité sur le cerisier planté à coté de la porte d'entrée du jardinet.

L'arbre croulait sous le poids des fruits et, en quelques secondes, Wladimir avait rempli à ras bords, les poches de son short avec de grosses cerises croquantes et parfumées…

Une fois sa cueillette terminée, il sauta avec agilité de la branche sur laquelle il était assis et se retrouva à terre dans l'allée du jardin. Il fit un prompt rétablissement puis s'échappa, toujours en courant, par le portillon en bois qui s'ouvrait sur la rue.

L'enfant aimait cette heure matinale; la cité silencieuse et endormie lui laissait l'impression que le monde lui appartenait. Pendant ce moment privilégié de la journée, tout n'était que calme et sérénité.

Le soleil, bien que bas dans le ciel, inondait déjà la colline de ses premiers rayons chauds et bienfaisants et la nature s'éveillait, bercée par le chant mélodieux des oiseaux et par le murmure imprécis et lointain de la vie qui pulsait. Cette douce symphonie pastorale n'était interrompue que par les aboiements rauques d'un chien fou ou par le bruit sourd d'une porte ou d'une fenêtre qui s'ouvrait et se refermait au loin.

Derrière les vastes champs qui longeaient la limite des jardins, de temps à autre, le vrombissement d'un moteur de voitures ou de mobylette roulant sur la route de Forbach, indiquait au gamin que petit à petit, le monde des adultes s'éveillait. Il était bientôt sept heures et les habitants de la cité allaient se lever les uns après les autres pour vaquer à leurs occupations quotidiennes.

Comme il le faisait souvent, Wladimir s'était assis sur le bas-coté de la ruelle, les pieds dans le caniveau, en face de sa baraque pour déguster, avec méthode, son festin de cerises parfumées (...).

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13/11/2016

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